Les violences familiales sont, hélas, un fléau qu’il faut combattre. Sauf dans le cas exceptionnel de la nouvelle RS6 Performance. Un break de tous les superlatifs qui va mettre à rude épreuve votre famille, mais cette fois, personne ne portera plainte !
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Nouvelle version de la RS6
Puissance accrue de 30 ch (630 ch) et de 50 Nm (850 Nm)
Performances : 0 à 100 km/h en 3,4 sec – vmax 305 km/h
Prix (à partir de) : 147 910 €
Cela fait plus de 20 ans que, dans le domaine des grandes routières, la sulfureuse RS6 joue au trouble-fête. Cette déclinaison RS signée Audi Sport est la pionnière d’un nouveau genre apparu avec la « petite » RS2, le break sportif ! En clair, chez Audi, vous n’avez pas à choisir entre plaisir de conduite et aspects pratiques. Et la marque aux Anneaux a toujours su monter comme il fallait le curseur pour susciter l’intérêt des amateurs du genre. Et pas qu’un peu ! Née avec un onctueux V8 4.2 biturbo de 450 ch la RS6 a, en 20 ans, gagné 150 ch, soit un bon moteur de Renault en plus ! Avec 600 ch sur la 4ème et dernière mouture née en 2019 – et des performances à la clé qui dépassent l’entendement pour un grand break de près de 5 m de long – on avait déjà de quoi être pleinement satisfait. Mais certains esprits « grincheux » devaient trouver sans doute ça un peu juste, d’où la légitimité de cette bien-nommée variante « Performance » qui ajoute une louche de 30 équidés supplémentaires au V8 4.0 biturbo. Une surenchère qui va à contre-courant de la tendance actuelle focalisée sur les rejets de CO2 (et sur le strict respect de limitations de vitesse généralement ridiculement basses), qui nous donne envie d’applaudir des 2 mains !
› Il faudra s’y faire, cette RS6 « C8 » sera la dernière représentante de l’espèce, une formidable lignée qui a vu le jour voilà plus de 20 ans. Après, ce sera à une version électrique de nous faire frissonner… ou pas. On lui souhaite bon courage !
On salue la démarche, d’autant plus que cette RS6 Performance a su rester sur la forme ce grand et beau break aux formes athlétiques. Bouclier avant largement évasé au point d’offrir presque autant d’entrées d’air que la large calandre, extracteur d’air, généreuses sorties d’échappement ovales et ailes généreusement bombées remplies par de grosses jantes de 22 pouces ne laissent planer aucun doute sur la nature belliqueuse de l’engin. Et cette version Performance en rajoute une petite couche en gagnant quelques jolis et discrets éléments en carbone véritable, censés optimiser l’aérodynamique. Mais Audi Sport a aussi joué sur la réduction de la masse, cette RS6 étant un beau bébé suréquipé et à la finition exemplaire dépassant les 2 tonnes. Les jantes justement, de formes spécifiques et forgées spécialement, permettent un gain non négligeable de 20 kg au niveau des masses non suspendues. Auxquels on peut ajouter 34 kg de moins en cochant l’option « freins en carbone céramique ». Et en retirant quelques insonorisants, les hommes d’Audi Sport sont parvenus à gratter encore quelques 8 kg. Bon, honnêtement, sur une auto de plus de 2 tonnes tout cela n’est pas grand-chose, mais l’effort mérite d’être salué !
› Sur le papier, la RS6 Performance est un peu plus légère et un peu plus puissante. A moins d’avoir un ordinateur à la place du cerveau, on ne se rend compte de rien à l’usage, si ce n’est que ce break marche très, très fort en repoussant les lois de la physique.
Break bipolaire
En prenant place à bord, on retrouve un univers désormais familier, comportant d’après nous ce qu’il faut d’écrans et de boutons physiques. Un juste milieu où l’on a encore le sentiment d’être le capitaine à bord de ce vaisseau autant haut de gamme que high-tech. Outre une finition sans faille, à la hauteur de la réputation de la marque, on a aussi plaisir à remarquer quelques détails sympathiques, à commencer par les sublimes sièges Recaro en cuir, frappés d’un gaufrage, ou le volant multifonction à méplat. Et en tant que modèle « RS », l’affichage numérique possède quelques subtilités, mais aussi ce volant justement. Il offre, via des boutons, des raccourcis avec les modes personnalisés « RS1 » et « RS2 », jouant sur la réponse à l’accélérateur ou la fermeté de l’amortissement piloté sans avoir à passer par l’Audi drive select permettant de tout programmer, poste par poste. En revanche, point de petite plaque estampillée « Performance » pour souligner le caractère exclusif de cette RS6. Dommage…
› La magie de la RS6, c’est d’offrir 5 belles places et un grand coffre avec des performances de supercar. Un exercice ici parfaitement maîtrisé !
Contact. J’appuie sur le bouton magique « start engine » et le V8 s’anime. Il n’y a aucune « explosion » particulière à déplorer, signe que ce V8 est devenu parfaitement civilisé. Et étranglé par des catalyseurs devenus obligatoires dont on se passerait bien. Pourtant, ce moteur fabuleux condamné à court terme par Bruxelles ne méritait pas tant de haine, tant il sait déployer d’infinis efforts pour se faire accepter. Outre une coupure partielle des cylindres à faible charge – ce qui en fait un simple 4 cylindres en roulant très sagement – ce V8 bénéficie également d’une micro-hybridation 48V. Mieux, avec l’apparition d’un mode « efficiency », il est possible de rouler en mode « roue libre » dès qu’on lève le pied de l’accélérateur, ce qui est bien utile pour économiser quelques gouttes de carburant, chose appréciable étant donné que le réservoir ne contient que 73 litres. Mis bout à bout tous ces efforts payent, car en roulant en bon père de famille sur route ouverte, la consommation moyenne se stabilise vers les 12 l/100 km. Pas mal du tout pour un monstre de plus de 600 ch dépassant les 2 tonnes. Cette valeur grimpe évidemment en flèche, de concert avec les aiguilles du compteur, dès que l’on ouvre les gaz en grand. C’est là qu’entre en action la magie de la RS6, un vrai break bipolaire qui sait rester sage si on lui demande… et diablement rapide et efficace si on le cherche !
