Encore un SUV de plus ? Pas que, dans la mesure où l’inédit Q4 e-tron, qui ne « carbure » qu’à l’électricité, a l’ambition de fédérer à sa cause un large public, en s’affichant à des prix plus « démocratiques »…
Par Thomas Riaud, photos Tibo
En bref
Modèle inédit s’intercalant entre le Q3 et le Q5
SUV compact 100% électrique
Version essayée « 40 e-tron » (204 ch)
Prix (à partir de) : 48 700 €
Mois après mois, Audi poursuit le développement de sa gamme électrique, un impératif pour rentrer dans les clous fixés par Bruxelles afin d’éviter de lourdes amendes. Et bien sûr, cette électrification à marche forcée se fait au détriment du moteur thermique mis, depuis, au banc et accusé de tous les maux. Une plongée dans l’inconnu plus que contestable de notre point de vue, mais que nous nous devons de couvrir. Mais même dans le monde merveilleux et encore restreint (mais en pleine expansion, Audi annonçant 20 modèles électriques d’ici 2025) de la voiture électrique, les lignes bougent. Notamment grâce aux progrès techniques et la mise en place de certaines synergies, qui permettent de rendre plus attractives la voiture électrique.
Preuve en est cet inédit Audi Q4 e-tron qui, comme son patronyme l’indique, vient judicieusement combler le vide laissé entre le Q3 (4m49) et le Q5 (4m69). Il est vrai qu’avec une longueur de 4m59, le Q4 remplit cet objectif, et fait même davantage en proposant un design élégant et travaillé, avec des lignes marquées soulignant les passages de roue. D’ailleurs, d’ici quelques mois, il sera même possible de profiter (pour 2000 € de plus) d’une variante Sportback à l’allure plus dynamique encore. Et comme sur toute voiture électrique qui se respecte, la calandre est « pleine », tandis que le roues peuvent recevoir des jantes au design très aérodynamique. Après, sur le fond, le Q4 e-tron propose une technologie déjà vue ailleurs, puisqu’il se pose comme le frère technique du Volkswagen ID.4 et du Skoda Enyaq (et bientôt Cupra El Born).
Gamme à tiroir
La gamme se déploie donc en 3 versions développées à partir de la plate-forme MEB, avec en entrée de gamme un « 35 e-tron », disponible en simple propulsion (une première sur une Audi de grande série !), affiché à partir de 42 800 € (hors bonus maximal de 6000 €). On est loin de l’élitiste SUV e-tron lancé voilà 3 ans (et vendu tout de même à 100 000 exemplaires dans le monde malgré un prix approchant les 100 000 €), ou de la plus exclusive encore e-tron GT, affichée près de 140 000 € minimum. Sur le papier, c’est bien, mais pas sûr que la modeste batterie de 55 kWh qui est vendue avec ce modèle d’attaque (avec un moteur synchrone arrière de 170 ch) parvienne au final à séduire beaucoup de clients, l’autonomie n’excédant pas les 300 km, chose rédhibitoire pour un SUV familial, fût-il compact. Nul doute que le gros des ventes se fera avec notre version d’essai « 40 e-tron » (dès 48 700 €), dotée d’un moteur arrière offrant une puissance de 204 ch, associée à une batterie plus généreuse de 77 kWh. De quoi autoriser 472 km d’autonomie en WLTP, mais comptez plutôt sur 280 km à 130 km/h sur autoroute et un rayon d’action de 350 km environ en parcours mixte, ce qui est déjà plus acceptable. Et pour ceux qui voudraient rester fidèles au quattro, et profiter de plus de puissance encore, Audi propose une version haut de gamme « 50 e-tron », dotée cette fois de 2 moteurs (un par essieu), pour délivrer quelques 300 ch, tout en bénéficiant d’une plus grosse batterie (82 kWh). Une version haut de gamme affichée minimum 65 700 €, qui ne peut donc profiter du moindre bonus écologique (plafonné dans la limite de 60 000 €, ce qui peut se comprendre).
Dans tous les cas, le Q4 dispose d’un coffre profond de 520 litres (1490 litres en break), avec un double fond bien pratique pour ranger les câbles. Dommage en revanche qu’il n’y ait aucun espace de rangement sous le capot avant, celui-ci abritant au mieux une pompe à chaleur, bien utile pour économiser de l’énergie mais facturée en option à 1160 €. Fidèle à sa réputation, ce Q4 séduit de prime abord par sa finition avec ses joints épais, ses contre-portes rembourrées à l’avant… mais pas à l’arrière ! Il en va de même de la finition, flatteuse sur les parties supérieures, mais bien plus critiquable sur les parties basses, signe qu’Audi fait de plus en plus d’économies mal placées. Une dérive constatée depuis la dernière A1 qu’il va falloir impérativement rectifier si le constructeur veut justifier ses tarifs toujours aussi élevés.
