Avant-première nouvelle Audi A6 Avant : Retour en grâce
Ne jamais dire « jamais » ! Après une certaine hésitation, laissant augurer un glissement de nom vers « A7 » pour désigner la future A6 thermique, Audi s’est finalement ravisé pour conserver le patronyme historique donné à sa grande routière. Qui organise un retour en grâce à travers cette somptueuse déclinaison break. Pour commencer…
Par Joseph Bonabaud, photos DR
En bref
Nouvelle Audi A6 « type C9 »
Commercialisation en mai 2025
Version présentée : Avant 2.0 TDI 204 ch
Prix (à partir de, hors malus) : 70 550 €
En politique, voilà ce que l’on appelle un « rétropédalage » ou un cafouillage. Bref, une belle bourde que l’on tente, péniblement, de masquer, en minimisant son impact. Car depuis qu’Audi développe une large gamme de modèles électriques « e-tron », il était acquis que pour plus de cohérence ceux-là héritent des chiffres pairs (en conservant en préambule le « A » pour les routières et le « Q » pour les SUV), tandis que les nouvelles thermiques devaient, par défaut, se contenter sur le même schéma des chiffres impairs. Cette stratégie martelée à chaque conférence de presse était parfaitement claire, et cela est d’ailleurs devenu réalité avec la commercialisation de la nouvelle A4, rebaptisée pour le coup A5… quitte à brouiller un peu l’esprit des habitués.
Un mélange des genres qu’Audi ne semble plus prêt à assumer au moment de lancer sa nouvelle A6 thermique, qui va se retrouver dans les show-rooms aux côtés d’une déclinaison électrique « e-tron », par ailleurs assez différente sur le plan du style. Clairement, même si on a affaire à deux A6 « new look », elles sont très différentes, et pas seulement au niveau de leur technologie embarquée. Tant pis pour la confusion que cela peut engendrer chez les clients, mais rétrospectivement, Audi s’est rendu compte que le matricule d’A6 était bien plus « bankable » sur le plan commercial au niveau mondial que celui d’A7 qui lui était destiné. C’est donc avec plaisir que nous accueillons, pour la première fois en ces pages, la toute nouvelle A6, type « C9 » pour les intimes !
› Celle qui devait prendre le patronyme d’A7 nous revient, mais en conservant le matricule d’A6. Pour l’heure, seule la version break « Avant » est présentée…
Un design encore plus fort
Depuis la première Audi 100 déclinée en break apparue en 1977, baptisée « Avant », Audi a toujours fait preuve de constance pour porter cette carrosserie « utilitaire » à des niveaux encore jamais vus dans la catégorie. Cela passe par un design fort privilégiant le dynamisme aux aspects pratiques, donnant par là même aux breaks leurs lettres de noblesse. Mieux, depuis cette fameuse Audi 100, la marque aux Anneaux s’est évertuée à concilier style élégant et aérodynamisme, des valeurs poussées à leur paroxysme dans le cas présent, même si l’on a affaire à une A6 thermique bâtie sur la plateforme PPC. Particulièrement longue (4m99, soit 60 mm de plus que la version actuelle), mais aussi basse et large (1m88 sans les rétroviseurs), cette A6 « 2025 » en impose. Au-delà de ses dimensions respectables, cette grande routière se démarque du modèle actuel par la puissance de sa ligne assez personnelle, même si l’ADN de la marque est bien respecté.
On retrouve un épaulement marqué au niveau des roues et des ailes bombées, clin d’œil à l’historique Ur quattro, mais aussi une ligne de toit tendue se prolongeant jusqu’au becquet de coffre, ce dernier surplombant une lunette très inclinée, renforçant une impression de dynamisme, même à l’arrêt. L’avant n’est pas en reste, avec une calandre large placée plus bas que d’habitude, de généreuses entrées d’air modelées en 3D renforçant l’aspect sportif de la voiture. Pour le côté high-tech et premium, cela passe d’abord par les optiques fines et très travaillées, les phares avant à LED étant particulièrement expressifs, tandis que pour la première fois, les feux arrière à OLED (à 198 segments !) surplombent un fin bandeau lumineux parcourant toute la largeur de la voiture. Vous noterez que dans le prolongement de ces feux prennent place des ouïes factices, destinées à améliorer l’écoulement de l’air. Un effet de style original donnant un aspect « boomerang » aux feux arrière, que l’on devrait retrouver sur les futures productions aux Anneaux. Bien sûr, c’est une marotte chez Audi, outre une séquence de bienvenue ou d’au revoir, ces feux sont personnalisables, en offrant jusqu’à 7 signatures différentes.
