Audi 80 Cabriolet 1999 : Toile de maître

La 80 cabriolet est le tout premier du genre pour Audi. D’une élégance rare, cette décapotable très chic et classique pose des fondamentaux toujours d’actualité. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !

Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller

En bref
Première Audi cabriolet
Base Audi 80 B4
Version V6 2,8 174 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 9,2 sec – 221 km/h

Si l’on fait abstraction des confidentielles et artisanales Audi 100 Crayford et Roadster quattro signés par Walter Treser, chacune assemblée à la main, la première Audi à tomber le haut c’est elle : la 80 cabriolet. Il aura fallu attendre l’arrivée de la troisième génération de berline 80, la « type B4 », pour en profiter au tout début des années 90. A l’époque, Audi commence enfin à bénéficier d’une image premium, encore porté par l’aura de l’Ur quattro, et par l’arrivée de modèles plus jeunes et ambitieux comme l’ambitieuse berline V8 ou le nouveau Coupé quattro. On est en plein bio design et, après l’équerre et le fil à plomb qui ont caractérisé les années 80, les stylistes commencent à (re)découvrir les courbes ! Ils se font justement plaisir avec le nouveau Coupé 80-90 lancé en 1988, décliné en une sulfureuse version S2, dotée du 5 cylindres 2.2 turbo 20v (poussé à 230 ch) et de la transmission intégrale quattro. C’est en partant de ce beau coupé, qui se caractérise par la pureté et sobriété de ses formes, que les designers vont imaginer un sublime cabriolet, présenté comme une simple étude de style au salon de Francfort 1989.


Même capotée, la 80 cabriolet brille par on élégance naturelle. Nombreuses seront les stars à craquer pour cette décapotable BCBG, y compris une certaine Lady Di…

Cette auto aurait dû rester à l’état de concept, sans lendemain, mais la commercialisation par BMW de sa Série 3 décapotable, produite en série par l’usine et non plus au compte-goutte par Baur, va précipiter les choses. Et ce qui va définitivement inciter Audi à passer la seconde, c’est l’excellente réaction du public qui réclame cette voiture ! On valide et on comprend pourquoi le public de l’époque a craqué pour ce cabriolet. A l’époque, de nombreux modèles décapotables sont encore affublés de disgracieux arceaux (Ford Escort cabriolet, VW Golf cabriolet, Fiat Ritmo cabriolet, Jaguar XJ-SC…), ce qui n’est pas le cas de cette Audi, intégrant judicieusement les renforts dans les bas de caisse, ce qui, du coup, lui permet de  se distinguer par une ligne affichant une grande pureté. Evidemment, les designers en sont pleinement conscients, et ils vont sublimer cette absence d’arceau en ceinturant tout l’habitacle d’une superbe applique en alu brossé, qui se prolonge dans les montants de pare-brise. Un élément de style fort qui perdure, encore de nos jours, sur l’actuelle A5 cabriolet…

Du rêve à la réalité

A l’été 1991, on passe donc du rêve à la réalité, la 80 cabriolet devenant le nouvel ambassadeur du chic selon Audi. Bien sûr, à l’époque, il n’est pas encore question de toits en dur rétractables, une mode à laquelle Audi s’est d’ailleurs toujours refusé, pour préférer une traditionnelle capote souple et manuelle. La formule présente 3 avantages non négligeables… Primo, c’est plus léger qu’un toit rétractable. Deuxio, ça prend aussi moins de place lorsque c’est plié dans le coffre. Enfin, tertio, c’est nettement plus… esthétique ! Bien plus porté sur le confort et les apparences que sur la sportivité, la 80 cabriolet entame sa carrière avec un modeste 5 cylindres 2.3 litres de 136 ch, qui a fort à faire pour mouvoir cette auto accusant plus de 1400 kg à vide sur la balance. Audi ira d’ailleurs encore plus loin dans la médiocrité mécanique, en mettant un 4 cylindres 2.0 de 115 ch totalement poussif, et pire encore, un rugueux et sonore 1.9… diesel de 90 ch, digne d’un tracteur, totalement inapproprié ! Heureusement, à l’autre bout de la chaîne, Audi introduit à partir de 1993 un noble V6 2.8 litres qui nous intéresse. Fort de 174 ch (exactement comme le VR6 Volkswagen qui équipera cette même année la Golf), ce classique V6 ouvert à 90° mise d’abord sur sa rondeur (254 Nm dès 3000 tr/mn), plus que sur sa nervosité pour séduire.


Le mobilier ne souffre d’aucune critique, surtout sur cette version haut de gamme nimbée de cuir et de bois précieux.

