L’improbable A1 quattro nous renvoie à une époque pas si lointaine où tout semblait possible chez Audi. Y compris transformer la sage citadine A1 en une véritable bombe de près de 260 ch ! Produite à seulement 333 exemplaires, l’A1 quattro tient plus du prototype que de la voiture de série…
Par Thomas Riaud, photos Thomas Riaud
En bref
Version sportive de l’A1 (256 ch !) conçue par Quattro GmbH
Près de 600 modifications
Production limitée à 333 exemplaires pour le monde
Prix en 2012 : 51 190 € – Cote 2022 : 60 000 € environ
La première petite A1, apparue d’abord exclusivement en carrosserie 3 portes (avant de se voir déclinée en Sportback), ne devait pas initialement recevoir le quattro. Mais sans cette transmission intégrale magique, serait-ce vraiment une Audi ? Cette question, les hommes de l’officine sportive « quattro GmbH » (devenue depuis « Audi Sport »), ont dû se la poser. Au point d’accoucher, en 2012, de la plus incroyable des A1 jamais produite : la quattro. De loin, elle ressemble presque à une A1. Mais elle n’en a ni la saveur, ni les performances… ni le prix ! Et pour cause, puisqu’elle s’affichait, à l’époque, au prix rondelet de 51 190 €, ce qui faisait déjà cher du kilo ! Mais cela valait la peine de casser sa tirelire, car contrairement aux multiples « coups marketing » dont Audi a le secret, qui propose trop souvent des séries limitées sans grand intérêt se limitant à la pose d’autocollants spécifiques avec une teinte exclusive, l’A1 quattro est réellement un modèle à part, qui ne se contente pas de mettre en avant un bel emballage, accompagné d’une petite reprogrammation de puce électronique. Non, il s’agit d’une vraie série limitée, qui bénéficie de nombreux changements, tant techniques, qu’esthétiques. Et pas qu’un peu : selon Audi, cette A1 a subi pas moins de 600 modifications au total ! Les ingénieurs du département sportif Quattro GmbH, qui développaient habituellement jusqu’alors les redoutables Audi RS, sont partis de très loin, en se basant exclusivement sur la variante 3 portes, plus dynamique d’aspect que la 5 portes Sportback.
Afin d’implanter la transmission quattro, le réservoir de carburant a été prié de migrer un peu plus vers le coffre, quitte à limiter encore un peu plus sa contenance (210 dm3). Le châssis, sensiblement renforcé afin d’encaisser ce surplus de puissance, jamais vu sur une citadine, reçoit le train arrière du coupé TTS de l’époque (seconde génération), mais aussi son 2.0 turbo TFSI à injection directe. Par « principe de précaution », il voit en revanche son écurie quelque peu réduite, passant de 272 à 256 ch, ce qui est bien assez encore pour mouvoir une petite citadine de moins de 1400 kg. Bien sûr, abriter un tel bloc n’est pas sans conséquence sur les cotes extérieures de l’auto, modifiées elles aussi en profondeur. Avec ses porte-à-faux avant et arrière allongés respectivement de 19 et 14 mm, l’A1 quattro est plus longue de 33 mm, mais aussi curieusement moins large, de 14 mm.
Esprit IMSA es-tu là ?
Pourtant, à l’observer, elle apparaît solidement campée sur de grosses jantes blanches en alliage de 18 pouces, qui emplissent généreusement les passages de roue. A l’image de leur dessin inédit « à turbine », clin d’œil aux Audi de compétition engagées jadis en championnat américain IMSA, chaque détail compte. L’A1 quattro revêt ainsi une livrée unique, composée d’un blanc glacier nacré qui lui est réservé, parfaitement mis en valeur par l’adoption d’un pavillon et d’arches de toit laquées en noir brillant, comme la calandre singleframe du reste. Vous aimez ? Tant mieux, car seule cette livrée est disponible. Notre petite teigne bodybuildée, badgée « quattro » de la proue à la poupe, a ainsi droit au « grand méchant look ». Elle voit rouge, avec ses phares exclusifs à fond écarlate, tandis que son bouclier avant se trouve percé par de généreuses entrées d’air. L’arrière n’est pas en reste, en se coiffant d’un imposant aileron de toit. Cette poupe râblée annonce d’ailleurs clairement la couleur, en recevant 2 grosses sorties d’échappement ovales, comme sur les R8 V10 ou RS6 ! Cet esprit « racing » se décline bien sûr jusque dans l’habitacle.
On trouve une finition à la fois luxueuse et sportive, où rien ne manque… et qui nous fait mesurer la baisse de qualité en vigueur chez Audi, du moins sur l’actuelle A1 ! Certes, on n’a pas de cockpit virtuel et l’interface dédiée au GPS et à l’infodivertissement accuse le poids des années, mais là n’est pas l’essentiel. Car dès l’ouverture des portes, habillées de seuils en aluminium estampillés « A1 quattro », on a le sentiment bien réel de prendre place à bord d’une auto premium, revisitée dans le moindre détail. Sièges baquet à coques dures habillés de cuir Nappa, hi-fi Bose de 465 W, GPS couleur, volant sport numéroté et pièces taillées dans l’aluminium, comme le contour des buses d’aération ou le superbe levier commandant la boîte mécanique à 6 rapports chipé à la R8, sont ici de rigueur. Dernier détail qui a son importance : le compte-tours spécifique, à fond rouge lui aussi, placé en évidence devant le pilote, gradué généreusement jusqu’à 8000 tr/mn.
