« Etre ou paraître, telle est la question ! ». Jusqu’à présent, les SUV avaient choisi leur camp, en privilégiant logiquement les aspects pratiques à l’esthétique. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore, au point de voir éclore de nombreuses variantes « coupé ». Le Q5 succombe à cette mode et se décline désormais en Sportback…
Par Jack Seller, photos Thomas Riaud
En bref
Première déclinaison du Q5 en Sportback
Réservé avec les plus gros moteurs.
Surcoût de 2700 € par rapport au Q5 standard
Premier prix à partir de 58 300 € (40 TDI 204 ch)
Rester beau et musclé toute l’année, voilà un leitmotiv de plus en plus répandu ! Le plus incroyable est que les programmes minceur dont on nous rabâche les oreilles du matin au soir à la TV ou à la radio gagnent aussi nos automobiles, y compris les plus inattendues ! C’est ainsi que le très classique Q5, qui vient à peine d’être restylé, est désormais prié de soigner sa ligne. Cela passe par un sérieux coup de bistouri effectué par les chirurgiens plasticiens d’Ingolstadt, qui ont remodelé son popotin. Une opération devenue paraît-il indispensable pour briller sur une niche qui est devenue un marché, celui des SUV coupés, où figurent en bonne place les BMW X4 et Mercedes GLE Coupés, ses rivaux directs tout désignés. D’ailleurs, Audi table sur près de 50% des ventes avec cette nouvelle silhouette. Et accessoirement, cela permet au constructeur de combler à peu de frais un vide dans sa gamme en faisant le lien entre le plus compact Q3 Sportback et le gros Q8. Sans surprise, la face avant reste identique, et c’est d’abord de profil et de trois-quart arrière que ce Q5 Sportback se démarque.
Avec 367 ch de puissance cumulée, ce Q5 55 TFSIe offre des performances intéressantes malgré un poids très élevé.
Car contrairement au Q3 Sportback, qui bénéficie d’une carrosserie entièrement redessinée (à 80%), ce Q5 coupé reste finalement assez proche du modèle standard (4m69 de long soit 7 mm de plus), l’essentiel des modifications portant sur le dessin de la custode. Celle-ci est plus « elliptique », une forme naturellement épousée par le nouveau hayon, encore plus incliné. Dommage par ailleurs que l’épaulement des ailes arrière ne soit pas plus marqué. Mais au final, est-ce plus joli ? Si nous trouvons que cela sied bien au Q3, dans le cas présent, nous vous laissons seul juge. Ce qui est sûr, c’est que cette ligne plus dynamique a un impact direct sur la capacité du coffre, mais celui-ci sauve les meubles, puisqu’il n’est amputé que de 10 dm3 (510 dm3). Banquette rabattue, la perte est un peu plus prononcée mais reste là encore limitée, puisque la capacité chute à 1480 dm3, soit 40 dm3 de moins. Pas de quoi faire fuir les clients pour qui le look sportif et branché de ce Q5 prime sur tout le reste. Mais il faudra accepter de faire aussi des sacrifices financiers.
Positionné plus haut de gamme
Pour l’heure, seuls 3 moteurs et 3 finitions lui sont réservées (en plus du SQ5 de 341 ch), les plus haut de gamme, histoire de coller à sa silhouette sportive. Et à ses tarifs toujours élitistes, majorés de 2700 € par rapport aux Q5 standard, ce qui amène le premier prix à de hautes altitudes, au niveau de la concurrence. Comptez 58 300 € minimum pour repartir avec la version 40 TDI de 204 ch en finition « Design », le « petit » 35 TDI de 163 ch n’étant ici pas disponible (ni même la finition de base « Q5 »). En contrepartie, le Q5 Sportback renforce sa dotation de base, en proposant d’office la climatisation automatique tri-zone, mais aussi un hayon à ouverture (et fermeture) automatique, le régulateur de vitesse adaptatif, les feux à LED (et OLED à l’arrière avec signature lumineuse exclusive), la suspension sport ou les rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement. Au-delà du 40 TDI qui fera de nombreuses ventes, ce Q5 plus athlétique est proposé en version 50 TDI (V6 3.0 turbodiesel de 286 ch avec boîte Tiptronic, affiché à partir de 67 800 €), ou en 45 TFSI (essence donc) de 265 ch (avec boîte S-tronic, à partir de 60 500 €).
