Difficile de se démarquer dans la jungle urbaine, encombrée par une multitude de citadines. Avec la singulière Citycarver, Audi a peut-être trouvé la solution, son A1 prenant de la hauteur et des airs de SUV. Un droit à la différence revendiqué et assumé…
Par Thomas Riaud, photos Thomas Riaud
En bref
Version baroudeuse de l’A1
Pas de transmission intégrale disponible
Version 30 TFSI (3 cyl. 1.0 115 ch)
Prix : 34 110 € (à partir de)
En Europe, et en particulier en France où les rejets de CO2 automobiles sont devenus une obsession virant à la pathologie mentale, les citadines, par nature petites, légères et souvent dotées de moteurs modestes, sont naturellement avantagées, et donc sur-représentées. Et sur ce segment, les français, habitués depuis des décennies déjà à devoir composer avec une fiscalité automobile confiscatoire, sont devenus de véritables champions, les Renault Clio et Peugeot 208 étant les reines de la catégorie. Un succès mérité dans la mesure où ces modèles brillent par leur réelle polyvalence.
Il faut dire qu’en l’espace de 30 ans, on est passé à des modèles matures, affichant désormais une longueur légèrement supérieure aux 4m de long, soit plus qu’une Golf de première génération qui était pourtant considérée en 1974 comme une berline compacte ! C’est donc sur ce marché très concurrentiel où doit batailler la petite A1, un modèle d’entrée de gamme chez Audi jugé pas assez rentable, qui sera abandonné lors de son renouvellement, d’ici quelques années (horizon 2026). Pourtant, l’A1 avance des arguments qui lui sont propres, en haussant le curseur dans bien des domaines histoire de justifier des prix bien plus élevés que chez ses rivales. Ainsi, avec la Mini, l’A1 est la seule à abattre la carte du premium.
Deustche Qualität ?
Inutile de tourner autour du pot : cet avantage n’est pas assez perceptible d’après nous lorsque l’on voit les prix pratiqués. Comparé à la première génération d’A1, qui était une vraie réussite, avec une multitude de détails qui respiraient la qualité Audi, cette seconde et dernière mouture déçoit. Une VW Polo d’ancienne génération était mieux finie ! Audi a fait des économies « bout de chandelle » inacceptables à ce niveau tarifaire. Quelques exemples ? Soulevez le capot, et en lieu et place de vérins hydrauliques prend place une simple tige métallique, digne d’une Dacia. Et la fixation du radiateur, ou même de la calandre spécifique, moulée dans un grossier plastique, ne respire pas vraiment la fameuse « Deustche Qualität » ! Plus gênant est la qualité perçue à bord, indigne d’une Audi. Si les ajustages, le grain, et même le « moussé » de la coiffe de la planche de bord font illusion, on déchante vite en regardant les parties basses ou les contre-portes, moulées dans du plastique rigide. On trouve cela aussi « bien » sur une Seat Ibiza ou une Skoda Fabia, vendues pourtant près de 30% moins cher !
Là où la petite A1 se distingue en bien, c’est au niveau de l’électronique embarquée, de très haut niveau, et assez exceptionnelle pour la catégorie… à condition de cocher les bonnes options. Pouvoir bénéficier du fameux cockpit virtuel est une véritable chance (2175 €), tant ce combiné à affichage variable se montre efficace et convaincant. Et il vient en complément d’un autre grand écran, tactile celui-là, pouvant atteindre 10,1 pouces en finition Design Luxe. Et il sert par ailleurs à la caméra de recul. Enfin, dernier regret par rapport à l’ancienne A1, l’impossibilité de recourir à la transmission intégrale quattro. Une singularité réservée jadis à la version de pointe (231 ch), la dernière mouture devant se contenter, au mieux, de seulement 200 ch. Bien sûr, l’usage d’une telle transmission ne se justifie pas vraiment sur notre version 30 TFSI, animée par un sage 3 cylindres 1.0 de 115 ch, forcément plus recommandable que la version de base 25 TFSI de 95 ch. Mais cela aurait été cohérent de pouvoir en bénéficier, au moins en option, surtout sur cette inédite déclinaison baroudeuse Citycarver qui dispose d’une garde au sol rehaussée de 5 cm (35 mm de suspension et 15 mm de flanc de pneus). Ainsi nanti, ce modèle aurait été sans nul doute fort apprécié dans les régions montagneuses… et bien au-delà, en se posant comme une alternative crédible au petit SUV Q2, vendu bien plus cher…
Bombe urbaine
Reprenons. L’A1 est donc compacte (4m04), chose logique puisqu’elle navigue dans la catégorie très disputée des citadines polyvalentes. Mais en a-t-elle l’étoffe ? Sans se montrer aussi généreuse qu’une Renault Clio en habitabilité, on peut dire que oui, du moins si l’on se limite à 4 occupants, la place centrale arrière restant symbolique. Quant au coffre, à défaut de séduire réellement par sa capacité (335 litres), un peu juste pour embarquer une poussette, il offre au moins des formes « carrées » le rendant pratique à l’usage. Dès le démarrage, notre A1 peine à cacher la présence d’un 3 cylindres sous le capot, ce bloc à la sonorité caractéristique n’étant pas exempt de vibrations. Mais à l’usage, du moins en ville, il séduit par son allant en se libérant dès 1700 tr/mn. Un peps forcément très appréciable (200 Nm de 2000 à 3500 tr/mn), notamment en ville, une jungle hostile où notre bombe urbaine se comporte à merveille. Il faut dire qu’elle est en cela bien aidée par une boîte S tronic à 7 rapports assez réactive, même si elle manque un peu de progressivité au démarrage ! Forcément, à l’épreuve de la route, notre petite A1 perd un peu de sa superbe, mais rien de rédhibitoire cependant.
