Audi Q5 Sportback quattro 45 TFSI : Plaisir d’essence

Il n’y a pas que les engins électrifiés dans la vie ! La preuve avec ce Q5 qui fait de la résistance en disposant d’un bon vieux 2.0 essence de 265 ch. Un moteur parfaitement calibré pour mouvoir efficacement ce SUV aux mœurs familiales, qui conserve de beaux restes malgré son grand âge…

Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud

En bref
Seconde génération de Q5
Version coupé « Sportback » 45 TFSI
Moteur 2.0 turbo de 265 ch
Prix (à partir de, hors malus) : 67 910 €

Si les ventes des gros véhicules électriques fléchissent, c’est tout simplement parce que les gens, empreints de logique, constatent que ces voitures sont inadaptées aux longs trajets. Les voies rapides – autant que le froid – sont l’ennemi juré des batteries qui se vident à vitesse grand V ! Une Lapalissade que nous dénonçons numéro après numéro, qui laisse augurer encore de belles années pour le bon vieux moteur à explosion. Après, parmi ses fidèles utilisateurs et partisans, il y a deux écoles. Les « pro-diesel », qui ont de bonnes raisons de craquer s’ils sont adeptes régulièrement des trajets longues distances, et les « pro-essence », pour qui un moteur doit aussi « chanter », et s’exprimer en prenant les tours, au-delà des 4000 tr/mn. Evidemment, tout passionné de belles mécaniques de caractère choisira le second camp, mais dans la France de 2024, la « voiture plaisir » n’est pas vraiment en odeur de sainteté. Cela implique en effet des sacrifices financiers de plus en plus conséquents, qui vont bien au-delà du litre de SP affiché à près de 2 €, plus de 60% de ce prix exorbitant étant constitué, faut-il le rappeler, uniquement de taxes ! Des taxes comme s’il en pleuvait, car acheter en neuf un véhicule de plus de 200 ch est puni par un malus qui n’a d’écologique que le nom (en plus, bien sûr, d’une TVA à 20% et de la carte grise), un prétexte facile pour faire culpabiliser un peu plus l’automobiliste et lui faire sans vergogne le fond des poches.

› Bien que vieillissant, le Q5 reste dans le coup tant sur le plan du design, qu’au niveau technologique.

Autant évacuer tout de suite le sujet qui fâche, car vous vous en doutez, ce Q5 nanti d’un « gros » moteur se voit pénalisé à la hauteur de ses rejets de C02, donnés de 191 à 196 gr/km selon la dotation. Moins de 200 grammes, c’est dans l’absolu léger, mais notre malus prohibitif donne dans le lourd, puisque fixé dans le cas présent à… 60 000 € ! En clair, pour acquérir ce SUV qui n’a pourtant rien d’une élitiste supercar pour prince du pétrole, vous allez en avoir presque pour plus cher de taxes que de voiture, avec une somme totale dépassant allègrement les 120 000 € ! Je dis bien « allègrement », car Audi conserve aussi quelques fâcheuses coutumes dont on se passerait bien, en proposant des équipements follement attirants, mais bien souvent en option, ou sur les finitions hautes. Notre version S line au look particulièrement dynamique, dotée naturellement de la transmission intégrale quattro (et de la boîte S-tronic à 7 rapports), impose donc de cocher quelques options en sus, comme la suspension pneumatique (1950 €), le très pratique affichage tête haute (1190 €), la direction dynamique apportant du plaisir à la conduite (1210 €), et on vous fait grâce de toutes les « broutilles » facturée minimum à plus de 300 € encore disponibles qui permettent d’améliorer l’ordinaire. Arrivé à cette altitude, rouler en Q5 essence en France n’est plus « premium » mais devient bien du luxe !

› En se faisant Sportback, le Q5 gagne en dynamisme au niveau du style et se met habillement à jour.

Look stylé, moteur relevé

L’avantage d’avoir une voiture bien dessinée, c’est qu’elle ne vieillit pas, ou très peu. Preuve en est avec ce Q5 de seconde génération lancé en 2017 qui traverse sans rougir le fil des ans. Et le discret restylage apporté en 2021 a apporté ce qu’il faut, où il faut, pour le remettre à jour. Cela a porté essentiellement sur l’avant, doté d’une calandre élargie, avec le contour des optiques redessinées. Les modifications visant l’arrière sont en revanche plus discrètes, se bornant à l’adoption de feux OLED, leur donnant une vraie profondeur et un côté « techno », façon TT. Mais dans le cas qui nous intéresse, le Q5 paraît métamorphosé au niveau de la poupe, puisque nous avons affaire à une inédite variante Sportback, encore plus « stylée » avec sa chute de toit en pente douce, lui donnant des airs de coupé. On aime – ou pas – mais force est de constater que cet improbable mélange des genres est à la mode, à en juger le succès rencontré par les modèles concurrents proposés par BMW ou Mercedes pour ne citer que ceux-là.

