Audi A4 « B5 » 1.8 20v 125 ch
Nouveau format A4
A la fin de l’année 1994, tout le monde attend de pied ferme la nouvelle Audi 80. Elle n’arrivera jamais. A sa place est dévoilé un modèle totalement inédit, présentant une étonnante modernité : c’est la première A4, qui impose un tout nouveau format…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Première Audi A4 (type B5)
Version essayée : berline 1.8 20v 125 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 10,5 sec – 205 km/h
Cote 2019 (parfait état) : 4000 € environ
Bien que plus courte que celle de Mercedes, ou même de BMW, l’histoire d’Audi est marquée par quelques modèles jalons qui font d’ores et déjà date. La berline 80 en fait partie, mais également la première Ur quattro, sans oublier le TT ou l’A8. Dans cette vaste famille, il serait juste d’ajouter l’A4. Si elle prend un nom d’autoroute, c’est peut-être parce qu’elle s’y trouve remarquablement bien !
Il faut dire que bon sang ne saurait mentir, et qu’au tout début des années 90, Audi jouit d’une excellente image de marque. Les 200 turbo et Ur quattro sont encore dans tous les esprits, le concept-car Avus présenté en 1991 au Japon a fait forte impression, et les jeunes cadres qui ont un peu d’argent à mettre dans une voiture n’ont d’yeux que pour les dernières Audi 80 et 100, remarquables par leurs lignes fluides.
Mais c’est l’année 1994 qui va être un véritable déclencheur. L’ultime génération d’Audi 80 va finir sa carrière en beauté en devenant, sous les traits d’un étonnant break voulu par Ferdinand Piëch, l’incroyable RS2 (315 ch). Le constructeur semble d’ailleurs « marcher sur l’eau » et se sent pousser des ailes en lançant, cette même année, la toute première A6, assez proche de la 100 qu’elle remplace, mais surtout sa très ambitieuse limousine A8. Avec sa carrosserie tout en aluminium, lisse comme un galet, elle donne un sacré coup de vieux à l’Audi V8 à laquelle elle succède… mais aussi aux Mercedes Classe S et BMW Série 7 de l’époque qu’elle veut justement concurrencer !
D’ailleurs, Audi veut marquer à la culotte Mercedes et BMW partout où cela est possible, à commencer sur le marché incontournable des berlines de classe moyenne, traditionnellement générateur d’importants volumes auprès d’une large clientèle. Sur ce terrain, les Mercedes Classe C et BMW Série 3, déjà bien installées, dominent d’une bonne tête la catégorie. Mais plus pour longtemps : elles vont devoir apprendre à composer avec une certaine Audi A4…
« Avec cette première A4, Audi pose d’emblée de nouveaux jalons et montre qu’il n’y a pas de sous-modèle dans la gamme »
Une mini-A8
Avec la première A4, Audi pose d’emblée de nouveaux jalons et montre qu’il n’y a pas de sous-modèle dans sa gamme. Une A4 bénéficie exactement de la même attention et rigueur de construction que ses grandes sœurs. Et cela transparaît dès le premier coup d’œil. Cette nouvelle Audi est vraiment porteuse d’avenir en adoptant une carrosserie épurée, puisant son inspiration dans le style sobre et élégant de la moderne A8.
Mieux, comme en atteste l’état de conservation exceptionnel de notre modèle d’essai, il est vrai bichonné par son heureux propriétaire, les ajustages entre les divers éléments qui composent la carrosserie sont réalisés au millimètre. Tout traverse tranquillement les années, et les affres du temps semblent glisser sur cette structure dénuée d’aspérité, faite pour fendre la bise. Les plastiques extérieurs, souvent jaunis sur une auto accusant plus de 20 ans et 178 000 km au compteur, n’ont pas bougé d’un iota, et ce constat s’impose également pour les joints épais, qui ont tous conservé leur élasticité.
Même constat pour ce qui est de l’ensemble du mobilier, probablement taillé dans des matériaux inaltérables. En prenant place à bord, on constate que rien ne s’est altéré, qu’il s’agisse des plastiques moussés, des selleries en tissu ou des beaux placages en bois véritable qui habillent cette finition haut de gamme « Pack ».
