Style

Audi S3 Berline, Moulin Rouge

La petite A3 – de moins en moins petite d’ailleurs – a tout d’une grande lorsqu’elle arbore la carrosserie de berline, lui donnant des airs d’A4. Et outre une plastique séduisante, elle a de quoi convaincre les plus exigeants lorsqu’elle se mue, comme ici, en une sportive version S3…

Par Jack Seller, photos Thomas Riaud

En bref

Seconde génération d’A3 Berline
Déclinaison S3
Moteur 2.0 TFSI 310 ch
Perf : 0 à 100 km/h en 4,8 sec – 250 km/h
Prix (à partir de) : 57 290 €

A cause de la prochaine mise en place obligatoire de la très contraignante norme Euro 7 (merci l’Europe !), imposant la monte de toujours plus de coûteux et nombreux systèmes de dépollution, la majorité des constructeurs va arrêter de produire les modèles d’entrée de gamme… réputés pourtant les moins énergivores ! Une absurdité de plus signée Bruxelles, qui va impacter les ménages les plus modestes, mais aussi les étudiants, qui vont de facto se voir priver des petites citadines habituellement pratiques et bon marché. Car les constructeurs ont fait leurs comptes. Ils estiment que cette norme supplémentaire va coûter près de 5000 € de plus par voiture, un surcoût qui sera bien sûr répercuté au client final. Si cela reste « presque » indolore sur une grosse cylindrée haut de gamme (quoique !), un tel bond tarifaire devient en revanche rédhibitoire sur un petit modèle. Et Audi a déjà anticipé en annonçant qu’il supprimera sa petite A1 (dérivée techniquement de la VW Polo), et que son futur entrée de gamme deviendra donc… l’A3 !

Un jeu de chaises musicales sans doute bon pour la rentabilité, mais qui va avoir pour effet pervers de relancer le marché de l’occasion… ce qui va à l’encontre des objectifs environnementaux de Bruxelles ! Car lorsque l’on voit une A3, surtout de dernière génération, on cherche encore en quoi il s’agirait d’une « petite voiture ». Ceci est encore davantage le cas lorsqu’il s’agit, comme ici, de la carrosserie berline, longue de 4m35 tout de même, une déclinaison particulièrement originale apparue seulement sur la génération précédente. Elle reste peu diffusée en France, mais largement plébiscitée en Amérique du Nord et en Asie, la version Sportback remportant l’essentiel des suffrages chez nous. C’est une question d’abord culturelle, et de goût, mais avouez que ce dérivé berline, bien que classique sur la forme, brille par son élégance. A aucun moment on a l’impression que le coffre a été rajouté façon « sac à dos ». L’ensemble est au contraire parfaitement intégré, avec une fluidité remarquable de la ligne qui s’étire délicatement du pavillon jusque sur la malle du coffre. C’est esthétique, mais aussi pratique, ce dernier revendiquant une capacité appréciable de 425 litres. Bien sûr, en tant que dérivé siglé S3, notre petite berline se pare de quelques éléments bien distincts qui font mouche, sublimant sa plastique déjà agressive de nature, et peut-être davantage encore dans cette livrée Rouge tango métallisée (option à 900 €). Outre de belle jantes larges Audi Sport livrées de 19 pouces en série, cette dernière dispose d’un kit carrosserie évocateur, comprenant des jupes profilées, des bas de caisse plus agressifs, un petit aileron et 4 sorties d’échappement à l’arrière.

Tirée A4 épingles !

L’intérieur, tiré à 4 épingles sur notre exemplaire doté d’une superbe sellerie cuir surpiquée de rouge, n’a rien à envier à celui d’une… A4 ! Il en offre même davantage côté nouvelles technologies, chose logique dans la mesure où cette A3 est plus récente de conception. Les designers se sont lâchés pour proposer une planche de bord plus anguleuse, dans l’esprit de la carrosserie, toujours plus expressive et travaillée. Les férus de high-tech seront enchantés à la vue du cockpit virtuel – devenu un grand classique désormais chez Audi – qui offre d’après nous ce qui se fait de mieux dans la catégorie question réactivité et résolution. Et cette A3 va bien plus loin, en ayant recours à des écrans tactiles à retour haptique. Cela a permis aux designers Audi de largement « nettoyer » la planche de bord des habituels boutons disgracieux, en prenant garde toutefois de conserver quelques raccourcis bien utiles. Et le bouton qui nous attire particulièrement l’œil, fraisé dans l’aluminium, est estampillé « start engine » !