Bien que secondées par une micro-hybridation 48V, toutes ces motorisations sont désormais rattrapées par le malus, chose logique étant donné les niveaux de puissance, surtout que la transmission intégrale quattro est d’office du voyage. Enfin, côté finition, outre la « Design » d’entrée de gamme déjà mentionnée, la gamme compte la dynamique S line (avec tableau de bord numérique, GPS, caméra de recul), la finition haut de gamme Avus, plus cossue, se réservant en sus d’autres équipements, comme les sièges chauffants électriques. Dommage en revanche qu’à ce niveau de prix, les radars de stationnement restent en option, tout comme l’excellente suspension pneumatique adaptative, permettant de gagner en confort et de rehausser la garde au sol de 6 cm. Sauf si vous optez pour le très haut de gamme et sportif SQ5, qui se réserve le V6 diesel électrifié de 341 ch. Un must de technologie (et de plaisir !), facturé au prix fort (à partir de 83 500 €, hors malus de… 27 000 € minimum !).
Sur cette vue de profil, on voit tout le travail effectué par les designers sur la partie arrière, bien plus inclinée que sur le Q5 normal, situé au second plan.
Mais entre l’incontournable 2.0 diesel de 204 ch (40 TDI) et cette variante musclée élitiste plombée par le malus, il existe fort heureusement une alternative inédite que nous essayons ici : une 55 TFSIe. Il s’agit d’une hybride rechargeable PHEV qui, pour d’évidentes raisons fiscales (0 malus !), devrait sans surprise s’octroyer l’essentiel des ventes. Sur le papier, ce Q5 Sportback 55 TFSIe a de quoi faire saliver en offrant jusqu’à 367 ch (et 500 Nm). Enfin ça, c’est au mieux de sa forme, batterie de 17,9 kWh chargée à bloc, pour alimenter le moteur électrique de 143 ch, qui vient en renfort du 4 cylindres 2.0 TFSI de 265 ch. Un mariage heureux, qui accouche de performances flatteuses (0 à 100 km/h en 5,3 sec), tout en promettant un rayon d’action en mode électrique supérieur à 50 km (56 km en WLTP). Enfin ça, c’est la théorie. Dans la pratique, les choses sont plus nuancées…
Bien sous tous rapports
Car pour ce premier contact, nous sommes allés le tester sur les routes les plus exigeantes de France : celles de la Corse ! Sans surprise, en prenant place à bord, nous retrouvons un univers qui nous est désormais familier, que nous avons découvert lors de notre premier essai suite au restylage (voir Avus n°59). On a plaisir à s’immerger dans un habitacle vaste et bien agencé où règne une finition irréprochable, composée d’aluminium, de cuir et de plastiques moussés, très bien assemblés. A l’occasion du restylage, le Q5 s’est offert une remise à niveau technologique, qui profite bien sûr à ce dérivé Sportback. Il reçoit ainsi l’ultime version de l’interface média MIB 3, avec un grand écran central tactile, tandis que les dernières aides à la conduite sont de la partie (conduite semi-autonome, lecture automatique des panneaux, analyse prédictive en fonction du parcours…). Et nous ne nous plaindrons pas d’avoir encore affaire à des boutons physiques, tellement plus intuitif que le « tout tactile » adopté par certains. Seule différence notable, on trouve sur cette variante « à pile » une touche « EV », permettant de forcer le mode tout électrique, et un compteur spécifique, permettant de visualiser l’autonomie en électrique et en thermique. Au-delà de cet aspect, on se retrouve bien au volant d’un Q5 classique… sauf qu’on démarre batterie chargée à bloc, dans le plus grand silence, en mode électrique.
