Avant-première Audi RS3 : Retour aux affaires
Détentrice en son temps de la plus forte puissance disponible sur une berline compacte de série, la RS3 s’est, depuis, faite détrônée par la Mercedes A 45 S AMG. Pour laver l’affront, elle revient à la charge sous les traits de cette 3ème génération particulièrement affûtée…
Par Thomas Riaud, photos DR
En bref
Troisième génération de RS3
Moteur 5 cylindres 2.5 turbo de 400 ch – 500 Nm
Performance : 0 à 100 km/h en 3,8 sec – 290 km/h maxi (pack RS Dynamic)
Prix : 70 000 € (à partir de, hors options et malus de 30 000 €)
Lancée à la va-vite en 2010 pour contrer dans l’urgence la BMW 1M, la première RS3 ressemblait à un gros bricolage, avec ses voies avant curieusement plus larges que celles situées à l’arrière. Mais malgré ses nombreuses imperfections, elle posait déjà les jalons de ce que devait être une berline compacte musclée, au point d’ailleurs de surclasser toute la (rare) concurrence de l’époque ! Et déjà, sous sa carrosserie Sportback, prenait place le fabuleux 5 cylindres 2.5 turbo qui développait à l’époque 340 ch, soit 25 ch de plus que sur la mythique RS2 ! Et puis en 2015, à partir de la nouvelle génération d’A3, la RS3 est passée à l’âge adulte en affinant sa silhouette et en musclant son jeu, son 5 cylindres, toujours fidèle au poste, alignant désormais 367 ch. Un moteur toujours aussi sonore et incroyable, à déguster en Sportback, mais aussi, pour la première fois, en berline ! Suite au restylage opéré en 2017 (phares avec une encoche), la RS3 a même osé monter le curseur à 400 ch (comme le TT RS ou RS Q3), ce qui en faisait la berline compacte la plus puissante du moment.
Audi proposera plusieurs ambiance, dont un classique rouge, mais aussi ce vert surprenant… et très élégant ! Notez le point milieu figurant sur le haut du volant.
Et puis est arrivé en 2019 la Mercedes Classe A 45 S AMG qui, du haut de son volcanique 4 cylindres suralimenté, développe quelques… 421 ch ! Pour avoir eu la chance de l’essayer (sur route et circuit), je peux vous garantir que cette Merco, c’est du sérieux, et pas seulement en ligne droite. Fichtre ! Quelle belle attaque en règle ! Il était donc urgent qu’Audi reprenne le leadership et remette les pendules à l’heure à travers la nouvelle déclinaison RS dérivée de sa 4ème génération d’A3. Dans la guéguerre où l’argument de vente le plus pertinent est de dire que « la mienne est plus grosse que la vôtre », on s’attendait légitimement à ce qu’Audi pousse son 5 cylindres à 430 ch. Et bien, c’est perdu ! Si le 5 cylindres est fort heureusement reconduit, son écurie stagne « bêtement » à 400 ch. Mais le constructeur ne s’est pas reposé sur ses lauriers et avance de nombreux arguments inédits pour attirer le chaland…
Fûtée et Affûtée
Lors de nos récents essais des dernières A3 et S3, nous avons été assez bluffés par la rigueur de la voiture et son incroyable agilité. Un miracle que l’on doit d’abord aux progrès réalisés par les… microprocesseurs. Omniprésents dans la voiture, ils régissent notamment une nouvelle unité de commande du moteur qui augmente la vitesse avec laquelle tous les composants de l’auto communiquent entre eux. Ce contrôle modulaire de la dynamique du véhicule (baptisé mVDC) synchronise ainsi le différentiel actif, l’amortissement adaptatif ou encore le contrôle du couple (en fonction de la pression exercée sur l’accélérateur), ce qui profite d’abord à l’agilité de la voiture dans les virages. Ce système, très probant, est bien sûr reconduit sur la RS3 et même davantage optimisé. D’ailleurs, pour garantir une expérience de conduite inoubliable, Audi dote sa compacte endiablée d’éléments techniques qui ont fait leur preuve ailleurs, comme un carrossage négatif des roues plus important (autorisant une adhérence accrue dans les virages), mais aussi d’essieu arrière à 4 bras avec une barre stabilisatrice.
