Le Q2 n’étant pas spécialement bon marché et les SUV urbains ayant toujours la cote, Audi en propose un nouveau à peu de frais, avec cette inédite déclinaison A1 Citycarver. Ici, tout prend judicieusement un peu de hauteur… y compris les prix.
Par Joseph Bonabaud, photos Jack Seller
En bref
Déclinaison « SUV » de l’A1
Transmission quattro indisponible
Moteurs disponibles 25 TFSI (95 ch) ou 30 TFSI (115 ch)
Prix de 24 870 à 33 000 €
Version essayée : A1 Citycarver 25 TFSI bvm6
On a tendance à l’oublier, mais au début des années 2000, certains constructeurs ont déjà donné à des citadines une tenue de baroudeuse. La recette est toujours la même : on surélève la voiture de 3-4 cm, on lui colle des boucliers renforcés avec des pseudo sabots protecteurs, on ajoute une paire d’élargisseurs d’ailes et le tour est joué ! Souvenez-vous de la Citroën C3 XTR ou de la plus exotique Rover 25 Streetwise. Bien qu’éprouvée, la recette est régulièrement remise au goût du jour, et elle dernièrement proposée par Ford (Fiesta Active), Opel (Adam Rocks), Dacia (Sandero Stepway) ou même Volkswagen (Polo Cross). Cette fois, c’est au tour d’Audi d’entrer dans la danse avec cette A1 plus haute sur patte. Il aurait été légitime, et logique, qu’elle soit baptisée Allroad, mais l’impossibilité d’y greffer la transmission intégrale quattro a, semble-t-il, obligé Audi à lui trouver un autre nom. Ce sera pour le coup « Citycarver », un nom qui orne en toutes lettres le hayon de la voiture.
Côté look, cette A1 coche partout toutes les bonnes cases, et a tout d’un petit SUV en costume de ville. Autant chic que décontractée, l’A1 Citycarver devrait, à n’en pas douter, attirer l’attention sur elle, en disposant de ce qu’il faut au bon endroit. Rien qu’en hauteur, elle gagne 5 cm, ce qui change tout ! Sur cette majoration, il convient de faire la part des choses, le flanc des pneus gagnant 1,5 cm, le reste (soit 3,5 cm), concernant cette fois les suspensions, ce qui profite au final bien sûr à la garde au sol. Pour le reste, cette Citycarver reprend à son compte ce qui fait déjà le succès des Allroad et assimilés. Contours d’ailes et bas de caisse noirs, protection métallique au bas de chaque bouclier et calandre spécifique de forme octogonale donnent le change. Enfin, faut-il le rappeler, seule la carrosserie Sportback est ici disponible.
Ne m’appelez pas Allroad
Bien qu’assez discrètes, toutes ces modifications donnent à cette A1 taillée pour l’aventure une vraie personnalité, mais nous sommes surpris de voir que ce vent frais s’arrête aux seuils de porte. Car en pénétrant à bord, on cherche en vain ce qui pourrait apporter une « Citycarver touch ». Il est regrettable qu’il n’y ait aucun marquage spécifique, mais à l’instar des autres A1, on apprécie cet univers autant high-tech que premium. Enfin, quand je dis « premium », c’est vrai au niveau de la dotation de série, ici majorée puisque la Citycarver débute directement à l’exécution huppée « Design » (pour culminer à « Design Luxe »), mais aussi à travers la qualité de nombreux matériaux et leur assemblage irréprochable. Il ne faudra en revanche pas être trop regardant sur les plastiques rigides qui composent intégralement les contre-portes et le bas de la console, et certains autres détails font cheap, et sont indignes d’une auto premium, comme la pauvre tringle par exemple qui maintient le capot moteur ouvert. On voit là les limites des économies, et il serait sage qu’Audi n’aille jamais plus loin en la matière… surtout que les prix restent, eux, toujours aussi élevés !
