Essais

Audi A6 40 TDI : Voyageuse au long cours

Et si la meilleure A6 c’était elle ? Nous voulons parler de la « petite » 2.0 diesel de 204 ch, baptisée ainsi selon la récente nomenclature 40 TDI. Nous avons parcouru près de 2000 km à son volant, soit bien assez pour apprécier ses talents d’infatigable voyageuse au long cours…

Par Thomas Riaud, photos Joseph Bonabaud

En bref
Berline A6 40 TDI
Moteur 2.0 TDI de 204 ch
Prix : 51 000 € (à partir de, en berline)

En sortant de l’étroit parking souterrain du parc presse, situé en plein cœur de Paris, j’ai un peu l’impression de me retrouver plutôt au volant d’une A8 tant je trouve cette opulente et statutaire berline, longue (4m94) et large. Et basse, ce qui change des SUV ! Il est vrai que, contrairement à la plupart des Audi du parc presse qui sont généralement bardées d’options, mon modèle d’essai n’a aucun artifice pour se faire plus petit qu’il n’est en réalité. Cet exemplaire reste le plus proche possible de l’A6 de « monsieur tout le monde », en faisant ainsi l’impasse sur des roues arrière directrices, renforçant pourtant sensiblement la maniabilité en manœuvres, mais aussi sur la suspension pneumatique et même la sacro-sainte transmission intégrale quattro. Bon, avec sa belle sellerie cuir et quelques autres appréciables raffinements (dont la vue 3D pour manœuvrer), je ne peux pas dire qu’il s’agisse là d’une version de base, mais on s’en approche. Que voulez-vous : c’est la crise ! Et en arrivant au pas sur les quais de Seine dans des bouchons artificiels, agglutinés avec d’autres autos sur la seule voie restante depuis que l’autre folle d’Hidaldingo a annexé sauvagement la seconde file au profit de vélos fantômes, je ne peux m’empêcher d’avoir d’autres pensées en tête. Cette fois, j’observe que mon carrosse flambant neuf, pourtant doté des toutes dernières technologies, se trouve malgré tout sanctionné par une « éco-vignette » de critère 2, au seul motif absurde qu’il s’agit d’un… diesel ! Et alors ?

Il est quand même consternant – pour ne pas dire plus – que le travail remarquable d’ingénieurs de haut vol soit balayé d’un coup de plume au nom d’une simple idéologie par une poignée d’ignares imbéciles, se sentant investis d’une mission divine. Si la Covid ou une météorite pouvait s’en charger, voilà qui nous ferait à coup sûr respirer un peu, bien plus en tout cas que toutes leurs mesures purement dogmatiques, autophobes et finalement liberticides, censées améliorer la qualité de l’air. Car ces mêmes talibans ne doutent de rien, en voulant par exemple interdire l’entrée d’un tel concentré de hautes technologies à Paris, et ce dès 2024. Audiard avait raison : les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît ! Fermons la parenthèse… Et mettons vite fait les gaz loin de cette capitale de tarés, en direction du Limousin. Le plein fait avec 73 litres, l’ordinateur de bord indique sereinement quelques 1160 km d’autonomie. Voilà une valeur record obtenue au bout d’un plein qui prend à peine 10 minutes et qui me conforte dans l’idée que, question praticité et rendement énergétique, on n’a pas fait mieux qu’un diesel de dernière génération ! En tout cas, face à une telle performance, cela ne me donne aucunement l’envie de passer à l’électrique : je vous cède avec joie ma part ! Car excepté cette vignette de critère 2 contraignante, mais imposée de façon injuste et arbitraire par quelques illuminés, je peine à trouver des défauts objectifs à ma monture.

