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Audi 100 Avant quattro 2.2 136 ch : Fille du vent

L’Audi 100 « C3 type 44 » est née empiriquement suite à des tests poussés en soufflerie. Il en résulte cette forme lisse et épurée, vrai manifeste pour un aérodynamisme poussé à l’extrême. Une forme magnifiée lorsqu’elle se prolonge à travers la très élégante version break Avant…

Par Thomas Riaud, photos Thomas Riaud

En bref
Troisième génération d’Audi 100 (C3 type 44)
Modèle lancé en 1982
Version essayée : break Avant quattro 5 cyl. 2,2 136 ch
Nombre de modèles produits (toutes versions) : 921 084 exemplaires

Au début des années 80, Audi est passé dans une autre dimension, grâce aux succès glanés en rallyes par la fantastique quattro. La marque aux anneaux est devenue enfin « bankable », et pour dégager de fortes marges, Ferdinand Piëch a l’excellente idée de généraliser cette technologie révolutionnaire, en la déclinant sur tous les modèles de la gamme, y compris jusque sur la petite 80. Il va de soi que l’Audi 100, qui bataille sur le segment des routières va, elle aussi bénéficier de cette « démocratisation » dans ses versions hautes. C’est en août 1982 qu’est lancée cette nouvelle voiture à la carrosserie audacieuse, disponible dans un premier temps uniquement qu’en berline trois volumes. Ce style soigné dans les moindres détails, étonnant avec ces portes affleurantes ou cette proue d’une parfaite fluidité, est garant de consommations maîtrisées, cheval de bataille des constructeurs en ces lendemains de choc pétrolier. Ce qui est sûr, c’est que cette nouvelle 100 « C3 type 44 » de 3ème génération détonne vraiment face aux formes plus rugueuses offertes par les concurrentes. Audi n’a rien laissé au hasard, l’ensemble ne présentant aucun appendice ou aspérité pouvant ralentir la voiture. Même la peinture a savamment été étudiée en laboratoire pour permettre un meilleur écoulement de l’air ! La nouvelle Audi 100 est d’ailleurs si novatrice avec son style effilé taillé pour fendre la bise (Cx de 0,30 !) qu’elle peut se permettre d’embarquer des moteurs bien modestes, qui parviennent malgré tout à faire le job.

Grâce à une masse pour le moins réduite, légèrement supérieure à la tonne sur les finitions d’entrée de gamme, Audi se contente de proposer un 5 cylindres 1.8 à carburateur de… 75 ch ! Malgré cette puissance pour le moins limitée, l’Audi 100 toise les 170 km/h bien lancée ! Evidemment, pour gagner en agrément et en performances (et dégager de plus fortes marges !), Audi va déployer une vaste gamme de moteurs plus puissants. Ainsi, un cran au-dessus prend place un 5 cylindres 2.0 de 100 ch, en guise de cœur de gamme. Après, on entre enfin sur le segment du haut de gamme, à forte valeur ajoutée, ce qui est notamment le cas de la 2.2 de 136 ch. Un moteur noble, bien plus fréquentable que le très agricole 5 cylindres de… 70 ch, peinant à lancer l’auto à plus de 150 km/h ! Tout ceci n’est qu’un prélude à un festival de nouveautés et d’améliorations constantes qui permettront à notre grande Audi de s’adjuger le titre envié de « voiture de l’année ». Car dès 1983, le constructeur augmente légèrement la puissance de ses 5 cylindres essence (respectivement 90, 115 et 138 ch), tandis qu’une 100 Turbo Diesel de 87 ch, lointain ancêtre du TDI, deviendra vite la coqueluche des gros rouleurs en faisant une entrée remarquée au catalogue.

Voiture de l’année

Mais l’année 1983 voit aussi et surtout l’arrivée de la version « Avant » qui nous intéresse. Avec son long porte-à-faux arrière et son hayon fortement incliné, ce grand break de 4m79 de long à la poupe fuyante joue à fond la carte de la fluidité et du dynamisme, et se pose aux antipodes de ce que propose habituellement la concurrence. On est bien loin de l’image un peu ingrate du break « sac à dos », limite utilitaire ! Audi a compris qu’il existait également une clientèle huppée, soucieuse de son image, qui recherche aussi des aspects pratiques pour le quotidien et les loisirs. Car si les sacs de Golf ne sont pas livrés de série, Audi pense à tout, y compris à judicieusement intégrer une petite banquette « dos à la route » pliable et escamotée dans le plancher du coffre, permettant d’embarquer 2 enfants de plus ! Et à partir de 1984, l’Audi 100 se fait pleinement mâture et irrésistible, en gagnant enfin la transmission intégrale quattro. C’est l’ingrédient magique qui lui permet de vraiment se distinguer de ses rares rivales. Un élément qui change tout, qui équipe le sublime exemplaire de 1986 qui illustre ces pages. D’ailleurs, pour bien promouvoir cette technologie encore balbutiante, Audi n’hésite pas à l’écrire en toutes lettres, sur l’imposante vitre qui habille le hayon arrière. Une vitre scindée en deux, par la présence d’un gros aileron, signe qu’une aérodynamique soignée concerne aussi la traînée.

