Rituel immuable lorsqu’un modèle arrive à mi-carrière : il faut passer par la « case restylage », pour se remettre au goût du jour. C’est exactement ce que vient de faire le Q5 qui, sans bouleverser la donne, en profite pour légèrement se bonifier…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Premier restylage du Q5 Mk2
Légères modifications esthétiques et techniques
Dérivé inédite en Sportback annoncé
Modèle essayé : 40 TDI (2.0 204 ch).
A partir de 60 000 € (S-line)
Sans jouer l’oiseau de mauvais augure, je peux dire que le Q5, pourtant pétri de qualités, a mangé son pain blanc. Autrefois un peu seul au monde, entre un BMW X3 certes très dynamique, mais mal fini et inconfortable, et un Mercedes ML franchement vieillot, le Q5 a en effet su s’imposer avec force. Mais entre-temps, BMW et Mercedes ont su corriger magistralement le tir, et en plus, on a assisté à une déferlante de SUV sur le marché. Car en plus de Lexus et d’autres généralistes aux ambitions « premium » (Alfa Romeo Stelvio, Jaguar F-Pace, Volvo XC 60 et, dans une moindre mesure, Peugeot 3008), nombreux sont les concurrents venus piétiner sans vergogne les platebandes du Q5. Résultat, cette seconde génération lancée voilà un peu plus de 3 ans, ne rencontre pas du tout le succès de la première. Il suffit de regarder ce qui circule sur nos routes pour s’en convaincre…
Du coup, le restylage, exercice imposé à mi-mandat pour chaque voiture, est la bonne occasion de se remettre dans la course… à condition d’y mettre le paquet et que cela se voit (comme sur les dernières A4 ou Q7). Ce n’est malheureusement pas le cas ici, ce Q5 « phase 2 » restant, avec cette carrosserie break très classique, très proche en apparence de la première mouture (ce qui ne sera pas le cas du dérivé Sportback en approche imminente). C’est du moins ce que ressentira la majorité de la clientèle, car même si, dans le détail, les modifications sont plus nombreuses qu’il n’y paraît, il faut tout de même avoir un œil averti pour s’en rendre compte.
Le jeu des 7 erreurs
A l’avant, le plus évident est l’adoption d’une nouvelle signature visuelle dans les phares, tandis que le bouclier adopte de plus imposantes entrées d’air latérales trapézoïdales, avec des ouvertures désormais verticales. La calandre abandonne ses contours en métal poli au profit de contours peints couleur carrosserie, tandis que l’arrière reçoit des feux OLED avec des clignotants à défilement. Enfin, notons le retour de sorties d’échappement bien visibles, celles-ci ayant bêtement disparu sur le premier opus, ceci afin de mieux nous préparer à la voiture électrique ! Et bien sûr, en fonction des finitions choisies (Base, Design, Selection et S line), la voiture peut recevoir des éléments distinctifs plus ou moins visibles. C’est particulièrement le cas de notre magnifique exemplaire d’essai, un modeste 2.0 TDI mais présenté en finition sportive S line, dans un très avantageux « vert District », une nouvelle teinte introduite au nuancier qui est malheureusement disponible en option (1120 €). Comme beaucoup d’autres équipements d’ailleurs…
Ainsi, le prix de base déjà prohibitif de 60 000 € tout rond en finition S line s’envole dans le cas présent carrément à… 73 420 € ! Tout ça pour un « simple » Q5 2.0 TDI (baptisé 40 TDI). Même si le prix en finition de base est un peu plus raisonnable (55 100 €) il serait grand temps qu’Audi redescende sur terre… Pour tenter de justifier ce tarif indigeste, notre modèle d’essai reçoit en plus de nombreuses options, comprenant de sublimes jantes de 21 pouces (3500 € !), des phares HD Matrix à LED (1220 €), des sièges avant électriques (940 €) et… chauffants (470 €), sans oublier la hifi Bang&Olufsen à 1000 €. Côté mécanique, le 2.0 TDI de 204 ch (qui remplace le 190 ch), seul diesel pour l’heure disponible, se voit ici épaulé par un inédit réseau de bord de 12 V avec un alterno-démarreur et une batterie compacte au lithium-ion. Cette hybridation compacte et légère, transparente à l’usage, permet tant d’offrir un « effet boost » à l’accélération, que de baisser les consommations, et donc les émissions polluantes (rejets de CO2 de 139 à 143 g/km tout de même selon équipement). Ah oui, j’oubliais : au prix rondelet demandé, il faudra ajouter celui, tout aussi dissuasif, du malus. Bienvenue en France !
