Audi A3 40 TFSIe : A voile et à vapeur !

Gros débat en perspective ! Votre prochaine voiture, vous la prendrez en essence ou en électrique ? A moins que ce soit une hybride rechargeable. Une technologie alternative qui présente bien des atouts… et des faiblesses.

Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller

En bref
Version hybride rechargeable de l’A3, 40 TFSIe
Moteur 1.4 TSI de 150 ch + électrique de 55 kW (204 ch en cumulé)
Batterie de 13 kWh
Autonomie en électrique de 45 km « dans la vraie vie »
Prix (à partir de) : 38 680 €

Face aux normes toujours plus folles dictées par Bruxelles, les constructeurs n’ont d’autre choix que d’électrifier à tour de bras leurs modèles pour éviter de lourdes amendes. Un artifice qui permet de baisser drastiquement les consommations moyennes durant les tests d’homologation – et donc les fameux rejets de CO2 sur lesquels sont indexés les malus – tout en préservant des niveaux de puissance attractifs. Audi n’échappe pas à cette règle, et développe massivement la technologie hybride. Mais pas que l’hybridation simple, totalement sans contrainte au quotidien, puisque constituée souvent d’un alterno-démarreur avec une petite batterie lithium-ion qui se recharge toute seule en roulant. Pour échapper au méchant malus, cela ne suffit plus et,  désormais, il faut recourir aux hybrides rechargeables, une technologie apparue en 2014 et baptisée chez Audi TFSIe (et non plus e-tron), qui n’est plus réservée qu’aux seuls gros SUV. Qu’est-ce que ça change ? Beaucoup de choses !

Bon, d’un point de vue esthétique, rien ou presque ne change, et c’est heureux. Seule différence notable par rapport à une A3 Sportback normale : la présence d’une trappe logée dans l’aile avant, indispensable pour recharger la batterie. Car contrairement à une hybride légère, la recharge se fait ici nécessairement sur secteur, au moyen du câble spécifique qui est rangé dans une housse, mais qui reste privé de rangement dédié dans le coffre. Dommage, surtout ce que ce dernier voit sa capacité réduite à seulement 280 dm3 (au lieu de 380 dm3) à cause des batteries. En tout cas, au moment de recharger, mieux vaudra privilégier une borne rapide, ou à minima une « wall-box » dédiée pour le faire ! Une sérieuse contrainte à laquelle il est indispensable de se plier quotidiennement, sans quoi tous les bénéfices promis par cette version TFSIe s’envolent. Car ne pas recharger, reviendrait à avoir un beau voilier que l’on ferait fonctionner… uniquement avec le moteur thermique !

Politique du « en même temps »

Mais le problème, c’est qu’à trop vouloir jouer comme certains politiques la carte du « en même temps », en voulant préserver l’agrément incomparable du thermique, tout en offrant une vraie autonomie en électrique, Audi prend le risque de passer à côté de ses objectifs en livrant une auto qui n’offre finalement qu’un pâle compromis. Comme ce fut d’ailleurs déjà jadis le cas lorsque notre première A3 électrifiée se nommait encore « e-tron », une appellation désormais réservée aux seuls modèles 100% électriques. Depuis 2014, on aurait pu légitimement espérer que cette technologie progresse sensiblement. Pourtant, sur le papier, il n’en est… rien ! En version 40 TFSIe, l’A3 hybride rechargeable fait toujours confiance à un seul 1.4 essence de 150 ch, secondé par une machine électrique de 55 kW (75 ch), pour délivrer la même puissance cumulée de 204 ch (une 45 TFSIe de 245 ch est aussi disponible) ! Même la boîte est inchangée, puisqu’on retrouve une S-tronic à 7 rapports.

Seule modification notable, la capacité brute de la batterie passe de 8,8 à 13 kWh, permettant à l’autonomie électrique de progresser de 50 à 78 km. Enfin ça, c’est dans la magie et le monde merveilleux de l’ancien cycle d’homologation NEDC. Car dans le cycle « Avus », bien plus proche de la réalité, on se rend compte qu’il est difficile d’espérer parcourir plus de 45 km en tout électrique en partant avec une batterie chargée à bloc, et en mixant ville et voies rapides dans la limite de 110 km/h. Un rayon d’action bien moindre que celui annoncé par le nouveau cycle WLTP (de 59 à 67 km selon niveau d’équipement), mais qui peut s’avérer suffisant pour bon nombre d’utilisateurs, coutumiers de courts trajets quotidiens. Et qui ont, rappelons-le, la possibilité de recharger facilement sur une borne publique (ou une Wallbox installée à domicile), ce qui prend tout de même 4 heures et 20 minutes pour une recharge complète !

Prime à la douceur

Forcément, en partant avec la batterie chargée à bloc, en mode « EV », on a la « surprise » de rouler dans une A3 très silencieuse, où sa douceur de fonctionnement fait des merveilles en ville. Sur ce point, notre A3 Sportback se montre infiniment plus agréable que sa sœur thermique, en présentant une absence totale de vibration, et en dispensant de belles accélérations, digne d’une voiture… électrique. Pour un peu, on en viendrait presque à apprécier les encombrements parisiens ! Seul bémol, un amortissement voulu un peu plus ferme par le constructeur pour digérer les 1635 kg à vide de ce modèle, soit 240 kg de plus tout de même qu’une A3 35 TFSI « normale » de 150 ch. Mais avouez qu’acheter une berline compacte de ce niveau pour se traîner lamentablement en ville, ce serait gâcher.

