Essais

Audi A4 Avant 2.0 35 TDI S tronic 7 : Le bon format A4 !

Mort le diesel ? C’est ce qu’aimeraient nous faire croire les pouvoirs publics, en multipliant artificiellement les contraintes fiscales et environnementales…selon leur vue étroite de l’esprit. C’est ce que l’on se dit après avoir passé une semaine au volant de l’A4 2.0 TDI de 163, une auto qui a objectivement tout pour plaire…

Par Thomas Riaud, photos Thomas Riaud

En bref
Version 35 TDI, 163 ch
Prix modèle de base : 56 055 €
Prix du modèle essayé : 62 545 €

On s’habitue à tout, même à la beauté. Et se retrouver de nos jours face à une A4 Avant est devenu presque commun. Pourtant, malgré son « grand âge » respectable elle « claque sa mère » dans cette livrée « gris Quantum » avec le pack esthétique noir, surtout que cette finition « S » ajoute de belles jantes de 20 pouces et un châssis sport abaissé, renforçant sa sportivité. Un dynamisme presque en trompe l’œil car notre modèle d’essai reste mécaniquement parlant sage, très sage même, puisqu’il s’agit d’une version 35 TDI. Ca ne vous parle pas ? Dites-vous seulement que c’est le petit modèle de la gamme, puisque doté d’un modeste 2.0 de 163 ch. Et bien sûr, le sigle honni TDI signifie qu’un diesel se cache sous le capot. Vous ne voyez pas ? Si, rappelez-vous, les diesels, ces moteurs qui ont totalisé voilà une dizaine d’années plus de 70% des ventes en neuf en France. Même qu’on nous donnait des bonus pour en acheter, le diesel étant naturellement abonné aux faibles rejets de CO2.

Et puis le scandale du  dieselgate, déclenché précisément par le Groupe Volkswagen en 2015, a cloué au pilori le moteur diesel. Et même le biothermique tout court, les khmers verts européens ayant profité de cet effet d’aubaine pour imposer, de force, l’électrique. Clairement, Volkswagen a semé une sacrée pagaille sur le marché automobile mondial et on serait tous en droit de réclamer, légitimement, des compensations, tant les dommages collatéraux sont immenses pour chacun d’entre nous. A commencer par le groupe VW lui-même, qui a déjà réglé plus de 30 milliards d’Euros de dommages et intérêts dans le monde. Pire, à cause d’un changement de mœurs profond, le groupe se voit contraint et forcé d’abandonner à court terme le sacro-saint moteur TDI, figurant pourtant parmi les plus performants du marché. La preuve, les gros SUV Q7 et Q8 et la nouvelle A8 ne proposent même plus – du moins en France – ce type de motorisation. Même si cela reste dans l’absolu absurde, tant ces blocs combinent brillamment efficience et performance, on peut d’ailleurs le comprendre certaines grandes villes, à commencer par Paris, annonçant bannir tout véhicule frappé d’une vignette Crit’Air 2 (donc tous les diesels, même récents), à partir de… 2024 ! Avouez qu’avant d’acheter, il y a de quoi hésiter !

De beaux restes

Et pourtant, essayer un « mazout » moderne, comme ce 35 TDI, c’est l’adopter. Si l’A4 le conserve encore, c’est bien pour satisfaire les nombreuses entreprises qui voient toujours, à juste titre, de nombreux avantages à carburer au gasoil. Et avec près de 8 millions d’exemplaires d’A4 vendues dans le monde depuis la première génération apparue en 1994, on peut dire sans forcer le trait que l’A4 est un best-seller d’Audi. Et en se réinstallant à bord de cette 5ème génération – très fortement restylée en 2020 – on veut bien comprendre pourquoi. Certes, l’espace à bord est un peu juste aux places arrière, tout comme la capacité du coffre (495 litres), l’A4 figurant parmi les petits breaks, comme les BMW Série 3 ou Mercedes Classe C. En clair, mieux vaut se limiter à 4 occupants pour ne pas trop se serrer. Et l’interface homme-machine est moins « techno » que dans les derniers modèles, où le tout-numérique semble dicter sa loi. Mais faut-il s’en plaindre ? Objectivement, pas du tout !

Cette A4 est encore suffisamment moderne pour flatter le geek qui sommeille en vous avec son cockpit virtuel paramétrable à la définition irréprochable, mais aussi avec son nouveau écran central tactile à très haute résolution réservé à l’infodivertissement, pilotable du bout des doigts, en lieu et place de la molette jadis placée sur la console. Et puis il y a encore tous ces bons vieux boutons, faciles à trouver et intuitifs à manipuler, bien plus que ces touches sensitives qui inondent désormais nos planches de bord. Ici, tout s’apprivoise en quelques minutes, y compris les touches placées à portée de doigts sur le volant multifonction. En quittant la capitale, toujours plus encombrée grâce aux géniaux plans d’urbanisation sortis du cerveau malade d’Anne Hidalgo, je regarde rêveur l’autonomie annoncée par l’ordinateur de bord qui affiche près de 1000 km avec le gros réservoir de 54 litres (option gratuite, sinon 40 litres de série). Un rayon d’action plus qu’appréciable, supérieur d’un bon tiers par rapport à un bloc essence de puissance comparable. Et face à une électrique, même au top de la technologie, on se mord la langue pour ne pas pouffer de rire !

