Audi A7 Sportback 55 TFSIe : Passion acceptable
Difficile à l’heure actuelle de vivre sa passion pour la belle automobile sans être pointé du doigt pour de multiples (mauvaises) raisons ! Heureusement, l’A7 Sportback reste une belle auto aux mœurs hédonistes, qui n’a rien d’égoïste. Et elle joue même la carte « écolo » à travers cette déclinaison hybride rechargeable 55 TFSIe…
Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud
En bref
Version 55 TFSIe de l’A7
Hybride rechargeable avec un 2.0 TFSI de 252 ch et moteur électrique de 143 ch
Puissance cumulée de 367 ch
Perf : 0 à 100 km/h en 5,7 sec – 250 km/h
Prix (à partir de) : 87 350 €
Sale temps chez Audi pour les amateurs de belles automobiles « passion ». En à peine une petite année, le constructeur aux Anneaux a rationnalisé et simplifié sa gamme, et cela s’est malheureusement fait au détriment des modèles « plaisir », notamment les coupés et cabriolets. Adieu donc au charismatique TT, adieu à l’ultra-sportive R8, et adieu aux A5 coupés et cabriolets. Nous pourrions même ajouter l’élégante A3 cabriolet, non renouvelée sur la génération actuelle. Bref, pour échapper au diktat de plus en plus pesant des SUV et s’orienter vers un modèle « à part », mettant l’esthétique au-dessus d’autres considérations, il ne reste plus que l’A7 Sportback. Un modèle à la ligne de coupé-berline à quatre portes particulièrement élégant, même si son design n’affiche pas, d’après nous, la géniale simplicité de la première mouture. Avec cette seconde génération, Audi est allé vers des formes plus modernes… et compliquées, intégrant, pour la première fois chez le constructeur, ce fin bandeau caractéristique reliant les feux.
› Désormais, dans la gamme Audi, seule l’A7 subsiste dans la catégorie des modèles « plaisir »…
Mais il faut avouer que, malgré les années qui passent, cette A7 demeure une très belle auto, et fait toujours sensation dans la rue. Elle affiche des proportions idéales qui échappent aux plus traditionnelles berlines. Avec près de 5 m de long (4m97), 1m90 de large et seulement 1m42 sous la toise, cette A7 à l’arrière « fast-back » reprend les codes des coupés de Grand Tourisme, chose évidente avec son long capot plongeant et ses ailes galbées, suggérant une certaine puissance. En l’occurrence, c’est le cas, cette A7 naviguant dans de hautes sphères, y compris avec ces indispensables versions TFSIe introduites en cours de carrière. Derrière ce gros mot semblable à un nom de photocopieur se cache une technologie PHEV, comprenez par-là hybride rechargeable. Je dis « indispensable » car cette électrification est le seul moyen de faire baisser considérablement les rejets de CO2, et donc d’échapper à un malus assassin. Dans le cas présent, mission réussie puisque cette A7 est homologuée pour seulement 49 g de CO2/km, ce qui lui permet de passer sous les fourches caudines d’une fiscalité devenue confiscatoire. Mieux, grâce à ce beau score, les professionnels et gestionnaires de parc apprécieront d’être exonérés de TVS. Il faut dire que le cycle d’homologation WLTP, pratiqué avec la batterie pleine dans des conditions optimales, est particulièrement favorable à ce genre de motorisation, puisque cette grosse A7 pouvant rouler 46 km en mode 100% électrique (et pesant 2140 kg !) est donnée à 2,2 l/100 km de consommation moyenne. Un score digne d’une élection dans une République bananière qu’il nous tardait de vérifier dans « la vraie vie ». Et sans surprise, les résultats sont un tantinet moins favorables…
› Cette version 55 TFSIe parvient à marier agrément de conduite et relative sobriété, et ce, malgré 367 ch en puissance cumulée !
Le monde du silence
Bien dessinée, l’A7 Sportback a aussi le sens de l’accueil comme en témoignent quelques détails intéressants, à l’instar des vitres privées d’encadrement, comme sur un coupé. Un double-vitrage en l’occurrence, afin d’assurer un confort phonique optimal aux occupants. L’habitacle est suffisamment vaste pour accueillir confortablement 4 grands adultes, mais l’emport d’une grande batterie de 14,1 kWh sous le plancher du coffre ampute ce dernier sérieusement au niveau de sa capacité, qui chute à seulement 380 litres (au lieu de 535 litres). Bien sûr, pour approcher le plus possible la consommation normalisée, il faudra recharger cette batterie dès que possible, ce qui réclame 7 heures sur une prise domestique et 2h30 sur une prise de 7,4 kW ce qui demande une certaine organisation… et patience ! Autre sacrifice notable: pour maîtriser la consommation – et donc le CO2 par corolaire direct – Audi a fait le choix discutable sur une GT de ce standing de se passer d’un noble V6, pour préférer un roturier 4 cylindres.
› L’intérieur est raffiné et high-tech, mais on aurait aimé qu’il se démarque franchement de celui de la plus classique A6.