Afin d’accentuer sa prestance et présence sur la route, l’A6 « C9 » a droit à des roues de tailles généreuses, allant de 18 à 21 pouces (19’’ de série sur S line). Que des jantes en alliage bien sûr, celles de 18 et de 19 pouces étant taillées en « diamant » afin d’optimiser les consommations, mais également dotées d’inédits absorbeurs de bruit à l’intérieur. Mis bout à bout, toutes ces solutions techniques semblent payer, car Audi annonce un Cx record pour une voiture de série thermique de seulement 0,25, ce qui profite, bien sûr, aux consommations… et aux performances. Pour l’heure, la marque ne communique que sur la version diesel « de base », animée par le 2.0 TDI de 204 ch bien connu de nos services. Sauf qu’il se voit désormais adjoindre un réseau 48V et une batterie de 1,7 kWh afin de proposer une hybridation légère, condition indispensable pour limiter les rejets de CO2 (de 131 à 152 g/km selon dotation) et éviter un vilain malus. Outre un « effet boost » appréciable correspondant à un surplus de puissance de 18 kW (24 ch et 400 Nm dès 1750 tr/mn), cela permet d’obtenir une consommation maîtrisée, établie à 5,8 l/100 km (probablement plus proche des 6,5 l/100 km dans la vraie vie), Audi communique 7,9 sec pour passer de 0 à 100 km/h, la vitesse maximale étant donnée à 241 km/h.
› En attendant des versions plus musclées – mais toutes, plus ou moins électrifiées – Audi commence en présentant cette A6 2.0 TDI de 204 ch, dotée d’une micro-hybridation 48V.
Intérieur 2.0
Cette A6 met à profit son gabarit généreux de près de 5 mètres pour offrir un vaste habitacle, s’étirant sur un empattement assez long porté à 2m92. Bien que de taille respectable – mais dans la moyenne – le coffre de 466 litres, sous la tablette, est particulièrement bien étudié pour embarquer de nombreux bagages. Outre une largeur appréciable de 1050 mm, ce dernier bénéficie, de série, de rails intégrés au plancher pour arrimer les objets, mais aussi d’un pack de rangement et d’un filet de séparation. Une fois la fractionnable banquette repliée (dotée d’une trappe à skis), le volume offert est impressionnant : pas moins de 1497 litres. Sans surprise, on retrouve aux places avant une immense dalle incurvée, une « scène numérique » devenue la signature des dernières Audi. Bon, de notre côté, nous sommes moyennement fans, et préférons la configuration des Audi sortantes qui offrent un parfait mixte entre technologie de pointe et ergonomie. Audi a fait en sorte de privilégier une certaine clarté visuelle et de centrer cette planche de bord toujours plus riche en informations vers l’humain. Outre le traditionnel « cockpit virtual » paramétrable via un écran haute résolution de 11,9 pouces, on trouve déporté vers le centre une grande dalle de 14,5 pouces réservée au système MMI, comprenant le GPS mais aussi les systèmes de divertissement. L’IA fait son entrée puisque ChatGPT est du voyage, mais également un système d’exploitation Androïd Automotive OS permettant des mises à jour en continue. Les geeks vont adorer !
