Le Q5 n’est plus tout jeune, et il propose ses services encore en diesel, avec un 2.0 TDI de 204 ch. Un moteur à jeter à la poubelle pour de nombreux détracteurs fustigeant cette technologie. Est-il encore dans le coup ? Rien de tel qu’un super-test de plus de 1000 km pour le vérifier…
Par Thomas Riaud, photos Joseph Bonabaud
En bref
Seconde génération de Q5
Version 40 TDI
Moteur 2.0 TDI de 204 ch
Prix : à partir de 57 900 €
1040 km. Voilà ce qu’indique comme autonomie l’ordinateur de bord lorsque je récupère la voiture au parc presse à Paris, réservoir de 70 litres plein. D’emblée, au moment de devoir tailler la route, ce chiffre me donne le sourire laissant loin dans mon esprit la peur de la panne sèche ou le stress de devoir bientôt ravitailler. Pas une seule voiture électrique offre un tel rayon d’action, ni même la moitié « dans la vraie vie », surtout lorsque l’on est amené à emprunter des voies rapides, forcément plus énergivores. Et le temps de quitter Paris, je savoure le fait d’être au volant d’un SUV. N’en déplaise à Anne Hidalgo et ses amis khmers verts, mais vu l’état pitoyable des chaussées (sans compter les très nombreux travaux commencés partout et terminés nulle part dans la capitale), un SUV est l’idéal pour circuler, et pas seulement grâce à sa position de conduite surélevée qui s’avère être un atout pour bien voir, et donc participe à la sécurité. Surtout qu’un engin de ce gabarit encore mesuré (4m68 de long) n’a rien d’une plaie pour manœuvrer ou se garer. A ce petit jeu, une A6 ne fait pas mieux !
› Ce Q5 de seconde génération n’est plus tout jeune et sera probablement renouvelé en 2025. En attendant, il n’a pas à rougir de ses prestations et reste très polyvalent (et plaisant !) à l’usage avec ce 2.0 TDI de 204 ch.
C’est donc en toute quiétude que « mon » Q5 avale sereinement les nids de poule, bosses, saignées, dos d’âne et autres réjouissances de ce type qui rendent presque risible la limitation à 30 km/h dans certaines rues ! Et depuis le très discret restylage opéré en septembre 2020, portant essentiellement sur les boucliers et la calandre, le Q5 s’est quelque peu bonifié. Pour réduire les rejets de CO2 – et donc tant la consommation que la pollution – il bénéficie aujourd’hui d’une micro-hybridation 48V et d’un alterno-démarreur. Un système efficace et transparent à l’usage, dont les batteries n’empiètent même pas sur la capacité généreuse du coffre (550 litres sous tablette), qui permet de limiter la casse à 176 g/km avec cette finition S line au look pour le moins dynamique (à partir de 62 800 €). C’est relativement peu, mais bien trop pour l’Etat Français qui sanctionne désormais ce modèle d’un malus de… 15 736 € supplémentaires ! On ne parle pas d’une version S ou RS, mais bien d’un simple Q5 2.0 TDI en S line, ce qui fait grimper l’addition finale à près de 80 000 €. Heureusement que notre cher Président a déclaré « aimer la bagnole », car dans le cas contraire, je ne sais pas comment un tel SUV aurait été sanctionné. Oui, je sais, c’est à pleurer, et à ce stade de folie fiscale impactant nos automobiles, seule une révolution permettra de changer la donne, mais passons !
› Audi n’est pas un champion du diesel pour rien ! Cette version 2.0 TDI combine punch à bas-régime, bonne allonge et sobriété, conférant au Q5 plus de 800 km d’autonomie.
Autun en emporte le vent !
Pour ce super-test, direction la région Bourgogne, et plus précisément la Saône et Loire, un département riche en patrimoine tant gastronomique que culturel. Nous commencerons cette tournée des grands Ducs par Autun, réclamant plus de 5 heures de route… dont une heure rien que pour fuir Paris ! Bien qu’à son aise dans les encombrements, parfaitement aidé en cela par sa boîte S-tronic à 7 rapports aussi douce que réactive, mon Q5 aime toutefois modérément cet environnement contraignant comme en témoigne sa consommation moyenne, flirtant avec les 8 l/100 km. Cela me laisse le temps de me familiariser avec l’interface repensée, qui intègre désormais un écran central de 10,1’’ à haute résolution. Un complément idéal du « virtual cockpit » (affichage numérique paramétrable), et ce Q5 commençant à « dater », on salue la présence de nombreux boutons physiques pour actionner les commandes principales, un dispositif vieux comme l’automobile quand même plus pratique et intuitif que des icones sur un écran tactile. Et les aides à la conduite ne sont pas trop envahissantes ! Sur autoroute en revanche, mon Q5 donne enfin une pleine mesure de son talent. Aux allures légales, il séduit tant par son confort de roulement (merci la suspension pilotée optionnelle) que par son insonorisation soignée. Et la consommation moyenne a le bon goût de redescendre vers un 7,5 l/100 km plus acceptable. Ce sera encore mieux durant les derniers kilomètres en empruntant les départementales filant vers Autun, en passant sous les 7 l/100 km. Difficile de demander plus à ce SUV très bien équipé et bien fini accusant 1880 kg. Cette relative frugalité éloigne néanmoins d’autant le spectre de la panne sèche, surtout qu’en arrivant à Autun il me reste encore la moitié du plein. Ya pas à dire, pour voyager vite et loin sans « se prendre la tête », on n’a pas fait mieux qu’un bon vieux diesel !
