Ceux qui pensent que le TT est une gentille voiture réservée à de petits minets ne connaissent certainement pas ses déclinaisons les plus sportives. Notamment cette très méchante variante RS, qui trône au sommet de la gamme… et du genre automobile. De quoi voir… vert de rage !
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Troisième génération de TT roadster
Version RS de seconde génération
Moteur 5 cylindres 2.5 TFSI 400 ch
Prix (à partir de) : 84 780 € en roadster, hors malus
Le TT est né presque gentil à la fin des années 90, dérivant étroitement de la VW Golf 3 de l’époque. D’abord sous la forme d’un coupé ( le roadster suivra peu de temps après), avec des moteurs raisonnables, un 4 cylindres 1.8 20v de 180 ch, qui va longtemps culminer en version de pointe quattro à 220 ch. Cela suffisait pour en faire une petite GTI performante et très honorable, mais pas véritablement une sportive en mesure de rivaliser, à l’époque, avec les BMW Z3, Mercedes SLK et Porsche Boxster les plus performants. Dans un sursaut d’orgueil, cette première génération terminera tout de même sa carrière en beauté, en gagnant sur la fin un V6 3.2 de 250 ch, proposé avec une boîte DSG optionnelle. Le second opus du TT, décliné également en coupé comme en roadster, va sérieusement muscler son jeu, en se voyant décliner pour la première fois, comme de nombreuses autres Audi, en variantes S et RS.
Cette dernière, livrée avec le fameux 5 cylindres 2.5 turbo maison, offrait quelques 340 ch, ce qui changeait radicalement la donne. Un bonheur n’arrivant jamais seul, la structure de cette seconde mouture était, pour la première fois, composée partiellement d’aluminium et d’acier haute résistance, pour gagner en poids et en rigidité. Le TT de 3ème génération qui nous intéresse, lancé en 2014, a encore monté plus haut le curseur dans tous les domaines. L’aluminium est encore plus présent, et il est la première Audi à avoir inauguré le cockpit virtuel paramétrable, mais aussi les feux OLED. Et les dérivés S et RS, toujours plus puissants, donnent véritablement au TT ses galons de sportives. En RS, le 5 cylindres Audi voit cette fois sa puissance culminer à… 400 ch ! Plus question de parler de « GTI » : on entre cette fois dans l’univers des GT. Une GT à savourer en coupé 2+2 ou, comme ici, en roadster. Une déclinaison à réserver aux esthètes, forcément limitée à 2 places, moins pratique à vivre (coffre réduit à 280 litres) et un peu moins performante à cause du surplus de poids engendré par la pose de renforts dans le châssis, mais qui compense ces écueils par bien des manières !
Signes extérieurs de vitesse
Comparé aux TT « normaux », cette déclinaison RS sort le grand jeu pour s’en démarquer. Posé au sol sur de grosses jantes Audi Sport de 19 pouces, abritant des disques avant en carbone-céramique, notre exemplaire « full option » reçoit le kit esthétique noir, comprenant les jupes latérales, le diffuseur d’air et la calandre spécifique en nid d’abeille. Et outre la double sortie d’échappement ovale (chacune intégrant 2 sorties avec des clapets actifs), vous aurez remarqué d’autres « signes extérieurs de vitesse », notamment la présence d’un gros aileron fixe sur la malle du coffre, doté de stabilisateurs latéraux. Certains adorent, d’autres moins, et pour notre part, si cela « virilise » incontestablement l’ensemble, la ligne perd quelque peu en pureté. L’aileron rétractable, invisible à l’arrêt, nous semble plus joli. Enfin, notre TT RS ne se refusant rien, il reçoit aussi le kit carbone, qui comprend pour le traitement extérieur les coques de rétroviseurs. Ce matériau noble, issu de la compétition, trouve légitimement sa place dans l’habitacle sous forme d’inserts, rehaussant l’ambiance sportive qui règne à bord. En plus des sublimes sièges baquet très enveloppants (avec chauffage de nuque intégré), notre roadster a droit à un volant multifonction à méplat du plus bel effet, calqué sur celui de la R8. Inspiré de la compétition, il intègre notamment le bouton du démarreur. Un gros bouton rouge vif qui… met le feu aux poudres lorsque l’on appuie dessus !
Ca explose à l’échappement… mais pas bien longtemps, les récents filtres à particules montés désormais d’office dans les silencieux étant quelque peu castrateurs. Clairement, ça chantait plus fort et plus juste, au début de carrière du TT RS, avant que ces dispositifs ne deviennent obligatoires. Pour rendre l’ensemble plus communicatif – et donc agréable – on peut cependant basculer via l’Audi drive select en mode dynamic, mais aussi activer l’échappement actif… qui n’est pas hyperactif, la cause citée ci-dessus ayant les mêmes effets. Mais on gagne quand même en plaisir auditif, ce qui est bien le but recherché. Car fort heureusement, ce TT RS n’a pas que pour seule bande-son un échappement « trafiqué ». Il a aussi pour lui son fantastique « 5 pattes », un bloc incroyable, figurant parmi les meilleurs au monde, placé transversalement et coiffé d’un superbe cache en carbone. Lui aussi donne naturellement de la voix, en chantant tant dans les graves que dans les aigus, en étant capable de hurler comme un sourd jusqu’à plus de 7000 tr/mn.
Brushing express !