En l’occurrence, il s’agit d’un 2.0 TFSI qui ne manque de rien, puisqu’il aligne 252 ch et qu’il se voit épauler par un moteur électrique délivrant 143 ch à lui seul. Lorsque tout cela fonctionne de concert, cette A7 affiche crânement quelques 367 ch et 500 Nm de couple dès 1250 tr/mn, soit un peu plus qu’une classique S7 jugée plus respectable par bon nombre d’amateurs. Et excepté la bestiale RS7 – vraiment hors-norme – notre A7 « écolo » est désormais le modèle le plus performant de la gamme. Comme quoi, tout n’est pas à jeter sur cette A7. Et en ville, en puisant son énergie motrice uniquement dans la batterie, cette version TFSIe fait étalage de ses qualités en vous plongeant dans un monde du silence qui n’aurait pas déplu au regretté Commandant Cousteau ! Mais vous allez voir, le confort ne se mesure pas seulement avec un sonomètre, ni même à un environnement raffiné et high-tech.
Ecolo… mais pas pataud !
La suspension pneumatique livrée ici de série reste un allié de premier choix pour gommer les nombreuses imperfections du bitume malgré de grosses roues de 20 pouces livrées de série, et pour maintenir la caisse dans les virages lorsque l’on prend de la vitesse. Et de la vitesse, on en prend rapidement tant cette A7 offre des accélérations et reprises fulgurantes ! En s’appuyant sur la transmission intégrale quattro, la motricité est parfaite, permettant aux 4 roues de mordre le bitume avec gourmandise pour expédier le 0 à 100 km/h en seulement 5,7 secondes ! Mais paradoxalement, on n’en abusera pas, pour s’essayer à plusieurs « stratégies de conduite », visant à recharger la batterie lorsque celle-ci est vide, chose qui arrive en effet au bout d’une cinquantaine de kilomètres. Nous n’avons pas volontairement rechargé, afin de voir comment la voiture se comportait dans ces conditions dégradées… qui arrivent fatalement bien vite lors d’un long trajet autoroutier. Maline, notre A7 gère la situation en se faisant alors « full hybride », c’est-à-dire qu’elle conserve toujours assez d’énergie électrique pour épauler, si besoin, le thermique lors d’une accélération. Et le GPS vous aide à anticiper à l’approche des ronds-points ou autres ralentissements en vous invitant à relâcher au plus tôt l’accélérateur, afin de récupérer de l’énergie, et ce, jusqu’à 80 kW, ce qui est loin d’être négligeable. Pour vous aider au quotidien, vous pouvez compter d’ailleurs sur un mode « efficiency » visant d’abord le rendement et les économies, mais aussi sur l’affichage numérique spécifique à cette version hybride, bien utile afin de surveiller en temps réel les flux d’énergie.
› Longue basse et large, cette grande Audi de style «fast-back» ne manque pas d’allure, et ce, sous n’importe quel angle !
Pour le reste, on se retrouve en terrain connu, cette planche de bord étant identique aux autres A7… et même à celle de l’A6. Dommage, on aurait aimé un peu plus d’exclusivité sur ce modèle. Il n’empêche, même en jouant avec les autres modes de conduite offerts par l’Audi Drive Select – et sans jamais faire de l’éco-conduite à outrance – nous avons été très favorablement surpris par la consommation moyenne offerte, plus qu’acceptable pour une auto de cette puissance et gabarit. En effet, en roulant tout à fait normalement batterie vide, cette A7 55 TFSIe se contente de siroter à peine 7 l/100 km, et moins de 10 l/100 km en la conduisant sportivement. Pas mal du tout ! On regrettera seulement la réduction imposée par cette architecture hybride de 19 litres au niveau de la capacité du réservoir d’essence. Avec seulement 52 litres dans le réservoir, l’autonomie en souffre fatalement, et plus encore si l’on n’a pas pensé à recharger la batterie, imposant de fréquents ravitaillements à la pompe. On ne peut pas tout avoir…
L’avis d’Avus
Franchement, on avait peur que le poids excessif imposé par l’emport des batteries (près de 300 kg) nuise au comportement. Il n’en est rien. Et on craignait qu’en roulant batterie vide, la consommation de carburant grimpe en flèche, ce qui n’a jamais été le cas. Au final, avec cette A7 55 TFSIe le conducteur fait peu de concession sur l’autel de l’écologie, le plaisir de conduite étant préservé, tout comme les économies à la pompe. Reste que pour s’offrir ce bijou de technologie sobre et stylé, il faudra accepter de casser sa tirelire, cette A7 « écolo » étant facturée minimum 87 350€ sans option. Seule consolation : elle échappe à tout malus !
On aime
• Style fort et agréable
• Plaisir de conduite préservé
• Performances élevées
• Sobriété même batterie vide
On aime moins
• Prix d’achat élevé
• Autonomie juste en électrique et en essence
• Coffre à la capacité limitée
• Sonorité moteur quelconque
Fiche technique Audi A7 Sportback 55 TFSIe
Moteur : 4 cylindres en ligne, turbo essence
et injection directe, 1984 cm3 + moteur élect.
Puissance (ch) : 367 ch combinés
(252 ch en thermique + 143 en électrique)
Couple (Nm à tr/mn) : 500 à 1250
Transmission : aux 4 roues
Boîte : automatique à 7 rapports
Freins : 4 disques
Pneumatiques : 255/40 R 20
L x l x h (m) : 4,97 x 1,90 x 1,42
Réservoir (litres) : 52
Poids à vide (kg) : 2140
0 à 100 km/h (sec) : 5,7
Vitesse maxi (km/h) : 250
Rejet de C02 (g/km) : 49