Reportage Goodwood, Festival of Speed
En matière d’événements d’envergure liés à l’automobile, il y a le Festival of Speed de Goodwood… et les autres ! Cette année, BMW Motorsport était à l’honneur pour célébrer ses 50 ans, mais plus largement, on venait y fêter le belle voiture, d’hier et d’aujourd’hui, dont quelques Audi d’exception…
Texte et photos Thomas Riaud
Si vous n’avez jamais eu la chance d’aller à Goodwood, haut lieu de l’automobile depuis des décennies (et fief de Rolls-Royce !), alors vous avez une lacune de taille en culture automobile ! Après 2 heures de route depuis l’aéroport de Londres (en RS3 berline à conduite à droite !) vient l’heure de la délivrance pour votre serviteur. Et de la récompense ! Rien que l’arrivée sur le parking donne le ton ! Il y a déjà là de quoi régaler plus d’un amateur de belles cylindrées, en déambulant entre des Lamborghini, McLaren, Ferrari, Audi R8 et RS6 et autres Mercedes SLS ou AMG de toutes sortes. Sans oublier quelques belles anciennes gloires nationales, so british, comme des Jensen Interceptor, TVR, Morgan et autres Aston Martin vintage. Damned : ça commence fort ! Mais c’est bien dans l’enceinte bucolique de l’immense domaine de Lord March que l’on trouve les pièces de choix, les joyaux de la couronne. Des autos d’exception anciennes ou modernes, les constructeurs de prestige profitant de cet événement hors-norme pour faire une démonstration des capacités de leur dernier bolide, y compris des préséries ou concept-cars. A commencer par BMW, largement mis à l’honneur cette année, à l’occasion des 50 ans de sa division sportive Motorsport.
Pour y faire écho, une immense sculpture, sur laquelle étaient fixées quelques modèles emblématiques de la marque à l’hélice, était dressée devant le château « Goodwood House ». Entre une 3.0 CSL, une M1, une 635 CSi, une ancienne M3 et autres belles béhèmes des grandes années « épinglées » dessus, cela valait le coup de se faire un torticolis pour les admirer ! Et partout autour de ce « totem », le Festival of Speed déployait sur sa belle pelouse des plateaux d’exception. Le seul qui restait en permanence statique était l’espace labellisé « Cartier », où s’exposent traditionnellement d’anciens modèles d’exception, parfois faits à l’unité. Au milieu d’un incroyable parterre de McLaren F1, qui fêtait ses 30 ans, on pouvait ainsi admirer une Ferrari unique carrossée par Michelotti (une superbe 330 GT de 1967), mais aussi une impressionnante Bucciali TAV 12, une auto luxueuse et incroyable qui n’a rien à envier à la démesure et splendeur d’une Bugatti Royale.
Célébrer la vitesse
Mais le bien-nommé Festival of Speed, ce lieu unique où on célèbre cette belle chose qu’est la vitesse (impensable en France !), c’est d’abord une course de côte. Pas bien grande vous me l’accorderez, la piste, large comme une bonne départementale, mesurant tout juste 1,6 km de longueur. Mais elle est suffisamment longue pour que chacun y aille de sa petite démonstration, à son rythme. Cela va du gentleman driver amateur qui va préserver sa monture en y allant gentiment, à des pilotes de renom qui vont donner le meilleur d’eux-mêmes et y aller plein gaz pour assurer le show… Y compris des as du drift, et ce, pour le plus grand plaisir d’un public venu, une fois encore, très nombreux. Et n’en déplaise à Monsieur Darmanin, mais les anglais savent parfaitement se tenir, même si durant ce festival endiablé, la bière coule parfois autant à flot que le carburant !
Il n’y a eu aucun débordement, et je me dois de saluer ici le professionnalisme des organisateurs, ce site grandiose étant toujours resté impeccable durant le week-end. Il est vrai que sans nos braves « jeunes » du « neuf-trois », un rien turbulents lorsqu’ils déboulent en meute, l’ambiance est déjà plus sereine et bon enfant. Ici, la seule fureur qui vaille est d’ordre mécanique, et chacun a pu en prendre plein les oreilles. Sauf peut-être quand des nouveautés électriques faisaient, elles aussi, leur petite « démo » sur la piste. Ce fut notamment le cas de la Lucid Air, de la Polestar 02 Concept ou même de la Lotus Eletre, des engins « à piles » survoltés qui ont littéralement explosé les chronos cette année… en faisant mieux que les supercars ou Formule 1 thermiques !