Et quitte à avoir un SUV au look presque sportif, autant avoir un moteur à la hauteur, qui donne le change. C’est bien sûr le cas avec cette version 45 TFSI, et même si nous avons affaire à un « modeste » et roturier 4 cylindres, il s’agit d’un bloc turbo à injection directe d’essence délivrant la puissance confortable de 265 ch et pas moins de 370 Nm dès 1600 tr/mn, un système « mild hybrid » de 48V apportant ce qu’il faut en effet « boost » dès les plus bas-régimes. Avant de lancer les hostilités, c’est avec un plaisir non dissimulé que je me retrouve en terrain connu, cet habitacle ayant le bon goût de marier « techno », avec son virtual cockpit à haute définition paramétrable et son écran central dédié à l’infodivertissement, et « tradition », de nombreux boutons physiques restant présents. C’est pratique, intuitif, et cet habile équilibre est un modèle à suivre plutôt que de partir dans le « tout tactile ». Ensuite, il y a cette qualité perçue digne des grandes Audi, donnant le juste sentiment d’être bien à bord d’une auto premium. Plastiques moussés, ajustages millimétrés et placages en aluminium ou en carbone donnent à ce Q5 une ambiance autant sportive que haut de gamme. Et bien que « Sportback », ce SUV n’en oublie pas pour autant de se montrer convivial et bien pensé pour les petites familles, en proposant une astucieuse banquette arrière coulissante, comme sur notre regrettée Twingo ! De quoi offrir, au minimum, 510 de capacité dans le coffre.

› L’intérieur est « techno » par bien des aspects, mais a le bon goût de conserver des boutons physiques en guise de raccourcis.

Mais du coffre, il y en a justement sous le capot, et cela se sent dès les premiers kilomètres. Les relances sont vives – mais jamais brutales – mais assez franches pour doubler sereinement dans la plupart des cas. Et accélérer fort si besoin, l’exercice du 0 à 100 km/h étant signé en à peine 6,1 secondes, tandis que la vitesse maxi est donnée à 240 km/h. Pas mal pour un engin approchant les 2 tonnes avec les pleins et une personne à bord. En fait, sans se montrer réellement sportif, ce Q5 possède « une force tranquille » rassurante, et ressemble à bien des égards à une bonne GT. A son bord, les kilomètres sont effacés sans fatigue, et la suspension pilotée apporte un vrai plus tant en confort, qu’en dynamisme, en aidant à juguler le roulis dans les courbes et virages. Seule ombre au tableau, une consommation moyenne pouvant devenir vite excessive, bien supérieure aux 8,4 l/100 km annoncés. En roulant normalement, sans pratiquer de l’éco-conduite, tablez plutôt sur un bon 11 l/100 km… et bien plus en abusant de la pédale de route, en restant verrouillé sur le bien-nommé mode « dynamic » autorisant une conduite plus enjouée !

› Avec ce 2.0 TFSI de 265 ch, le Q5 se sent pousser des ailes et propose des performances dignes d’une bonne GT.

L’avis d’Avus

Dans un pays où la fiscalité serait juste normale, tant sur le prix des voitures neuves que sur les carburants, acquérir ce Q5 stylé et un peu musclé pourrait s’envisager, tant il se montre plaisant à l’usage. Et polyvalent avec ça, comme tout bon SUV digne de ce nom. Mais au moment de signer le chèque, on va sortir la calculette et réfléchir à deux fois, le prix final atteignant dans le cas présent 127 910 €, et ce, sans compter la moindre option ! Franchement, seriez-vous prêt à dépenser une telle somme dans un Q5 ? Si cela peut s’envisager pour une prestigieuse Audi siglée RS, dans le cas présent, pour nous, c’est niet !

« Ce Q5 Sportback 45 TFSI est un très recommandable compagnon de voyage, mais le prix à payer, en comptant le malus, signe son arrêt de mort en France ! »

On aime:
• Style toujours dans le coup
• Finition flatteuse
• Habitacle valorisant et bien pensé
• Agrément moteur-boite

On aime moins:
• Options chères et nombreuses
• Consommation importante
• Malus assassin !
• Prix final prohibitif

Fiche technique Audi Q5 Sportback 45 TFSI:
Moteur : 4 cylindres en ligne, 1984 cm3, turbo, inj. directe
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 265 à 5250
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 370 à 1600
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : automatique à 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés percés
Pneumatiques : 235/55 R 19
L x l x h (m) : 4,69 x 1,89 x 1,66
Réservoir (litres) : 70
Poids à vide (kg) : 1825
0 à 100 km/h (sec) : 6,1
Vitesse maxi (km/h) : 240
Rejets de CO2 gr/km : 191 à 196

Avus:
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