Malgré un contexte économique morose pour le secteur automobile, de nombreux constructeurs ont joué le jeu et sont revenus en force en octobre au dernier Mondial de Paris. A commencer par Audi, qui y a présenté des nouveautés majeures en rafale…
Par Jack seller, photos Joseph Bonabaud
Après l’édition lamentable du Mondial de Paris 2022, qui n’était qu’une mascarade de salon automobile avec l’absence remarquée de très nombreux constructeurs d’envergure, je m’étais juré de ne plus jamais y remettre les pieds. Mais en voyant l’affiche annoncée pour cette édition 2024 – avec le grand retour d’Audi – cela aurait été une faute professionnelle de notre part de zapper ce nouveau Mondial. Bien nous en a pris, car même si tout est fait dans les règles pour vous dégoûter de venir en voiture (périphérique bridé à 50 km/h, parking devenus prohibitifs, sandwich jambon-beurre vendu au prix d’un menu ouvrier…), cela valait la peine de venir. Bon, clairement, les belles années du Mondial sont révolues. Terminé les immenses stands garnis de jolies hôtesses, répartis sur 7 halls, où chaque constructeur présentait ses nouveautés avec un show son et lumière.
Notre salon national a sensiblement réduit la voilure sur 5 halls (et sur la durée), et si les petits fours sont encore présents durant la traditionnelle journée presse (une journée « marathon » pour qui souhaite tout voir !), on navigue d’un stand à l’autre directement sur le sol brut, la moquette rouge feutrée ayant fait les frais des économies. Tout comme les « dossiers de presse » d’ailleurs, ces luxueux catalogues à tirages limités, contenant de précieuses informations (et photos) sur les nouveaux modèles. Après une période de transition où l’on nous donnait déjà à partir des années 2010 des clefs USB, il faut désormais flasher un pauvre QR code. Triste époque… Un rapide mot encore pour vous dire que durant cette journée très spéciale, on a l’occasion de croiser du beau monde. C’est le cas des grands capitaines d’industrie, comme Carlos Tavares ou Luca de Méo, mais aussi de notre « cher » président de la République qui venait pour… Pour quoi au juste, lui qui a durant ses mandats successifs porté des coups fatals à l’automobile, en amplifiant tant la politique des radars (avec la mise en place du 80 km/h sous Edouard Philippe n’oublions pas), que l’explosion de malus CO2 devenus un impôt écologique généralisé qui impacte désormais même les petites voitures.
Qu’importe, toujours animé par la passion automobile et l’envie de vous la faire partager, votre serviteur a pris sur lui pour aller à « la pêche » aux nouveautés. Et malgré l’absence remarquée de grands constructeurs européens (Mercedes, Volvo, Porsche…) je n’ai pas été déçu ! Hasard des choses, après avoir vu bien de clinquantes « chinoiseries » qui m’ont laissé autant songeur que de marbre, il me fallait traverser l’immense hall occupé par le groupe Renault, bien rempli avec les stands dédiés à Alpine, Dacia et les derniers modèles de la marque au losange. Curieusement, chez Renault, l’essentiel des nouveautés sont… d’anciens modèles cultes, resservis à la sauce moderne. Outre un séduisant restomod basé sur un coupé R17, Renault revisite avec un certain bonheur ses grands classiques, avec notamment la présentation d’un concept très réaliste préfigurant la future Twingo – vraiment proche de lignes de la pionnière – mais aussi une R4 et R5 « revival ». Le tout, faut-il le préciser, en électrique. Chez Audi, pas question de faire du néo-rétro, et c’est bien dommage, car on signerait volontiers pour un Ur quattro modernisé animé par le 5 cylindres turbo « maison » de 400 ch… tant qu’il est encore disponible.
Le club des « 5 »
Audi préfère se tourner vers l’avenir, et sur ce point, personne n’a été déçu ! Et pour satisfaire tout le monde, il y avait presque une égale parité entre les nouveautés électriques et thermiques. La plateforme PPC réservée aux moteurs à combustion interne a déjà fait des petits, car outre la toute nouvelle A5 qui remplace l’A4 (déjà à l’essai dans ce numéro), il y avait en avant-première le Q5 de troisième génération. Pour Audi, ce modèle qui assure presque le tiers des ventes dans le monde est d’une importance cruciale. On apprécie d’emblée son design à la fois sobre et classique, mais aussi le fait qu’il n’a plus honte de la nature de ses moteurs, au point d’oser montrer à nouveau ses sorties d’échappement. Pour l’heure, A5 et Q5, même combat, puisqu’au-delà de la plateforme elles se partagent les mêmes blocs, à savoir un 4 cylindres 2.0 TFSI décliné en deux niveaux de puissance (150 et 204 ch), et pour les gros rouleurs un bon vieux TDI 2.0 de 204 ch également. Les plus gourmands (et fortunés) pourront encore se délecter du V6 3.0 de 367 ch réservé à la sportive déclinaison « S ». Ce n’est qu’une première salve, car Audi va rapidement introduire des versions hybrides rechargeables pour échapper aux malus assassins. Et il se murmure même qu’une RS5 soit en préparation ! En tout cas, A5 ou Q5, mieux vaut être fan des écrans, car il y en a désormais partout dans l’habitacle, et ce, jusque du côté du passager. Audi a trouvé son nouvel agencement numérique avec le nouveau Q6 e-tron, en optant pour une dalle incurvée de grande dimension, et décline ce concept sur toute la gamme, thermique comme électrique.
