Ecologie

Audi Q4 Sportback e-tron 50 quattro, Quand le courant passe

Qu’on se le dise : l’avenir automobile sera, paraît-il, au tout-électrique ! Si ce basculement à marche forcée nous paraît quelque peu précipitée – et utopiste – Audi suit à la lettre cette injonction. Avec un certain talent, le courant étant bien passé entre ce Q4 Sportback e-tron 50 quattro et nous…

Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud

En bref

Nouveau SUV électrique Audi
Version Sportback du Q4 e-tron
Puissance cumulée de 299 ch
Prix (à partir de) : 69 950 €

Qu’on approuve – ou pas – cette décision, Bruxelles a décidé de nous imposer le tout électrique pour nos automobiles. Et tant pis si vous n’en voulez pas, si ça coûte bien plus cher qu’une thermique, si on déroule un tapis rouge aux chinois, si on va détruire une partie de notre industrie, si le réseau de recharge en France et dans une bonne partie de l’Europe est nul, si les autonomies offertes restent encore bien justes, si les temps de recharge demeurent bien longs, si personne ne comprend rien aux différentes tarifications mises en place par les opérateurs et si, pour produire cette électricité, cela va se faire majoritairement avec du… charbon. Voilà, excepté ces « menus » inconvénients (une paille !), vous allez voir, la voiture électrique, c’est génial ! Mais si, puisqu’on vous le dit ! Vous l’aurez compris, à Avus, on reste pour le moins dubitatif par ce « grand remplacement » orchestré depuis Bruxelles par des personnes qui s’y connaissent autant – en automobile – que moi en fission nucléaire. Face à ce défi, les ingénieurs ne restent pas les bras croisés, et dans le groupe Volkswagen, Audi se distingue en devenant le porte-drapeau de cette technologie qui permet de « rouler plus blanc que blanc »… et de justifier des tarifs toujours plus « premium ».

Ainsi, après le lancement voilà déjà près de 4 ans d’un SUV baptisé « e-tron » (et bientôt rebaptisé Q8 e-tron), Audi poursuit son vaste plan-produit avec le déploiement l’année dernière d’une superbe berline sportive (e-tron GT), puis, dernièrement, du Q4 e-tron. Ce dernier modèle est amené à connaître plus de succès chez nous parce qu’il semble cocher toutes les bonnes cases. Déjà, c’est un SUV, et ça, c’est bon pour le business, le public étant très demandeur de ce type d’engins. Et qui plus est, c’est un « compact », une catégorie particulièrement prisée car avec une longueur de 4m49, il comble judicieusement le vide laissé entre le Q3 (4m49) et le Q5 (4m69). Et c’est un SUV compact qui double judicieusement la mise. Car en plus de la carrosserie « break », il se décline désormais comme ici en une version Sportback, qui présente une silhouette très à la mode « de coupé » plus dynamique, sans sacrifier ses aspects pratiques. Mieux, avec son plancher plat, dégageant de l’espace pour les jambes à l’arrière, la déclinaison Sportback offre 535 litres de capacité au niveau du coffre, soit 15 de mieux que sur le SUV classique.

Et pour mettre toutes les chances de son côté, l’Audi Q4 mutualise sa plateforme, moteurs et batteries avec d’autres modèles similaires développés par Volkswagen, notamment l’ID.4, le Cupra El Born et le Skoda Enyaq. Une stratégie vertueuse qui permet de réduire les coûts, ce qui se ressent sur les tarifs, bien étudiés. Du moins en apparence… Ainsi, le Q4 e-tron s’affiche à première vue à des prix serrés, comme l’atteste l’entrée de gamme. Comptez 46 750 € avec la petite batterie et la carrosserie « break » (ajoutez 2000 € pour la déclinaison Sportback), ce Q4 e-tron reste, à première vue, assez raisonnable sur les tarifs. A première vue seulement, car pour avoir une autonomie intéressante (et la batterie qui va bien), mais aussi le quattro, il faudra prévoir plus. Beaucoup plus…

Sur les routes de Norvège

Pour éprouver le dernier né de la gamme aux Anneaux, nous sommes allés en Norvège, un pays vraiment à la pointe dans les voitures électriques, qui a mis pour cela les moyens, en installant partout des bornes de recharge rapide. Premier bon point pour ce Q4 : le style. C’est bien une Audi, avec sa large calandre singleframe (pleine), ses optiques full LED au design travaillé et son épaulement marqué au niveau des passages de roue. Et la version Sportback gagne un petit becquet qui améliore sensiblement l’aérodynamisme (0,26 contre 0,28 en temps normal), ce qui est bon pour la consommation… et donc l’autonomie. L’intérieur, autant sobre dans sa présentation que « techno », reste identique à celui de la version SUV « classique » déjà essayée par nos soins.

