Audi TTS Mk2
Le diesel est devenu « has been » ? Roulez à l’essence ! Et profitez-en pour aussi faire au passage le « plein des sens ». Un contrat de confiance proposé par ce TTS de première génération, un youngtimer pas avare en sensations…
En bref
Premier TT siglé « S »
Moteur : 2.0 TFSI 272 ch
Perf : 0 à 100 km/h en 5,2 sec – 250 km/h
Cote 2019 : à partir de 20 000 € (coupé)
Si le TT est né comme une jolie gravure de mode, il a su négocier le virage de la sportivité. Du moins progressivement… La première mouture, d’après nous la plus belle et la plus pure sur le plan du style, en coupé comme en roadster, a pourtant commencé modestement sa carrière sportive, en héritant tout d’abord du 4 cylindres 1.8 turbo de 225 ch (avec la transmission quattro), issu de la première S3.
Une bonne base qui inspirera les hommes de quattroGmbH, le département sportif d’Audi à l’époque, pour faire bien plus qu’une simple série limitée : le quattro sport, un TT qui muscle vraiment son jeu. Proposé exclusivement en carrosserie coupé, avec une belle livrée exclusive en deux tons, il propose une bonne équation en s’allégeant sensiblement, grâce à la suppression de la petite banquette arrière, tandis qu’il gagne une poignée de chevaux, le 1.8 turbo délivrant 240 ch. En quelque sorte, voilà un croisement inattendu entre un lévrier et un pitbull !
C’est objectivement une super voiture, rare et homogène avec ça, mais encore un peu juste sur le papier pour lutter à armes égales face aux plus huppés BMW Z3 et Mercedes SLK du moment.
Pour faire bonne figure, notre premier TT reçoit donc, en fin de carrière, un noble V6 3.2 de 250 ch couplé, pour la première fois (en option), avec l’excellente boîte DSG à double-embrayage. C’est sur cet ultime coup d’éclat que le premier TT prend sa retraite en 2006, pour laisser place à une seconde génération, le type 8J, signé par le catalan Jorge Diez. Il a bien bossé, en prenant soin d’intégrer un aileron amovible (dès 120 km/h) pour préserver la pureté de l’arrière, mais on mesure à quel point il est difficile de succéder à un tel chef d’œuvre sans décevoir les puristes. Car le dessin initial du TT est très simple en apparence, et c’est précisément ce qui le rend si difficile à dessiner.
« Le dessin initial du TT est très simple en apparence, et c’est précisément ce qui le rend si difficile à dessiner »
Orange mécanique…
La seconde mouture du TT, d’un gabarit en légère hausse (4m19),gagne en agressivité et en modernité, ce qu’elle perd en pureté. Les grandes lignes sont heureusement préservées, façon design néo-rétro, mais elle se met au goût du jour en adoptant des LED dans les phares avant, aux contours redessinés en forme d’amande. Quant à la calandre, de très sobre et presque effacée sur le premier opus, elle devient au contraire exacerbée, signe que ce TT gagne en assurance. Ce n’est pas qu’un effet de style dans la mesure où il délaisse le châssis trop commun du tandem VW Golf-
Audi A3, pour adopter une inédite plateforme mixant acier et aluminium (à 69%). Cette singulière hybridation ne vaut pas une plateforme ASF (Audi Space Frame) tout en alu, comme sur une A8, mais cela permet au TT de gagner tant en légèreté, qu’en rigidité. De bonnes dispositions, qui vont permettre à Audi d’envisager d’encanailler sérieusement leur rejeton.
Ainsi, pour la première fois de son histoire, le joli TT prend l’appellation TTS, en endossant au passage la panoplie du parfait bad boy. Avec élégance toutefois, en gagnant un bouclier avant ajouré, donnant l’impression que la calandre partiellement chromée « flotte » en sa partie inférieure. L’arrière, débarrassé de l’aileron fixe imposé sur la première mouture, retrouve de belles rondeurs, tandis qu’un semblant de diffuseur accueille à chaque extrémité une paire de double échappement. Bien posée sur de larges jantes spécifiques de 18 pouces, le TTS reçoit par ailleurs des coques de rétroviseurs extérieurs en aluminium brossé, signe distinctif des versions S et RS.
Un élément qui saute aux yeux sur notre superbe modèle d’essai, un TTS coupé qui ose une sublime livrée orange. Un coloris qui « claque sa mère », mis en valeur sur la superbe sellerie cuir surpiquée qui reprend en partie la teinte de la carrosserie. Une sacrée orange mécanique ce TTS !
« Pour la première fois de son histoire, ce TT devient TTS, et endosse au passage la panoplie du parfait « bad boy » »
… ou orange pressée ?