Le châssis est en même temps abaissé de 10 mm par rapport à la déjà sportive S3 (et de 25 mm par rapport à une A3 normale), tandis qu’une suspension sport est livrée de série (suspension Sport RS en option avec contrôle adaptatif des amortisseurs). Et pour mieux coller à la route, cette RS3 bénéficie de voies sensiblement élargies, de l’ordre de 33 mm à l’avant et de 10 mm à l’arrière. Afin de stopper cet équipage, Audi introduit des freins en acier à 6 pistons de taille plus que respectable (375 mm), des disques en carbone-céramique de 380 mm (et allégé de 10 kg) disponibles en option. D’ailleurs, vous aurez noté la présence d’écopes inédites au niveau des roues avant, celles-ci permettant de diriger plus efficacement les flux d’air et d’améliorer le refroidissement des freins de 20%. Enfin, outre un inédit mode « RS Performance » créé spécialement pour évoluer sur circuit, notre bombinette adopte pour la première fois un différentiel actif RS à modes spécifiques. Autrement dit, même si la transmission intégrale quattro est bien entendu d’office du voyage, terminé le temps où la RS3 restait désespérément rivée au sol. Elle peut désormais réaliser des drifts (glissades en bon français), en envoyant jusqu’à 100% du couple sur une seule roue arrière !
Sport à la carte
Du « sport à la carte » en quelque sorte, surtout que, comme son prédécesseur, ce nouvel opus est décliné en break Sportback et en une élégante berline à coffre, disponibles tous deux avec des coloris exclusifs, dont un éclatant « vert Kyalami » (celui-là même qui habille notre RS Q3 dans notre essai « zone rouge » !) et un inédit « gris Kemora ». En break ou en berline, la nouvelle RS3 impressionne et ne peut nier qu’elle s’est dopée. Et plutôt généreusement, comme l’attestent sa calandre en nid d’abeille flanquée aux avant-postes, mais aussi ses ailes élargies ou ses boucliers spécifiques, intégrant des entrées d’air à l’avant, et un extracteur à l’arrière. Ce dernier intègre toujours à la perfection de généreuses canules d’échappement, un système de clapets actifs étant par ailleurs disponible en option (échappement sport RS). Et pour envoyer toute la puissance au sol, elle se chausse plutôt large, en recevant de série des jantes de 19 pouces à rayons en « Y ». Sage précaution, car si le 5 cylindres 2.5 TFSI stagne à 400 ch, il se montre d’humeur plus belliqueuse que jamais. Toujours doté d’une séquence d’allumage unique des cylindres (1-2-4-5-3), ce bloc extraordinaire, offrant l’une des plus belles bandes son du marché, gagne quelques 20 Nm pour aligner un couple total de 500 Nm, sur une plus large plage (de 2250 à 5600 tr/mn), le régime maximal étant atteint à 7000 tr/mn. De quoi permettre à la RS3 d’expédier le 0 à 100 km/h en seulement 3,8 km/h, et d’accrocher les 250 km/h… minimum.
La berline vient de claquer une record sur le grand tracé du Nürburgring de 20,8 km, en bouclant le tour en 7 minutes et 40,7 secondes, soit 4,64 secondes de mieux que le précédent record détenu jusqu’à présent par la radicale Renault Mégane RS Trophy R !
Car avec le pack RS Dynamic (qui compte aussi les freins en carbone-céramique et même des Pirelli semi-slicks !), la bride est repoussée à 290 km/h ! Record battu pour la catégorie : Audi a vengé l’affront lancé par Mercedes. Bien sûr, afin d’optimiser l’utilisation de la RS3, le conducteur peut compter sur un cockpit virtuel de 12,3 pouces offrant un affichage spécifique, comprenant des graphiques à barres, montrant des indicateurs de puissance, de couple et de « G », mais aussi les temps au tour (pour un usage circuit) et même les accélérations sur un 0 à 100 km/h, voire un 0 à 200 km/h ! Et pour ne pas perdre une précieuse seconde, Audi a pensé à mettre un voyant clignotant pour passer au moment opportun la vitesse supérieure (boîte S-tronic à 7 rapports). Et afin de surveiller la bonne santé de la mécanique, un RS Monitor vient en complément via l’écran central de 10,1 pouces, pour indiquer la température des différents fluides ou encore la pression des pneus. Sous pression, vous risquez bien de l’être en découvrant les prix de ce petit bijou. Comptez 70 000 € pour la RS3 Sportback, la berline s’affichant 1000 € de plus, une somme rondelette à laquelle il faudra ajouter quelques 30 000 € de malus. Déprimant…