Audi TT « 20ème anniversaire », Eternelle jeunette !
Et si, l’iconique TT, avait trouvé la fontaine de jouvence ? On pense même qu’elle a dû tomber dedans petite, car malgré les années qui passent, le temps ne semble pas avoir de prise sur elle. D’où l’impérieuse nécessité de proposer une série limitée « 20 years », pour savoir où on en est…
Texte et photos Thomas Riaud
En bref
Troisième génération de TT
Série limitée « 20 years » à 999 exemplaires, dont 50 pour la France
Moteur : 45 TFSI (2.0 245 ch)
Prix : 64 900 € (à partir de, en coupé, hors malus)
Les voitures présentant un design intemporel, au point de n’évoluer que par discrètes petites touches d’une génération à l’autre, se comptent sur les doigts des 2 mains. Outre la vénérable Porsche 911, il y a l’inoxydable Jeep Wrangler, le Range Rover, la VW Coccinelle, la Mini et… l’Audi TT. Lancé en 1998, le premier TT s’est, d’emblée, imposé comme un manifeste du design avec sa ligne claire et nette, présentant une étonnante pureté, en jouant sur la symétrie. Un parti-pris qui concerne le coupé, et peut-être plus encore le roadster. Au-delà de l’ablation du toit, sachez pour rappel que l’égoïste roadster perd ses 2 petites places arrière, mais aussi le hayon, une opération nécessaire pour intégrer la capote électrique à l’arrière. Du coup, pour cet essai, on préfèrera le coupé, plus facile à vivre au quotidien, mais aussi naturellement plus léger et rigide. Un coupé qui s’est fait attendre !
Retards en cascade pour le passage au WLTP oblige avec, en plus, des impondérables liés au récent restylage, et la difficulté supplémentaire de mettre la main sur cette série limitée « 20 years » nous ont fait prendre tardivement son volant… Mais vu l’aspect « collector » de ce modèle, et le fait qu’il dispose en plus du 2.0 TFSI de 245 ch que nous n’avions pas encore essayé, nous nous sommes laissés tenter. Quitte à abréger le suspense, autant vous le dire tout de suite : on a bien fait d’attendre ! Déjà, retrouver le TT reste toujours un plaisir, tant ce coupé au look décalé est si différent à bien des égards du reste de la production automobile.
D’ailleurs, si l’on fait exception de son bagage technologique, il s’éloigne nettement de l’univers dans lequel évoluent habituellement les autres Audi. Enfin, ceci est de moins en moins vrai, le TT rentrant progressivement dans le rang, génération après génération. Ce troisième opus apparu en 2014, aux traits tirés, (et plus encore depuis le restylage avec l’adoption de boucliers plus agressifs), s’éloigne des rondeurs plus joviales et inoubliables de la première mouture. Mais l’essentiel est préservé : l’esprit TT !
Esprit TT
Si l’avant s’approche désormais davantage d’une R8, avec sa calandre élargie et ses phares effilés, le profil a, en revanche, été mieux préservé, avec une mention spéciale pour la poupe, qui adopte 2 grosses sorties d’échappement circulaires, comme sur le tout premier concept. Un constat qui vaut pour le coupé, comme pour le roadster. Outre la finition « TT » réservée aux modèles de base, et la dynamique S line, Audi introduit donc cette série limitée « 20 years », disponible bien sûr avec les deux carrosseries. En revanche, question couleurs, seules 2 nuances de gris sont disponibles sur cette dernière (gris Flèche et gris Nano). Il s’agit de teintes savamment sélectionnées qui adressent un subtil clin d’œil au concept historique du TTS roadster dévoilé au salon de Tokyo 1995, qui annonçait le modèle de série. Et au rayon mécanique, il n’est pas question ici de variantes musclées, l’offre se bornant à la dernière évolution du 4 cylindres 2.0 TFSI. Faut-il le regretter ? Pas du tout ! Fort de 230 ch avant le restylage, sa puissance fait un bond à 245 ch et 370 Nm malgré une dépollution supplémentaire (avec l’adoption de filtres à particules !). Une écurie qui n’a rien de modeste et qui s’accompagne de l’ajout de la transmission intégrale quattro et de la boîte S-tronic à 7 rapports.
Pour finir le tour du propriétaire, il convient d’indiquer ce qui caractérise cette série limitée d’un simple TT gris. Pour l’extérieur, il faudra avoir l’œil. Car excepté la pose de discrets logos « 20 years » sur les flancs au niveau des ailes, et l’adoption de belles jantes à cinq branches de 19 pouces abritant des étriers noirs, Audi est resté assez discret pour le traitement de la carrosserie. Clairement, sans sombrer dans le tape-à-l’œil, on aurait aimé quelque chose d’un peu plus démonstratif. En revanche, à l’intérieur, Audi s’est enfin lâché, et le résultat fait plaisir à voir ! On ne parle que du look, car d’un point de vue technologique, même restylée, la voiture reste inchangée.