Génération « 2.0 »

Grâce aux multiples réglages électriques du siège, combinés à ceux du volant, j’ajuste aux petits oignons ma position de conduite. A bord, le diesel se fait très discret, au point d’être presque inaudible, ce qui est bien sûr le cas lorsque le Stop&start s’active dans les bouchons, mais aussi en ordre de marche. Car question vibrations, tout ceci appartient bel et bien au passé, ma berline A6 40 TDI déroulant sans forcer une sorte de ouate rassurante, tant aux oreilles des occupants… que sous les roues. Franchement, nul besoin de recourir à la coûteuse suspension pilotée, ou au nec-plus-ultra, celle qui est pneumatique (avec correcteur d’assiette). C’est vrai que ces dernières apportent un gain en agilité et en confort, mais l’amortissement standard « passif » est déjà tellement bluffant qu’on y voit là une économie à faire. Mieux vaut d’ailleurs savoir trancher, car la liste des options est tellement longue que grande est la tentation d’y succomber. En plus des roues arrière directrices – absentes donc de notre modèle d’essai – nous aurions aimé avoir le différentiel quattro sport pour gagner en agilité, mais aussi l’affichage tête haute, si pratique au quotidien. Et en arrivant sur les petites routes sinueuses de la Corrèze, grasses et glissantes, je prends soudain conscience d’une autre lacune de taille : l’absence de transmission intégrale quattro. En abordant un peu rapidement certains virages, le train avant a tendance à légèrement sous-virer, et en accélérant franchement, le couple fait facilement patiner les roues, ce qui génère de petites remontées dans le volant. Clairement, le quattro apporte un gain en agrément et en sécurité incomparables, mais le système communiste franco-français, obsédé par les rejets de CO2 (et le malus), fait tout pour vous priver d’une telle technologie en vous frappant durement au portefeuille. Pauvre France…

Honnêtement, peu de choses distinguent l’intérieur d’une luxueuse A8 avec cette A6, au sommet du luxe et de la technologie !

C’est dommage, car à titre personnel, j’aurais aimé échanger quelques équipements présents sur cette A6 contre la transmission quattro. De même, je ne suis pas un grand fan de l’assistant de parking avec la vue 3D, un gadget assez incroyable qui permet de modéliser la voiture en temps réel dans son environnement direct, et de le retransmettre sur l’écran situé au sommet de la console centrale. Mais bon, quand on sait faire un créneau et que l’on a déjà, en plus de la « classique » caméra de recul, les radars de parking, je pense que cela suffit amplement pour manœuvrer sans risquer d’abimer cette belle carrosserie. Par ailleurs, je me passerais bien volontiers du « Lane assist », un dispositif de sécurité pour le moins intrusif qui se permet de corriger ma trajectoire dès qu’il estime que je me rapproche trop d’une bande latérale. Pénible… Cela étant, si vous êtes un geek, adepte de surcroît des nouvelles technologies, vous ne devriez manquer de rien dans cette A6 de huitième génération qui a, en fait, (presque) tout d’une luxueuse A8 ! En effet, pas moins de 38 aides à la conduite sont proposées ! Si certaines d’entre elles ne sont disponibles qu’en option, force est de reconnaître que cette A6 est bien, et de série, d’une conception « 2.0 ». L’essentiel de ses interfaces sont digitales, avec le cockpit virtuel en guise d’instrumentation (une dalle de 12,3 pouces), complété par deux écrans tactiles implantés sur la console centrale. Celui du haut, de 10,1 pouces, est réservé tant au GPS qu’à l’infodivertissement, tandis que celui du bas (de 8,6 pouces) reste dédié aux zones de confort. Ces écrans fonctionnent intuitivement, comme un gros Smartphone, en faisant défiler les menus du bout des doigts, et en validant chaque opération par une légère vibration (retour haptique). Il y a même la possibilité de faire passer des icônes de l’un à l’autre et de tout paramétrer avec des raccourcis afin d’avoir une présentation personnalisée. En revanche, je trouve le graphisme des « compteurs » de vitesse et du compte-tours un peu compliqué. De simples tachymètres circulaires auraient été les bienvenus !

Roule toujours

Cela fait près de 3 heures que je roule maintenant bon train sur l’autoroute en rentrant sur Paris, et je dois dire que je suis objectivement emballé par cette « petite » A6, parfaite pour enquiller les kilomètres. D’ailleurs, comment ne pas l’être ? Et il en va de même de mes passagers, qui apprécient tant la qualité de fabrication que la quiétude qui règne à bord. Et question habitabilité, cette A6 dotée d’un empattement de plus de 2m90 n’a pas grand-chose à envier à la limousine A8, tant l’espace aux jambes est généreux, devant comme à l’arrière. Il en va de même du coffre, large et hyper-profond (530 litres). Et bien pensé avec ça, la banquette pouvant se rabattre pour transporter de longs objets (en plus de la trappe à ski), chose rare sur une berline ! Et ceux qui, comme moi, avouent avoir un faible pour le break, encore plus beau et naturellement plus pratique, il est bon de rappeler que, contrairement à la classique A8, cette A6 est aussi disponible en carrosserie Avant.

