Audi Q3 Sportback 35 TDI, le flacon, pas l’ivresse
Difficile de vouloir à la fois une auto dynamique sur route, mais aussi à l’aise sur les chemins, assez pratique à l’usage mais néanmoins sportive sur la forme, tout en restant économique à l’usage. Un grand écart périlleux que tente de faire le Q3 Sportback, essayé ici en version 35 TDI…
Par Jack Seller, photos Thomas Riaud
En bref
Dérivé Sportback du nouveau Q3
Carrosserie inédite
Version essayée 35 TDI (2.0 150 ch)
Prix : à partir de 42 260 €, en 4×2 avec S tronic
Les SUV deviennent si répandus que, pour se démarquer, les constructeurs cherchent des parades… mais en restant sur ce même segment qui plaît tant. Dans ce domaine, BMW a initié avec son X6 un genre qui rencontre un vrai succès : celui des SUV-coupés. Mercedes a suivi cette tendance, et désormais, c’est Audi qui leur emboîte le pas. Outre les récents Q8 et e-tron Sportback, et dans l’attente de nouvelles silhouettes similaires sur d’autres modèles, c’est au Q3 de se convertir à cette mode. Avec un certain succès, au point de paraître transfiguré ! Les stylistes ont eu la main lourde, puisque cette variante Sportback mesure 2 cm de plus (4m50), mais voit dans le même temps son pavillon abaissé de 3 cm ainsi que la garde au sol.
En clair, le Q3 Sportback paraît bien plus bas, ce qui accroit le dynamisme de sa ligne, surtout que le hayon est bien plus incliné que d’habitude. En fait, on a affaire presque à une nouvelle voiture, car 80% des éléments de carrosserie sont spécifiques ! Le Q3 Sportback a une vraie personnalité, avec une calandre exclusive, des boucliers bien plus travaillés et expressifs et des flancs redessinés, présentant des traits plus acérés. Et avec le pack esthétique « full black » comme sur notre modèle d’essai doté de la finition S line, le look est vraiment ravageur ! Nul doute que ce design fort en gueule va plaire, et ça tombe bien, l’esthétique étant le critère déterminant sur ce segment où l’apparence compte plus que tout. Et nous pouvons affirmer que ce Q3 Sportback roule vers le succès dans la mesure où, en plus d’être plus agréable à regarder que la version « normale », il a su préserver quasiment tous ses aspects pratiques. En clair, le beurre et l’argent du beurre, voilà ce que ce SUV propose. S’il offre en plus la crémière…
Esthétique… et pratique
Ainsi, le coffre propose toujours pas moins de 530 litres de capacité sous la tablette, soit exactement le même volume, la capacité étant de 1400 litres en break, soit seulement 125 litres de moins. Une perte qui s’explique par cet arrière de type fast-back, semblable à celui d’un coupé, mais ce déficit reste minime. Le Q3 Sportback a par ailleurs la bonne idée de conserver une banquette coulissant sur 13 cm, ce qui profite bien sûr à l’espace aux jambes à l’arrière. Quant à la garde au toit aux places arrière, celle-ci reste tout à fait digne, assez pour accueillir dans de bonnes conditions des adultes mesurant 1m85. Pour le reste, on est en terrain connu, puisque ce dérivé Sportback reprend exactement la planche de bord du Q3. Faut-il s’en plaindre ? Un peu d’exclusivité à l’intérieur n’aurait pas fait de mal, mais on ne portera pas plainte dans la mesure où ce tableau de bord est particulièrement bien agencé. Outre le cockpit virtuel, l’ensemble est complété par un écran tactile autant intuitif que lisible.
