Dans la foulée du restylage de l’A3, c’est surtout la sportive S3 qui évolue le plus. Si elle reste de notre point de vue trop discrète sur la forme, elle se bonifie sur tous les plans, et gagne même encore quelques chevaux, pour culminer à 333 ch ! Hélas, avec un malus devenu indécent, cette S3 est déjà mort-née chez nous…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Nouvelle Audi S3
Puissance accrue de 23 ch (333 ch)
Perf : 0 à 100 km/h en 4,7 sec, vmax de 250 km/h
Prix : à partir de 63 000 € en Sportback (63 565 € en berline),
hors malus de 32 935 €
J’étais encore jeune journaliste lorsque j’ai vu débarquer, en 1999, la première S3 dans le parking de la rédaction pour laquelle je travaillais à l’époque. Outre son éclatant « jaune Imola » qui « claquait », elle se distinguait des A3 normales par son traitement sobre mais musclé, comprenant des passages de roues subtilement élargis bien remplis par de belles jantes en alliage, des coques de rétros en aluminium brossé, tandis que l’arrière, surmonté d’un discret becquet, se distinguait par la présence de généreuses sorties d’échappement. A l’époque, cette S3 imposait le respect en sortant de son modeste 4 cylindres 1.8 litres turbo pas moins de 210 ch, reléguant loin derrière en performances pures la Golf VR6, référence absolue de l’époque, nantie pourtant d’un 6 cylindres délivrant 174 ch. Et puis, au fil des ans et des générations, on a assisté à une forme d’escalade, motivée par un accroissement en taille et en poids de nos voitures, mais aussi par une concurrence qui a, depuis, su réagir. Y compris un cran largement au-dessus, en allant carrément chasser sur les terres de la fabuleuse RS3, qui s’est, depuis son apparition, toujours réservée le fameux 5 cylindres « turbo » Audi. Là encore, avec 340 ch sous le capot, la RS3 de première génération faisait autorité et ne craignait personne. Mais le temps qui passe est cruel pour ces sportives de haut niveau…
› La S3 reste disponible en petit break Sportback ou, comme ici, dans cette élégante déclinaison berline, très bien dessinée.
Preuve en est l’arrivée de cette ultime S3, une vraie surdouée en son genre… mais cela ne se voit pas. Ce modèle de 4ème génération n’est pas totalement nouveau, puisqu’il s’agit juste d’une évolution de mi-carrière. Sur la forme, ne vous attendez pas à de gros bouleversements. Les propriétaires du modèle actuels peuvent souffler, leur S3 ne paraît pas du tout démodée. Cette S3 évolue à la marge en gagnant une calandre plus plate et élargie, mais aussi un bouclier avant qui intègre des écopes latérales modifiées. Si le contour des feux ne change pas, leur contenu évolue également, en devenant paramétrable via le MMI, afin d’offrir 4 signatures lumineuses différentes. A l’arrière, l’auto exhibe toujours fièrement ses 4 sorties d’échappement – vrai signe distinctif des récentes S3 – et les silencieux sont désormais en titane, histoire de donner un peu plus de voix, une nécessité depuis que les FAP sont devenus obligatoires, y compris sur les modèles essence. Quant au diffuseur d’air, il a été légèrement remodelé, ceci afin d’élargir visuellement la voiture. Pour être exhaustif sur les modifications extérieures, sachez que le nuancier ajoute 3 nouveaux coloris, dont le superbe bleu Ascari de notre modèle d’essai, une plus originale S3 berline, la classique Sportback restant bien sûr au catalogue.
› Grosse déception sur la forme, cette S3 « 2024 » perdant ses classiques badges distinctifs et ses belles coques de rétroviseurs en alu brossé. L’essentiel est ailleurs…
Jeu des 7 erreurs
Pour être honnête, je suis déçu par le manque d’audace stylistique de cette « nouvelle » S3, qui pour un peu, pourrait se confondre de trois quarts avant avec une A3 de grande série, dotée de la dynamique finition S line. La faute notamment à la disparition inexpliquée du petit badge distinctif « S3 » qui ornait traditionnellement la calandre et le coffre, mais aussi à la suppression des fameuses coques en alu brossé qui habillaient les rétroviseurs extérieurs. A l’intérieur, le constat est identique, tant les modifications restent limitées. La plus marquante est la présence d’une commande à basculeur pour piloter la boîte S-tronic à 7 rapports, en lieu et place du petit levier que l’on trouvait jusqu’à présent. Quant aux aérateurs, ils se voient désormais mis en valeur par un entourage en aluminium, tandis qu’un espace pour recharger son Smartphone par induction a été intégré de série. L’ensemble du mobilier, très « noir » fait austère, mais l’ensemble demeure élégant, raffiné et sportif à travers quelques éléments spécifiques réservés à la S3. C’est encore de nuit qu’on y voit un vrai « effet whaou » grâce à un nouvel éclairage intérieur de toute beauté. Les nombreux réfractaires au tout-tactile seront par ailleurs ravis de constater que de nombreuses commandes physiques restent présentes. Cette S3 sait pourtant se montrer moderne comme en atteste son instrumentation numérique paramétrable de 10,25 pouces (12,3’’ en option), en complément d’un écran central de 10,1’’ à la résolution parfaite.
› Pas ou peu de changements à l’intérieur, mais faut-il le regretter, cette S3 offrant un bon mixte entre sobriété, confort et sportivité.