› L’intérieur adopte à son tour l’immense dalle numérique étrennée sur le Q6 e-tron. Espérons que la finition soit plus valorisante…
En option, un troisième écran de 10,9 pouces peut être installé face au passager avant, tandis que le conducteur peut bénéficier d’un affichage tête haute plus évolué. Audi a mis l’accent sur le rendu « cosy » et raffiné de son habitacle, tout en se montrant plus « éco-responsable », en utilisant des matériaux recyclés, ou des bois d’origine européenne. Espérons que la qualité perçue, en baisse ces dernières années sur la plupart des modèles, soit ici de nouveau, à la hauteur de la réputation de la marque. Pour optimiser le bien-être à bord, Audi a soigné les éclairages d’ambiance intérieurs, tout comme la ventilation, assurée par une climatisation automatique 4 zones, livrée de série. Si vous êtes mélomane, il faudra en revanche piocher dans le vaste catalogue d’options pour bénéficier de la superbe hifi Bang&Olufsen à effet 3D, délivrant de 685 à 810 watts de puissance dans 16, voire, 20 haut-parleurs !
De nouveaux standards routiers
Belle, spacieuse, très aérodynamique et au top de la technologie, cette A6 entend bien poser de nouveaux jalons sur la route. A commencer au niveau du confort de roulement et acoustique. Pour garantir un confort optimal, sans pénaliser le comportement, Audi va proposer, à nouveau, 3 suspensions différentes. Outre une « standard » livrée de série – mais comportant déjà 5 bras en aluminium – il est prévu une « sport » abaissée de 20 mm, privilégiant d’abord le dynamisme (livrée de série sur S line). Mais le top sera assurément la suspension pneumatique adaptative, pouvant jouer automatiquement, en une fraction de seconde, selon la conduite adoptée sur la hauteur de caisse (de plus ou moins 20 mm). Audi a également modifié les silentblocs des supports-moteur ou de la transmission, mais également repensé les dents de sa boite S-tronic afin de limiter les bruits de roulement, améliorés dans le cas présent de 30%, et ce, sans augmentation de poids (donc sans rajout d’isolants phoniques). C’est remarquable !
› Avec cette A6 « C9 », Audi entend redéfinir les standards du plaisir et du confort de conduite.
Le plaisir de conduite sera aussi au rendez-vous, Audi s’étant attaché à proposer son A6 avec une transmission intégrale quattro ultra (en option), pouvant renvoyer jusqu’à 70% du couple sur les roues arrière. Des roues qui peuvent, là encore en option, être directrices, en tournant jusqu’à 5° dans la direction opposée des roues avant, pour gagner en agilité ou en maniabilité dans les parkings. Ce qui est le cas, le rayon de braquage chutant à seulement 11,3 m avec ce dispositif ! Mieux encore, l’auto reçoit également – en plus des dernières aides à la conduite – un freinage de type vectoriel, qui offre un contrôle dynamique, roue par roue. En ciblant la roue à ralentir, ce système permet de décupler le plaisir de conduite dans les virages à vive allure, tout en rendant le comportement plus agile et précis. On a hâte de la mettre à l’épreuve dans un prochain essai !
› Selon une nouvelle stratégie privilégiant la rentabilité aux volumes, Audi souhaite monter en gamme, ce qui se ressent sur les prix, assez prohibitifs, puisque fixés à partir de 70 550 € !
L’avis d’Avus
Bien sûr, le style reste une affaire de goût, mais difficile de rester de marbre devant ce nouveau break A6… qui est pourtant présenté ici en simple version 4 cylindres 2.0 diesel ! On n’ose imaginer ce que donneront les dérivés sportifs ! Au-delà de ce point particulier, plus que son intérieur très moderne – mais finalement comparable à ce que l’on trouve dans les dernières A5 ou Q6 e-tron – c’est surtout l’aspect confort de roulement et acoustique qu’il nous tarde de vérifier, sans oublier le dynamisme de conduite. Il faudra patienter encore un peu, Audi prévoyant de livrer les premiers exemplaires à la fin du mois de mai 2025. Seul bémol : les prix annoncés sont de véritables repoussoirs, le ticket d’entrée étant annoncé à… 70 550 € hors option et malus, ce qui va amener le prix de cette A6 TDI à près de 100 000 € bien équipée. Il n’y a pas si longtemps, on avait une S6 pour ce prix-là. Il serait temps qu’Audi redescende un peu sur terre !