A la fin des années 90, Audi bénéficie déjà d’une bonne image, en étant crédible tant sur le marché du premium que sur celui des sportives. Seul écueil, un design encore jugé bien sage par certains, qui manque de sex-appeal. En commercialisant l’incroyable TT, Audi lance un formidable camouflet à tous les détracteurs…
Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller
En bref
Audi TT de première génération
Version roadster de 2001
Moteur 1.8 turbo de 180 ch
Exemplaire en vente chez Audi Bauer Paris Charles de Gaulle !
Pour moi, clairement, il y a eu pour Audi un « avant » et un « après » TT. D’ailleurs, je m’en souviens comme si c’était hier. Je marchais tranquillement dans la rue d’un beau quartier de Paris sous un soleil radieux, quand, soudain, je l’ai vu garée de l’autre côté de la rue. Je me suis arrêté. Net. Pupilles dilatées, rythme cardiaque accéléré, j’ai traversé la rue pour aller admirer de près cet incroyable galet gris métallisé qui luisait sous les rayons du soleil. Ses formes, rondes et galbées, ne présentaient aucune aspérité, et cette ligne tendue et musclée, d’une pureté extrême, semblait vouloir aller de l’avant, même à l’arrêt. Jamais une voiture ne m’avait fait cet effet-là, et il me paraissait évident que j’étais en présence d’un monument du design, qui allait faire date. Même son nom m’intriguait : un énigmatique « TT », deux lettres identiques qui faisaient écho à la quasi-symétrie de ses lignes. Et en tournant autour je découvris pour le moins étonné qu’il s’agissait d’une Audi.
D’après moi, voici le moment précis où le constructeur aux Anneaux est devenu une marque vraiment branchée et tendance. D’ailleurs, plus qu’une simple voiture, le TT a dicté au reste de la gamme la marche à suivre, à commencer par l’A6 du moment qui s’est elle aussi convertie à ces formes épurées, avec les feux affleurants. Chef de file du renouveau stylistique d’Audi, le TT est vite devenu LE modèle à avoir, en étant plébiscité tant par les passionnés de belles automobiles, que par les frimeurs invétérés. Mais ce coupé au style révolutionnaire n’est pas qu’une jolie figure de mode. Car pour attirer les sportifs et les esthètes, le TT a su monter en puissance, à travers sa palette de moteurs bien sûr, mais aussi en tombant le haut, pour se décliner presque un an plus tard en un tout aussi sublime roadster. Eternel dilemme impossible à trancher : entre coupé et roadster, lequel est le plus beau ? Je me garderai bien de répondre, chacun ayant sa (forte) personnalité, l’idéal étant de ne pas avoir à choisir… et donc d’avoir les deux ! Mais bien souvent un cruel choix s’impose, et au moment de se lancer, il y a de quoi légitimement se laisser tenter par le roadster, à la symétrie des lignes peut-être encore plus parfaite et évidente que sur le coupé lorsqu’il est décapoté. En tout cas, face au sublime exemplaire qui illustre ces pages, il y a légitimement de quoi se poser la question. Et de se laisser faire…
Toile de maître
L’exemplaire en question est l’une des pépites dénichées et remises en état par la branche Audi Tradition de Bauer Paris, autant dire un exemplaire immaculé, « plus neuf que neuf » ! Et s’il ne s’agit pas d’un très recherché V6 3.2, ni même d’un plus classique « quattro », nous ne bouderons pas notre plaisir, cette version de 2001 étant dotée du pétillant 1.8 turbo de 180 ch, bien plus véloce que le modèle de 150 ch d’entrée de gamme, à réserver en priorité aux amateurs de balade tranquille. Sur la forme, entre ces 2 variantes, rien ou presque ne permet de les distinguer, excepté le discret liseré rouge qui souligne à l’arrière les lettres « TT ». Présenté en parfait état d’origine, cet exemplaire peint d’une superbe livrée « vert Steppe » a encore conservé ses jantes « parabole » caractéristiques, autant de détails que le puriste remarquera, et qui contribuent à renforcer l’authenticité de cet exemplaire. Et sa beauté, chose qui se confirme à l’ouverture des portes, la sublime sellerie cuir tirant avec subtilité sur le vert de la carrosserie.