Aux côtés de ce « club des 5, sur une rampe évoquant un circuit, la sculpturale Audi e-tron GT restylée prenait la pose devant un proto R18 e-tron des 24 H du Mans, signe heureux que la marque sait encore se pencher sur son passé. Avec un niveau de puissance incroyable de 925 ch, la berline-coupé aux anneaux promet de vous satelliser dans sa configuration RS la plus performante en seulement… 2,8 sec sur le 0 à 100 km/h. Si on survit à cette expérience qui promet d’être violente et intense, promis, on vous racontera tout après son essai sur circuit dans notre prochain numéro ! Mais ce n’est pas fini ! Après des mois de disette, Audi poursuit parallèlement son offensive sur le marché des électriques, avec cette fois pour atout majeur sa toute nouvelle plateforme PPE réservée aux modèles à piles (commune au nouveau Porsche Macan).
Selon la nomenclature inédite en vigueur depuis cette année chez Audi, celle-ci est logiquement réservée exclusivement à des modèles comportant un nombre pair. Et pour cette édition au Mondial, ils étaient dévoilés sous le signe du « 6 ». Avec le Q6 e-tron, incontournable désormais, qui prenait son grand bain de foule sans aucun camouflage cette fois juste après un discours de Robert Breschkow, le tout nouveau directeur d’Audi France depuis cet été. A noter que ce Q6 en question (déjà à l’essai dans ce numéro) était présenté, pour la première fois, avec la carrosserie de coupé Sportback, une déclinaison devenue un grand classique dans la gamme Audi. Outre une ligne encore plus dynamique d’aspect que le Q6 « normal », sans pour autant trop sacrifier les aspects pratiques (coffre de 511 litres contre 526 litres), celle-ci a l’avantage d’offrir une aérodynamique encore plus efficiente (Cx de 0,26), permettant de grapiller – selon Audi – quelques précieux kilomètres supplémentaires en autonomie. Grâce à un abaissement de 37 mm, l’autonomie atteindrait ainsi dans le meilleur des cas 650 km, le Q6 e-tron classique à la ligne de grand break devant se contenter de 623 km au mieux.
Tout ceci est de très bon augure pour la nouvelle A6 e-tron, également du voyage à Paris dans sa version définitive, assez proche comme on vous l’a dit du concept du même nom. En tant que longue berline élancée, offrant un Cx record de 0,21 pour la catégorie (du jamais vu dans le groupe VW !), cette A6 électrique de 428 ch devrait pouvoir parcourir pas moins de 711 km pour la berline et 679 km pour le break avec la grande batterie de 95 kWh bruts. Dans « la vraie vie », il faudra probablement se contenter de 550 km, mais voilà qui commence à changer la donne pour des voitures électriques, le progrès le plus notable restant des temps de charge très rapides. Tablez sur 21 minutes pour recharger de 10 à 80% sur un supercharger ! Les tarifs sont connus, annoncés à 84 320 € pour la berline Sportback et 85 820 € pour le break Avant. C’est cher, mais Audi précise qu’une version d’entrée de gamme limitée à un seul moteur (sur les roues arrière), et dotée d’une batterie de moins grande capacité de 75,8 kWh nets, sera également proposée. Avec une autonomie encore très respectable évaluée à 622 km, nul doute que cette version de la nouvelle A6 débutant à 66 420 € en berline (67 920 € en Avant) fera le gros des ventes chez nous. Des tarifs compétitifs face à la concurrence directe, incarnée par la BMW i5 eDrive 40 affichée à partir de 76 250 €, et la Mercedes EQE réclamant 76 500 € minimum. C’est sûr, Audi n’est pas venu pour rien et la guerre des premium est relancée ! Un dernier mot enfin pour la fréquentation de ce Mondial, en forte hausse par rapport à l’édition précédente (+ 100 000 visiteurs), puisque l’organisateur se félicite d’avoir accueilli plus de 500 000 personnes. Un signe tangible que, même si nos dirigeants détestent la voiture, elle demeure pour beaucoup d’entre nous plus qu’un simple objet usuel du quotidien : un objet de passion.