En fait, les plus grosses modifications ne se voient pas, puisqu’elles sont d’ordre mécanique. On retrouve le 4 cylindres 2.0 turbo TFSI bien connu de nos services, mais il passe de 310 à 333 ch (et 20 CV fiscaux), ce qui profite au couple, qui grimpe de 400 à 420 Nm. Mine de rien, voilà un niveau de puissance très proche de la première RS3. Quand on vous disait que le temps est cruel pour les sportives de haut niveau ! Car la S3 « cru 2024 » ne se limite pas à ce seul gain de puissance. Elle bénéficie d’une boite S-tronic à 7 rapports recalibrée, et la transmission intégrale quattro – livrée naturellement de série – reçoit le différentiel arrière à embrayage multidisques contrôlé électroniquement de la RS3. Si le mode « drift » est ici indisponible, il permet de renvoyer jusqu’à 100% du couple sur une seule roue du train arrière; de quoi optimiser le plaisir de conduite, surtout que l’ESP se fait plus permissif en passant en mode « sport ».
Un « sleeper » diablement efficace
Trop discrète en apparence, cette S3 a donc tout pour devenir un redoutable « sleeper » au quotidien. Reste encore à le vérifier, chose que nous avons pu faire sur les routes très exigeantes de Palma de Majorque, semblables par bien des aspects à nos départementales corses. En clair, ça monte ou ça descend souvent et ça tourne beaucoup ! Bon, pour être honnête, je n’ai pas la sensibilité d’un robot pour déceler le gain d’un dixième de seconde en accélération pure (0 à 100 km/h en 4,7 sec contre 4,8 sec précédemment). Ce que je peux en revanche vous dire, c’est qu’à tous les régimes, ce moteur pête la forme et fait preuve d’une évidente bonne santé. Le tout est accompagné par une « bande-son » qui met du baume au cœur, surtout si on enclenche le nouveau mode de conduite « Dynamic Plus », qui modifie en un instant de nombreux paramètres, comme la réactivité de la boîte, la réponse à l’accélérateur, ou encore la dureté de la direction. A ce sujet, sachez qu’en plus d’un châssis sport abaissé de 15 mm par rapport à une A3 standard, la S3 gagne des suspensions sport de série (amortissement piloté en option), mais aussi une triangulation modifiée afin d’augmenter le carrossage des roues.
› Après essai de cette S3 bonifiée sur tous les plans, on se demande bien ce qu’il reste aux anciennes RS3. Leur fabuleux 5 cylindres peut-être…
Autant de modifications tangibles qui modifient sensiblement le comportement de cette S3, à la fois plus fin, plus précis, plus agile que jamais, sans se départir de sa légendaire efficacité. Quand ça tourne, la S3 plonge avec gourmandise à la corde d’une légère flexion sur le volant, et on peut remettre sans arrière-pensée les gaz, la motricité demeurant toujours optimale. Le train avant reste soudé en permanence, et l’arrière se fait du coup plus mobile, rendant la conduite tout simplement plus « fun » ! Ce qui m’a également frappé est la tolérance de la boîte à accepter désormais des rétrogradages à haute vitesse, même lorsque l’on est déjà un peu haut « dans les tours ». Bien sûr, celle-ci veille au grain et évitera tout surrégime fatal pour la mécanique, mais elle « rentre » plus volontiers les vitesses inférieures, chose qui se fait d’une pichenette grâce aux palets solidaires du volant. Et puis on peut compter sur un freinage plein de mordant, Audi ayant monté des disques ventilés-percés plus grands et épais (357 mm à l’avant pour 34 mm d’épaisseur), mordus par de nouveaux étriers à double piston. Une réussite !
› Avec cette nouvelle S3 revue et corrigée en profondeur, il y a bien une augmentation du facteur « fun » !
L’avis d’Avus
Si les autres A3 « normales » doivent se contenter de modifications mineures, donnant finalement peu d’intérêt à ce restylage que l’on trouve bien timide sur la forme, c’est encore cette S3 qui en profite le plus pour évoluer. Pas au niveau du style, curieusement assagi, mais sur le fond, en bénéficiant de nombreuses améliorations qui la rendent plus agréable que jamais à conduire. Et performante ! A vrai dire, je pense que cette S3 est plus efficace et rapide que les premières RS3, c’est dire ! Reste le sujet qui fâche : l’addition finale, qui a de quoi faire fuir les plus motivés. Si le prix de 63 000 € paraît tout à fait justifié vu les prestations (une VW Golf R s’affiche à 76 410 € !), les 185 g/km de CO2 rejetés à l’échappement lui coûtent en revanche bien cher. Trop ! Cela donne un malus de 32 935 € minimum ce qui, dans le cas présent, condamne d’emblée à la mort ce modèle en France en lui faisant dépasser la barre symbolique des 100 000 €. Car si payer un malus maximal de 60 000 € reste presque « supportable » en proportion sur une supercar à plus de 300 000 €, il devient, dans le cas présent, juste intolérable…
« Le train avant reste soudé en permanence, et l’arrière se fait du coup plus mobile, rendant la conduite tout simplement plus « fun » »
On aime
• Plaisir de conduite amélioré
• Efficacité d’ensemble
• Performances élevées
• Prix bien placé
On aime moins
• Malus délirant et assassin
• Style beaucoup trop sage
Fiche technique Audi S3 berline 2024
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1984 cm3, turbo, inj. directe, 16v
Puissance (ch à tr/mn) : 333 à 5600
Couple (Nm à tr/mn) : 420 de 2000 à 5450
Transmission : aux 4 roues
Boîte : automatique à 7 rapports
Freins : 4 disques
Pneumatiques : 255/40 R 18
L x l x h (m) : 4,50 x 1,81 x 1,41
Réservoir (litres) : 55
Poids à vide (kg) : 1610
0 à 100 km/h (sec) : 4,7
Vitesse maxi (km/h) : 250