Avant un prochain restylage, la RS3 se décline en une version « Performance » plus aiguisée. Au-delà d’un gain de 7 petits chevaux, cette RS3 parvient à atteindre le seuil magique des… 300 km/h ! Complètement dingue pour une berline compacte !
Par Jack Seller, photos DR
En bref
Version « Performance » de la RS3
Moteur 5 cyl. 2.5 TFSI de 407 ch
Modèle limité à 300 exemplaires pour le monde
Prix : 87 000 € (hors options et malus)
« La vitesse est-ce dépassé ? ». Chez les pisse-froids qui gouvernent successivement la France depuis plusieurs décennies, oui, très clairement, et il suffit de voir les budgets alloués au développement de nouveaux radars pour s’en assurer. Mais en Allemagne, pays qui n’a pourtant rien d’irresponsable, la vitesse demeure toujours, à juste titre, un facteur essentiel de progrès, surtout lorsqu’il s’agit de circuler sur Autobahn, ces dernières portions étant encore vierges de toutes limitations autant idiotes que castratrices. De vrais espaces de liberté, où vous n’êtes pas présenté comme un « chauffard », un « irresponsable » ou un « délinquant routier » de la pire espèce, si vous avez le malheur d’approcher les 200 km/h. Alors imaginez, rouler à 300 km/h ! Un seuil qui demeure toujours aussi fort en symbolique, y compris en 2023. Et lorsque deux pontes d’Audi Sport refont le monde autour d’une bonne bière, c’est avec raison qu’ils se sont dit qu’il ne manquait finalement pas grand-chose à la dernière RS3 pour franchir ce seuil magique, puisqu’elle plafonnait déjà à 290 km/h avec le pack optionnel « Dynamic RS Plus ».
Par « pas grand-chose », comprenez par-là qu’il a suffi de donner un coup de tournevis pour augmenter la pression de suralimentation du turbo qui gagne 0,1 bar (1,6 maxi), tandis que le couple maxi est prolongé grâce à la magie de l’électronique de 100 tr/mn, faisant grimper l’ensemble à 5700 tr/mn. Avec ces quelques modifications qui n’ont l’air de rien, le 5 cylindres 2.5 « turbo » passe ainsi de 400 ch tout rond, à 407 ch. Cela reste en deçà de la Mercedes A45 S AMG (421 ch), mais la berline compacte à l’Etoile n’en profite guère ni en vitesse de pointe (270 km/h), ni même en accélération (0 à 100 km/h en 3,9 secondes). Sur ce dernier exercice, la RS3 lui met un petit dixième dans la vue (3,8 sec), et ce que les chiffres ne disent pas, c’est le plaisir de conduite unique qu’elle distille grâce à son système inédit de « RS Torque Rear », livré ici de série, permettant à l’auto de drifter avec la plus grande facilité. Oui, je sais, ça ne sert à pas grand-chose, si ce n’est à se faire plaisir en goûtant aux joies de la glisse, à faire pour « finir » ses vieux pneus, juste avant de les changer !
Le jeu des 7 erreurs
Forcément, avec un tel pedigree, on aimerait bien que cette RS3 endiablée, limitée à seulement 300 exemplaires pour le monde, se distingue sensiblement des versions « normales ». Malheureusement, il n’en est rien, et on le regrette. Audi Sport s’est limité à apporter quelques petites touches qui peinent à faire la différence si on n’a pas un œil de lynx. A l’extérieur, l’auto se contente d’adopter des jantes spécifiques et de multiples éléments peints en noir, comme les diffuseur arrière et les sigles « RS3 ». A l’intérieur, le jeu des 7 erreurs se poursuit, avec pour réel signe distinctif des petites touches de « bleu Mercato » que l’on retrouve sur les ceintures, mais aussi sur la forme de surpiqures sur les accoudoirs, sans oublier le marquage à « 12 heures » sur le volant, comme dans une auto de course. Enfin, des appliques en carbone véritable apportent la touche sportive ultime, avec face au passager une petite plaque indiquant discrètement qu’il s’agit d’une série limitée à 300 exemplaires. Autant dire que c’est un privilège d’essayer une telle rareté, chose que nous avons pu faire sur le tracé exigeant du circuit de Monteblanco, dans le sud de l’Espagne.