Il est vrai qu’avec le recul, on peut se dire que cette A1 encore assez légère (1140 kg) a (presque) l’étoffe d’une ancienne GTI, à une époque où la première Golf se contentait, elle aussi, de 110 ch. Mais la réalité s’arrête à ce petit clin d’œil historique car, dans les faits, notre petite A1 n’a rien d’une sportive. Si elle peine à effacer l’exercice du 0 à 100 km/h en restant sous les 10 secondes (9,9 sec !), sa vitesse de pointe fixée à 198 km/h se montre en revanche plus convaincante. Evidemment, en naviguant à ces altitudes, n’espérez pas consommer 6,1 l/100 km comme l’annonce Audi, mais tablez plutôt sur 7,5 l/100 km. Un appétit que l’on pourrait qualifier de raisonnable sur une berline de la catégorie supérieure, mais qui pour le coup nous paraît excessif avec une aussi petite cylindrée. C’est l’un des paradoxes des blocs modestes : la puissance et le couple étant limités, on a tendance à « tirer » dessus plus que de raison, ce qui se ressent sur les consommations ! Un grief qui incite à oublier l’entrée de gamme 25 TFSI et à se tourner vers un moteur plus volontaire… sauf que les 35 TFSI (150 ch) et 40 TFSI (200 ch) ne sont pas disponibles sur la Citycarver. Audi a trouvé une autre parade pour faire grimper immanquablement les prix. Proposer une longue liste d’options qui sont en fait des équipements souvent « obligatoires », du moins si l’on veut avoir une vraie Audi.
L’avis d’Avus
Pas donnée pour la catégorie, l’Audi A1 l’est encore moins lorsqu’elle se pare de l’habit de baroudeuse Citycarver, puisqu’elle réclame un effort financier de 1500 € supplémentaires. Cela fait cher la garde au sol surélevée avec des arches de roues et une calandre spécifiques en plastique ! Au-delà de cet aspect d’ordre purement cosmétique, on peut néanmoins se féliciter que cette A1 « verte » s’affiche également près de 4000 € moins cher qu’un Q2, à dotation et motorisation équivalentes, ce qui en fait du coup presque une affaire. Mais tout est une question de point vue ! Car pour ainsi dire, il est clair que cette A1 Citycarver ne propose au final qu’un plumage plus qu’un réel ramage, puisque techniquement elle n’apporte rien de particulier. Pour faire le beau dans votre quartier il faudra juste accepter de payer le prix fort pour parvenir, avec une certaine réussite il faut l’admettre, à se démarquer sensiblement de l’A1 « normale » du voisin…
On aime
Look de petit crossover séduisant
Compromis confort- tenue de route
Intérieur « techno »… si on y met le prix !
On aime moins
Trop d’options chères et obligatoires !
Consommation élevée
Détails finition indignes !
Pas de gros moteurs ni de quattro disponibles
Caractéristiques techniques : Audi A1 30 TFSI
Moteur : 3 cylindres turbo essence, injection directe, 999 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 116 à 5 000
Couple (Nm à tr/mn) : 200 à 2 000
Transmission : roues avant
Boîte : S-tronic 7
Freins : 4 disques (ventilés à l’avant)
Conso mixte (litres) : 6,1
L x l x h (m) : 4,04 / 1,75 / 1,45