Le jeu des 1000 bornes

Calé aux 130 km/h réglementaires, l’A4 avale dans un confort ouaté le ruban autoroutier. Dans ces conditions optimales, sur le plat, la consommation moyenne n’excède pas les 6 litres aux cent. Et même en forçant l’allure, à des vitesses inavouables hors des frontières allemandes, l’appétit de notre A4 demeure étonnamment toujours parfaitement maîtrisé, en restant sous les 9 l/100 km. Mais qui peut le plus, peut le moins, et en arpentant le réseau secondaire, à des moyennes bien plus raisonnables, mon A4 se montre aussi frugale qu’un chameau, le système « roue libre » permettant de gratter encore 0,3 l/100 km. Le mariage avec la boîte S-tronic à 7 rapports et double-embrayage paraît toujours optimal, cette dernière dégainant à chaque fois la bonne vitesse au bon moment, le tout avec une réactivité et une douceur incomparables. Des paramètres bien sûr ajustables grâce aux multiples modes de conduite offerts par l’Audi Drive Select.

Côté amortissement, l’A4 sait aussi se distinguer en mixant dynamisme et confort. C’est goulûment que ce break aux mœurs pourtant familiales avale chaque virage. Etonnamment, la voiture semble presque virer à plat, annulant les prises de gite dans les phases d’appui. Pour ajouter au plaisir de conduite, on peut compter sur une direction précise et informative, mais aussi sur un freinage efficace et plein de mordant. Pour ne rien gâcher, ce 2.0 TDI est, lui aussi, un bon compagnon de route. Certes, il n’a pas l’allonge d’une sportive S4, mais il fait plus que se défendre. Il est vrai que lors du restylage, il est passé de 150 à 163 ch, tandis que le couple a carrément gagné 60 Nm de couple pour culminer à 380 Nm disponibles dès 1500 tr/mn ! Même si toute la puissance est distribuée sur les seules roues avant, il n’y a guère de remontée de couple, et les accélérations se montrent suffisamment fortes pour dispenser un véritable plaisir de conduite, en abattant le 0 à 100 km/h en 8,5 sec, tandis que les 223 km/h sont à sa portée. Pas mal du tout pour un « petit » mazout d’entrée de gamme !

L’avis d’Avus

Si l’on est loin d’arriver aux 4,1 l/100 km annoncés par Audi en consommation mixte, force est de reconnaître qu’il est tout à fait possible de rester sous les 6 l/100 km en prenant soin d’adopter au quotidien une forme « d’écoconduite ». Et vous ne consommerez guère tellement plus en roulant normalement, sans contrainte. Au-delà de cette belle frugalité, très appréciable en ces temps où le litre de carburant va dépasser celui du Pétrus, il convient aussi de souligner l’agrément de conduite dispensé par cet équipage, mais aussi le bonheur de faire un plein en à peine 10 minutes, pause-pipi comprise, vous permettant de repartir pour un périple d’un millier de kilomètres. Ce n’est pas demain la veille qu’une voiture électrique proposera ce confort, cette liberté. Et les rejets de CO2 étant limités à 100 g/km (jusqu’à 109 g/km selon configuration), vous serez dispensé de malus. De quoi mieux accepter un prix rondelet fixé à partir de 56 055 €…

On aime

Ligne toujours aussi agréable
Présentation intérieure, qualité de construction
Agrément moteur-boîte
Consommation maîtrisée

On aime moins  

Places arrière un peu étriquées
Prix élevé
Trop d’options « obligatoires »
Bientôt honteusement bannie de certaines villes !

Caractéristiques techniques : Audi A4 Avant 35 TDI 163 ch

Moteur : 4 cylindres en ligne, turbo diesel common rail, 1968 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 163 à 3250
Couple (Nm à tr/mn) : 380 à 1500
Transmission : aux roues avant
Boîte : S-tronic à 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés
Pneumatiques : 245/40 R 18
L x l x h (m) : 4,76 x 1,84 x 1,46
Coffre (mini/maxi, litres) : 495
Réservoir (litres) : 54
Poids à vide (kg) : à partir de 1615
Conso mixte (l/100 km) : 4,1
Rejet de CO2 (g/km) : 100 – 109
0 à 100 km/h (sec) : 8,5
Vitesse maxi (km/h) : 223

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