A l’époque, Audi simplifiait les choses en déclinant ses gammes en trois niveaux de finition, répartis (par ordre croissant) en CC, CS et CD, notre exemplaire étant un milieu de gamme. Milieu de gamme, peut-être, mais force est de constater que cette Audi a déjà bien « tout d’une grande », et pas seulement par sa taille généreuse ! A bord, l’essentiel est bien présent, et on est séduit dès l’ouverture des portes par le sérieux qui se dégage de cet habitacle ; Plastiques épais parfaitement ajustés, mais aussi selleries robustes taillées dans du velours de qualité composent un univers où il fait manifestement bon vivre. Et côté instrumentation, difficile de faire plus clair et lisible, avec des compteurs à fonds noirs, garnis de chiffres de taille généreuse. Et si la clim est aux abonnés absents, notre Audi profite tout de même de quelques éléments de confort bienvenus, dont la direction assistée, des vitres et rétroviseurs électriques ou le verrouillage centralisé. Il y a même la radio-cassette Blaupunkt pour écouter le dernier tube de Scorpion ! Allez, on met ses Convers, son blouson Naf-Naf, et on saute derrière le volant de notre Audi 100 !

De 0 à « 100 »… en Audi Avant !

Dès les premiers tours de roue, ce grand break séduit par la souplesse offerte par son moteur, mais aussi par son timbre. Ah, c’est sûr, ce 5 cylindres Audi a quelque chose de vraiment particulier et il est difficile, quand on aime les belles mécaniques, d’y rester insensible. Souple dès les plus bas-régimes, il sait aussi faire preuve d’allant lorsque l’aiguille escalade avec entrain le compte-tours, jusqu’aller tutoyer aisément les 6000 tr/mn. Là, notre grande familiale tombe le masque en dévoilant un tempérament bien trempé que l’on ne soupçonnait pas jusqu’à présent.

Certes, on n’est pas non plus « collé » aux sièges, mais grâce à un poids contenu à seulement 1210 kg, soit encore bien moins qu’une Clio actuelle, les accélérations sont franches, linéaires et progressives. Et même sur chaussée un peu humide, on peut accélérer franchement sans arrière-pensée, la transmission intégrale quattro assurant parfaitement le job, en distribuant toute la puissance sur les 4 roues. Après, c’est sans effort que ce grand break se laisse naturellement mener, la direction assistée étant précise et directe, tout comme le guidage de la boîte manuelle à 5 rapports. On prend du coup rapidement confiance, et on se lâche un peu, cette Audi pouvant sans peine accrocher les 200 km/h chrono, ce qui lui permettait, à l’époque, de figurer parmi les références du segment. S’il fallait lui trouver des défauts, je dirais que l’amortissement ne filtre pas très bien les aspérités de la chaussée, en se montrant un peu raide sur les raccords et autres irrégularités, ce qui nuit au confort. Et oui, là on mesure bien les progrès accomplis par Audi dans ce domaine. A l’époque, pour gagner en tenue de route, Audi montait des amortisseurs tarés fermes. Et pour gagner en confort, le constructeur s’en remettait à des suspensions plus souples… quitte à perdre alors en tenue de route. En clair, entre sport ou confort, il fallait choisir !

L’avis d’Avus

Avec cette grande berline 100 très aérodynamique au look incroyablement fluide et épurée, Audi a su marquer favorablement les esprits et séduire une nouvelle clientèle, avide d’un design sobre et moderne, qui va à l’essentiel. Et le sublime dérivé break Avant a su apporter une touche de chic encore jamais vue dans la catégorie, tout en préservant les aspects pratiques. Mieux, en version quattro avec le gros 5 cylindres, cette Audi très chic orientée vers les loisirs se distinguait par son agrément de conduite et son extraordinaire polyvalence. Une alchimie peu courante, proposée par le Range Rover et quelques rares engins vendus déjà au prix fort à l’époque, qui a aussi contribué à tirer Audi un peu plus vers le premium. Je dirai même plus « à aller de l’Avant » !

Mille mercis à François Bacquet, grand amateur de beaux youngtimers, pour la mise à disposition de sa sublime 100 Avant quattro afin de réaliser ce reportage !

On aime

Ligne avant-gardiste et valorisante
Qualité de fabrication
Habitabilité
Qualités routières
Moteur souple et agréable

On aime moins

Suspensions un peu fermes
Versions d’entrée de gamme sans agrément
Très rare en bel état

Caractéristiques techniques : Audi 100 Avant quattro (C3, type 44)

Moteur : 5 cylindres en ligne, injection, 2226 cm3
Puissance (ch à tr/mn) : 136 à 5600
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 188 à 4800
Transmission : aux 4 roues
Boîte mécanique à 5 rapports
Freinage AV / AR : disques ventilés à l’avant, tambours à l’arrière
Pneus : 185/70 R 14
Dimensions (L x l x h) en m : 4,79 x 1,81 x 1,42
Poids à vide (kg) : 1210
Performances
Vitesse maxi (km/h) : 200

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