› A l’intérieur, le Q5 accuse son âge avec une planche de bord pas encore bardée d’écrans, et dotée de bons vieux boutons physiques. Qui s’en plaindrait, surtout que la finition est vraiment qualitative.
Confortable, spacieux et pas trop porté sur la boisson, le Q5 2.0 TDI n’est qu’un SUV familial bon à transporter sa petite famille. Il sait aussi dispenser un vrai plaisir de conduite dès que la route se fait sinueuse, y compris sur sol mouillé, surtout lorsqu’il reçoit, comme sur notre modèle d’essai, la transmission intégrale quattro. Pour gagner en agilité, il suffit de naviguer dans le menu de l’Audi Drive Select, et de sélectionner le mode « dynamic ». Outre une meilleure réponse à l’accélérateur, la direction gagne en consistance et la boîte en réactivité. On se surprend alors à s’encanailler quelque peu, bien épaulé par un 2.0 TDI très volontaire. Bien sûr, il n’a rien de sportif, mais il ne manque de rien, avec pas moins de 400 Nm disponibles dès 1750 tr/mn, autant dire presque au démarrage. Cela se traduit par de bonnes relances et de franches accélérations (0 à 100 km/h en 7,6 secondes), et même la vitesse pointe est flatteuse, avec 222 km/h d’annoncés pour ceux qui ont la chance de naviguer sur le réseau autoroutier allemand. Bref, ce Q5 40 TDI, très homogène, a tout pour plaire. Tout, sauf des prix élevés, auxquels s’ajoutent des malus de plus en plus repoussants…
› A l’aise en ville, mais surtout sur route et autoroute, ce Q5 est un infatigable voyageur, confortable pour toute la famille.
L’avis d’Avus
A l’aise en ville et brillant sur route et autoroute, le Q5 est un infatigable voyageur bénéficiant en plus d’un habitacle vaste et bien pensé, la banquette arrière coulissante apportant ce qu’il faut de modularité pour en faire une familiale parfaite. Et avec ce TDI volontaire et assez économique, il offre une autonomie supérieure à 800 km « dans la vraie vie », sans s’embêter à pratiquer une frustrante « éco-conduite ». Dommage que notre fiscalité automobile devenue folle vienne ternir l’enthousiasme. Il faudra a minima se priver de quelques options pour faire baisser le grammage de CO2 sur ce Q5, ou niveler par le bas en se rabattant sur la modeste version 35 TDI, simple traction limitée à 163 ch. Après, en SUV comparable chez Audi il reste bien le Q4 e-tron 100% électrique, qui est finalement moins bien (autonomie, contraintes de recharge)… et cher !
« A un prix de vente déjà élevé, même sans option, il convient désormais de rajouter un malus devenu prohibitif, faisant au final du Q5 TDI une voiture de luxe. On marche sur la tête ! »
On aime :
• Comportement sûr et plaisant
• Qualité de construction
• Moteur sobre et volontaire
• Autonomie
• Vraie polyvalence
On aime moins :
• Prix élevé
• Malus délirants
• Trop d’options chères et « obligatoires »
• Place centrale arrière étriquée
Fiche technique Audi Q5 40 TDI 204 ch quattro S line :
Moteur : 4 cyl. turbodiesel à injection directe, 1968 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 204 à 3800
Couple (Nm à tr/mn) : 400 à 1750
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : boîte S-tronic à 7 vitesses
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques (AV/AR) : 255/45 R 20
L x l x h (m) : 4,68 x 1,89 x 1,66
Réservoir (litres) : 75
Poids à vide (kg) : 1805
Coffre (litres) : 550 à 1550
0 à 100 km/h (sec) : 7,6
Vitesse maxi (km/h) : 222
Rejets de CO2 (g/km) : 166 (à partir de)