Une sonorité magique, qui réclame un peu d’accoutumance pour en profiter pleinement jusqu’à la zone rouge… et de l’espace, beaucoup d’espace, les mises en orbite étant du genre violent. Au démarrage, en mettant « pied dedans », on ressent une certaine latence, une hésitation d’une petite demi-seconde, comme si la transmission se préparait psychologiquement à ce qu’elle allait devoir encaisser, de la boîte S-tronic à 7 rapports au système quattro, en passant par les cardans. C’est vrai qu’on la comprend bien volontiers, et en pleine charge, elle doit « prendre cher » comme disent les jeunes, car devoir digérer 480 Nm de couple dès 1700 tr/mn, ce n’est pas rien. Dommage que, contrairement aux « voitures à piles » ce soit un peu creux sous ce régime (rançon d’une gestion plus paresseuse de la boite pour satisfaire les normes de dépollution), parce que, après, ça déménage ! On a l’impression de lâcher, d’un coup, un élastique bien tendu, car en entrant dans la bonne plage d’utilisation, le TT RS ne lâche rien pas même un dixième, au point de pulvériser le 0 à 100 km/h en à peine 3,9 secondes, voire même 3,7 secondes pour le coupé, plus léger de près d’un quintal. Pour en profiter pleinement, nous ne saurions que trop vous recommander de décapoter, chose qui se fait électriquement en une poignée de secondes, y compris en roulant (dans la limite de 50 km/h). Afin d’éviter de vous faire un « brushing express » dans le sens de la marche, pensez à remonter les vitres, mais aussi le saute-vent, lui aussi électrique, qui prend la forme d’une petite vitre. C’est très efficace !
Tout comme le reste d’ailleurs, le TT RS restant, comme une sangsue, collé à l’asphalte. Après avoir eu une pensée émue pour la transmission, j’en ai une autre, pour les pneus cette fois, qui doivent avoir fort à faire pour maintenir les quelques 1540 kg de l’ensemble au sol. Puis je pense au travail de romain imposé aux freins, dont les étriers mordent sans faiblir, à chaque sollicitation, les énormes disques ventilés. Clairement, je n’aimerais pas me réincarner en plaquette ! Car avec ce TT endiablé, on roule vite… très vite ! Chaque redémarrage à un péage prend des airs de départ de Grand-Prix, et on se surprend rapidement à filer à plus de 200 km/h. Et même bien plus si affinité, le pack dynamique optionnel permettant de reculer la bride de180 à 250 km/h. Oups ! Cette fois j’ai une autre pensée à l’esprit, qui concerne mon permis ! Dur de rester dans la légalité avec un tel pousse-au-crime.
Déjà que nos limitations en vigueur paraissent hors agglomération, dans 90% des cas, scandaleusement basses avec une auto lambda moderne, mais avec un tel engin aux capacités exceptionnelles dignes d’une GT, rouler en France tient de la punition. Y compris sur les départementales sinueuses, tant le TT RS fait preuve d’un comportement exemplaire. Pourtant, l’heureux propriétaire d’un TT RS est un très généreux contribuable, qui paye bien au-delà de la moyenne, et cela devrait donner droit à quelques compensations. Car outre un prix de départ toujours plus élevé (84 780 € désormais, hors option), en comptant la TVA bien grasse de 20 points, il faudra ajouter une carte grise qui fait mal (28 CV), et surtout un malus inacceptable, digne d’un racket organisé par une mafia albanaise, fixé à… 40 000 € ! Cela veut dire que, mis bout à bout, acquérir en France un TT RS roadster réclame désormais un budget de 120 000 € minimum, sans compter les options qui « vont bien ». Rédhibitoire !
L’avis d’Avus
Difficile de rester insensible à ce TT boosté aux amphétamines, car outre une plastique toujours aussi désirable, à déguster en coupé ou, comme ici, en roadster, cette déclinaison RS offre des performances stratosphériques, proches d’une R8 V10 ! Mais ceci étant posé, vient le moment de la raison, et de faire ses comptes. Le TT RS a été victime, comme de nombreuses autres voitures, de la greffe de systèmes de dépollution rendus obligatoires par Bruxelles, ce qui n’est pas sans conséquence sur l’agrément (réponse plus lente à l’accélérateur, sonorité plus étouffée), que sur les prix, ce TT ayant été majoré depuis sa sortie de quelques 4 780 € ! Auquel il faut ajouter une spécificité bien de chez nous, un malus confiscatoire fixé désormais à 40 000 €. C’est trop, beaucoup trop, et nous ne saurions trop vous recommander de trouver votre bonheur en occasion… ou si vous êtes large côté budget, de regarder carrément du côté d’une R8, encore plus plaisante et exclusive !
On aime
Moteur fa-bu-leux !
Performances stratosphériques
Look indémodable
Comportement très efficace
On aime moins
Boite plus lente et sonorité étouffée
Autonomie limitée
Options chères et nombreuses
Prix très élevé et malus assassin !
Caractéristiques techniques Audi TT RS Roadster 2022
Moteur : 5 cylindres en ligne 20v, turbo et injection directe, 2480 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 400 à 5850
Couple (Nm à tr/mn) : 480 de 1700 à 5850
Transmission : intégrale, quattro
Boîte : S-tronic 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés (carbone – céramique en option)
Pneumatiques : 245/35 R 19 (20’’ en option)
L x l x h (m) : 4,19 x 1,83 x 1,34
Poids à vide (kg) : à partir de 1540
0 à 100 km/h (sec) : 3,9
Vitesse maxi (km/h) : 250 (280 en option)