Pour optimiser ses performances, cette RS3 un peu spéciale reçoit par ailleurs – et de série – des pneus semi-slick Pirelli P Zero Trofeo R, mais aussi des freins en carbone-céramique à 6 pistons. Par ailleurs, pour rester calé derrière le volant, Audi a songé à la doter – de série également – de sièges baquets habillés de microfibres et de cuir. Voilà qui aide à digérer le surcoût de 17 000 € par rapport à une version standard, cette RS3 Performance étant vraiment « full option ». « Full sensation » aussi, et ce, dès le démarrage où, valves d’échappement ouvertes en grand, le 5 cylindres s’en donne à cœur joie et vous prend aux tripes ! Croyez-moi, il s’agit sans conteste de l’une des plus belles bandes sons en automobile à l’heure actuelle. Et la partition qu’il joue est en accord avec les images qui défilent derrière le pare-brise. Avec cette RS3, une simple flexion du pied droit met tout le paysage en accéléré !
Addictive
Avant d’aller la secouer sur le circuit, je pars sur une « aire plane » prévue à cet effet, afin de m’initier au drift. Avec une bonne vieille propulsion, cela se fait naturellement, mais avec une quattro, l’exercice promet d’être autrement plus compliqué ! Mais pas avec cette RS3, du moins si l’on prend soin d’enclencher le fameux mode « RS Torque Rear » cité plus haut. De quattro, la voiture semble devenir une « 3 roues motrices », en désactivant la motricité d’une roue arrière pour l’aider à partir en glissade ! Dans la réalité c’est presque ça, car à la place d’un différentiel classique, on bénéficie de deux embrayages pilotés (un par roue), permettant de faire varier la distribution du couple sur chaque roue. Après, c’est tout simple. Dès que l’on a passé le point de corde, on donne de l’angle sur le volant pour tourner et… on ouvre les gaz à fond ! L’effet est instantané, et la vraie difficulté résulte dans l’entretien d’une belle glisse, en dosant la puissance, pour éviter d’un mettre « de trop » et que l’arrière passe devant… et entraîne un tête à queue ! Mes pneus étant désormais « al dente » comme il se doit, direction le circuit.
Cette fois, il n’est plus question de jouer au clown en faisant des figures libres, mais au contraire de s’appliquer à tirer des trajectoires au cordeau, en étant le plus propre possible. Ce qui est fou c’est que, sans trop forcer son talent, cette RS3 vous donne l’impression à vous d’en avoir (du talent !), tant elle se montre diablement efficace. L’avant reste toujours hyper incisif, avec une direction offrant ce qu’il faut de consistance, et la boîte S-tronic à 7 rapports dégaine plus vite que son ombre la vitesse supérieure. Quant au freinage, même après 3 tours effectués plein pot, ils répondent toujours présent, sans présenter le moindre signe de faiblesse. Bien sûr, ce cocktail pour le moins addictif ne fait pas pour autant de cette berline compacte sur-vitaminée et cossue la compagne idéale pour les sorties « circuit », son poids conséquent de 1645 kg la desservant, surtout face à des poids-plumes tels que les Lotus Exige ou Alpine A110 R. Mais rares sont les autos à offrir une telle palette de saveurs, sans se montrer pour autant ennuyeuse. Cette RS3 a le parfait profil du « daily driver » idéal !
L’avis d’Avus
La première RS3 avait un sacré moteur (déjà le 5 cylindres « turbo »), mais elle n’était pas vraiment belle, et en plus, à la limite d’adhérence, elle « sous-virait comme une brouette » en tirant tout droit et en fusillant ses pneus ! Avec cette 3ème et ultime génération, Audi semble avoir trouvé le parfait dosage. Outre une plastique enfin à la hauteur de ses performances très élevées, elle offre ce supplément d’âme qui lui manquait, sans rien renier en efficacité. Même si le prix peu amical paraît ici justifié, dans la mesure où cette RS3 Performance produite à seulement 300 exemplaires pour le monde est vraiment blindée d’options. Dommage seulement qu’elle ne bénéficie pas de signes distinctifs plus marqués, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, ce qui lui enlève un peu de son intérêt « collector »…
On aime
Look évocateurµ
Plaisir de conduite au top !
Comportement joueur… et sûr !
Moteur fa-bu-leux
Homogénéité, efficacité
On aime moins
Version « Performance » pas assez distinctive
Malus rédhibitoire
Piège à permis !
Audi RS3 Sportback Performance
Moteur : 5 cylindres à injection directe, turbo , 2480 cm3
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 407 de 5700 à 7000
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 500 de 2250 à 5600
Transmission : Integrale, boîte S-tronic à 7 rapports
Freins : Disques ventilés de 375 mm (AV et AR)
Dimensions L x l x h (m) : 4,39/1,85/1,44
Poids (kg) : 1645 environ
Volume du coffre (litres) : 282
Pneus AV/AR : 265/30 R 19 – 245/35 R 19
Vitesse maxi (km/h) : 300
0 à 100 km/h (sec) : 3,8
Émissions CO2 (g/km) : 205 minimum