Habituellement, avoir « le cul entre deux chaises » est plutôt inconfortable. Mais pas pour le Q5, qui a placé le curseur juste là où il fallait, entre l’énorme Q7 et le petit Q3. Un bon positionnement qui lui a permis de se montrer incontournable sur tous les marchés !
Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud
En bref
Première génération de 2008 à 2017
Seconde génération de 2017 à aujourd’hui
Modèle présenté : SQ5 « Mk1 », V6 3.0 BiTDI 313 ch
Perf : 0 à 100 km/h en 5,1 sec – 250 km/h maxi
Dans ce numéro spécial consacré aux « 10 Audi qui ont fait Audi », il nous paraissait inévitable d’aborder la catégorie des SUV, un genre devenu incontournable depuis la fin des années 90. Mais de quel SUV parler ? Audi a su flairer l’humeur de l’époque, mais en commençant timidement, avec son A6 Allroad, sorti en 2000. Mais malgré la présence d’un réducteur sur cette première mouture, ce break taillé pour l’aventure est plus un crossover qu’un SUV. Lorsqu’Audi s’y mettra vraiment, c’est en attaquant la catégorie par le haut, le très haut même, avec le grand Q7. Lancé en 2005, le Q7 possède tous les attributs des grands SUV, et propose une alternative séduisante aux grands monospaces en offrant jusqu’à 7 places.
En tant que pionnier du genre, vous me direz qu’il aurait été digne de figurer dans ce reportage, mais son positionnement très haut de gamme le cantonne, surtout en Europe, à une relative confidentialité. Tout le contraire finalement du petit Q3 apparu en 2011, un SUV compact très bien né en étant parfaitement calibré pour affronter la jungle urbaine. Problème, en dehors de l’Europe son succès reste mesuré, voire inexistant, à l’échelle mondiale, sur certains marchés étrangers, notamment en Asie ou au Moyen-Orient. Finalement, le SUV Audi qui compte vraiment, qui a su mettre dans le mille en n’étant ni trop gros, ni trop petit, est le talentueux Q5, commercialisé à partir de 2008.
Numéro 5, par Audi
Côté style, il fait tout dans la nuance et la subtilité en reprenant les codes stylistiques de l’époque, avec sa grande calandre singleframe encadrée par des phares à LED et un arrière traité de façon dynamique, avec un hayon incliné. Seule originalité, qui fait mouche, il déploie sur ses 4m63 de long un audacieux pli ondulant, clin d’œil à une autre Audi frappée du chiffre « 5 », le sublime coupé A5. D’ailleurs, signe qui ne trompe pas, il partage sa plateforme avec le coupé ! Et si sa structure est classiquement réalisée en acier, ce qui lui vaut un poids respectable (à partir de 1730 kg), il compense en partie grâce à un Cx record à l’époque pour la catégorie de 0,33, ce qui limite son appétit en carburant. Pour y parvenir, le Q5 peut compter sur une palette de moteurs modernes, des 4 cylindres à injection directe d’essence (2.0 de 180 et 211 ch), un noble V6 3.0 de 240 ch venant coiffer la gamme. Mais Audi, c’est aussi une forme d’excellence dans les diesels, un type de motorisation qui, ne l’oublions pas, le constructeur a su porter au plus haut niveau en remportant les 24 H du Mans. En France, on ne se pince pas encore le nez face au « mazout », et les blocs TDI, réputés pour leur fiabilité et sobriété, se taillent naturellement la part du lion, avec un 4 cylindres 2.0 décliné en 143 et 170 ch, un autre V6 3.0 de 240 ch venant combler les gros rouleurs.
Ingénieusement conçu, le Q5 propose quelques exclusivités pour le segment, comme la présence en option d’un amortissement piloté, de la boîte S-tronic, ou d’une astucieuse banquette arrière coulissante permettant d’augmenter le volume du coffre, ou l’espace aux jambes à l’arrière. Accès au démarrage sans clé, navigation MMI, juke-box avec disque dur de 40 Mo donnent au Q5 une avance technologique chère à Audi sur le reste de la concurrence. Et pour prendre le large définitivement, le Q5 se fait même pour la première fois SQ5, en recevant un incroyable V6 3.0 TDI gavé par 2 turbos, développant la puissance ahurissante pour l’époque de… 313 ch ! Commercialisé fin 2012, le SQ5 donne un coup de pied sur le segment, et malgré son prix de vente rondelet, il s’arrache, même auprès de certains artisans-taxis, ravi d’avoir un engin spacieux et confortable, mixant performances élevées et sobriété. A l’époque, malgré un prix de vente fixé à partir de 69 900 €, il fallait patienter plus de 6 mois pour prendre livraison de son SQ5, signe de son incroyable succès. C’est précisément cette variante de pointe que nous vous présentons ici…
Diesel de course !
