La mode étant aux SUV, il est parfois tentant de donner un look de baroudeur à une paisible berline. Un traitement de choc surprenant qui a été effectué sur l’A3 restylée. Découverte de cette inédite version « Allstreet » pour un super-test de plus de 2500 km…
Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud
En bref
Version restylée de l’A3
Nouveau dérivé crossover « Allstreet »
Moteur essayé : 2.0 TDI 150 ch (35 TDI)
Prix (à partir de) : 39 980 €
Audi a une pleine légitimité à proposer des dérivés « crossover » de ses berlines, la marque aux Anneaux étant pionnière en la matière depuis près de 30 ans avec ses breaks A6 Allroad. Mais dans le cas de cette inédite Allstreet, la démarche est quelque peu différente. Contrairement aux A6 (et A4) Allroad, qui se posent en vraies alternatives aux SUV en se voyant dotées de la transmission intégrale quattro, cette Allstreet mise d’abord tout sur un look sympa pour séduire, puisqu’elle n’est disponible, en essence comme en diesel, qu’en simple traction avant. Ce n’est pas une première en la matière, Audi s’étant dernièrement essayé à cet exercice (sans grand succès il faut l’avouer) avec l’actuelle petite A1 (d’abord sous le nom de Citycarver). Malgré cet échec, le constructeur profite du restylage de l’A3 pour renouveler cette offre décalée, en espérant cette fois avoir plus de succès.
› Donner des attributs de «4×4» à une berline compacte n’est pas nouveau, Rover ayant été un précurseur avec sa «200» à la fin des années 90, et Volkswagen ayant fait de même avec sa Polo « cross ».
Paradoxalement, le récent restylage de l’A3 étant tellement discret sur la forme, que c’est cette version sérieusement revue et corrigée qui se pose comme une vraie nouveauté. Sur la forme, impossible en effet de confondre cette variante Allstreet avec une A3 Sportback « de route ». Outre une garde au sol rehaussée de 30 mm, celle-ci bénéficie de protections en plastique au niveau des arches de roue, mais aussi sur les boucliers avant et arrière et de belles jantes en alliage de 18 pouces. Et pour parfaire son aspect de baroudeuse, cette A3 proposée uniquement en carrosserie de petit break Sportback avec cette livrée, reçoit en plus de série des barres de toit. Mis bout à bout, l’illusion fonctionne à fond, et il faut avouer que cette Sportback au look d’aventurière, longue de 4m35, peut légitimement faire hésiter entre un Q2 ou un Q3… du moins avec une version de base, en simple traction avant. Pour découvrir si cette A3 surélevée vaut vraiment le coup et apporte quelque chose, rien de tel qu’un super-test à son bord. Au menu, départ de la capitale pour filer jusqu’aux rives de la méditerranée, dans l’Aude.
› L’atout majeur de cette inédite A3 Allstreet est de se démarquer des A3 standards. Pour le reste…
Le programme est chargé avec en 5 jours la visite de Narbonne, puis les marais salants de Gruissan, la découverte de la Montagne Noire et de ses châteaux Cathare, pour terminer par un inévitable crochet par Carcassonne avant de remonter via Toulouse, Montauban, Brive et Paris. Allstreet ou pas, ce qui est réjouissant avec cette A3, c’est d’avoir un bon vieux diesel sous le capot. Avec la promesse à la clé de pouvoir aligner sans crainte les kilomètres, chose qui se confirme lors de la prise en main de notre modèle d’essai, une A3 Allstreet présentée dans une superbe livrée vert District, avec sous le capot un 2.0 TDI de 150 ch aidé désormais par une micro-hybridation 48V, l’ensemble étant couplé d’office à une boîte S-tronic à double-embrayage à 7 rapports. Pas de quoi nous faire frissonner ou de déclencher la passion, mais ce choix raisonnable a au moins une vertu : celui de proposer plus de 850 km d’autonomie, réservoir plein, et d’offrir des ravitaillements éclairs partout dans toute la France, sans se poser de question.
› N’espérez pas vous aventurer bien loin dans les chemins creux avec cette A3 aux faux-airs de baroudeuse…
Jeu des mille bornes
Dès le démarrage, ce diesel peine à faire oublier sa présence, en se montrant quelque peu sonore. Cela est surtout perceptible à froid et lors des phases d’accélération à bas-régime. Les habituels bouchons parisiens donne le temps de contempler les évolutions présentes à bord. Celles-ci demeurent minimes : les habitués ne seront pas dépaysés. Outre une instrumentation numérique de 12,3 pouces désormais livrée de série (en complément d’un écran tactile de 10,1 pouces), on remarque la présence d’un nouveau sélecteur de vitesse plus discret qu’auparavant (mais pas plus ergonomique). Plus embêtant, de nouvelles « aides » à la conduite imposées par Bruxelles sur toutes les voitures neuves ont fait leur apparition, comme une horripilante alarme sonore qui se déclenche dès que l’on passe la vitesse limite autorisée ! Heureusement, Audi a prévu des raccourcis pour les désactiver rapidement, mais il faut renouveler l’opération après chaque démarrage. Pour terminer ce tour du propriétaire, notons la présence d’inserts chromés autour des bouches d’aération et un emplacement aménagé pour recharger par induction son portable. Au final, c’est peu pour un restylage, et on aurait aimé trouver sur cette Allstreet, à l’instar du look extérieur, quelques éléments distinctifs dans l’habitacle.
