Audi A5 Sportback 40 TDI : En « vert » et contre tout

La mode est aux engins hauts sur pattes, ces fameux SUV, alimentés au mieux, à l’essence, au pire, à l’électricité. Tout le contraire de notre A5 Sportback, une 40 TDI qui carbure, comme son nom le laisse supposer, au diesel !

Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller

En bref
Version Sportback de l’A5
Base d’Audi A4
Version 40 TDI (2.0 204 ch)
Prix (à partir de) : 64 990 € – Prix du modèle essayé : 75 165 €

Notre monde est plein de paradoxes. Et le marché automobile en est un sacré révélateur. En effet, l’époque est à la chasse au gaspi, pour réduire coûte que coûte les consommations et, par corolaire direct, les rejets de CO2, ce qui devrait logiquement favoriser la multiplication des voitures basses et bien profilées, aussi légères que possible. Au lieu de cela, on voit la prolifération d’engins hauts et lourds, donc naturellement peu efficients, surtout qu’ils se voient en plus plombés par l’emport de plus en plus de systèmes d’aides à la conduite, sans oublier la présence de lourdes batteries, l’électrification partielle ou totale devenant de plus en plus la norme. Une absurdité qui prend de plus en plus la forme d’imposants SUV, ces lourds engins étant déclinés à toutes les sauces, à tous les formats. D’où l’impérieuse nécessité de s’orienter, au contraire, vers une auto présentant l’exacte contraire. En la matière, un élégant coupé-berline se pose comme le parfait antidote à cette inflation galopante. Chez Audi, outre la très élitiste A7 Sportback, il existe un modèle tout aussi séduisant et bien plus abordable, l’A5 Sportback. Une voiture qui, vous allez le voir, parvient à réunir le meilleur des deux mondes…

Car sur la forme, ce coupé-berline de 4m75 de long fait son petit effet. On reconnait les traits caractéristiques du sublime coupé A5, avec ses optiques acérées coiffées par ce capot plongeant, surmonté en son centre d’un « power dôme », un enflement synonyme de puissance, souligné par des lignes de force. Et à propos de ligne, on remarquera celle qui court en ondulant légèrement sur les flancs au niveau des ailes, un gimmick très caractéristique, déjà présent sur la toute première A5 (déjà déclinée en Sportback en 2009), l’ultime chef d’œuvre signé par le maître Walter De Silva, autrefois responsable du style Audi. Enfin, en tant que version Sportback, on saluera la parfaite intégration de 2 portes arrière supplémentaires par rapport au coupé, privées naturellement d’encadrement de vitre, mais aussi celle d’un hayon, qui descend en pente douce vers la poupe. Voilà pour la forme, absolument remarquable. Car pour le fond, cette A5 Sportback se fait plus roturière, ou du moins pas aussi élitiste qu’elle ne tente de le paraître, puisqu’elle repose sur une base technique d’Audi… A4 ! Châssis, trains roulants, moteurs et boîtes sont issus de la petite familiale Audi.

Etre ou paraître ?

Etre ou paraître, telle semble être donc la question… Mais à cela, notre A5 Sportback répond « et pourquoi pas les deux ? ». C’est vrai ça, pourquoi choisir entre fromage et dessert si on peut tout avoir ? C’est du moins la promesse faite par ce modèle un brin décalé par rapport à la classique A4, vraiment irrésistible dans cette livrée autant classe qu’originale baptisée « vert District », une option parfaitement mise en valeur par le pack esthétique noir (livré de série en S line) qui mérite bien un effort de 1060 €. D’ailleurs, notre superbe modèle d’essai ne se refuse pas grand-chose, comme ses grandes jantes optionnelles de 20 pouces, le toit ouvrant électrique ou la hifi Bang & Olufsen. L’intérieur est au diapason, en recevant une superbe sellerie mixant le cuir et l’alcantara, tandis que les contre-portes et la planche de bord se parent d’appliques en carbone véritable, une autre coquetterie qui réclame, là encore, un effort supplémentaire de 1000 €. En partant d’un prix de base déjà élevé, fixé à 64 990 € en version 40 TDI dans cette très avantageuse finition S line (54 650 € en finition de base), ça a de quoi agacer. Mais bon, il paraît que « le prix s’oublie, la qualité reste ! ». Alors…