Contact. Ca chante un peu à l’échappement, mais pas longtemps, le starter automatique la mettant rapidement en sourdine. Clairement, on aurait aimé une sonorité plus marquée, mais cela ne semble plus être hélas dans l’air du temps… et difficile à obtenir, à cause des divers systèmes de dépollution mis en place. Mais fort heureusement, la nouvelle S3 ne se juge pas qu’à l’oreille. Une fois à température, force est de reconnaître que ce « modeste » 4 cylindres en a à revendre. Il est vrai qu’avec une puissance de 310 ch, on entre dans une catégorie où on ne rigole plus, surtout sur une berline compacte. Pour bien mettre les choses en perspective, la S3 ne rend seulement que 5 petits canassons à une mythique RS2. Et si elle ne se montre pas aussi démonstrative que son illustre aïeule, mise au point à l’époque par Porsche, l’apport de la technologie compense largement. Déjà, il faut saluer la rapidité d’exécution de la boîte S-tronic à 7 rapports, imposée d’office. Très réactive, elle déclare rarement forfait, sauf au rétrogradage lorsqu’elle juge ce dernier trop précipité, en jouant le rôle de garde-fou pour éviter tout surrégime.

Trop parfaite ?

Et puis la S3 sait aussi jouer sur du velours, en dispensant un couple généreux de 400 Nm. Une force tranquille qui permet d’expédier les 1575 kg de l’ensemble en 4,8 secondes sur l’exercice du 0 à 100 km/h. Et en laissant le pied droit s’incruster dans la moquette, on parvient à dépasser les 260 km/h compteur, soit 250 km/h chrono, vitesse où la bride entre en action. Des chiffres qui en disent long sur cette A3 survitaminée, qui repose sur la dernière plateforme technique MQB Evo. Mais ce que les chiffres ne disent pas, c’est la facilité et l’efficacité dont elle fait preuve à chaque instant. Y compris dans les virages, et cela n’est pas seulement le fruit de la transmission intégrale quattro, qui fait ici naturellement partie du voyage. Car pour gagner en agilité, notre S3 bénéficie de quelques améliorations d’ordre mécanique. Outre le châssis sport rabaissé de 15 mm, on note le recours massif à des pièces en aluminium au niveau du train avant, pour réduire les masses suspendues. Enfin, en plus d’avoir posé de nouvelles électrovannes sur les amortisseurs pour juguler le roulis, Audi a aussi sensiblement élargi les voies. Posée par terre, la S3 avale goulument le bitume qui se présente à elle, en restant souveraine dans les grandes courbes à rayon constant.

Si cela est plus que rassurant, l’impression de conduire un train sur des rails domine parfois, au point de trouver cette S3 presque trop parfaite. Un comble ! Cette sérénité de tous les instants est le fruit d’un savant travail réalisé sur les trains roulants, avec une parfaite communication entre le DDC (amortissement piloté) et la chaîne de traction. Une armée de processeurs, via des capteurs d’assiette, calculent plusieurs fois en une seconde l’angle des roues, le cabrage, le roulis, et toutes ces informations transitent par le « CAN Bus », un supercalculateur qui gère (et digère) toutes ces données, afin d’offrir le meilleur compromis entre confort et tenue de route, tout en privilégiant un mode de conduite dynamique. Et il est bien sûr toujours possible de paramétrer la voiture selon ses envies, à partir de l’Audi drive select qui offre plusieurs modes de conduite. En fait, on n’a pas l’impression de conduire une S3, mais plutôt sa S3. Nuance…

L’avis d’Avus

Sans révolutionner la catégorie, cette S3 possède ce qu’il faut, où il faut, pour se montrer une compagne très attachante au quotidien, en faisant un improbable grand écart entre confort et sportivité. Une belle polyvalence à savourer en Sportback, où comme ici, en berline, cette dernière offrant sous nos contrées une certaine exclusivité, sans se départir de son élégance. Les plus exigeants argueront qu’il lui manque un zest de bestialité pour se montrer vraiment irrésistible, et nous ne leur donnerons pas tort. Mais Audi a pensé à tout, en proposant depuis une année maintenant la RS3 (400 ch). Et puis, au moment de se décider, vient l’heure des comptes, et vous trouverez probablement que cette S3, affublée d’un copieux malus (183 g de CO2/km), mais aussi d’une carte grise salée (20 CV), n’est déjà pas vraiment cadeau, son prix de base débutant à 57 290 € en berline. Pas déconnant mais pas donné…

On aime

Jolie berline
Plaisir de conduite -efficacité
Mieux qu’une S4 ?
Prix bien étudié

On aime moins

Trop d’options chères et nombreuses !
Sonorité trop timide
Amortissement ferme en Dynamic
Malus dissuasif

Caractéristiques techniques : Audi S3 berline, (modèle 2022)

Moteur : 4 cylindres turbo de 1984 cm3, injection directe
Puissance (ch à tr/mn) : 310 à 5450
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 400 à 2000
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte S-tronic à 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés, ABS
Pneus : 225/40 R 18
Dimensions (L x l x h) en m : 4,50 x 1,81 x 1,43
Poids à vide (kg) : 1580
Coffre (litres) : 425
Réservoir (litres) : 55 litres
Performances
0 à 100 km/h (sec) : 4,8
Vitesse maxi (km/h) : 250

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