Sur la forme, le redoutable SQ5 reste pour le moins discret, s’il n’y avait cette garde au sol inhabituellement basse. Normalement perchée à 20 cm, elle en prend ici un coup, en adoptant un châssis « sport » rabaissé et de superbes jantes en alliage de 20 pouces. Et puis il y a ces 4 sorties d’échappement bien visibles, des « signes extérieurs de vitesse » qu’Audi ne prenait pas la peine à l’époque de cacher comme c’est le cas aujourd’hui. L’intérieur joue lui aussi une discrète carte sportive, valorisée sur notre modèle d’essai par une superbe sellerie en cuir biton et des appliques en carbone véritable. D’emblée, un détail « choc » pour une auto censée affoler les sens : le compte-tours, dont la zone rouge débute à seulement… 4500 tr/mn ! Voilà le signe incontestable qu’un diesel sommeille bien sous le capot. Pourtant, au démarrage, le son qui parvient aux oreilles ferait plutôt songer que l’on a affaire à un bon gros V8 essence ! Un sentiment trompeur, créé par une sonorité artificielle via un générateur de sons actif, qui intègre un puissant haut-parleur logé dans les échappements. Mais ce « gros son » est aussi bien réel, car n’oublions pas que c’est quand même un noble V6 – fût-il diesel – qui anime ce SUV. Et il l’anime plutôt bien d’ailleurs !
En fait, quand le bloc est à température, il donne le meilleur de lui-même dès que l’on quitte la plage du ralenti, c’est-à-dire quasiment tout de suite (650 Nm dès 1450 tr/mn !), ce qui supprime toute inertie ! Comme une fusée à deux étages, le premier turbo de ce BiTDI à injection directe entre en action, puis à l’approche des 3000 tr/mn, le second prend le relais pour éviter toute rupture de couple. Il en résulte une poussée continue et plutôt « velue », comme une sorte de force tranquille qui pousse de façon linéaire et constante sans s’arrêter, la boite ZF automatique à 8 rapports, plus apte que la S-tronic pour encaisser le couple, passant les vitesses à la volée, à bon escient.
Il en ressort des performances dignes d’une GT, Audi annonçant à l’époque un 0 à 100 km/h expédié en seulement 5,1 secondes, soit un temps amélioré de 2 dixièmes par rapport à un frêle et léger… TTS coupé de 272 ch. Incroyable pour un luxueux SUV frôlant les 2 tonnes à vide (1995 kg) ! Quant à la vitesse de pointe, plus anecdotique dans notre pays qui a fait des limitations de vitesse une obsession délirante virant à la démence, sachez qu’elle est tout de même de l’ordre de 250 km/h, naturellement limitée par l’électronique. La montée en cadence est tellement rapide, que vous pourrez juger par vous-même (à vos risques et périls !) entre deux « Kodak administratifs ». Cela étant, nul besoin de rouler plein gaz pour éprouver du plaisir de conduite au volant de ce SUV sportif, par ailleurs relativement sobre rapporté à la puissance délivrée (8,3 l/100 km lors de notre essai).
Le comportement du Q5, déjà très dynamique sur les versions « de base », se trouve ici encore un peu plus sublimé, tant il réagit au doigt et à l’œil. Tout est parfaitement calibré, direction comprise, et le moteur accepte étonnamment de flirter avec la zone rouge, en allant tout chercher au-delà des 5500 tr/mn. Mais cette belle efficacité générale se fait un peu, il faut l’avouer, au détriment du confort, légèrement dégradé dès que l’on quitte le billard d’une voie rapide. En cause, l’amortissement « sport » taré ici plus ferme, bien utile afin de limiter les prises de roulis, mais aussi l’adoption d’office de montes pneumatiques plus généreuses (255/45 R 20), au profil nettement plus routier qu’off-road. Clairement, le SQ5 a choisi son camp !
L’avis d’Avus
Avec le SQ5, Audi osait s’affranchir de plusieurs tabous, en adossant le « S » magique garant de sportivité à un SUV, et en mettant de surcroît en vedette un diesel. Un concept génial qui a trouvé une forme d’aboutissement sur le formidable SQ7. Au-delà de cet aspect, le Q5 en général reste pour Audi une valeur sûre, qui connaît une belle carrière jusqu’en Chine, en étant même produit localement sur place, à travers une inédite version à empattement allongé au niveau des places arrière. Et fort de ses succès à travers le monde, le Q5 devrait connaître un regain d’intérêt d’ici 2 ans, lorsque la 3ème génération sera commercialisée. S’il semble acté que le SQ5 sera de nouveau proposé… du moins sur certains marchés, l’Europe aura en revanche droit à des versions plus ou moins électrisées. Les temps changent, le Q5 aussi.
On aime
Look sportif et racé
Moteur expressif et puissant
Compromis performances/consommation
Polyvalence au quotidien
On aime moins
Confort dégradé
Prix dissuasif
Capacités d’évasion symboliques
Caractéristiques techniques Audi SQ5 (2013)
Moteur : V6 biturbo diesel, 24 V, 2967 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 313 à 3900
Couple (Nm à tr/mn) : 650 à 1450
Transmission : aux quatre roues (quattro)
Boîte de vitesses : automatique à 8 rapports
Freins AV/AR : disques ventilés/disques
Pneumatiques : 255/45 R 20
L x l x h (en m) : 4,63 x 1,90 x 1,66
Réservoir (litres) : 75
Poids à vide (kg) : 1 995 kg
Conso. urbaine/extra-urbaine/mixte (l/100 km) : 7,6/6,4/6,8
Rejets de CO2 (g/km) : 179
Vitesse maxi (km/h) : 250
0 à 100 km/h (sec.) : 5,1