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Audi 50 1.1 GL, 1975 : Mini-Golf

Cette voiture ressemble, en plus petit, à une Golf. Elle en a la rigueur, la saveur également, mais… ce n’est pas une Golf ! Vous avez devant vous l’Audi 50, la première citadine aux Anneaux, apparue voilà tout juste 50 ans. Un anniversaire qu’Avus se devait de fêter !

Texte et photos Jack Seller

En bref
Première citadine Audi
Modèle produit de 1974 à 1978
Deviendra la 1ère VW Polo
180 812 exemplaires produits

Le choc pétrolier de 1973 a insidieusement profondément changé les mentalités. L’heure est aux économies de carburant qui deviennent un critère d’achat prépondérant. Volkswagen l’a bien compris, et entre pleinement dans la modernité en lançant en 1974 une certaine Golf, destinée à remplacer l’antédiluvienne Coccinelle. Le géant de Wolfsburg opère une révolution culturelle pour le moins radicale, puisque l’innovante Golf est l’exacte antithèse de la Cox. D’une carrosserie rondouillarde, on glisse vers des formes résolument carrées signées par l’italien Giugiaro. Quant au bon vieux « Flat 4 » refroidi par air et placé en porte-à-faux arrière, il est remplacé par un inédit 4 cylindres refroidi par eau installé, cette fois, transversalement à l’avant. Enfin on passe, sans transition, de la propulsion à la traction !

Une recette largement éprouvée qui fait toujours école de nos jours sur l’ensemble des berlines compactes. En 1974, cela fait à peine 9 ans que Volkswagen a ressuscité Audi, qui n’a d’autres choix que de suivre les directives de sa maison-mère. Mais avec quelques atouts… En effet, pour compléter judicieusement la gamme aux côtés de la grosse berline 100, Audi a lancé avec succès, 2 ans plus tôt, la talentueuse 80, de taille plus modeste. Auréolée du titre envié de « voiture de l’année 73 », la berline compacte 80 permet à Audi de glaner une reconnaissance européenne, précieuse pour appuyer le lancement de sa future citadine. Ainsi, en septembre 1974, soit quelques mois après la Golf, Audi dévoile la petite 50 qui nous intéresse.

› Si l’Audi 50 séduit par sa rigueur toute germanique, son design n’en demeure pas moins latin.

Rigueur germanique, charme latin

A première vue, l’Audi 50 s’apparente grossièrement à un coach 80 amputé de la malle arrière. En lieu et place du coffre se tient une poupe inclinée coiffée d’un hayon, une solution encore rare et moderne pour l’époque à ce niveau de gamme, réservée à quelques pionnières, comme l’Autobianchi A112 ou l’innovante Renault 5, lancée dès 1972. L’Audi 50, bien que dessinée en collaboration avec l’italien Bertone, cultive une étonnante ressemblance avec la Golf, au point de se demander s’il n’y a pas eu plagiat. L’air de famille est évident avec cet avant taillé à la serpe, doté de phares circulaires placés aux extrémités de la calandre, tandis que l’arrière copie aussi sa grande sœur, avec ce pan vertical occupé par de petits feux rectangulaires logés entre le hayon et le frêle pare-chocs rectiligne. Seule fantaisie stylistique apparente : l’arête latérale, soulignée par une baguette noire et chromée qui parcourt les flancs, s’achève par une élégante « virgule » remontant de façon dynamique vers le hayon.

Conçue sous la houlette du talentueux Ludwig Kraus, à qui l’on doit déjà la berline 80, la prometteuse Audi 50 sera vite « annexée » par l’ogre Volkswagen qui la commercialisera à bon compte sous le nom de Polo. Seule différence notable : l’Audi bénéficie d’une finition légèrement plus cossue, ce qui impacte les prix, sensiblement plus élevés que ceux de la « voiture du peuple »… Trop aux yeux de la clientèle qui, pas folle, achètera majoritairement la moins chère des deux, quitte à avoir un roturier blason « VW » sur la calandre. Il est vrai qu’à l’époque, les 4 Anneaux étaient encore en phase de conquête et n’avaient pas grande valeur… D’ailleurs, bien peu des Audi de ces années ont survécu. Car si cinquante années plus tard Audi figure parmi les constructeurs les plus « bankables » du marché et a su capter une clientèle aisée avec des modèles qui gardent la cote, trouver une Audi 50 en parfait état d’origine reste une gageure. Autant dire que le superbe exemplaire d’avril 1975 qui illustre ce reportage est une pépite qui fait toujours son petit effet dans la rue !

› La ligne se permet une petite fantaisie au niveau de l’arrière au niveau du pli latéral qui s’achève en « virgule » et souligne la trappe circulaire à carburant.