Outre une ergonomie bien étudiée avec de nombreux rangements (dont un « puit » intégré à chaque porte pour caser à portée de main une grosse bouteille), il offre une finition satisfaisante quoique perfectible (trop de plastiques durs sur les parties basses). Et le Q4 peut se targuer d’embarquer de série un volant à double méplat (une première chez Audi !), à la prise en main agréable. Et des palettes fixées au volant permettent de régler l’intensité du frein-moteur (et donc d’optimiser la récupération d’énergie), un dispositif fort appréciable sur une électrique, permettant de ne presque plus toucher au frein tant il se montre efficace… tout en maximisant l’autonomie ! Sur notre version haut de gamme « 50 », on trouve la plus grosse batterie disponible sur cette plateforme MEB, une de 82 kWh, assurant une autonomie théorique de 480 km, en roulant « soft » en mode efficiency. Mais entre ce qu’indique le cycle WLTP et la vraie vie, il y a une sacrée marge !

Malgré des accélérations pour le moins vigoureuses (mais pas ébouriffantes) grâce à ses 2 moteurs et une puissance cumulée de 299 ch, ce modèle équipé d’office du quattro se contente sur petites routes d’une consommation encore raisonnable, de l’ordre de 19 – 20 kWh/100 km, laissant augurer un rayon d’action proche des 400 km. Mais sur voie rapide, exercice peu favorable aux électriques où l’on reste tout le temps « sur les gaz », les choses se gâtent. La consommation grimpe alors vers les 25 kWh/100 km, faisant chuter l’autonomie à 320 km environ. En clair, tout Sportback qu’il est, ce Q4 n’est pas le compagnon de route idéal pour effectuer à son bord de longs trajets. Et mieux vaut ne pas être trop pressé, car même si la puissance en charge rapide grimpe ici à 135 kW en courant continu, il faudra prévoir 30 bonnes minutes pour récupérer 80% de la batterie. Un peu juste pour un véhicule dit « premium ».

Mais le vrai tour de force de ce SUV « à piles », est de parvenir à estomper, en sensation, sa masse conséquente de 2,2 tonnes ! Maniable en ville grâce à un très rayon de braquage (10,2 m), ce Q4 50 e-tron sait aussi faire preuve d’agilité en roulant fort sur une petite route sinueuse. Mais si le mode dynamic de l’Audi Drive Select et la transmission quattro aident à digérer tout le couple (460 Nm) et à repousser les lois de la physique, il faudra tout de même faire preuve de retenue… et avoir une pensée émue pour les pneus, qui font alors office de « fusibles » ! Et puis, pour être honnête, à cause de cette désagréable sensation d’avoir un « fil à la patte » en permanence, on adopte insidieusement une éco-conduite, pour préserver au maximum son autonomie. Rouler en électrique se fait le plus souvent de façon décontractée. On peut aimer cela. Ou pas !

L’avis d’Avus

Loin d’être vilain, ce Q4 Sportback tient aussi ses promesses à l’usage, en offrant un habitacle agréable à vivre, bien équipé et fonctionnel. Et à travers cette grosse variante « 50 », puissance et agrément sont au rendez-vous. Mais les principaux écueils restent inhérents à ce type de motorisation avec, au risque de nous répéter, une autonomie digne d’une RS6 (donc assez nulle !)… et des temps de recharge bien longs, à condition, bien-sûr, de trouver la borne « qui va bien » (bon courage au fin fond du Cantal !). Et franchement vu ces nombreux freins, ce n’est pas son prix peu amical, de près de 70 000 € en finition de base avec ce gros moteur, qui plaide en sa faveur. Bref, choisir ce Q4 e-tron 50 Sportback réclame d’avoir du temps, de l’abnégation, une certaine vision de la conduite… et pas mal d’argent !

On aime

Look séduisant
Habitacle vaste et bien pensé
Agrément de conduite
Autonomie correcte en parcours mixte

On aime moins

Autonomie insuffisante sur voie rapide
Recharge longue hors réseau Ionity
Trop de plastiques durs
Options chères et nombreuses
Prix peu amical

Caractéristiques techniques : Audi Q4 50 e-tron Sportback

Moteur : 2 moteurs électriques synchrones à aimants permanents (204 ch sur AV – 150 ch sur AR)
Batterie : lithium-ion (77 kWh).
Puissance maxi (ch) :  299 ch
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 460
Transmission : aux 4 roues
Freins : Disques ventilés (AV), tambours (AR)
Dimensions L x l x h (m) : 4,59/1,86/1,61
Poids (kg) : 2115
Volume du coffre (litres) : 535
Pneus AV/AR : 225/50 R 19
Vitesse maxi (km/h) : 180
0 à 100 km/h (sec) : 6,2
Autonomie (WLTP) : 480 km
Émissions CO2 (g/km) : 0

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