La fabuleuse RS6 n’aura pas de descendante, du moins sous la forme que nous connaissons depuis plus de 20 ans. Pour dire adieu à ce modèle devenu iconique, Audi s’est fendu d’une série limitée forte en gueule : la RS6 GT. Découverte…
Par Jack Seller, photos DR
En bref
RS6 GT produite à 660 exemplaires
Moteur V8 4.0 biturbo de 630 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 3,3 sec – 305 km/h
Prix : 230 000 € (estimation), hors malus de 60 000 €
Conforté par le succès de la RS2 apparue en 1994, pionnière du genre à avoir proposé des performances de sportives sans renier les aspects pratiques avec une carrosserie singulière de break familial, Audi a remis le couvert en 2002, mais un cran au-dessus, en partant cette fois de l’A6 du moment (type C5). Cela a donné la première RS6, une grande familiale à la polyvalence incroyable mariant sobriété et puissance (V8 de 450 ch). Depuis, à chaque nouvelle mouture d’A6, Audi Sport en décline une version RS de plus en plus épicée ! Car la belle sobriété des premiers modèles s’est effacée au profit d’une ligne toujours plus musclée et suggestive. Preuve en est l’ultime génération (type C8), semblable à une supercar déguisée en break familial ! Mais le monde évolue (pas dans le bon sens !), et au nom d’une écologie punitive et restrictive, les moteurs thermiques semblent condamnés dans un futur proche. Audi s’y prépare, et on sait que la prochaine A6, toujours déclinée en break comme en berline, sera en revanche 100% électrique. Seuls les modèles dotés d’un chiffre impair, comme l’A5 ou l’A7, auront encore droit à un bloc thermique, accompagné d’une hybridation devenue obligatoire pour échapper au malus. L’actuelle RS6 commercialisée depuis 5 ans maintenant en est l’exemple, mais en version « light », puisqu’elle bénéficie d’un simple réseau de bord de 48V. C’est parfait au quotidien pour offrir un effet « boost » dès le démarrage, mais bien insuffisant pour se mouvoir en mode électrique, et échapper au malus franco-français devenu dingue, porté désormais à… 60 000 €, soit le prix d’une belle A3 bien équipée !
Autant dire qu’il faudra être motivé – et accessoirement fortuné – pour se porter acquéreur en France en 2024 d’une dernière RS6. Pour clore cette belle saga en beauté, Audi nous a concocté une RS6 GT pour le moins impressionnante… du moins sur le papier. Directement inspirée du concept RS6 GTO (présenté l’an passé pour les 40 ans du quattro), cette RS6 GT dotée d’impressionnantes « peintures de guerre », rend directement hommage à la mythique 90 quattro IMSA GTO de 1989. Tant pis pour la discrétion – il faudra assumer – mais ainsi parée, il faut bien avouer que la RS6 GT a une sacrée gueule ! Outre de sublimes jantes spécifiques blanches de 22 pouces qui s’inspirent directement de la 90 IMSA GTO, cette RS6 GT fait l’impasse, pour la première fois, sur des barres de toit et gagne de nombreux éléments de carrosserie exclusifs. Les plus notables sont le capot ajouré et les ailes avant élargies en carbone (avec des extracteurs pour aider à refroidir les freins), permettant de gagner 15 kg et de ramener la masse totale à 2060 kg. Ça reste encore élevé, mais c’est toujours ça de gagné. Les bas de caisse profilés ont également été redessinés, et le becquet de toit tout comme le diffuseur sont désormais en deux parties, un antibrouillard venant se loger à la verticale au centre, façon F1. Mis bout-à-bout, visuellement c’est assez pour se démarquer d’une RS6 Performance, surtout que cette version « GT » gagne en plus un bouclier avant retravaillé, comportant des prises d’air verticales situées aux extrémités, mais aussi une calandre plus plate, au maillage revu et corrigé.
› La «GT» sera probablement la dernière évolution de la RS6 C8. Un collector fort en gueule limité à 660 exemplaires pour le monde.
Ahhh, si GT riche
Avec tout cela, la RS6 GT a donc droit à une livrée spécifique mettant en valeur sa plastique musclée, la plus sympa étant celle mêlant les couleurs historiques d’Audi en compétition, mariant des bandes rouges, noires et grises sur fond blanc. Seule fausse note : ces éléments sont de vulgaires autocollants, chose inconcevable sur une supercar de chez Ferrari par exemple. Pour ceux qui veulent plus de discrétion, sachez que chez nous la RS6 GT sera aussi disponible en Gris Nardo ou en Noir Mythic – sans ces fameux autocollants – mais avec des jantes spécifiques noires ou présentant une combinaison de noir et de gris. L’intérieur, bien que moins spectaculaire, joue lui aussi la carte de l’exclusivité en recevant à l’avant des baquets en carbone, habillés de microfibres Dinamica noire matelassée en forme de nid d’abeille, avec une double surpiqûre rouge. Ici, le pack design RS Plus est livré de série, incluant des éléments en cuir-microfibres étendus sur les contre-portes et la planche de bord. Enfin, une discrète inscription présente sur la console centrale indique qu’il s’agit d’une série limitée. Dommage qu’Audi n’ait pas installé en lieu et place de la traditionnelle banquette arrière deux sièges baquets supplémentaires. Certes, on aurait perdu en praticité, mais on aurait gagné en poids… et en exclusivité !
