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Rétro… pédalage !

Le plus grand salon dédié à la voiture ancienne, le Techno Classica, avait cette année quelques anniversaires d’envergure à célébrer pour tenir son rang. Las, c’est avec déception que nous avons constaté la désaffection de nombreux constructeurs, dont… toutes les marques du groupe Volkswagen.

Texte et photos Thomas Riaud

Durant les grandes années du Techno Classica, mieux valait enfiler des chaussures confortables pour espérer en faire le tour en une bonne journée en commençant dès l’ouverture. Car ce salon unique en son genre, de l’envergure du Mondial de Paris durant ses belles années, promettait alors monts et merveilles à ses heureux visiteurs. Pensez donc : sur pas moins de 8 halls du « Messe Essen », on pouvait contempler des milliers de voitures anciennes et d’exception, réparties sur 1250 stands, comptant bien sûr des clubs de marque, mais aussi de nombreux professionnels ! Et parmi tous ces pros, outre des « piéceux » et restaurateurs, chacun pouvait espérer trouver chaussure à son pied, avec près de 2700 autos rutilantes à vendre prêtes à prendre la route. Cela va traditionnellement du populaire youngtimer « plus neuf que neuf » (proposé généralement par des particuliers sur les parkings extérieurs attenants), à de prestigieux modèles ultra-confidentiels proposés à prix d’or chez quelques marchands de rêve internationaux, sans compter la présence de quelques grandes maisons de vente aux enchères réputées. Une recette simple et efficace qui a fait ses preuves, au point d’attirer à chaque édition plus de 188 000 passionnés.

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Et sur cette terre « de bagnoles », les constructeurs nationaux y paradaient en force à travers des stands démesurés, pour y affirmer leur puissance et leur amour pour leur patrimoine. Avec, il faut l’avouer, l’idée sous-jacente de vendre au prix fort des pièces détachées conformes à l’origine pour entretenir et faire rouler quelques gloires du passé. La palme revenait classiquement à Mercedes, qui investissait habituellement un hall complet. La marque à l’Etoile, très bien représentée, se voyait renforcée par la présence de spécialistes réputés comme Brabus, qui propose depuis quelques années des restaurations « à l’américaine », comprenez par-là que les voitures en question, du châssis au moteur, sont plus nickel que ma cuisine ! Dans un hall voisin le groupe Volkswagen n’était pas en reste, avec en plus de VW la présence de Skoda, Porsche, Bentley, Bugatti, Lamborghini et Audi. La marque aux Anneaux bénéficiait à elle seule d’un espace d’exposition de 800 m2. Mais à partir de 2016, après le dieselgate, on a clairement senti une baisse de régime avec la disparition pure et simple des stands Bentley, Lamborghini et Bugatti, tandis que celui réservé à Audi s’est vu amputé de la moitié de sa surface. Pas de quoi gâcher pour autant la fête, les modèles exposés issus des collections du constructeur étant au top niveau. Et de surcroît visibles seulement au Techno Classica, Audi Tradition brillant hélas par son absence en France depuis des lustres à Rétromobile et autres manifestations d’envergure dédiées aux autos anciennes.

Les absents ont toujours torts !

Cette année, avec notamment les 50 ans de la mythique Golf, j’avais imaginé une montée en puissance de Volkswagen au Techno Classica. Mon espoir sera vite douché, car le constructeur a juste fait l’impasse sur cette manifestation pourtant incontournable ! Pire, cela vaut pour l’entité Volkswagen, mais aussi pour toutes les autres marques du groupe ! Une désaffection incompréhensible, et ce d’autant plus que le constructeur aux Anneaux avait, lui aussi cette année, de belles occasions d’honorer de sa présence ce salon réputé pour célébrer quelques gloires de son passé. Pensez donc, outre le cinquantenaire de la petite Audi 50 – ancêtre de la VW Polo – il y avait à fêter les 30 ans de la prestigieuse A8, vitrine technologique historique de la marque.

Et tant qu’on y est, on aurait aimé voir un hommage appuyé aux iconiques TT et R8 qui tirent cette année leur révérence. Inutile de dire que ce retrait laissant un vide abyssal dans le salon n’est pas passé inaperçu, et pour ma part, j’y vois là une seule responsable : la voiture électrique. En effet, faute de subvention du gouvernement en Allemagne (depuis 2023), celle-ci commence à faire un bide retentissant, les ventes plongeant de plus de 30%. Cela oblige le groupe VW à revoir sérieusement ses ambitions commerciales à la baisse, mais aussi à fermer des lignes de production et même licencier du personnel ! Cruelle désillusion pour Volkswagen qui, après avoir investi des milliards d’Euros dans les autos « à pile » pour satisfaire les lubies de Bruxelles, doit maintenant chercher à faire des économies par tous les moyens.

Fort heureusement, ces « petits » soucis de comptabilité ne concernent par les 200 clubs de marque présents, qui ont du coup assuré seuls le spectacle. Si en France, il n’y a malheureusement plus de club Audi digne de ce nom depuis belle lurette (excepté le très dynamique « Clan TT », mais spécialisé sur ce seul modèle et le Roc Racing Historic focalisé sur les modèles de compétition), il en est logiquement tout autrement en Allemagne. Et le très important Audi Club International Deutschland n’est pas venu les mains vides, car outre les modèles précités ci-dessus (Audi 50 et A8), ces passionnés n’ont pas non plus oublié de célébrer les 60 ans de la NSU Spider, motorisée par un moteur Wankel.

Au-delà de ces « guest-stars », le club Audi présentait quelques modèles iconiques, dont une 100 S Coupé, mais aussi un coupé GT, une imposante Audi V8 « D1 », une très belle berline 80 de la première heure ainsi que deux TT de première génération. Du côté des marchands, il y avait également quelques « pépites » d’envergure dont une R8 LMS GT3, mais surtout de sublimes Horch, toujours très appréciées parmi les collectionneurs les plus exigeants… et fortunés. Il n’empêche, tout cela peine à faire oublier l’absence regrettable des grands constructeurs. Se sont-ils reportés sur d’autres salons ? Ce rétropédalage est-il comme on l’espère passager ? Mystère… Une chose est sûre, sans eux, le Techno Classica perd clairement en prestige et en intérêt.

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« Le très important Audi Club International Deutschland n’est pas venu les mains vides et a assurée cette année le spectacle »

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