Sport collectif
Et chercher « des noises » à ce grand gaillard survolté est du genre assez aisé. Avec une pression de suralimentation passant de 2,4 à 2,6 bars, cette RS6 fait honneur à son patronyme « Performance » et ne semble jamais manquer de ressource. Les mises en orbite sont du genre saisissantes, presque violentes même, avec seulement 3,4 secondes pour atteindre les 100 km/h (contre 3,6 sec « normalement »), et à peine 12 secondes pour voir l’aiguille pointer à 200 km/h. La puissance maxi disponible l’est un peu plus tôt aussi (6000 tr/mn contre 6200 tr/mn auparavant), et pour digérer tout cela, on peut faire confiance à une boîte Tiptronic dont les passages des 8 rapports ont été raccourcis. Un battement de cils suffit pour dégainer le rapport supérieur ! Et en mode « RS », il faut travailler à l’ancienne, en passant manuellement la vitesse souhaitée au moyen des palettes solidaires du volant, sous peine de buter sur le rupteur. Le plus dingue est que, même calé à la vitesse déjà respectable de 200 km/h, une franche pression sur l’accélérateur suffit pour relancer vigoureusement la machine à des altitudes incroyables pour un gros break familial. Ca pousse fort, et tout le temps ! Clairement, cette RS6 Performance est une adepte du sport collectif, en partageant des sensations fortes avec toute la famille !
› Extérieurement, excepté les jantes, rien ou presque ne différencie cette variante Performance d’une RS6 « normale ». Gageons que la future RS6 GT sera plus démonstrative…
Au-delà de ces valeurs dignes d’une supercar, la RS6 Performance sait aussi bluffer son monde sur les petites routes sinueuses. Malgré ses immenses roues de 22 pouces le confort reste toujours digne, et la suspension pilotée parvient à juguler avec brio le roulis lors des phases d’appui. Quant au différentiel quattro sport, qui accélère la roue arrière extérieure au virage, il permet de gagner en agilité et d’enrouler l’obstacle, et ce d’autant plus que les 4 roues sont directrices. Résultat, même à l’attaque dans les virages, on jurerait conduire une auto bien plus compacte et légère, avec en prime des aides à la conduite qui savent se faire oublier. Bien sûr, pouvoir profiter au quotidien de ce break sachant tout faire n’est pas à la portée de toutes les bourses même si, pour une fois, Audi n’a pas été trop gourmand sur le prix de cette centrifugeuse familiale hors-norme. Car cette incroyable version « Performance » n’est finalement facturée « que » 7000 € de plus qu’une RS6 « normale ». Cela fait gonfler la facture à 147 910 €, hors malus bien sûr, mais toutes proportions gardées c’est encore l’Etat français qui se gave le plus (comme d’habitude), en appliquant 50 000 € de malus (après une TVA à 20%), auquel il faudra ajouter une carte grise qui fait mal (58 CV !).
› Et si ce break sportif représentait la voiture idéale ? Elle est belle, spacieuse, ultra-performante, sûre, confortable et s’inscrit dans une politique de « développement durable », car qui irait mettre à la casse un tel engin de rêve, même après plus de 30 ans de bons et loyaux services ?
L’avis d’Avus
Fondamentalement, entre une RS6 « normale », déjà fabuleuse, et cette version « Performance », on ne sent guère de différence à la conduite, tant les progrès se font à la marge. Au moins, ils vont dans le bon sens ! Mais il est en revanche regrettable que cette version « Performance » bien trop discrète sur la forme enterre en plus de facto la RS6 normale, ce qui revient à vous coller pour 7000 € de plus sur la facture finale. Avant de signer le chèque, nous vous invitons à ronger votre frein, car Audi va saluer la sortie de cette fabuleuse RS6 thermique – avant un passage forcé à l’électrique – en lançant une bien plus exclusive et radicale variante « GT ». Ca promet !
« Même calé à la vitesse déjà respectable de 200 km/h, une franche pression sur l’accélérateur suffit pour relancer vigoureusement la machine à des altitudes incroyables pour un gros break familial »
On aime
• Look d’enfer
• Performances sidérantes
• Polyvalence rare
• Surcoût presque raisonnable
On aime moins
• Prix de base de plus en plus élevé…
• Version Performance trop discrète sur la forme
• Malus décourageant
• Que 12 points sur le permis !
Fiche technique Audi RS6 « C8 » Performance
Moteur : 8 cylindres en V, 3996 cm3, biturbo, inj. directe, réseau de bord 48V
Puissance (ch à tr/mn) : 630 à 6000
Couple (Nm à tr/mn) : 850 de 2300 à 4500
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte : automatique à 8 rapports
Freins : 4 disques ventilés percés
Pneumatiques : 285/30 R 22
L x l x h (m) : 4,99 x 1,95 x 1,46
Réservoir (litres) : 73
Poids à vide (kg) : 2075
0 à 100 km/h (sec) : 3,4
Vitesse maxi (km/h) : 305