Une citadine en or

Sa belle couleur « or » contraste avec le traitement de l’habitacle, assez austère. Les plastiques noirs sont légion, et aucune malice particulière ne vient égayer l’intérieur excepté un placage en imitation bois qui réchauffe quelque peu l’atmosphère. Face au conducteur se dresse une instrumentation claire et lisible, réduite à sa plus simple expression. Outre un compteur de vitesse pour le moins optimiste gradué jusqu’à 180 km/h il y a, à la place du compte-tours, une montre pour surveiller sa moyenne. Une jauge à carburant et un indicateur de température d’eau complètent le tableau, et faute de compteur partiel, on trouve un totaliseur kilométrique. Clairement le niveau d’équipement de cette finition GL (Grand Luxe !) fait pauvre, mais rappelons que la concurrence directe ne faisait pas mieux. En fait la véritable richesse de l’Audi 50 est… intérieure. En effet, malgré un gabarit résolument compact (3m50 de long), cette citadine se distingue par son empattement long (2,33 m), assez généreux pour accueillir 4 adultes et leurs bagages, grâce à un arrière transformable. Sur ce point, la première Peugeot 104 peut aller se rhabiller avec son ouvrant peu accessible, logé maladroitement entre le pare-chocs et la lunette arrière, obligeant à se contorsionner.

› L’Audi 50, faute de puissance suffisante, est à la peine sur route. Son domaine reste clairement la ville, surtout avec ce petit 1.1 litres.

Ce sentiment d’espace est renforcé par la généreuse surface vitrée, qui inonde de lumière l’habitacle. Mais l’Audi 50 surprend d’abord par sa facilité de conduite. Malgré son grand âge, l’apprivoiser se fait le plus simplement du monde. On tourne la clef de contact, ça démarre au quart de tour, et on embraye pour enclencher la première. Toujours moderne cette mamie ! En ville, cette puce se faufile comme un vélo grâce à son gabarit mesuré et à sa direction précise et directe. La boîte manuelle à 4 rapports est bien guidée, mais l’étagement aurait mérité d’être un poil plus « court », pour exploiter au mieux les 50 poneys du petit 1.1 litres (un « gros » 1.3 de 60 ch était aussi disponible). Quoique, si on regrette le peu de couple disponible et la justesse des accélérations (0 à 100 km/h en 13,5 sec), et ce malgré un poids contenu (720 kg), on apprécie en revanche cet étagement « long » dès que l’on prend le large sur un axe rapide. Enfin, par « rapide », comprenez que je veux parler de la nature de la voie, car n’espérez pas dépasser les limitations maximales en vigueur sur l’autoroute. L’Audi 50 est donnée à 152 km/h chrono, mais sans doute cette mesure a-t-elle été faite en descente, vent dans le dos et rétroviseur rabattu ! Mais avec ce que l’on exige désormais de nous sur nos routes truffées de radars, se traîner sur la file de droite dans cette citadine vieille de 50 ans est largement suffisant ! Elle incite à adopter naturellement une allure paisible car, à 130 km/h, on se fait violence pour supporter le niveau sonore à bord, plutôt élevé. Quant au freinage, il manque singulièrement de mordant pour inspirer totalement confiance. Un défaut qui marquera longtemps de nombreuses productions du groupe Volkswagen…

› L’intérieur, pour le moins austère, brille néanmoins par la rigueur de sa finition et cette version « Grand Luxe » a droit à des inserts… en faux bois.

L’avis d’Avus

Produite jusqu’en 1978 à 181 000 exemplaires, cette « mini-Golf » aura tout juste connu un succès d’estime, entaché par la concurrence déloyale imposée par Volkswagen. Il n’empêche, l’Audi 50 a visé juste, en posant les jalons de ce que devait être la parfaite citadine moderne. Une recette à succès que Volkswagen exploitera judicieusement des années durant avec sa Polo qui ne cessera d’évoluer. Et depuis, Audi a pris sa revanche avec une certaine A1, qui a su séduire en nombre une clientèle urbaine aisée. Une autre histoire…

« En septembre 1974, soit quelques mois seulement après la Golf, Audi dévoile la petite 50 »

On aime:
• Plus rare qu’une R8 !
• Style sympa de mini-Golf
• Fiabilité d’ensemble
• Coûts d’entretien

On aime moins:
• Rare en bon état
• Pièces spécifiques introuvables
• Intérieur pauvre
• Performances modestes

Fiche technique Audi 50 1.1:
Moteur : 4 cylindres en ligne essence. 8 soupapes. 1 093 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 60 à 6000
Couple (Nm à tr/mn) : 85 à 3500
Transmission : Boîte manuelle à quatre rapports.
Roues avant motrices
Freins : AV : disques – AR : tambours
Pneumatiques : 135 SR 13
L x l x h. (m) : 3,50 x 1,56 x 1,34
Empattement (m) : 2,33
Poids à vide (kg) : 720
0 à 100 km/h (sec) : 13,5
Prix (€) : de 1000 à 6000 (suivant l’état)
Années de production : 1974-1978
Production : 181 000 exemplaires

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