Car en se privant de moteurs essence uniques et performants, affichant un vrai savoir-faire, Audi n’a plus le monopole des dernières technologies, les compteurs numériques à affichages variables (cockpit virtuel) ou le GPS a réalité augmentée étant même désormais disponibles sur le dernier Skoda Enyaq. Pour se consoler, on peut compter sur une ergonomie bien pensée, avec une inédite console flottante comportant le levier de vitesses et la présence de boutons « à l’ancienne », utiles pour régler notamment la climatisation. A noter qu’un écran tactile de 11,6 pouces (à haute définition), très intuitif, vient en complément. La banquette arrière, en 3 parties, se montre un peu raide au niveau de la place centrale, mais grâce à un empattement généreux de 2m76, le Q4 offre une belle habitabilité pour 5 personnes. Et ce SUV dispose de nombreux espaces de rangement, dont un astucieux porte-bouteille intégré à portée de main dans les portes avant.
Silence, ça tourne !
Comme dans toutes les Audi, on retrouve la touche magique « Drive Select » permettant de naviguer dans divers menus (Efficiency, Confort, Dynamique et Individual), bien utile pour configurer sa conduite. Et cela prend tout son sens si on bénéficie de la suspension pilotée, vraiment très bien à l’usage, mais hélas optionnelle. Il en va de même du vitrage acoustique avant (410 €) mais aussi, plus surprenant, des airbags latéraux avant et arrière (420 € !). Heureusement, le volant multifonctions (à double méplat !) est de série, et outre un rayon de braquage extrêmement réduit (10,2 m), on a particulièrement apprécié la présence de palettes au volant, utiles au quotidien pour obtenir du frein-moteur tout en forçant le freinage régénératif, permettant de récupérer de l’énergie et recharger (un peu) la batterie. Car il en faut des watts pour mouvoir ce Q4, qui est lourd (2125 kg). Cela se ressent sur les accélérations, avec un 0 à 100 km/h couvert en 8,5 sec (comme le VW ID.4 de même puissance), tandis que la vitesse limitée est à 160 km/h, C’est relativement peu mais pas trop frustrant à l’usage (et bon pour le permis !), même si ça reste loin derrière un Volvo XC40 Recharge ou d’un Tesla Model Y qui marchent plus fort.
Au-delà de cet aspect, le très silencieux et reposant Q4 40 e-tron séduit par son bon comportement routier, presque dynamique, et son freinage convaincant, malgré la présence de… tambours à l’arrière. Côté consommation moyenne, en roulant sur de nombreuses portions à 110 km/h en vitesse stabilisé, ce Q4 aura réclamé 21 kWh aux 100 km, ce qui laisse augurer une autonomie réelle d’un peu moins de 380 km environ. C’est mieux que la plupart des électriques, et cela ouvre de nouvelles perspectives pour l’utiliser presque comme une voiture normale, mais on reste loin de l’autonomie offerte par une voiture thermique, notamment un diesel ! Et au moment de refaire le « plein », vous pourrez recharger à 80% en à peine 30 minutes sur réseau Ionity (80 stations en France), mais prévoyez plutôt… 8h sur du courant alternatif ! Quant au prix, fixé à partir de 48 700 € (42 700 € bonus déduit), cela nous paraît assez cohérent rapporté aux prestations.
L’avis d’Avus
Bien sûr, les freins objectifs à la voiture électrique restent nombreux et bien réels, comme une obsolescence programmée, du fait des rapides progrès technologiques en matière de batteries. Et au-delà d’une autonomie toujours trop juste, il faut avouer que recharger en dehors de sa wall-box installée chez soi reste souvent un parcours du combattant. Car entre un déploiement insuffisant de bornes publiques, un réseau parfois indisponible et une jungle tarifaire rendant souvent plus cher une recharge qu’un plein de carburant, il y a légitimement de quoi hésiter ! Après, si tous ces freins ne vous rebutent pas et que vous vous sentez l’âme aventureuse d’un pionnier, cet Audi Q4 constitue, sur le segment, l’un des engins électriques les plus pertinents. Son léger surcoût de 1200 € par rapport au VW ID.4 nous paraît justifié (ergonomie plus simple et meilleure finition), mais le très récent Skoda Enyaq, encore plus grand et moins cher, bien que partageant la même base technique, fait encore mieux !
On aime
- Style séduisant
- Habitabilité, présentation
- Rapport prix-prestation intéressant
- Autonomie correcte (hors autoroute)
On aime moins
- Autonomie trop juste sur autoroute
- Temps de recharge hors réseau Ionity
- Quelques mesquineries d’équipement
- Détails de finition
- Concurrence redoutable de Skoda !
Audi Q4 40 e-tron
- Moteur : électrique synchrones à aimants permanents (sur essieu AR)
- Batterie : lithium-ion (77 kWh).
- Puissance maxi (ch) : 204 ch (5 CV)
- Couple maxi (Nm à tr/mn) : 310
- Transmission : aux roues arrière
- Freins : Disques ventilés (AV), tambours (AR)
- Dimensions L x l x h (m) : 4,59/1,86/1,63
- Poids (kg) : 2125
- Volume du coffre (litres): 520
- Pneus AV/AR : 225/50 R 19
- Vitesse maxi (km/h) : 160
- 0 à 100 km/h (sec) : 8,5
- Autonomie (WLTP) : 472 km
- Émissions CO2 (g/km) : 0