Les bandits de grands chemins, on les connaît bien ! Ils sont généralement planqués au bord des routes, avec une « boite à images », à attendre le pauvre voyageur un peu trop pressé. Mais en matière de « dandy des grands chemins », Audi a inventé un genre bien plus fréquentable, incarné par cette A6 Allroad…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Déclinaison Allroad de l’A6 Avant
Quatrième génération d’Allroad
Version 50 TDI (V6 3.0 de 286 ch)
Prix (à partir de) : 65 810 € (en 45 TDI de 231 ch)
Ces derniers temps, j’ai la désagréable impression que le métier de journaliste automobile se cantonne à n’essayer que des SUV, et de surcroît, de plus en plus d’entre eux sont électrifiés. Bref, voilà que des « déplaçoirs », certes très fréquentables dans l’absolu, mais qui sont aux antipodes de ce qu’un passionné automobile peut rechercher. Et il n’y a pas que les sportives dans la vie ! En ce qui me concerne, en matière d’engin « off-road », j’aime soit les authentiques 4×4 – un genre en voie de disparition encore plus menacé que le Rhinocéros blanc – ou bien les breaks tout chemin. Ces derniers, assimilés le plus souvent à des « crossover », n’ont pas les capacités de franchissement des premiers, mais ils compensent largement cet écueil en offrant un réel confort et des qualités dynamiques bien supérieures, assez proches de celles des classiques berlines.
Et si l’Audi la plus séduisante de la gamme était cette A6 Allroad ? On ne le pense pas, on en est sûr !
Le tout sans se départir d’une réelle élégance et de certaines capacités d’évasion. En clair, ces breaks de baroudeurs promettent un singulier grand écart, pour offrir le meilleur des deux mondes. Et dans ce domaine, Audi fait figure de pionnier depuis plus de 20 ans avec son improbable A6 Allroad, un grand break luxueux qui ne craint pas de quitter l’asphalte des grandes avenues. Tient-il toutes ses promesses ? C’est ce que nous allons vérifier à travers l’essai longue durée de cette puissante déclinaison 50 TDI, motorisée par un noble V6 3.0 de 286 ch. De quoi envisager de vivre une belle aventure en première classe…
L’aventure en première classe
Depuis 1999, date de son apparition, l’A6 Allroad a posé quelques jalons dans le monde des breaks tout chemin, et elle s’y tient. La preuve avec cette 4ème et ultime génération, qui reprend avec succès les ingrédients d’une recette toujours aussi savoureuse. Outre une garde au sol surélevée de 30 mm (soit 14 cm de garde au sol en position basse, et plus de 20 cm en position haute), ce grand break de près de 5 mètres de long (4m95) se distingue du « tout-venant » en gagnant des élargisseurs d’ailes (pouvant être peints couleur carrosserie), mais aussi des barres de toit et des boucliers spécifiques intégrant des sabots protecteurs en aluminium. Même la calandre a droit à un traitement spécifique, en adoptant des lames verticales. Cela peut paraître peu, mais ça suffit pourtant à transfigurer l’A6 Avant et à lui donner un vrai look de baroudeur. Tant mieux, car il s’agit accessoirement pour Audi de justifier – à finition et motorisation égales – un surcoût non négligeable de près de 6500 € !
Bien qu’étroitement dérivée de l’A6 Avant, l’A6 Allroad cultive sa propre personnalité et offre une alternative séduisante aux SUV.
Fort heureusement, aussi probant soit-il, ce surcoût ne se limite pas qu’à un simple traitement cosmétique. A ce sujet, on aurait aimé qu’Audi fasse preuve de la même imagination pour repenser l’intérieur, qui est ici calqué sur l’A6 « normale ». En clair, il n’y a rien à dire au niveau de la finition millimétrée ou de l’ergonomie, mais cela manque quelque peu d’exclusivité. Pour être à la hauteur de son « label Allroad », notre grand break reçoit en revanche d’office quelques équipements qui font la différence. C’est le cas de la transmission intégrale quattro, mais aussi, en plus d’un contrôle de traction en descente (opérationnel jusqu’à 30 km/h), d’un mode « off-road » dédié, accessible depuis l’Audi Drive Select. Celui-ci permet notamment de jouer sur la hauteur de la garde au sol, dont l’amplitude peut varier sur plus de 6 cm. Un « miracle » que l’on doit à la présence de la suspension pneumatique, un raffinement très appréciable livré là encore d’office, qui permet d’avoir, de surcroît, un confort digne d’une limousine A8 ! Mais pas que, la suspension pneumatique aidant à conserver une assiette constante, même en forte charge, tout en jugulant le roulis dans les virages. En clair, cette A6 Allroad promet entrée, plat, dessert, café ET digestif !