Avec la suspension pneumatique, le Q5 offre un confort de haut niveau, mais aussi une garde au sol variable autorisant quelques incursions en horspiste.
Un mode sélectionné par défaut permettant d’annoncer une consommation moyenne ridiculement basse de 1,8 l/100 km, pour des rejets de CO2 donnés à 42 g/km. Ca c’est bien sûr quand on roule au maximum en mode électrique, batterie chargée à bloc. Mais sur les sublimes routes de montagnes Corses, on a une conduite assez énergivore, si bien qu’au bout de 40 km, on roule majoritairement sur le bloc thermique. La consommation moyenne explose alors à 8,2 l/100 km, ce qui bien plus qu’annoncé, mais cela reste néanmoins acceptable. Mais attention, on flirte vite avec les 10 l/100 km, si on roule avec une batterie presque vide. Même dans ces conditions, la conduite n’a rien de désagréable, la voiture restant vive et faisant preuve d’une certaine agilité malgré le surplus de poids dû aux batteries (2150 kg !), mais la « caution écologique » en prend un sérieux coup. Vous l’aurez compris, se déplacer avec une hybride rechargeable n’a véritablement de sens que sur de petits trajets, en chargeant dès que possible (comptez 2h30 sur une borne rapide (7,2 kW), ou 8h sur une prise domestique). Mais a-t-on vraiment besoin d’un grand SUV familial pour effectuer de petits trajets ? La réponse est contenue dans la question…
L’avis d’Avus
L’intérêt de cette variante Sportback nous paraît assez limité. Il permet surtout à Audi de séduire une clientèle qui ne trouvait jusqu’à présent son bonheur que chez BMW et Mercedes (avec les X4 et GLC Coupé). On apprécie cependant que le constructeur n’ait pas sacrifié les aspects pratiques au détriment de l’esthétique, mais celle-ci reste d’après nous moins séduisante que sur le petit Q3 Sportback, qui bénéficie d’un style plus marqué encore. Après, côté technologie, cette version hybride rechargeable n’a véritablement d’intérêt que si on l’utilise régulièrement sur de courts déplacements, avec les batteries chargées. On préfèrera opter pour un classique bloc essence ou diesel, mais il faudra alors accepter de composer avec des malus plus ou moins dissuasifs en fonction du moteur sélectionné. Une manière honteuse de la part de l’Etat de faire une sorte de « vente forcée » de modèles hybrides pas vraiment pertinents…
On aime
- Comportement sûr
- Qualité de construction
- Moteur doux et agréable
- Bagage technologique « à la pointe »
- Vraie polyvalence (avec quattro et susp. pneumatique)
- Autonomie intéressante en mode électrique
On aime moins
- Prix prétentieux
- Trop d’options chères et « obligatoires »
- Place centrale arrière étriquée
- Recharge fréquente obligatoire pour ne pas surconsommer
- Poids élevé
Caractéristiques techniques :
Audi Q5 55 TFSIe quattro S line
- Moteur : 4 cyl. turbo essence à injection directe, 1984 cm3 + moteur électrique
- Puissance (ch) : 265 + 143 (367 ch en cumulé)
- Couple (Nm) : 500 (en cumulé)
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : boîte S-tronic à 7 vitesses
- Freins : 4 disques ventilés
- Pneumatiques (AV/AR) : 255/45 R 20
- L x l x h (m) : 4,69 x 1,89 x 1,66
- Réservoir (litres) : 54
- Batterie (kWh) : 17,9
- Poids à vide (kg) : 2150
- Coffre (litres) : 550 à 1550
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,3
- Vitesse maxi (km/h) : 239 (135 en électrique)
- Rejets de CO2 (g/km) : 36 – 42 selon dotation