Mais nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour voir un défilé de Smartphones à roulettes ! Les indécrottables amateurs de pistons et chevaux-vapeur que nous sommes aiment quand ça vibre, fume, pète, puis repète, explose même, bref, quand ça vit ! Après avoir pu admirer le défilé d’une salve d’hypercars lancée en pleine action (Aston Martin Valkyrie AMR Pro, Bugatti Chiron Super Sport 300+, Delage D12, Ferrari Monza SP2, Rimac Nevera…), direction cette fois les paddocks, pour contempler les différents plateaux qui allaient se succéder durant tout le week-end. Avec une mention spéciale pour celui dédié aux Groupe B, ces monstrueuses voitures de rallye interdites en 1986, qui fêtaient leur 40 ans. Bien entendu, qui dit « rallye », dit Audi, et garée entre une impressionnante Ford RS 200 et une Peugeot 205 T16 se tenait une bestiale Sport quattro E2. Et en allant cette fois au « Main Paddock » il y avait, là encore, de quoi se régaler. Attention les yeux ! Outre un incroyable plateau de Ferrari anciennes (Testa Rossa, 250 GT0, 250 GT Tour de France…), celui réservé aux Porsche 917 et 956 était juste incroyable. Et à propos de 917, notons la présence d’une très rare 917/30 Can Am (20 exemplaires), produite conjointement par Porsche et Audi à partir de 1970 pour s’engager dans le Championnat américain.
Fast & Furious
Ces déambulations m’ont immanquablement amené au stand Audi Tradition, en bonne place, comme chaque année, dans les paddocks de Goodwood. Pour cette édition, nos amis étaient venus depuis Ingolstadt avec quelques pièces de choix, comme une autre Sport quattro S1 E2, mais aussi une grosse Audi V8 quattro DTM de 1992, et même une fabuleuse Auto Union Type C identique à celle engagée en 1936. Je précise identique, car il s’agissait d’une réplique fidèle à l’originale, une flèche d’argent conçue à l’époque par un certain Ferdinand Porsche, mue par un fabuleux V16 de… 550 ch, déjà installé en position centrale arrière ! Quelques privés étaient venus se joindre à la fête, dont un équipage en quattro A2, un autre en A4 quattro Super Tourisme (1995), et enfin un équipage doté de la dernière R8 LMS, celle-là même qui a remporté les 24H du Nürburgring.
Pour animer ces merveilles, et en tirer la substantifique moëlle, Audi Tradition avait fait appel à quelques recrues de premier ordre, dont l’infatigable Stig Blomqvist, toujours partant pour retrouver le baquet d’une S1 quattro ! Pour le frenchie Benoît Treluyer, vainqueur avec Audi au Mans en 2011, 2012 et 2014, la chose était bien différente, puisqu’il avait la délicate mission de rouler la grosse berline V8 de DTM. Une auto, selon ses dires « absolument géniale à conduire ! ». On veut bien le croire ! Et pour faire une démonstration éclatante du potentiel de l’Auto Union Type C, Audi avait convoqué le danois Tom Kristensen, alias « Monsieur le Mans », recordman de la plus célèbre course d’endurance au monde avec déjà 9 victoires à son compteur ! Malgré un palmarès long comme le bras, Tom a dû suivre au préalable un briefing technique du staff Audi Tradition pour apprendre les rudiments de cette machine si différente, vraiment hors-normes. A voir la maestria dont il a fait preuve lors de ses différents passages, la leçon semble avoir été bien apprise. Idem pour Benoît Treluyer, visiblement très à l’aise à bord de l’Audi V8, tandis que notre Stig a retrouvé dès les premiers mètres parcourus ses bons réflexes avec la S1 quattro. Et oui, pilote est un vrai métier !
Mais les meilleures choses ont une fin. Après cet ultime « Festival of Speed », toujours d’un top niveau incroyable, ce qui en fait un événement vraiment unique au monde, chacun a « fermé la boutique », rechargeant ces merveilles mécaniques sur des camions-plateaux, pour rentrer au bercail. Quant à moi, il m’a fallu me résoudre à reprendre le chemin inverse pour regagner l’aéroport de Londres Heathrow. Seul lot de consolation : « ma » RS3 qui m’attendait sagement sur le parking, une Audi survoltée vraiment irréprochable à un détail près : « la mienne » avait le volant du mauvais côté !
Mille mercis à Sabrina Nicolas d’Audi France pour son aide précieuse à la réalisation de ce reportage.