Plus de 32 000 chevaux se sont réunis le weekend du 17 Juin dans le somptueux parc du Château de Beauchamp, au Sud de Mâcon. Entre chants de V8 et V10, ambiance lounge et détendue entre propriétaires et balades dans le Beaujolais, le cocktail était réuni pour un weekend inoubliable. On vous emmène avec nous ?
Par Timothé Monjauze Pinault, photos Aurélien Chalaye – Adventure Communication
L’année dernière, je découvrais l’Audi R8, et aussi à travers elle l’esprit Audi. Des voitures très polyvalentes qui savent tout faire, et surtout, tout faire bien, voire très bien ! Dès mon arrivée au château, je retrouve avec plaisir Willy et son équipe. Tous contribuent pour la troisième année au plus grand rassemblement d’Audi R8 d’Europe. Notre homme, passionné du modèle depuis sa sortie est propriétaire d’une magnifique V8 boite manuelle noire. Face à l’absence de ce genre de manifestations dans l’hexagone, il a mûri son projet pour proposer un concept : un lieu d’exception, une bonne ambiance, et des propriétaires passionnés qui deviennent avec les années qui passent, des copains. Force est de constater que ça marche ! Me posant tranquillement au bord du chemin pour admirer les belles arriver, j’en arrive à une conclusion rapide : je continue de découvrir cette voiture.
Vous savez, lorsque vous revenez vers quelque chose que vous avez apprécié, ça n’a plus la même saveur. C’est du connu, du réchauffé. Et pourtant ici, non. Je réadmire ses lignes, tout en fluidité pour la R8 Type 42 (première génération), dont l’étude de la « Le Mans Quattro » de 2003 est clairement l’inspiratrice. Ce concept propulsé par un V10 Biturbo de 602 ch et 750 Nm de couple présentait clairement ce qu’allait être la R8 qui déboula en présentation presse à l’été 2006. Mais trêve de digression, mon regard se porte désormais sur un modèle de seconde génération qui fait son entrée dans le domaine. Cette R8 apparaît comme plus taillée à la serpe, plus agressive, plus performante. On allume déjà mon bûcher, mais on peut presque dire qu’elle est plus « Lamborghiniesque » dans l’approche. Si vous lisez entre les lignes, vous comprendrez que dans ce défilement de soixante Audi R8, mon cœur va à la première génération.
Le chant du Cygne
En me baladant dans les allées bordées de supercars (ou de GT ?!) je tombe sur la dernière-née sortie des chaînes de Neckarsulm : la R8 GT RWD. C’est la quintessence, l’aboutissement, l’ultime vision. Et un petit goût amer. Oui, car le qualificatif qu’on peut donner à cette R8 GT RWD c’est surtout « le chant du Cygne ». C’est la dernière. Après elle, nada. Nib. Walou. Plus rien, Audi ayant déclaré que la 3ème génération sera mue par la fée électricité. Ce n’est pas une page qui se tourne, mais un chapitre que l’on referme. Mais revenons à cette ultime R8 GT RWD…
Audi France a mis à disposition de l’ensemble des participants cette auto limitée à 333 exemplaires dans le monde (ça ne vous rappelle pas une certaine A1 quattro ?), dont 26 sont réservés pour la France. On notera qu’elle conserve jusqu’au bout son fantastique V10 atmosphérique 5.2 porté ici à 620 ch et 565 Nm de couple, ainsi que sa boîte à double embrayage. Pure propulsion, elle intègre 7 niveaux de personnalisation de conduite dont un couple réglable inédit. Plus légère de 20 kg comparé à la version Performance pour un poids de 1 570 kg, elle doit cette cure d’amaigrissement à un régime sur base de carbone.
Aileron, bouclier avant avec séparateurs, lame avant, déflecteurs, jupes et diffuseurs font partie du kit carrosserie spécifique moulé dans cette noble fibre aussi légère que rigide. Disponible en 3 couleurs dont une en option, cette R8 RWD GT N°100 est une invitée exceptionnelle de l’évènement dont nous avons pu apprécier toute la beauté agressive. Une sorte de Dr Jekyll à comparer à Mr Hyde, j’ai nommé Lamborghini Huracán STO ! Je reste admiratif face à la dernière des Mohicans, véritable missile sans ailes posé devant moi. Elle est sortie le dimanche, emmenée par Willy pour un reportage télévisé au milieu de ses congénères. C’est dire si cet événement prend de l’ampleur !
J’ai plaisir à retrouver des autos connues, dont les propriétaires sont devenus des inconditionnels de l’événement dès leur seconde (voire troisième) participation. Je reconnais quelques joyaux dont la V10 Bleu Sepang de Patrick, la très rare Decennium de Christian, la RWS de Jérôme, la démoniaque Spyder V10 boîte manuelle de Ludo, ainsi que la V8 boîte manuelle de Krom. Nous y reviendrons d’ailleurs… Mais le R8 Week’s c’est aussi de belles rencontres, notamment celle de Luc et son Spyder bleu électrique ! Et lors de cette édition, certains avaient fait beaucoup de route, mais aucun n’a regretté le déplacement !