En « vert » et contre tout !
Et oui : n’en déplaise à certains, mais Audi n’a pas jeté aux orties ses diesels, même s’il est probable que le constructeur réduise la voilure dans ce domaine dans les prochaines années. En attendant ces jours funestes, pour assurer son lancement et séduire les gros rouleurs, Audi propose donc envers et contre tout ce TDI de milieu de gamme, associé à une boîte S-tronic à 7 rapports et à la transmission intégrale quattro. Par la suite, une version simple traction, avec une suspension classique, sera disponible, ceci afin de ramener le Q5 à des seuils tarifaires plus acceptables, tandis que l’offre va s’étoffer avec un noble V6 3.0 TDI, mais aussi avec deux 4 cylindres essence TFSI, sans compter une version hybride rechargeable TFSIe. En prenant place à bord, on retrouve un environnement qui nous est familier, mais on remarque aussi quelques changements notables. Le plus marquant est l’implantation d’un grand écran de 10,1 pouces (contre 8,3’’ précédemment), désormais à commandes tactiles, ce qui implique la disparition du pavé tactile placé autrefois au bas de la console centrale, remplacé par un petit espace de rangement. Bien sûr, l’instrumentation numérique « cockpit virtuel » de 12,3 pouces reste toujours au programme, mais aussi de nombreuses commandes physiques, comme celles de la climatisation, ce qui facilite la vie au quotidien.
D’autres aspects restent très appréciables, comme ce coffre large et carré offrant 550 litres de volume de chargement (1550 litres sièges arrière rabattus), tandis qu’une astucieuse banquette arrière coulissante permet de moduler l’espace à bord aux places arrière. Mais la place de choix reste bien derrière le volant, même si cette version de 204 ch séduit plus par sa progressivité et sa douceur que son punch. Malgré un couple confortable de 400 Nm disponible des 1750 tr/mn (comme avec l’ancien TDI de 190 ch !), le poids de 1805 kg à vide se fait cruellement sentir si on ne prend pas soin de basculer en mode Dynamic, pour obtenir une meilleure réactivité à l’accélération (0 à 100 km/h en 7,6 sec – 222 km/h). A noter que l’Audi drive select propose ici un appréciable mode Off-road, permettant cette fois d’augmenter la garde au sol grâce à l’excellente suspension pneumatique et d’affiner la motricité, donnant à ce SUV un vrai passeport pour l’évasion. Ce même menu propose de nombreux autres modes, réservés à la route cette fois, mettant en lumière la belle palette de talents proposés par ce Q5. En mode « Confort », on perd un peu en réactivité, mais la voiture se montre en contrepartie très homogène. L’homogénéité, voilà la valeur maîtresse de ce SUV…
L’avis d’Avus
Clairement, cette version gentiment restylée ne va pas métamorphoser le Q5. Mais fallait-il prendre le risque de tout modifier ? Audi ne le fait pas, et on peut comprendre le constructeur tant la force du convaincant Q5 est de proposer une parfaite synthèse de ce que l’on attend d’un SUV de cette catégorie. Mais à quel prix ! Car la concurrence s’est depuis bien réveillée, et elle en offre parfois presque autant à des tarifs plus réalistes, à commencer par exemple par le nouveau… Q3. C’est sur ce point qu’Audi va devoir faire de sérieux efforts, pour que le Q5 redevienne un acteur majeur du segment, chose qu’il n’est manifestement plus…
Caractéristiques techniques
- Moteur 4 cyl. turbodiesel à injection directe, 1968 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) 204 à 3800
- Couple (Nm à tr/mn) 400 à 1750
- Transmission aux 4 roues (quattro)
- Boîte boîte S-tronic à 7 vitesses
- Freins 4 disques ventilés
- Pneumatiques (AV/AR) 255/45 R 20
- L x l x h (m) 4,68 x 1,89 x 1,66
- Réservoir (litres) 75
- Poids à vide (kg) 1805
- Coffre (litres) 550 à 1550
- 0 à 100 km/h (sec) 7,6
- Vitesse maxi (km/h) 222
- Rejets de CO2 (g/km) 139 – 143 selon dotation
On aime
- Comportement sûr et plaisant
- Qualité de construction
- Moteur doux et plaisant
- Bagage technologique « à la pointe »
- Vraie polyvalence (avec quattro et susp. pneumatique)
On aime moins
- Prix délirants
- Version de base sans intérêt
- Trop d’options chères et « obligatoires »
- Place centrale arrière étriquée