Celle-ci reçoit un équipement de série qui, sans être pléthorique, s’avère très complet, comprenant en plus une climatisation à gestion électronique, un accoudoir central, des vitres et rétros électriques, la direction assistée et, déjà, quelques équipements de sécurité, comme l’ABS et un antipatinage.
Ce dernier n’est pas totalement inutile, dans la mesure où notre modèle d’essai, une « phase 1 » animée par le modeste 4 cylindres 1.8 litres 20 soupapes, délivre ses 125 ch sur les seules roues avant, la transmission quattro restant disponible sur ce modèle, mais en option.
Matière grise
Et oui, seulement 125 ch, voilà qui prête à sourire aujourd’hui. Pourtant, la gamme de l’A4 type B5 commençait encore plus bas à l’époque, en se contentant de seulement 75 ch en diesel (Di), ou 101 ch avec le petit 1.6 litres essence. Du down-sizing avant l’heure en quelque sorte! Si notre A4 n’a pas la chance d’abriter sous son capot un moteur plus noble, comme ce fameux 1.8 alimenté par un turbo (150 ch), ou mieux encore, le gros 2.8 V6 30v de 193 ch qui coiffait la gamme, elle a tout de même quelques atouts pour elle, à commencer par sa masse réduite, donnée à 1220 kg. Un poids-plume qui n’appartient plus du tout à la catégorie des berlines d’aujourd’hui, mais qui s’approche davantage de celle des citadines. Et au volant, cela se sent !
Parfaitement installé dans des sièges encore fermes et enveloppants, avec des commandes simples à appréhender qui tombent parfaitement sous la main, on est fin prêt à enquiller la route et dérouler du kilomètre. D’emblée, cette A4 séduit par sa précision de conduite, mais le couple un peu faible de 173 Nm à 3950 tr/mn ne plaide pas en faveur des relances.
Clairement, les valeurs affichées par les compteurs, avec une zone rouge débutant à 6500 tr/mn et surtout 260 km/h en vitesse maximale, nous vendent du rêve, car elles sont aux antipodes de la réalité. Dans la vraie vie, avec un moteur qui a déjà donné l’essentiel de sa substantifique moëlle à l’approche des 4000 tr/mn, tablez plutôt sur un 0 à 100 km/h couvert en 10,5 sec, les 205 km/h chrono étant tout de même à sa portée en fond de cinquième.
Après un restylage effectué en 1999, très discret sur la forme, signe de la justesse du dessin initial de cette A4, la voiture terminera sa carrière en beauté en étrennant la mythique lignée des RS4. Avec son incroyable V6 2.7 biturbo de 380 ch revu et corrigé par Cosworth, inutile de dire que cette très rare variante, vendue à seulement 130 exemplaires en France, a définitivement donné à l’A4 ses galons de routière premium.
La seconde génération qui succédera à ce premier opus en 2001, s’inspira cette fois davantage de l’A6 du moment. Une montée en gamme permanente qui ne se démentira jamais en 25 ans, génération après génération, qui tout simplement fait que l’A4 est, aujourd’hui, l’Audi la plus vendue de tous les temps, en Europe et ailleurs !
Mille mercis à Christophe Legrix pour sa passion communicative et sa mise à disposition de ce sublime exemplaire resté « full stock ».
Fiche Technique Audi A4 berline 1.8 20v, 1995
On aime | On aime moins |
Qualité de construction évidente | Mécanique un peu terne |
Fiabilité d’ensemble | Amortissement trop lâche |
Ligne toujours agréable | Certaines pièces spécifiques introuvables |
Comportement sûr | Rare en parfait état |
- Moteurs : 4 cylindres en ligne 20v, 1781 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 125 à 5800
- Couple (Nm à tr/mn) : 173 à 3950
- Transmission : aux roues avant, boîte mécanique à 5 rapports
- Freins : disques ventilés – disques pleins. ABS
- Pneumatiques : 195/65 R 15 (AV et AR)
- L x l x h (en m) : 4,48 x 1,73 x 1,42
- Réservoir (litres) : 62
- Poids à vide (kg) : 1220
- 0 à 100 km/h (sec) : 10,5
- Vitesse maxi (km/h) : 205
Très beau modèle en effet !
Auriez vous les chiffres des ventes comparé à ceux de la concurrence ?
Etes vous sûr que le tableau de bord est habillé de bois véritable ?
JB