Impressionnante visuellement, la RS6 GT est aussi rabaissée de 10 mm. Là, il y a eu du boulot de la part des ingénieurs, la suspension adaptative étant remplacée par des combinés filetés réglables manuellement, directement inspirés de la compétition. Audi fournira au client les outils nécessaires pour régler sa suspension en fonction de ses désirs : « haute » et confortable pour faire les courses au supermarché en famille, basse et ferme pour faire la course… sur circuit ! Pour gagner en efficacité, l’auto adopte des barres stabilisatrices qui ont été rigidifiées de 30% à l’avant et des 80% à l’arrière, tandis que le différentiel central de la transmission intégrale quattro est repris à la RS6 Performance. En revanche, le différentiel arrière Sport, piloté électroniquement, bénéficie d’un réglage spécifique. On regrette en revanche que la mécanique n’ait pas bénéficié de la moindre amélioration, le V8 4.0 biturbo de 630 ch étant en tout point identique à celui de la RS6 Performance. Certes, il ne manque de rien, mais pour la beauté du geste (et justifier un surcoût proche de 80 000 € !), il aurait été appréciable de gonfler un peu le moteur.
A 660 ch par exemple, la RS6 GT étant limitée à 660 exemplaires pour le monde. A l’heure où l’électronique domine (sans parler de jouer sur la pression des turbos), gagner 30 ch pour la beauté du geste n’aurait pas été compliqué sur un tel modèle. Gageons que les préparateurs indépendants comme MTM ou Abt s’en chargeront ! Cela étant, grâce à l’allégement de la voiture et ses réglages spécifiques, la RS6 GT gagne un peu en performances pures. Ce gros break pulvérise désormais le 0 à 100 km/h en seulement 3,3 sec, soit un dixième de gagné par rapport à la RS6 Performance, la vitesse maximale restant de l’ordre de 305 km/h. Pour bien situer les choses, ces temps canon sont proches de ceux d’une Porsche 911 GTS ! En France, seule une trentaine d’exemplaires de RS6 GT seront proposés, au prix (estimé) de 230 000 €… hors malus de 60 000 €. Vous craquez tout de même ? Fort bien. Mais pouvoir se payer ce futur collector ne suffira pas, Audi mettant en place – comme chez Ferrari – un dossier de candidature pour sélectionner ses futurs clients. Donc si vous en voulez une, à vos plumes pour écrire une jolie lettre de motivation au Monsieur de Audi Sport en France. Les premiers heureux élus seront livrés au premier trimestre 2024…
› La très confidentielle RS6 GT puise son inspiration dans la 90 IMSA GTO de course. Dommage qu’elle ne bénéficie pas d’un surplus de puissance par rapport à la RS6 Performance dont elle dérive !
L’avis d’Avus
Après avoir dit adieu au TT à travers la déclinaison RS en série limitée « Iconic Edition », puis à la R8 à travers la version « GT » et bientôt à la RS3 avec la variante « Performance », Audi Sport n’en finit pas de multiplier les séries spéciales pour rendre hommage à ses ultimes modèles thermiques musclés. Dernière en date, le break RS6, déjà disponible exclusivement en version « Performance », à laquelle il faut désormais ajouter cette série limitée très exclusive baptisée GT présentée dans ces pages. On adore la démarche même si Audi Sport aurait pu aller d’après nous bien plus loin, comme ce fut jadis le cas avec la très spéciale A1 quattro produite à 333 exemplaires. Reste que cette RS6 GT, la dernière en thermique, possède tout ce qu’il faut pour devenir un futur collector… et nous faire craquer !
« Audi met en place, comme chez Ferrari, un dossier de candidature pour sélectionner ses futurs clients. »
On aime :
• Look d’enfer !
• Futur collector
• Polyvalence du concept
On aime moins :
• Pas de préparation moteur !
• Surcoût exagéré
• Malus assassin
Fiche technique Audi RS6 « C8 » GT :
Moteur : 8 cylindres en V, 3996 cm3, biturbo, inj. directe, réseau de bord 48V
Puissance (ch à tr/mn) : 630 à 6000
Couple (Nm à tr/mn) : 850 de 2300 à 4500
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : automatique à 8 rapports
Freins : 4 disques ventilés percés en carbone-céramique
Pneumatiques : 285/30 R 22
L x l x h (m) : 4,99 x 1,97 x 1,45
Réservoir (litres) : 73
Poids à vide (kg) : 2060
0 à 100 km/h (sec) : 3,3
Vitesse maxi (km/h) : 305