Canif Suisse automobile
En quittant les encombrements permanents de la capitale, je suis surpris de constater que ce grand break pour le moins imposant se laisse conduire le plus paisiblement du monde, du bout des doigts. Dans le plus grand confort d’ailleurs, la suspension pneumatique gommant les pavés, tandis que la boîte automatique Tiptronic fait preuve d’une douceur incomparable en égrenant promptement ses 8 rapports. En fait, dès le parking souterrain, cette A6 peinte d’un original « vert Gavial » a su me cueillir et me surprendre. Y compris par son agilité, les roues arrière directrices n’étant pas étrangères à ce sentiment. Autant vous le dire : voilà le genre d’option qui change vraiment la vie au quotidien, et pas seulement pour manœuvrer à faible allure ! Car ces mêmes roues directrices apportent également un gain sensible en agilité dans les virages, une chose que je ressens clairement en attaquant les courbes de la fameuse N118 permettant de remonter vers Vélizy. D’ailleurs, je perçois de nombreuses autres choses, comme la force tranquille distillée par ce V6. Avec 286 ch et un couple costaud de 620 Nm, il offre une bonne mesure pour déplacer énergiquement les 2020 kg de l’ensemble, en effaçant le 0 à 100 km/h en seulement 5,9 secondes. Oui, vous avez bien lu, voilà des valeurs dignes d’une bonne GT !
Accessoirement, cette version 50 TDI présente un parfait compromis dans la gamme, constituée par ailleurs que de nobles V6, signe du positionnement résolument haut de gamme de ce break baroudeur. Outre un anecdotique 55 TFSI de 340 ch cloué au pilori par le malus, c’est paradoxalement en V6 diesel que notre A6 Allroad trouve son bonheur, en débutant à partir de 65 810 € avec un « modeste » 3.0 de 231 ch (version 45 TDI). Et au sommet de la gamme se pose une incroyable version 55 TDI, nantie du moteur de 349 ch de la fantastique S6, qui fait exploser la facture à plus de 85 000 € minimum… hors options et malus. Bien sûr, faut-il le préciser, tous ces TDI sont dotés d’une micro-hybridation alimentée par un réseau de bord 48V, permettant de multiplier au maximum les phases de « roue libre » (en vitesse stabilisée ou à la décélération), pour économiser quelques dés à coudre de carburant. Sage précaution, car malgré sa masse et sa taille importantes, ce grand break incite à conduire plus ou moins sportivement, ce qui se ressent sur la consommation. En conduite apaisée, n’espérez pas consommer moins de 8,5 l/100 km (ce qui reste remarquable pour un engin de cette catégorie !), et en « artillant » sagement sur des petites routes, la moyenne flambe vite au-delà des 12 l/100 km. Rassurez-vous, grâce à un réservoir de grande capacité (73 litres), les arrêts à la pompe restent rares.
L’A6 Allroad reçoit d’office la transmission intégrale quattro et une suspension pneumatique permettant de faire culminer la garde au sol à près de 20 cm. Autant d’atouts appréciables en franchissement !
Terminons par traîner dans la boue ce grand break haut de gamme. Attention, loin de moi l’idée d’injustement le dénigrer comme le ferait un bobo-écolo parisien de base (pléonasme !), mais je parle juste de le tester, au sens propre, en tout-terrain. Quitte à le salir ! Chemin creux, montées escarpées et même passage de gué, nous ne lui avons rien épargné, et c’est avec la même satisfaction que cette A6 Allroad a triomphé de chaque obstacle. La transmission quattro, finement calibrée, fait des merveilles, bien secondée par des aides électroniques efficaces… et une garde au sol assez haute pour enjamber sereinement les trous et les bosses. Quant au V6, sa puissance confortable fait le reste, permettant de passer presque partout sans forcer, sur un filet de gaz. On n’en attendait pas moins d’un tel modèle d’exception, facturé minimum 80 170 € avec ce moteur. Oui, c’est cher, très cher même, et clairement, si ce break est bien « tout-chemin », il n’est pas franchement « tout public »…
L’avis d’Avus
Excepté le prix très élevé, qui a de quoi calmer les plus motivés d’entre nous, difficile de trouver objectivement des défauts à cette incroyable A6 Allroad qui sait vraiment tout faire, et elle le fait plus que bien ! Belle, exclusive, discrète, habitable, confortable, rapide, de surcroît assez économique et capable d’évoluer en terrain difficile, l’A6 Allroad est l’équivalent d’un canif Suisse automobile. Voilà enfin une alternative crédible aux SUV ! Et accessoirement, c’est d’après moi l’Audi la plus séduisante de toute la gamme. Si je devais n’en choisir qu’une, c’est celle-ci que je prendrais !
On aime
- Polyvalence incroyable
- Look chic et suggestif
- Agrément moteur – boite
- Performances élevées
- Consommations maîtrisées
- Qualité de construction
- Amortissement
On aime moins
- Prix décourageant !
- Intérieur identique à une A6 « normale »
- Encombrement – poids
Caractéristiques techniques :
Audi A6 Allroad 50 TDI
- Moteur : 6 cylindres en V turbo diesel, 24v, 2967 cm3
- Puissance maxi (ch à tr/mn) : 286 à 3500
- Couple maxi (Nm à tr/mn) : 620 à 2250
- Transmission : aux 4 roues (quattro avec Torsen), boîte Tiptronic à 8 rapports
- Freins : Disques ventilés, étriers à 4 pistons (AV et AR)
- Dimensions L x l x h (m) : 4,95/1,90/1,47
- Poids (kg) : 2020
- Volume du coffre (litres) : 565
- Pneus AV/AR : 235/50 R 19
- Vitesse maxi (km/h) : 250
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,9
- Conso mixte (l/100 km) : 7,4
- Émissions CO2 (g/km) : 199