Nouveauté Audi R8 RWD 2020
Pro… pulsions !
« Audi est quattro et quattro est Audi ». Cet adage, martelé par chaque dirigeant durant des décennies, vole en éclat avec cette R8 très spéciale, qui se convertit aux joies de la propulsion. Attention, la R8 V10 RWD déboule… sur ses seules roues arrière !
Par Jack Seller, photos DR
En bref
Nouvelle version de la R8 V10
Variante RWD stricte propulsion
Moteur V10 5.2 FSI 540 ch
Prix : 144 000 € (à partir de, en coupé et en Allemagne)
Ce qui nous a toujours séduit avec la R8, c’est sa remarquable facilité de prise en main et sa redoutable efficacité, même en la cravachant en conditions délicates. Bref, c’est une supercar très homogène malgré son niveau de puissance, de surcroît facile à vivre pour tous les jours, au point de pouvoir la confier sans crainte à un novice. Bien sûr, avec une telle sportive entre les mains, basse, large et surpuissante, il faut malgré tout savoir raison garder et ne pas faire n’importe quoi avec, notamment sous la pluie. J’ai d’ailleurs à ce sujet le souvenir cuisant de blogueurs d’un célèbre site français sur Audi qui se sont pris pour des pilotes, avant de pulvériser rapidement la voiture contre un muret sur une petite route détrempée de l’Ardèche. Inutile de dire que ce fut la première, et dernière fois, qu’on les a vus sur un essai presse ! Et oui : quattro ou pas quattro, les lois de la physique posent des limites, surtout pour ce type de supercar équipée de larges pneumatiques, forcément naturellement très sensibles au phénomène d’aquaplaning.
Alors imaginez réaliser un essai dans des conditions similaires, sous une pluie battante, mais avec 2 roues motrices de moins ! C’est ce que nous avions fait, sur une aire-plane pour éliminer tout risque de collision, avec l’éphémère R8 RWS dévoilée au salon de Francfort 2017. On dit « éphémère », parce qu’elle devait rester un essai ponctuel, juste pour la beauté du geste, limité de surcroît à seulement 999 exemplaires pour le monde. C’est peu, mais Cela ne nous avait pas attristés plus que ça, dans la mesure où, pour la première fois, la R8présentait une mobilité plus que déroutante au niveau du train arrière, propre à calmer toute velléité sportive sur chaussée humide. Croyez-moi : lorsque l’arrière passe devant sur une voiture à moteur central arrière, c’est déjà trop tard !
« Lorsque l’arrière passe devant sur une voiture à moteur central arrière, c’est déjà trop tard ! »
Mais tous ceux qui ont loupé le coche à l’époque, et qui ont le goût du risque, vont avoir des raisons de se réjouir. En effet, Audi annonce aujourd’hui vouloir produire cette R8, amputée de transmission sur le train avant, en série ! Si cela va faire le bonheur des trompe-la-mort en mal de sensations fortes, on a une pensée émue pour ceux qui ont à l’époque craqué pour cette R8 collector qui va devenir, pour le coup, beaucoup moins exclusive. Pour ménager certaines subtilités, Audi a pris soin de rebaptiser cette R8 très spéciale, en changeant le nom de RWS en RWD. Trop malin !
De RWS à RWD
En passant de RWS (Rear Wheel Serie) à RWD (pour Rear Wheel Drive), la R8 en a profité pour adopter les récentes modifications esthétiques portées sur le reste de la gamme. Cela concerne notamment la calandre au design affirmé qui rappelle les autres modèles du constructeur, pendant que les entrées d’air et le diffuseur arrière se sont élargis. De plus, ce dernier a été légèrement rehaussé et intègre désormais les deux canules d’échappements ovales. Moyennant une petite rallonge sur la note finale, vous pouvez avoir le logo en noir et le pack « Carbon Plus », disponible uniquement sur la version Spyder. Et si, de série, cette R8 V10 RWD reçoit des jantes forgées de 19 pouces, sachez qu’elle propose du 20 pouces en option. À l’intérieur, les modifications se font hélas plus discrètes… A défaut d’avoir droit, comme sur les dernières A6, A7 et A8 à un tableau de bord 100% numérique, Audi s’est contenté de recouvrir les sièges sport de cuir et d’Alcantara et a ajouté un logo « RWD » juste devant le passager sur le tableau de bord.
Ce passager devra avoir le cœur bien accroché, car la méchante R8 RWD reste fidèle au bloc qui anime la version quattro « normale ». Un chef d’œuvre mécanique en péril, condamné à très moyen terme par les normes antipollution, qui est d’ores et déjà une curiosité unique dans la production automobile actuelle. Cette R8 dépouillée reçoit ainsi le fantastique V10 atmosphérique de 5,2 litres d’origine Lamborghini, et il développe pour les circonstances 540 chevaux et 540 Nm de couple maxi. Le bloc est associé à une transmission S Tronic à sept vitesses ainsi qu’à un différentiel à blocage mécanique. Le tout propulse le Coupé de 0 à 100 km/h en 3,7 secondes et lui permet d’atteindre une vitesse maximale de 320 km/h. De son côté, le Spyder fait 0,1 seconde moins bien sur le sprint, et plafonne 2 km/h plus tôt. Pourtant, comparé à la version quattro, le Spyder s’est délesté de 55 kg (1695 kg), en perdant l’arbre de transmission avant, mais aussi l’embrayage multidisques et le différentiel central.
Une opération forcément identique sur le coupé, sauf qu’en se débarrassant des renforts de châssis, il parvient à perdre 100 kg de plus que le Spyder, pour ne peser que 1595 kg. A noter que les réglages de châssis sont bien évidemment spécifiques, à l’image de l’ESP qui, en mode Sport, autorise de légères dérives. Enfin, « légère » est ici une façon de parler, car avec une répartition des lasses de 60 % à l’arrière et 40 % à l’avant, la R8 RWD est naturellement survireuse. Traduction, sur le mouillé, on laisse l’ESP connecté… ou on la laisse au garage ! Dans le cas contraire, on roule sur des œufs afin d’éviter d’apercevoir les sorties de virage par la vitre latérale pour finalement voir, ensuite, l’arrière passer devant. Car si cette R8 RWS va forcément présenter un dynamisme réjouissant sur un bitume sec et abrasif, elle va au contraire surprendre plus d’un conducteur novice sous la pluie, son moteur central arrière promettant des réactions plus que vivres lors d’un décrochage. Vous voilà prévenus !
L’avis d’Avus
Ce qu’elle gagne logiquement en agilité, en poids et dynamisme, cette R8 RWD de puriste va forcément le perdre en homogénéité, efficacité et sécurité. Si c’est pour un achat 100% « plaisir », et la réserver en priorité à des « trackdays » sur des circuits, pourquoi pas ? Mais dans le cas contraire, la version dotée du quattro nous paraît plus pertinente pour voyager sereinement au quotidien. En tout cas, bien qu’allégée, cette R8 donne toujours dans le lourd côté tarifs, même si son prix est logiquement moins prétentieux que la quattro. Audi Allemagne annonce minimum 144 000 € pour le coupé et 157 000 € pour le Spyder, des tarifs qui devraient être légèrement majorés pour la France… sans compter un malus et des taxes qui vont faire mal.