Un moteur bien en phase avec le positionnement toujours plus haut de gamme de ce cabriolet très BCBG. Ainsi, dès 1995, la voiture gagne en série, sur toutes les versions, une capote électrique. L’année suivante, le placide 4 cylindres 2.0 de 115 ch est avantageusement remplacé par un plus alerte 1.8 20V de 125 ch. Et en 1998, bien qu’en fin de carrière, Audi va lui offrir un léger restylage, une caractéristique qui concerne le sublime exemplaire qui illustre cet article, puisqu’il date de mars 1999. Ainsi, le bloc veilleuses-clignotants devient tout blanc et gagne quelques rondeurs aux extrémités, tandis que les phares adoptent une lentille au xénon. Et question standing, notre modèle d’essai fait un sans-faute, en embarquant notamment une superbe sellerie cuir (jusqu’aux contre-portes !), et des placages en bois précieux. Mieux, cet exemplaire est une des rares « Final Edition », assemblée à la main chez Karmann, les lignes de production habituelles étant mobilisées à l’époque par Audi pour assembler une autre auto. Autant dire que la finition, déjà remarquable sur une Audi Cabriolet « normale », devient ici vraiment exceptionnelle.

La croisière s’amuse

Taillé pour embarquer confortablement 4 adultes, ce vaisseau de 4m37 de long se laisse conduire du bout des doigts, la seule chose « sport » à son bord étant le volant à 3 branches siglé « Audi Sport » ! Dès les premiers kilomètres, on cerne rapidement le tempérament de cette belle décapotable qui préfère – et de loin – rouler à un paisible rythme de sénateur, plutôt que d’enchainer tambour battant les virages sur une départementale. Il est vrai que les 1455 kg n’aident pas, pas plus que l’amortissement trop lâche, privilégiant le confort à l’efficacité, ce qui génère vite du roulis lors des phases d’appui. Pourtant, en gagnant le billard plus rectiligne d’une voie rapide, ce cabriolet peut faire illusion, en effaçant d’une franche pression sur l’accélérateur le 0 à 100 km/h en 9,2 sec, pour filer ensuite à 221 km/h chrono. A ne faire, bien sûr, que sur autoroute allemande… et si votre mise en pli le tolère !


Mille mercis à Dimitri Bierce du Roc Racing Historic (tél. : 06 11 45 57 51) pour son aide à la réalisation de ce reportage.

Ainsi que vos passagers qui n’apprécieront que modérément l’exercice si vous roulez ainsi décapoté et qu’ils se trouvent assis derrière, en pleine « zone de turbulences ». Car clairement, les meilleures places restent devant, en restant protégé par le pare-brise. Après, pour mettre tout le monde d’accord, vous pouvez toujours recapoté, une formalité effectuée à l’arrêt automatiquement en quelques secondes, et qui permet de profiter de cette voiture sous un jour nouveau, en appréciant l’excellente isolation phonique. En revanche, pour le coup, on voit que le modernisme a parfois du bon, car capote fermée, la rétrovision est exécrable, rendant chaque marche arrière périlleuse, faute de ne pas bénéficier de radar de recul et encore moins de caméra. Il est vrai que nul n’est parfait… Produite à seulement 71 534 exemplaires de 1991 à 2000, l’Audi 80 Cabriolet est, depuis, devenue un vrai collector, et un grand classique du genre. Les beaux exemplaires survivants se font rares et méritent d’être sauvés, surtout ceux qui bénéficient des meilleurs moteurs, à l’image de ce noble V6. Il ne reste plus qu’à se mettre en chasse pour dénicher la perle rare…

On aime

  • Ligne sobre et élégante
  • Qualité de construction
  • Vrai cabriolet 4 places
  • Moteur V6 souple et agréable

On aime moins

  • Rare en bel état d’origine
  • Nombreux moteurs sans saveurs
  • Performances limitées
  • Rétrovision exécrable

Caractéristiques techniques :
Audi 80 Cabriolet V6 2.8 (1999)

  • Moteur : 6 cylindres en V, longitudinal, 2771 cm3
  • Puissance (ch à tr/mn) : 174 à 6500
  • Couple (Nm à tr/mn) : 254 à 3000
  • Transmission : aux roues avant
  • Boîte : mécanique à 5 rapports
  • L x l x h (en m) : 4,37 x 1,72 x 1,38
  • Pneumatiques : 205/60 VR 15 (AV et AR)
  • Poids à vide (kg) : 1455
  • 0 à 100 km/h (sec) : 9,2
  • Vitesse maxi (km/h) : 221
Avus:
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