Côté mécanique, le Q3 Sportback hérite en partie des mêmes blocs déjà présents sur son frère de sang. Au-delà des versions 35 TFSI et 45 TFSI (230 ch), pénalisées chacune par des malus, surtout si la transmission intégrale quattro (optionnelle) est aussi du voyage, Audi propose ce plus raisonnable 35 TDI, ici à l’essai. Avec un simple 2.0 de 150 ch sous le capot, il ne faut pas s’attendre à faire des étincelles sur la route, mais malheureusement, c’est la seule alternative possible offerte par notre fiscalité devenue folle, si l’on ne veut pas payer en plus un impôt « écologique » supplémentaire à l’achat. Paradoxalement, ce bloc est bien évidemment un diesel, un carburant que l’Etat cherche à éradiquer alors qu’il génère moins de CO2. Cherchez l’erreur…
Faire le job, sans passion
Au démarrage, sans se montrer trop agricole, ce TDI se montre un poil rugueux, assez pour trahir sa nature. Bon, mettons de côté nos a priori et voyons ce que donne cet équipage à l’usage. Notre modèle d’essai est privé du quattro (c’est une simple traction avant donc), mais il bénéficie de la boîte S-tronic à 7 rapports. En roulant aux allures légales, l’ensemble se révèle doux et agréable à l’usage. Les vitesses passent en douceur, à bon escient, tandis que la voiture enroule sereinement les virages. En haussant le rythme sur une petite route sinueuse, le comportement séduit par son brio. Train avant précis et train arrière bien guidé sont de rigueur, mais en contrepartie, le confort est ferme, surtout avec les larges roues de notre modèle d’essai (18 pouces en série, 19’’ en option). Au moins, le peu de puissance disponible ne vient pas « saturer » le train avant avec de désagréables remontées de couple, malgré une belle disponibilité dès les plus bas-régimes (340 Nm à 1750 tr/mn). Plus regrettable est l’agrément limité offert pas cet ensemble moteur-boîte, le bloc devenant bruyant en le sollicitant, tout en avouant rapidement ses limites, tandis que l’on sent que la boîte est mal adaptée à une conduite sportive. De plus, ce 35 TDI se montre, dans ces conditions, assez gourmand, malgré un calibrage de boîte S tronic assez long, conçu pour optimiser la sobriété.
Dans les faits, en conduite sportive, on est loin des 6,2 l/100 km annoncés par Audi. On arrive plutôt facilement à 8 litres/100 km, ce qui nous paraît beaucoup pour un petit diesel : un lourd SQ7, doté d’un monstrueux V8 de plus de 400 ch, ne consomme que 2,5 l/100 km de plus en moyenne, ce qui pour le coup présente une vraie performance ! En fait, ce Q3 Sportback 35 TDI fait juste le job, sans entrain, ni passion. A moins d’être un gros rouleur, et d’emprunter essentiellement des voies rapides en roulant régulièrement aux allures légales, cette version ne présente pas un grand intérêt. A budget équivalent, nous vous conseillons d’opter plutôt pour son homologue essence, le 35 TFSI, un poil moins sobre mais tellement plus agréable malgré sa puissance identique (150 ch). Reste que, dans tous les cas, il faudra accepter de payer en moyenne 3000 € de plus que pour un Q3 classique, à motorisation et dotation équivalente, ce qui place cette variante Sportback au sommet de la pyramide des SUV premium…
L’avis d’Avus
Les gros BMW X4 et Mercedes Classe C Coupé naviguant à des altitudes plus élevées (en fait du niveau d’un Q5), force est de reconnaître que le Q3 Sportback se retrouve un peu seul au monde sur ce segment. Le petit GLA paraît trop conventionnel pour lui faire ombrage, et seul le Range Evoque peut prétendre le concurrencer. Mais le nouveau Evoque étant presque une copie de la première mouture, l’original Q3 Sportback se pose du coup comme vraiment inédit sur la forme, et sur ce segment, force est de reconnaître que l’effet nouveauté reste déterminant pour l’emporter. Au-delà de cet aspect, le Q3 Sportback reste, sur le fond, le plus homogène et agréable à conduire du lot. En clair, ses tarifs élevés ne devraient en rien entraver sa carrière, et ceux qui veulent un moteur en rapport avec cette ligne seront comblés en apprenant qu’une version « RS » de 400 ch est en approche !
Caractéristiques techniques Audi Q3 Sportback 35 TDI
- Moteur : 4 cyl. turbo diesel et common rail, 1968 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 150 à 3500
- Couple (Nm à tr/mn) : 340 à 1750
- Transmission : sur les roues avant (quattro en option)
- Boîte : S tronic à 7 vitesses
- Freins : 4 disques ventilés
- Pneumatiques : 235/55 R 18 (AV et AR)
- L x l x h (en m) : 4,50 x 1,85 x 1,56
- Poids à vide (kg) : 1643
- 0 à 100 km/h (sec) : 9,2
- Vitesse maxi (km/h) : 205
- Rejets de CO2 (gr/km) : 120
On aime
- Ligne dynamique et exclusive
- Aspects pratiques préservés
- Comportement sûr et efficace
On aime moins
- Moteur rugueux et pas assez sobre
- Boîte S tronic trop lente
- Agrément de conduite limité
- Prix élevé