A moins que ce ne soit une orange pressée, comme le laisse suggérer la fiche technique de son moteur. Ce n’est qu’un modeste 4 cylindres 2.0, mais grâce à ses culasses et injecteurs modifiés, mais aussi à un système d’admission et d’échappement travaillé, et une suralimentation optimisée, il développe ici pas moins de 272 ch ! Une puissance de feu encore jamais vue sur un TT, qui lui permet clairement de changer de dimension.
Et accessoirement de clouer le bec à ses rivaux de toujours, y compris à de petits nouveaux qui ont les dents longues, comme le Porsche Cayman, doté d’un Flat 6 de 245 ch. Car plus que son écurie, ce qui frappe est le couple velu disponible dès les plus bas-régimes : pas moins de 35,6 mkg dès 2500 tr/mn. Cela ne vous parle pas ? Alors disons qu’à l’usage, ce TTS possède un moteur si « élastique », qu’il se conduit presque comme un camion diesel, dispensant son conducteur de changer souvent de rapport. La boîte DSG optionnelle, rebaptisée S-tronic par Audi, peut très bien s’en charger, à moins que vous n’optiez, comme nous, pour la bonne vieille boîte à poigne à 6 vitesses, livrée de série. Le guidage est parfait, l’étagement resserré et les verrouillages fermes, suffisamment pour que cette boîte mécanique ajoute un peu au plaisir de conduite.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit au volant du TTS : du plaisir, en long, en large et en travers. Enfin, que je dis « en travers », c’est une vue de l’esprit, car la transmission intégrale quattro (avec Haldex), livrée d’office sur cette variante puissamment motorisée, ventouse en toute circonstance la voiture au bitume. Même en la brusquant, le train arrière reste rivé au sol. Plus gênant est la répartition des masses, de l’ordre de 58% sur le train avant, ce qui se traduit par du sous-virage à la limite. Et, châssis semi-alu ou pas, de la masse, il y en a tout de même à déplacer, la voiture étant donnée pour 1395 kg. Malgré ces écueils, conduire ce TTS reste une source de plaisirs.
Plaisir des yeux d’abord, la qualité perçue de cet habitacle n’ayant rien à envier à celle des Audi d’aujourd’hui, avec de surcroît une ergonomie aux petits oignons. Seule l’interface du combiné-GPS a pris un coup de vieux. Un plaisir auditif ensuite, la résonance à l’échappement étant pour le moins suggestive, à bas-régime, mais aussi en escaladant les tours, les 272 ch étant délivrés à 6000 tr/mn. C’est de là que vient précisément ce plaisir indéfinissable, de ressentir cette franche poussée, ce qui nous renvoie directement au couple dont nous parlions tout à l’heure.
La réponse à la pédale de droite est instantanée, et l’accélération plus que convaincante, l’exercice du 0 à 100 km/h étant plié en 5,2 secondes seulement, la vitesse de pointe restant bridée à 250 km/h. Pour bien situer les choses, un Cayman S de 295 ch réclame 5,5 secondes. Si le Cayman, plus agile et joueur, conserve d’après nous l’avantage sur le plan du comportement, le TTS se rattrape en partie en abattant une arme secrète : une suspension pilotée de type Magnetic Ride livrée de série (héritée de la R8), un peu trop permissive en mode « normal », les mouvements de caisse restant présents, mais convaincante lorsque l’on bascule en « sport ». Encore faudra-t-il penser à l’activer sur un bon revêtement, les amortisseurs devenant naturellement plus fermes.
L’avis d’Avus
Dès que l’on bascule dans l’univers magique des Audi siglées « S », il se passe vraiment quelque chose, la voiture offrant un supplément d’âme. Et lorsqu’il s’agit d’un TT, on a tout bon, l’auto en question faisant saliver avant même de monter de dedans, dès qu’on la voit sur le parking ! Si ce premier TTS est bien perfectible sur quelques aspects, surtout au niveau du comportement, il n’empêche qu’il est un youngtimer en devenir, qui devrait s’attirer les faveurs d’amateurs exigeants. Et si cette variante reste trop timorée à votre goût, Audi proposait déjà un « plan B », à travers la première redoutable déclinaison « RS » de 340 ch. Un autre monde…
Caractéristiques techniques Audi TTS Coupé « Type 8 J » 2008
- Moteur : 4cyl. turbo et injection directe d’essence (TFSI), 2480 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 272à 6000
- Couple (Nm à tr/mn) : 356 à 2500
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : S tronicou bvm 6
- L x l x h (en m) : 4,19 x 1,84 x 1,34
- Pneumatiques : 245/40 R 18 (AV et AR)
- Poids à vide (kg) : 1395 (coupé)
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,2 (coupé)
- Vitesse maxi (km/h) : 250 (autolimitée)
On aime
- Design fort
- Qualité de fabrication
- Ensemble moteur-boîte
- Performances élevées
- Cote enfin attractive (dès 20 000 €)
On aime moins
- Comportement peu joueur
- Trop de poids sur l’avant