Ce qui est sûr c’est que, au-delà du fait que l’on se sente bien à bord, y compris aux places arrière, signe que ce « coupé » n’a rien d’égoïste, la vue de l’autonomie annoncée en mettant le contact, supérieure à 900 km avec un plein, a de quoi réjouir. J’ai soudainement une pensée émue pour ceux qui roulent en électrique et qui estiment, à tort d’après moi, qu’un rayon d’action de 350 km constitue une forme de progrès technologique. Surtout qu’il faut envisager, dans le meilleur des cas, de prendre au moins 30 minutes pour retrouver 80% d’autonomie. La bonne blague ! Rien de tout ça avec cette A5 Sportback 40 TDI, un milieu de gamme qui en a déjà sous le pied, puisque doté d’un 4 cylindres 2.0 turbo diesel de 204 ch. Sans avoir la moindre velléité sportive, ça commence à faire, et pour ne pas se faire trucider par le malus, Audi a trouvé une parade efficace. En effet, depuis le léger restylage opéré début 2020, une micro hybridation 48V est désormais au menu. En plus d’apporter un léger coup de « boost » lorsqu’on sollicite l’accélérateur, ce petit moteur électrique alimenté par une batterie permet surtout de substantielles économies de carburant. Bon, toujours très optimiste, Audi annonce 4,5 l/100 km en moyenne. Vous ne croyez plus au Père Noël ? Notre ordinateur de bord non plus, puisqu’il annoncera un plus réaliste 7,9/100 km !

Le marathon plus que le sprint

Forcément, près de 8 l/100 km, ça peut paraître beaucoup, et objectivement, on s’attendait à mieux. Mais rétrospectivement, nous avons toujours conduit cette auto de façon assez dynamique, bien souvent au-dessus des limitations en vigueur sur les voies rapides, sans jamais se soucier de la consommation. Gageons qu’une conduite « éco-responsable » de bon père de famille modifierait complètement la donne, faisant chuter la consommation d’au moins 1,5 l/100 km. Un exercice a priori facile à faire, le couple maximum de 400 Nm étant délivré dès 1750 tr/mn, ce qui permet d’éviter de tirer exagérément sur les rapports, la convaincante boîte S tronic à 7 vitesses gérant par ailleurs tout cela très bien d’elle-même. Toute cette disponibilité presque immédiate, c’est là que le diesel garde tout son intérêt sur l’essence, en consommant du coup, à puissance et conduite identique, 2 à 3 litres de moins. Du coup, on peut largement envisager de ne « refueler » que tous les 750-800 km en roulant normalement.

C’est sans doute là le plus grand tour de force de ce coupé familial, qui se sent plus l’âme d’un marathonien que d’un sprinteur. Car si malgré une masse à vide approchant les 1700 kg ce 2.0 fort en couple sait dispenser de belles accélérations (0 à 100 km/h en 7 sec), assez en tout cas pour effectuer un dépassement en toute sécurité, on est bien sûr encore loin de la fulgurance d’un modèle S ou RS, même si les 241 km/h chrono sont à sa portée. Pas mal pour un mazout ! Le tout en totale sécurité, la transmission intégrale quattro étant ici du voyage. Alors certes, cette A5 Sportback n’a donc rien de véritablement sportif, mais au final, elle représente tout ce que l’on attend d’une auto de Grand Tourisme, en étant capable de couvrir sans effort de longues distances, le tout à bon rythme…

L’avis d’Avus

Autant élégante qu’originale, mais sans renier les aspects pratiques, cette A5 Sportback fait avec brio le lien avec le plus égoïste coupé A5 et la traditionnelle berline A4. Et si cette version 40 TDI n’a rien de véritablement sportif, malgré sa puissance supérieure à 200 ch, elle n’en demeure pas moins performante et très plaisante à l’usage. Et suffisamment sobre pour effectuer, sans s’arrêter, des étapes de près de 800 km. Dommage que, comme trop souvent chez Audi, elle fasse payer ses nombreuses qualités au prix fort…

On aime

Ligne séduisante
Aspects pratiques non sacrifiés
Agrément moteur-boîte
Autonomie

On aime moins

Moteur un peu rugueux
Ergonomie GPS peu intuitive
Tarifs peu amicaux

Caractéristiques techniques : Audi A5 Sportback 40 TDI S-tronic

Moteur : 4 cylindres turbo diesel common rail 1968 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 204 à 3800
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 400 à 1750
Transmission : aux 4 roues (quattro)
Boîte S-tronic à 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés, ABS
Pneus : 225/40 R 18
Dimensions (L x l x h) en m : 4,75 x 1,84 x 1,38
Poids à vide (kg) : 1690
Coffre (litres) : 480
Réservoir (litres) : 58 litres
Performances
0 à 100 km/h (sec) : 7,0
Vitesse maxi (km/h) : 241

Avus:
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