› Contrairement au traitement de la carrosserie, l’intérieur ne réserve hélas aucune surprise, en étant calqué sur les A3 normales. Dommage…
Une fois passé l’habituel chaos parisien entretenu artificiellement à coup de pistes cyclables parfois quasi-désertes (et donc inutiles), nous pouvons enfin prendre de la vitesse sur l’autoroute, et le bourdonnement du diesel se fait enfin oublier. Tout comme la position de conduite légèrement surélevée, à peine perceptible. Seulement 3 cm, ce n’est pas suffisant pour faire la différence. Cette surélévation a aussi le bon goût de se faire oublier dans les courbes et les virages, même abordés rapidement. La section sinueuse et roulante du « Pas de l’Escalette », après Millau en descendant sur Lodève, a été très instructive pour s’en assurer. Bien que dotée de simples roues avant motrices, cette A3 demeure bien suspendue et reste sûre en toute circonstance, tout en limitant le roulis. Les habitués de cette portion d’autoroute sauront de quoi on parle, tant ce tracé est exigeant. En fin de journée, nous arrivons sur Narbonne. Il reste encore de quoi parcourir 80 km, chose appréciable étant donné le rythme soutenu de notre voyage, en ayant roulé la plupart du temps à un bon 140 km/h, avec de petites pointes à 160 km/h sur les portions roulantes et désertes sur le sauvage plateau du Larzac. Malgré tout, ce TDI reste pour le moins frugal, en s’étant contenté de seulement 7 l/100 km. Sur les départementales de l’Aude, en réduisant forcément l’allure, il fera bien mieux.
› Malgré une garde au sol surélevée de 3 cm, cette A3 Allstreet sait se maintenir sur route, et avec ce diesel sobre et volontaire, elle offre plus de 800 km d’autonomie !
Ce diesel étant fort en couple dès les plus bas-régime (360 Nm dès 1600 tr/mn), il n’est en effet guère nécessaire de la cravacher pour en tirer le meilleur parti. En roulant à allure modérée, il est en effet possible de descendre sous les 6 l/100 km, notamment en sélectionnant le mode « éco » permettant de se retrouver assez souvent en « roue libre ». Dommage que, dans ce cas, le frein-moteur ne soit pas plus efficace. Si ces résultats sont dans l’absolu très corrects, il convient de relativiser, car une A3 « basse », de surcroît plus légère à motorisation égale de 25 kg que cette Allstreet, parvient à réduire encore sa consommation de près de 10%. Rouler « branché » a donc un coût à l’usage, et dans le cas présent, cela ne peut même pas se justifier en offrant une certaine capacité d’évasion, notre A3 aventurière ne contenant exclusivement d’une simple traction avant. Dommage, mille fois dommage que le quattro ne soit pas disponible. Nous avons pu néanmoins nous aventurer sur un chemin en plein vignoble des Corbières, mais au premier vrai obstacle il a fallu renoncer et faire demi-tour, surtout que cette A3 est livrée de série avec des pneus à profil routier. Le reste de ce périple de plus de 2500 km, remake du fameux « jeu des 1000 bornes » grandeur nature, se fera sans aucune difficulté. Mieux, avec un certain plaisir !
L’avis d’Avus
Clairement, cette variante Allstreet préfère le ramage au plumage et ne présente objectivement aucun intérêt. Et même plutôt des inconvénients à l’usage, en étant un poil plus gourmande, et un chouia moins performante qu’une A3 « normale », à dotation et équipement équivalent. De plus, Audi ne fait pas cadeau des élargisseurs d’ailes et autres attributs empruntés aux SUV, puisque cette version Allstreet est facturée près de 1900 € de plus qu’une A3 standard, déjà pas donnée ! Après, si on laisse de côté ces nombreux arguments, on peut toujours saluer l’exclusivité qu’offre cette variante décalée, plus à même de résister aux affres de la jungle urbaine grâce à de meilleures protections. Et cette légère surélévation apporte un vrai plus dans la conduite quotidienne, nos routes étant hélas jonchées de plus en plus de nids de poule… et de ralentisseurs souvent illégaux ! Bref, nous ne trancherons pas et vous laisserons le soin de juger. En tout cas, cette Allstreet TDI, alternative crédible et moins onéreuse face à un Q2 ou à un Q3 en version 4×2, aura été une compagne de voyage très plaisante sur près de 2500 km…
On aime
• Look extérieur décalé
• Comportement toujours plaisant
• Ration performances/consommation favorable
• Bonnes protections en ville
On aime moins
• Surcoût par rapport à une A3 standard
• Pas de quattro disponible
• Intérieur sans aucun signe distinctif
• Insonorisation perfectible
Fiche technique Audi A3 Allstreet 35 TDI
Moteur : 4 cylindres en ligne, turbo diesel et injection directe, 1968 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 150 à 3000
Couple (Nm à tr/mn) : 360 à 1600
Transmission : aux roues avant
Boîte : automatique à 7 rapports
Freins : 4 disques
Pneumatiques : 255/40 R 18
L x l x h (m) : 4,35 x 1,82 x 1,44
Réservoir (litres) : 50
Poids à vide (kg) : 1435
0 à 100 km/h (sec) : 8,6
Vitesse maxi (km/h) : 221
Rejet de C02 (g/km) : 131