Concept TT Roadster 1995
Road… star !
Ce roadster n’est pas banal : c’est une star ! Une vraie star de salon, qui a enflammé l’édition 1995 du Motorshow de Tokyo. Ce concept- car unique, très réaliste, préfigure fidèlement une voiture plaisir iconique : le premier TT roadster !
Lorsque l’on parle « voiture plaisir », on pense d’abord à un petit roadster, un concept né en Angleterre, où l’on décapote volontiers entre deux averses. Ce genre, très en vogue dans les sixties avec une prolifération de MG, Morgan et autres Triumph, va pourtant tomber en désuétude dans les années 70. Mais à la fin des années 80, une certaine Mazda MX-5 va relancer durablement cette mode. Fiat lancera sa Barchetta, Alfa son Spider sur base GTV, BMW son Z3, Mercedes sa SLK et Peugeot sa 206 CC. Une déferlante qui pousse Ferdinand Piëch, alors à la tête d’Audi, à privilégier le lancement du TT d’abord en coupé, pour aller à contre-courant. Pourtant, c’est bien le concept du roadster qu’il a découvert en tout premier, lors d’une réunion avec son équipe de designers.
L’auto patiente sous une bâche, et pendant que Piëch ronge son frein, sa dream team lui fait un debrief. N’y tenant plus, il demande à ce que ses collaborateurs lèvent enfin le voile qui cache la belle, pour mettre fin au suspense. A la vue de cette auto au style autant novateur que percutant, à l’opposé de la mollesse du bio-design alors à la mode, Piëch ne dit rien. Un silence qui en dit plus long que de nombreux mots. Le boss adore !
Le grand public aussi adorera ce TT roadster, qui fera sa grande première publique au salon de Tokyo 1995. Car c’est bien sous la forme d’un concept qu’Audi le dévoile. Un concept certes, mais néanmoins proche à 95% en apparence de la version de série. Il nous a été donné la chance de l’approcher à nouveau de très près en juillet dernier, sur l’île de Man, lors de notre essai du TTS restylé. Vingt-quatre ans après sa présentation, force est de reconnaître que le charme agit toujours. Il est amusant de constater que ce gris très spécifique, qui ne fut pas retenu en série à l’époque, s’approche étrangement du fameux « gris Nardo » très prisé de nos jours.
Quant à la sublime sellerie cuir, traitée façon « gant de baseball » avec les grosses lanières apparentes, celle-ci a bien passée le stade de la (petite) série sur le premier TT roadster. En fait, jusqu’au dessin spécifique des jantes en alliage, tout, ou presque, est déjà figé. Seules les ouïes latérales, creusées dans les ailes avant, ne seront pas retenues, et c’est heureux, car elles enlèvent de la pureté à la ligne. Quant aux jolis rétroviseurs extérieurs, ils sont exagérément minimalistes, et pour des raisons évidentes de sécurité, il est parfaitement logique qu’ils soient passés, en l’état, à la trappe.
« Le TT offre un style autant novateur que percutant, à l’opposé de la mollesse du bio-design alors à la mode »
Patience récompensée
Le public aura dû se montrer très patient avant de pouvoir commander un TT roadster. Car au grand désespoir des BMW Z3 et Mercedes SLK, cette dernière variante est apparue seulement 12 mois après le lancement en fanfare du coupé. Le TT roadster est l’événement de la rentrée 1999et séduit tous les amoureux de sensations fortes au grand air. Et accessoirement, tous ceux qui ne supportent pas d’être enfermés dans le coupé, doté de véritables meurtrières en guise de vitrage. Bien que plus lourd de 60 kg que le coupé, en raison de l’adoption de renforts de caisse dans le châssis pour rigidifier l’ensemble, le roadster demeure très performant, même s’il doit rendre quelques dixièmes en accélération.
Bien que facturé l’équivalent de 3000 € de plus que le coupé, à motorisation égale, le TT roadster ne faisait déjà aucun cadeau, la traditionnelle capote en toile proposant un système électrique en option. Il en allait bien sûr de même du hard-top, autant utile pour se protéger du grand froid que du vandalisme. Une vraie Audi quoi ! Pour démocratiser son TT, Audi aura la bonne idée de décliner à partir de janvier 2001 son 1.8 turbo en version de 150 ch, et de troquer la transmission intégrale quattro pour de simples roues avant motrices. Bien entendu, cette version d’entrée de gamme n’est pas la plus courtisée aujourd’hui, mais sa plastique n’a rien à envier à celle d’un TT roadster plus huppé et performant. Et elle s’avère parfaite pour arpenter tranquillement les petites routes de campagne, cheveux au vent, un exercice fort agréable en 1999… tout comme en 2019 !
« Au grand désespoir des BMW Z3 et Mercedes SLK, le TT roadster est lancé 12 mois seulement après le coupé »