En Allemagne c’est verboten !
Une belle équipe de nos amis d’outre-Rhin avait fait le déplacement pour nous vanter les produits locaux, et nous n’avons pas été déçus ! Croyez-le ou non, l’équipe du Cologne R8 NRW Club s’est rendue à l’évènement car il est impossible d’organiser ce genre de manifestations en Allemagne. Un comble ! Kevin nous présente d’ailleurs sa R8 V10 de 2009 et ses magnifiques jantes en 20 pouces bicolores. La R8, c’était sa voiture de rêve avec laquelle il jouait tout gosse dans les jeux vidéo ! Elle reçoit un covering bleu spécifique, une ligne d’échappement « full tube », une lame avant en carbone, un volant lumineux et l’ensemble est rabaissé. Autant vous dire que ma rétine en a pris un coup, dans le bon sens du terme ! Sa voiture est divinement belle et personnalisée juste ce qu’il faut.
Je croise ensuite Andreas et sa R8 V8 de 2008. Tout comme Kevin, il a rêvé de la R8 depuis l’adolescence… Et économisé pendant 10 ans pour l’acquérir. Si ce n’est pas de la passion ça ! Elle est globalement d’origine, à une petite exception près. Mais vraiment léger. Une ligne full tube en inox… Et 135 dB à la sortie ! A défaut de faire claquer la batterie, sa R8 chante et régale les tympans avec une symphonie en V8 majeur!
Nous faisons également la rencontre de Roxy, venue avec sa R8 V8 noire de 2012. Elle fait partie des (trop) rares représentantes de la gent féminine au volant d’une R8, qui pourtant m’avoue que cette auto est la meilleure au monde. Je ne sais pas pourquoi mais je suis plutôt d’accord avec elle… Roxy possède d’ailleurs l’une des rares R8 V8 à être montée avec des freins carbone céramique, une option coûteuse plutôt réservée aux versions V10.
Un record du monde !
Je continue mon périple au pays des anneaux, en déambulant entre 8 et 10 cylindres jusqu’à tomber sur Aurélien, photographe officiel de l’événement dont les magnifiques clichés illustrent ces pages. Il est justement en train de filmer avec son drone quelque chose que je n’avais pas vu au sol. Pas moins de 43 autos présentes sont garées pour former un « R8 » géant de 1 200 m² vu du ciel ! C’est certain, en plus d’organiser le plus grand rassemblement d’Audi R8 d’Europe, Willy et sa dream-team ont réalisé le plus grand logo R8 du monde, un exploit à inscrire au Livre des Records ! Comme en 2022, les propriétaires présents en prennent plein les yeux le tout en causant pistons ou jantes avec l’auto du voisin. C’est ça l’esprit du R8 Week’s, de la convivialité et du partage.
D’ailleurs, il vient le temps d’aller les dégourdir ces pistons ! Dans un opéra de V8 et V10, l’ensemble des 60 voitures prend le chemin des petites routes du Beaujolais. Un sacré terrain de jeu que j’ai pu encore apprécier cette année aux côtés de Krom et sa super R8 V8 boîte manuelle. Mon sentiment se confirme, j’avais entraperçu de quoi était capable cette voiture l’année dernière, mais je découvre encore beaucoup d’autre choses aujourd’hui. Durant quasiment 3h de balade, je suis à nouveau subjugué par la présence et la polyvalence du V8 4.2 atmosphérique. Il sait tout faire ce moteur emprunté à l’ancienne RS4 : cruiser, envoyer sévèrement en courbes, et surtout chanter jusqu’à quasiment 8 000 tours minutes. Le pied !
Cette voiture apparaît définitivement comme un des meilleurs choix pour qui veut s’offrir une première supercar. Elle reste relativement abordable (au regard des prestations qu’elle propose), très polyvalente, sécurisante et très confortable. Voilà un excellent « daily » potentiel ! Je comprends encore plus cette année pourquoi elle a tant d’adeptes qui ne jurent plus que par elle. D’ailleurs, la balade me donne aussi l’occasion de me rendre compte que cette voiture a une sacrée cote de sympathie ! Des pouces levés, des passants qui filment, qui applaudissent, qu’on ne vienne pas nous dire qu’en France on aime plus les voitures ! Le clou du spectacle, c’est le concert de rupteurs sur la place de Charlieu où les mariés du jours ont été accueilli par les soixante R8 ! Ils ne sont pas près de l’oublier, j’espère juste qu’ils n’étaient pas trop de connivence avec une petite suédoise blonde à nattes…
Mais quand on s’amuse, tout passe trop vite. Pour l’ensemble des participants, vient déjà le temps de repartir, tout en ayant passé un weekend inoubliable. En quelques chiffres, l’Audi R8’s Week 2023 c’est : 560 cylindres, 32 280 chevaux… et quelques centaines de litres d’essence brûlés, mais surtout, des millions de souvenirs gravés dans la tête de tous les participants ! Et je vous confirme que, même après un an, je suis toujours amoureux de cette Audi pas comme les autres. D’ailleurs si l’année prochaine j’arrive avec une R8, ce sera entièrement leur faute !!