Même si monter à bord d’un TT Mk1 ne constitue plus une découverte pour moi tant j’ai eu la chance de parcourir des milliers de kilomètres à son bord, avec d’innombrables versions, je reste toujours aussi favorablement surpris par la qualité de la finition, déjà de très haut niveau, avec ses plastiques moussés, très bien assemblés. Mais ce TT me séduit aussi et surtout par le soin apporté au moindre détail. Jamais une Audi n’est allée aussi loin dans ce domaine, pas même la supercar R8 ! Ici, les poignées de portes, le cerclage des buses d’aération et même les aiguilles de compteurs sont stylisées. Et je ne peux que saluer la présence d’éléments en aluminium véritable qui rehaussent encore la qualité perçue, comme la trappe estampillée « TT » qui s’abaisse pour masquer la radio, mais aussi les inserts qui courent jusque sur la boite à gants, le cerclage du levier de vitesses ou encore la trappe à carburant un brin vintage d’aspect, clairement inspirée du monde de la course. Car pour ceux qui ne le sauraient pas encore, le sigle « TT » fait référence à la célèbre course de motos du Tourist Trophy, disputée jadis par NSU, l’une des marques qui allait contribuer à former la galaxie Auto Union, puis Audi. Voilà pour la parenthèse historique. En ce qui me concerne, je savoure l’instant présent, déverrouille (manuellement) la capote, appuie sur une commande électrique pour la rabattre, puis une fois le couvre-chef rangé, je m’élance. Carpe Diem…
Tomber le haut
C’est toujours un égal plaisir que de conduire, une nouvelle fois, un TT de première génération. Et franchement, si on ne le savait pas, bien malin qui pourrait dire qu’une base technique de Volkswagen Golf Mk3 (et première A3) se cache sous cette robe affriolante. Cela ne s’arrête pas qu’au châssis, puisque ça concerne aussi les mécaniques, placées transversalement. Heureusement, Audi a procédé à un tri pour ne retenir que le meilleur. De ce point de vue, même si le 1.8 turbo 20v de 180 ch introduit à partir de novembre 1998 n’est pas le moteur le plus recherché, ce bloc à double arbre à cames en tête constitue pourtant une très bonne alternative entre le modeste dérivé de 150 ch, et la plus convoitée version quattro (220 ch) lancée en juillet 1999, certes encore plus performante (et efficace avec la transmission intégrale), mais bien plus chère. C’est du moins ce que je me dis en (re)découvrant ce fringuant TT roadster, qui n’a rien perdu de sa superbe.
Les commandes restent d’une surprenante modernité, et tout est parfaitement calibré : la direction assistée, précise et directe, les freins, qui offrent une bonne sensation à la pédale, et le moteur, souple à bas-régime, mais toujours prompt à prendre les tours. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit de dire que ce roadster sait décoiffer, puisqu’il couvre le 0 à 100 km/h en 7,8 sec, et parvient à accrocher les 223 km/h. Le surplus de poids au niveau du châssis du roadster, nécessaire pour rigidifier l’ensemble, pénalise quelque peu les performances par rapport au coupé (respectivement 7,4 sec et 223 km/h), mais il en reste bien assez pour se faire plaisir.
« Plaisir », voilà, le mot est lâché, et c’est assurément la vocation première de cette Audi qui, sans se montrer difficile à vivre, sacrifie quelque peu les aspects pratiques sur le reste. Ici, comparé au coupé, il n’y a pas de places d’appoint à l’arrière, et le coffre est encore plus riquiqui, en se limitant à seulement 180 dm3 d’emport. Mieux vaut prévoir de voyager léger à son bord ! Au chapitre des rares critiques, on regrette que la boîte manuelle ne comporte pas un sixième rapport, et on ressent naturellement quelques remontées de couple dans le volant, signe de la bonne santé de la mécanique lorsqu’on la cherche ! Et je pourrais aussi regretter l’effet de pompage généré par des suspensions trop souples lorsque l’on roule sur un mauvais revêtement, signe tangible qu’à l’époque, Audi n’avait pas encore atteint la maîtrise dont il fait preuve aujourd’hui.
L’avis d’Avus
Si conduire un TT de première génération ne constitue pas une surprise en soi, cela reste malgré tout un authentique plaisir, y compris avec ce « simple » 1.8 turbo de 180 ch, signe que cette voiture vraiment à part, bien née dès sa naissance, a su placer le curseur partout là où il fallait. Et n’en déplaise aux designers actuels, parfois en mal d’inspiration à force de devoir dessiner des SUV et autres enclumes, mais ce TT était, est, et restera, un acte de bravoure question style. Raymond Loewy disait que « la laideur se vend mal ». Audi aura vendu 265 445 exemplaires. Il devrait bien y en avoir un pour vous…
Mille mercis à Audi Bauer Charles de Gaulle Paris (01 85 74 30 00) pour la mise à disposition de ce sublime TT roadster qui est proposé à la vente.
On aime
Ligne sublime !
Futur collector
Traitement habitacle
Agrément de conduite
Cote encore raisonnable
On aime moins
Quelques plastiques fragiles
Remontées de couple dans volant
Amortissement trop souple
Devient rare en bel état d’origine
Caractéristiques techniques : Audi TT roadster 1.8T 180, 2001
Moteur : 4 cylindres en ligne, 20v, 1781 cm3, transversal
Alimentation : à injection multipoints+ un turbo
Puissance maxi (ch à tr/mn) : 180 à 5500
Couple maxi (Nm à tr/mn) : 235 à 1950
Transmission : aux roues avant, boîte mécanique à 5 rapports
Freins : 4 disques (ventilés à l’avant), répartiteur de freinage, ABS.
Dimensions (L x l x h) en m : 4,04 x 1,76 x 1,35
Empattement (en m) : 2,42
Poids (kg) : 1310
Pneus (AV / AR) : 205/55 WR 16
Performances
Vitesse maxi (km/h) : 223
0 à 100 km/h (sec) : 7,4