Evidemment, toutes ces petites attentions se payent sur la balance : 1390 kg à vide, c’est beaucoup pour une petite auto aussi radicale, à vocation purement sportive. Vu le faible nombre d’exemplaires prévus pour le monde (333), Audi aurait pu, selon nous, aller encore bien plus loin dans sa démarche. Quitte à jouer la carte du sport extrême, autant y aller carrément en supprimant, par exemple, quelques équipements de confort, et même la banquette arrière. On aurait bien vu un habitacle dépouillé au maximum, avec un arceau à l’intérieur… Un bémol qui s’envole, comme par magie, dès la mise en marche du moteur. Le double échappement ovale, situé de chaque côté du diffuseur d’air, crache à l’unisson une sonorité rauque et métallique, qui a de quoi ravir les mélomanes. Une mise en bouche qui fait saliver, avant de déclencher les hostilités…
Bombe urbaine
Souple à faible allure (35 mkg dès 2500 tr/mn), ce bloc enchante autant par sa disponibilité dès les plus bas-régimes, que par son punch à l’approche de la zone rouge ! Parfaitement civilisée en ville, la bouillonnante A1 quattro n’attend pourtant qu’une seule chose : que votre pied droit donne le signal du départ, pour allumer la mèche ! Une chose dont on ne va surtout pas se priver, à la première ligne droite venue. Gaz à fond, on se trouve catapulté vers l’horizon, avec une vigueur insoupçonnable (0 à 100 km/h en 5,7 sec). L’A1 quattro envoie nettement plus fort qu’une Mini de l’époque, préparée par John Cooper Works (211 ch), et sans faiblir, bien au-delà des 200 km/h (245 km/h maxi). Mais plus que ces valeurs, fort respectables, c’est surtout l’art et la manière d’y parvenir qui méritent d’être soulignés. Contrairement aux Audi RS dotées naturellement du quattro, toutes ultra-performantes, mais parfois ennuyeuses à conduire tant elles se montrent trop parfaites, cette petite bombe urbaine se montre au contraire bien plus vivante à conduire, dès que l’on adopte une allure crapuleuse.
Un miracle d’abord auditif, que l’on doit aux bruits de la soupape de décharge du gros turbo, qui libère sans retenue des « pschittt » communicatifs à chaque accélération. Ce bloc au tempérament volcanique, hurle d’ailleurs comme un diable sa hargne en dolby stéréo dans l’habitacle, dès que l’on passe le cap des 3500 tr/mn. Un cap qui vous fait passer en mode « avance rapide », en vous jetant les virages à la figure. Cramponné au petit volant en cuir à la prise en main idéale, on passe à la volée les 6 rapports, la boîte offrant un guidage et un verrouillage parfaits. Pour un peu, on se croirait revenu à la belle époque des redoutables Groupe B, du temps des Sport Quattro ! Car pour ne rien gâcher, tout est parfaitement calibré sur la méchante A1 quattro, afin d’exploiter au mieux ces belles aptitudes. C’est le cas de la direction, précise, directe et informative, ou du freinage, endurant et plein de mordant, assuré à l’avant par de gros disques de 312 mm de diamètre. Quant à l’alchimie offerte par le système quattro, qui verrouille au sol la voiture, associée à son gabarit très limité, lui conférant une agilité hors-norme, elle fonctionne à plein. Le train avant tire, l’arrière pousse en se déhanchant juste comme il faut dans les virages, et toutes ces forces travaillent de concert avec un seul but : vous régaler à chaque kilomètre. Bref, vous l’aurez compris : l’A1 quattro, c’est le pied intégral !
L’avis d’Avus
Plus proche d’un sport-prototype que d’une voiture de série, la bouillonnante A1 quattro reste un beau délire d’ingénieur qui n’a rien perdu de son attrait plus de 10 ans après sa sortie. Au contraire même, sa rareté et son look vraiment spécifique en font désormais un collector à part entière, qui s’arrache à des prix tutoyant les 60 000 €. D’ailleurs, à l’époque, les 38 exemplaires réservés à la France se sont arrachés en moins de… 2 heures ! Vous en voulez une mais vous ne pouvez pas vous la payer ? Rassurez-vous, vous avez une seconde chance, car cette A1 très spéciale a servi de préambule à la S1 quattro de 231 ch qui sera, elle, produite en grande série, en 3 portes comme en Sportback. Un modèle certes, bien moins exclusif, mais tout aussi « fun » à conduire !
Mille mercis à Audi Bauer Paris Roissy (tel : 01 85 74 30 00) pour la mise à disposition de ce superbe exemplaire !
On aime
Look ravageur
Performances/efficacité
Plaisir de conduite unique
Finition
Vrai collector
On aime moins
Prix toujours dissuasif
Que 333 exemplaires pour le monde…
Caractéristiques techniques : Audi A1 quattro 2012
Moteur : 4 cylindres en ligne turbo essence, 16v, 1984 cm3
Alimentation : injection directe et turbo
Puissance (ch à tr/mn) : 256 à 6000
Couple (Nm à tr/mn) : 350 à 2500
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte de vitesses : mécanique à 6 rapports
Freins AV/AR : disques ventilés/disques
Pneumatiques : 245/40 R 18
L x l x h (en m) : 3,98 x 1,46 x 1,41
Réservoir (litres) : 45
Volume du coffre (dm3) : 210
Poids à vide (kg) : 1390 kg
Consommation moyenne (l/100 km) : 8,6
Rejets de CO2 (g/km) : 199
0 à 100 km/h (sec.) : 5,7
Vitesse maxi (km/h) : 245 km/h