En quittant la métropole par les voies rapides, on se rend vite compte que l’autonomie électrique fond comme neige au soleil. Pour tenter de la préserver au maximum, il n’y a guère de miracle : il faut nécessairement jouer le jeu de l’écoconduite en essayant de garder le pied le plus léger possible sur l’accélérateur. Fort heureusement, cette A3 « écolo » a été conçue dans ce but, et les modes de conduite disponibles sont de précieux alliés pour vous seconder. La touche « EV » permet de choisir le mode le plus approprié (100% électrique, hybride, maintien de charge ou recharge en roulant ce qui est très énergivore !), d’autres réglages vous aidant à optimiser la récupération d’énergie. D’ailleurs, sachez que même « batterie vide », il en reste toujours suffisamment en réserve pour vous permettre de démarrer en électrique (à très faible allure stabilisée). Et pour vous aider à optimiser votre consommation, le Digital Cockpit Plus (de 12,3’’ au lieu de 10,25’’), à affichage spécifique, est un précieux allié.

Electro…choc !

Vous trouvez tout cela bien compliqué ? Pour faire simple, sachez qu’à l’usage, c’est encore le bien-nommé mode « auto » qui reste le plus pertinent. Il gère tout, tout seul, et il le fait plutôt bien. En se situant dans l’espace et en lisant les panneaux, il tient notamment compte des limitations de vitesse pour optimiser votre conduite, en vous incitant à utiliser le mode « roue libre » au maximum, tout en amplifiant au besoin le frein-moteur pour récupérer de l’énergie… et donc recharger la batterie. Bon, l’exercice a ses limites, car une fois que la batterie est vide, on retrouve des valeurs de consommation qui n’ont rien d’extraordinaire, avec un bon 8 l/100 km sur autoroute, et près de 6,7 l/100 km en parcours urbain. Le réservoir étant ici plus petit (40 litres), cela réduira votre autonomie à seulement 450 km. Franchement, une A3 35 TFSI de 150 ch fait mieux, et on ne parle même pas d’une version diesel, nettement plus efficiente encore… et agréable à l’usage !

Mais le plus préjudiciable est peut-être le prix à payer pour accéder à toute cette technologie « propre ». Là encore, sur le papier, on peut trouver ça acceptable, Audi facturant cette A3 Sportback TFSIe à partir de 38 680 €, auquel il convient d’ôter 2000 € de bonus. Au final, payer un peu plus de 36 000 €, cela reste donc acceptable… sauf que pour ce prix, Audi propose une version indigente qui n’intéressera personne ! Vous n’aurez pas de GPS intégré (ni Androïd-Auto ou Apple CarPlay), et il faudra vous contenter d’une présentation assez chiche se contentant de modestes jantes de 16 pouces. Pour éviter ces écueils, il n’y a pas d’autre choix que de se tourner vers des finitions plus huppées, et attention, les tarifs grimpent alors en flèche ! Comptez 41 830 € en Design, 47 380 € en Design Luxe ou 46 480 € pour la plus dynamique S line. Ceci ne vous dispense pas, par ailleurs, de recourir à une liste d’options  longue comme le casier judicaire d’un « jeune de quartier sensible » comme dit l’expression consacrée, au point de se retrouver vite avec une facture flambant à plus de… 50 000 €. Oups, dis tonton, pourquoi tu tousses ?

L’avis d’Avus

Alors oui, pour ceux qui se cantonnent à de petits trajets quotidiens et qui ont la possibilité, à chaque fois, de recharger facilement la batterie, rouler dans une telle A3 hybride rechargeable sera réellement économique et écologique, et cela peut avoir du sens. Encore faudra-t-il accepter d’en payer le prix fort, et là, on trouve qu’Audi prend un peu ses clients pour des gogos. Car le constructeur aux Anneaux semble avoir oublié que cette A3 TFSIe a d’encombrantes sœurs technologiques dans le tentaculaire groupe Volkswagen, qui sont vendues sous d’autres labels, à des prix bien plus réalistes ! C’est le cas de la Golf e-Hybrid facturée près de 6000 € moins cher, ou de la séduisante Seat Leon e-Hybrid, moins chère de… 11 000 €. Avouez que pour avoir 4 anneaux sur la calandre, cela commence à faire beaucoup…

On aime
Douceur de conduite en ville
Autonomie électrique correcte
Qualité de fabrication flatteuse

On aime moins
Prix prétentieux
Dotation de base indigne
Poids élevé, coffre réduit
Rivales directes bien moins chères !

Caractéristiques techniques : Audi A3 Sportback 40 TFSIe
Moteur : 4 cylindres de 1395 cm3 + moteur électrique 55 kW
Puissance (cumulé) : 204 ch
Couple maxi (cumulé) : 350 Nm
Transmission : aux roues avant
Boîte S-tronic à 7 rapports
Freins : 4 disques ventilés, ABS
Pneus : 225/40 R 18
Dimensions (L x l x h) en m : 4,34 x 1,82 x 1,43
Poids à vide (kg) : 1635
Coffre (litres) : 280
Réservoir (litres) : 40 litres
Performances
0 à 100 km/h (sec) : 7,6
Vitesse maxi (km/h) : 227 (140 km/h en mode électrique)
Rejets de CO2 (gr/km) : de 24 à 31 selon dotation

Avus:
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