Dans les virages, l’A6 séduit par sa rigueur et son agilité, mais en simple traction, le train avant est vite saturé en conduite rapide.

Enfin, question moteur, s’il existe bien entendu bien plus véloce dans la gamme, y compris en diesel (comme l’excellent 50 TDI de 286 ch), force est de reconnaître que ce 4 cylindres 2.0 TDI de 204 ch, bien moins impacté que les V6 par le malus, donne déjà pleinement satisfaction. Avec 400 Nm disponible dès 1750 tr/mn, les reprises ne sont jamais à la peine, et la vitesse de pointe laisse presque rêveur (246 km/h). Le tout en préservant vos finances, car ce frugal TDI se contente de 5,8 l/100 km en roulant sagement, et guère plus de 6,4 l/100 km en moyenne en forçant l’allure à près de 160 km/h, ce qui reste bien peu pour une auto de ce gabarit. Clairement, entre le Cx record de 0,25 obtenu notamment grâce à un carénage des soubassements, couplé à un bon étagement de la boîte S-tronic à 7 rapports, cette grande Audi a tout d’un chameau. Un chameau qui s’adresse davantage aux émirs du pétrole qu’aux Touaregs, son prix d’attaque se situant à des altitudes élevées, surtout qu’au jeu classique des options « obligatoires », celui-ci s’envole vite vers la stratosphère. Voilà sans doute pourquoi Audi a récemment décliné ce TDI en version d’entrée de gamme de 163 ch, mais franchement, avec une masse de plus de 1760 kg à vide, est-ce bien raisonnable ? Excepté ce grief, force est de constater que cette A6 réalise un sans-faute sur toute la ligne, et devrait autant plaire aux professionnels de la route, qu’aux chefs de famille nombreuse…

L’avis d’Avus

Bien sûr, si vous avez près de 200 000 € à investir dans une Audi familiale, foncez directement prendre une RS6, le break le plus incroyable du marché avec son V8 4.0 biturbo de 600 ch ! Et si vous n’avez « que » 100 000 €, une A6 Allroad V6 3.0 TDI nous paraît être la meilleure monture qui soit. Mais pour vous et moi – et la plupart des français « normaux » – cette simple A6 40 TDI facturée minimum 51 000 € présente déjà un excellent compromis (109 g de CO2/km), et se pose comme un achat rationnel, que l’on apprécie à sa juste valeur jour après jour, kilomètre après kilomètre. Une super Audi, à configurer « à la carte », que l’on peut savourer en berline… ou en break !

Cette « petite » version 40 TDI est un régal à conduire, et en combinant punch et sobriété, elle a tout pour séduire les gros rouleurs.

Caractéristiques techniques Audi A6 40 TDI

  • Moteur 4 cylindres en ligne turbo diesel, 1968 cm3
  • Puissance maxi (ch à tr/mn) 204 à 3500
  • Couple maxi (Nm à tr/mn) 400 à 1750
  • Transmission aux roues avant, boîte S-tronic à 7 rapports
  • Freins Disques ventilés, étriers à 4 pistons (AV et AR)
  • Dimensions L x l x h (m) 4,94/1,89/1,47
  • Poids (kg) 1760 environ
  • Volume du coffre (litres) 530
  • Pneus AV/AR 245/45 R 19
  • Vitesse maxi (km/h) 246
  • 0 à 100 km/h (sec) 8,3
  • Émissions CO2 (g/km) 109

On aime

  • Contenu high-tech impressionnant
  • Agrément de conduite, confort
  • Qualité de construction
  • Consommation
  • Séduisante même en entrée de gamme

On aime moins

  • Encombrement
  • Pertes d’adhérence sans quattro
  • Aides à la conduites intrusives
  • Options chères et nombreuses

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