Ainsi, outre la pose d’autres badges spécifiques, commémorant les 20 ans de cette voiture culte, on a la surprise de découvrir une sublime sellerie constituée d’un épais cuir jaune-marron, disposant de grosses surpiqûres façon gant de baseball. Voilà un autre clin d’œil historique évident, qui nous renvoie à la sellerie optionnelle qui fut proposée, un temps, sur le premier TT roadster. Ce cuir habille bien sûr les sièges, mais on en trouve absolument partout, du volant à la console centrale en passant par les contre-portes. On n’aime pas : on adore ! Au-delà de ces aspects cosmétiques, que vaut ce TT sur la route ? Direction les routes exigeantes de la forêt Noire pour le mettre à l’épreuve et en juger…
Chauffé à blanc dans la Forêt-Noire
Bon, question décibels, sans être désagréable, ce modeste 4 cylindres 2.0 TFSI reste assez discret. Voilà une manière polie de dire qu’il ne vous laissera pas un souvenir impérissable, au contraire de son grand frère, le 5 cylindres turbo qui chapeaute la gamme (TT RS). Même le premier TT, en V6 3.2, chantait de façon plus claire et convaincante. Mais n’allez surtout pas croire qu’il soit aphone pour autant ! Pour l’entendre pleinement, mieux vaut sélectionner le mode dynamic de l’Audi Drive Select afin de libérer le moteur et l’échappement. Dans ces conditions optimales, on bénéficie en plus d’une direction plus précise et d’un amortissement plus rigide, voire limite raide sur les raccords de chaussée. La boîte S-tronic à 7 rapports, toujours aussi douce grâce à son double-embrayage, en profite pour se faire par ailleurs plus prompte à chaque changement de vitesse. Mais pour gagner encore en rapidité, il est conseillé de reprendre manuellement la main, en passant soi-même les vitesses au moyen des palets solidaires du volant.
Efficace à la montée des rapports, la S-tronic est en revanche plus paresseuse aux rétrogradages, en rechignant de le faire tant que l’on n’est pas descendu sous les 4000 tr/mn. Sur le moment, on râle forcément un peu, mais on retrouve le sourire à la première franche accélération. Sans être exceptionnelle, une puissance de 245 ch, ce n’est pas ridicule du tout sur un petit coupé construit largement en aluminium et matériaux allégés (1530 kg). La borne kilométrique est saluée en à peine 26 secondes après un départ arrêté, ce qui se traduit par des relances convaincantes (0 à 100 km/h en 5,5 sec). Le 2.0 TFSI est en forme, la boîte, on l’a dit, efficace à la montée des rapports, et la transmission intégrale quattro fait le reste. La puissance est parfaitement répartie sur les 4 roues, ce qui fait qu’on ne « sature » jamais le train avant, y compris en roulant fort sur le « gras-mouillé ».
Ce châssis rigide et équilibré se montre vraiment agréable, le TT faisait montre d’une réelle agilité dans les changements d’appuis, très nombreux sur notre parcours en pleine Forêt-Noire. Ces routes, si vous les connaissez, sont à la fois sinueuses et très larges, avec souvent une très bonne visibilité, permettant de « rouler fort » en jouant la carte de la sécurité. A l’usage, ce moteur 45 TFSI se montre largement suffisant, et représente un très bon compromis. Seul écueil, on est loin des 7,2 l/100 km en moyenne annoncés par Audi. Comptez plutôt entre 11 et 12 l/100 km, voire plus même en arsouillant comme nous avons pu le faire. Et oui : avoir 245 équidés, c’est très bien, mais il faut leur donner de l’avoine !
L’avis d’Avus
Déjà écoulé à plus de 600 000 exemplaires dans le monde, le TT est indéniablement un beau succès pour une voiture de niche, qui plus est une Audi, ce qui implique des tarifs souvent décourageants. Cette série limitée « 20 years » ne déroge malheureusement pas à la règle, en s’affichant en coupé 45 TFSI à partir de 64 900 €. Alors certes, la dotation est pour une fois très complète, et il n’y a d’ailleurs aucune option de disponible. Mais cela fait cher, très cher même, pour un petit coupé disposant de moins de 250 ch. Un grief qui n’a pas beaucoup de poids face au fait que la demande sera sans doute supérieure à l’offre, ce futur collector étant limité à 999 exemplaires pour le monde (dont 50 pour la France), à réserver exclusivement sur internet. Une réelle rareté qui devrait assurer une belle valeur résiduelle à ce modèle vraiment à part…
Caractéristiques techniques Audi TT 45 TFSI Coupé « 20 Years »
- Moteur : 5 cyl. turbo et injection directe d’essence (TFSI), 2480 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 245 à 4300
- Couple (Nm à tr/mn) : 370 à 1700
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : S tronic 7
- L x l x h (en m) : 4,19 x 1,83 x 1,36
- Pneumatiques : 245/40 R 18 (AV et AR)
- Poids à vide (kg) : 1530
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,5
- Vitesse maxi (km/h) : 250 (autolimitée)
On aime
- Vrai collector !
- Habitacle high-tech et exclusif
- Polyvalence réelle
- Performances très suffisantes
On aime moins
- Style extérieur trop sobre
- 50 exemplaires pour la France
- Probablement plus disponible en neuf !