Suite logique du déploiement de la nouvelle gamme A3, la RS3 profite à son tour d’une remise à jour. Mais ce restylage bénéficie finalement plus à la forme qu’au fond. Quoique…
Par Joseph Bonabaud, photos DR
En bref
Troisième génération de RS3, 1er restylage
Puissance inchangée (2.5 TFSI de 400 ch)
Perf : 0 à 100 km/h en 3,8 sec – 290 km/h
Prix (à partir de, hors malus) : 75 600 € en Sportback, 77 000 € en berline
En embarquant le fabuleux 5 cylindres « turbo » Audi, l’un des meilleurs moteurs au monde (si, si, en toute objectivité), la première RS3 apparue en 2011 s’est d’ores et déjà hissée au rang d’icone sportive. Mais avec une puissance initiale de 340 ch, Audi n’a eu de cesse de monter progressivement le curseur de ce côté-là, pour atteindre d’abord 367 ch en 2015, et depuis 2017 pas moins de 400 ch (et 500 Nm). C’était une nécessité, pour résister aux assauts d’une concurrence essentiellement allemande qui s’est, depuis, réveillée. Et pas qu’un peu, la nouvelle BMW M2 sort désormais pas moins de 460 ch de son 6 cylindres en ligne. Quant à la Mercedes A45 S AMG, elle force le respect avec son modeste 4 cylindres suralimenté délivrant 421 ch.
> Sur la forme, la nouvelle RS3 gagne à l’avant une calandre singleframe élargie, et un bouclier modifié, comportant des entrées verticales plus imposantes.
Ainsi, à l’occasion du restylage de l’A3, on espérait qu’Audi augmente sensiblement la puissance de son modèle de pointe, histoire de relettre les pendules à l’heure. Il n’en sera rien, l’écurie stagnant à « seulement » 400 équidés. Dommage, et ce d’autant plus que les performances ne progressent pas, ce qui est fort logique. Et c’est d’autant plus regrettable qu’il y a, hélas, fort à parier qu’après 45 ans de bons et loyaux services, le 5 cylindres « turbo » Audi tire définitivement sa révérence, condamné par les normes antipollution. Mais en dépit de cette stagnation un peu frustrante à 400 ch, il n’y a pas de quoi crier au scandale, tant les chiffres obtenus restent toujours aussi flatteurs. Ainsi, le 0 à 100 km/h est expédié en 3,8 sec, et si la vitesse maximale est toujours bridée à 250 km/h, il est possible, en option, de la rehausser à 290 km/h. Pas mal du tout pour une berline compacte (déclinée en Sportback et en « sedan » tricorps) de la catégorie d’une Golf !
> L’arrière dispose d’un énorme extracteur d’air comportant en son centre, comme sur la RS6 GT, un catadioptre vertical, clin d’oeil au monde de la F1.
Pourtant, malgré ce statu quo, Audi affirme avoir pulvérisé le record de la catégorie sur la célèbre et redoutable Norschleife du Nürburgring en tournant en seulement 7 minutes, 33 sec et 12 dixièmes. C’est carrément… 5 secondes de mieux que la M2, qui est, il est vrai, une simple propulsion. Autant dire que cette différence représente, à ce niveau de performance, un boulevard ! Mais sans augmenter la puissance, comment diable est-ce possible ? Audi affirme avoir sérieusement optimisé les réglages du châssis, mais aussi l’électronique embarquée, en modifiant les algorithmes du comportement de la voiture en virage en jouant sur l’ESC (contrôle de stabilité) et sur le différentiel arrière. Frank Stipper, le pilote d’essai Audi, explique que « la nouvelle RS3 tourne plus volontiers à l’entrée du virage grâce à un réglable fin – portant également sur la vectorisation du couple de freinage – permettant à la voiture d’être positionnée plus tôt pour mieux ressortir du virage, à partir du point de corde. Il en résulte un angle de braquage plus faible entre le point de corde et la sortie du virage, ce qui réduit les frottements et permet d’accélérer plus rapidement et donc d’avoir plus d’élan et de vitesse dans les lignes droites suivantes ». En clair, grâce à son système quattro réglé aux petits oignons, la dernière RS3 est devenue une « pro du virolo » !
Une quattro pro du virolo !
Au-delà de cette amélioration – qu’il nous tarde évidemment de vérifier lors d’un prochain essai – la RS3 gagne, en plus d’un nouvel échappement à clapets actifs plus sonore (sur une plage optimale comprise entre 2500 et 3500 tr/mn), un look encore plus agressif. L’avant reçoit une calandre singleframe élargie comportant des motifs en losange, tandis que l’arrière adopte un bouclier doté d’un extracteur bien plus imposant, intégrant toujours les 2 sorties d’échappement ovales caractéristiques propres aux modèles RS, mais aussi un feu vertical en son centre (un catadioptre), inspiré de la F1. Les optiques en profitent par ailleurs pour présenter une nouvelle signature lumineuse (en forme de flèche à l’arrière), tandis que des jantes inédites de 19’’ en Y font leur apparition. Le nuancier s’enrichit également de nouvelles teintes métallisées, comme le bleu Ascari et un rouge Progressive, un gris Daytona mat venant également compléter le catalogue.
Les changements à bord sont en revanche moins marqués, l’élément le plus visible étant l’adoption d’un nouveau volant d’aspect plus sportif (avec un repère rouge à 12 heures), à double méplat. Celui-ci comporte des touches en guise de raccourcis pour accéder au mode « RS Individual » ou au mode « Performance » réservé au circuit. De série, outre de nouveaux éclairages d’ambiance paramétrables, la RS3 offre de série des sièges en cuir Nappa à motifs alvéolés, mais de nouveaux sièges baquets RS en carbone très enveloppants sont proposés en option. Disponible en concession à partir de ce mois d’octobre, la nouvelle RS3 s’affichera chez nous à partir de 75 600 € sans option en carrosserie Sportback, ce qui représente une inflation de près de 20 000 € par rapport au premier modèle. Et la France ajoute une petite touche bien à elle dont elle a le secret, à savoir un malus écologique astronomique de… 60 000 €, ce qui porte le tarif de cette RS3 au tarif délirant – pour une berline compacte – de 135 600 € minimum. A ce prix digne d’une supercar, pas sûr qu’on croise souvent cette petite berline compacte énervée au coin de la rue…
> L’intérieur évolue par petites touches. L’élément le plus marquant est l’adoption d’un nouveau volant sport à double méplat.
L’avis d’Avus
Pour la beauté du geste, on aurait aimé qu’Audi profite de ce restylage pour ajouter des chevaux en plus, histoire de grapiller quelques dixièmes en accélération pure… et de reprendre la couronne à la Mercedes A45 S AMG, vraie rivale directe. Et cela n’aurait eu aucun impact sur le malus, qui est déjà porté à son maximum (de 213 à 217 g de CO2/km). Dans un tel contexte, il paraît difficile pour Audi d’espérer écouler beaucoup d’exemplaires en France. C’est dommage, car depuis son lancement en 2011, la formidable RS3 a séduit plus de 80 000 amateurs dans le monde…