A propos de salle des machines, cette A1 réduit pour l’heure sa gamme au minimum, l’offre débutant avec le modeste 3 cylindres 1.0 TFSI de 95 ch ici à l’essai (25 TFSI), pour culminer en version 30 TFSI poussée à 115 ch. Pour plus de cohérence, et vraiment faire la différence, on regrette que la « grosse » version de cette A1 ne passe pas directement à la motorisation 35 TFSI 4 cylindres de 150 ch), pour bénéficier de plus d’allonge et de couple à bas-régime. Et tant que l’on est dans les regrets, il est dommage de voir que, si la dotation est en effet complète (cockpit virtuel, écran tactile avec GPS, clim manuelle, capteurs de pluie et de lumière, aides à la conduite, feux arrière à LED, jantes alu de 16’’…), il y a cependant de sérieuses lacunes pour une auto qui se veut être une citadine premium. Ainsi, il n’y a pas d’aide au démarrage en cote, ni de radar de recul, encore moins de caméra de recul ou d’accès et démarrage sans clé. Quant à la boîte automatique à 7 rapports S-tronic, elle figure elle aussi au chapitre des options, ce qui est regrettable pour une auto à vocation clairement urbaine. Une fois n’est pas coutume, mais nous avons voulu essayer une A1 Citycarver d’entrée de gamme, dépouillée au maximum…
L’aventure au coin de la rue
En version « ticket d’entrée », la mignonne A1 Citycarver tient son rang et n’a rien à envier aux exemplaires nantis d’une finition plus huppée. L’essentiel y est, assez pour faire son petit « effet whaouuuh » dans la rue, à en croire la réaction de quelques badauds. C’est en revanche à l’usage que le côté « bas de gamme » se fait sentir. On est en effet surpris de ne pas voir de retour d’image sur l’écran central lorsque l’on enclenche la marche arrière, ni même de percevoir le moindre « bip-bip » en se garant. Comme quoi, on s’habitue vite au confort ! Idem au premier démarrage en côte venue, où la voiture va bêtement reculer si on ne se dépêche pas de partir. Là où c’est un jeu d’enfant avec une boîte automatique, il y a toujours une petite part d’appréhension avec, comme ici, une boîte manuelle, surtout si on ne s’aide pas du frein à main… qui est ici curieusement mécanique. Enfin, il faudra vous-même régler le débit de la clim, car elle n’est pas, sur ce niveau de finition, automatique. Bon, mis bout-à-bout, ces lacunes peuvent agacer, mais on ne va pas non plus porter plainte pour mauvais traitement !
Conduire cette A1 dépouillée n’a rien de comparable du fait d’aller à la mine, n’exagérons rien ! A vrai dire, le petit 3 cylindres de 95 ch constitue même une heureuse surprise, en faisant preuve d’allonge à bas-régime, et de punch en prenant les tours. Et le guidage de la boite manuelle à 6 rapports, très agréable, permet d’exploiter au mieux la mécanique. Parfaitement à l’aise en ville, où cette A1 surélevée est visiblement dans son élément, elle ne démérite pas non plus en périphérie. Le moteur reste assez alerte, et le comportement est toujours sain et prévenant. De belles qualités qui ne se font pas au détriment du confort, chose qui se vérifie au contact répété de saignées et autres nids de poule, un délabrement consternant qui affecte de plus en plus de routes chez nous. En clair, si le cœur peut nous orienter vers cette A1 chic et décalée, la raison peut aussi vous y pousser !
L’avis d’Avus
Nul doute que cette A1 « SUVisée » devrait rencontrer le succès. D’ailleurs, Audi table sur 40% des ventes au niveau du mix. Alors oui, c’est vrai, on pourrait légitimement reprocher que cela se limite au look, et regretter qu’Audi n’aille pas au bout du concept, en proposant, en option, la transmission intégrale quattro. De même, malgré une dotation de base qui va à l’essentiel, il subsiste de sacrées lacunes d’équipement, obligeant à remettre la main à la poche. Mais en étant affichée, à prestations comparables, « que » 2000 € supplémentaires par rapport à une A1 Sportback normale, cette variante Citycarver demeure bien étudiée pour faire pencher la balance de son côté, et en entrée de gamme, il est rassurant de voir qu’elle est plus que fréquentable.
Caractéristiques techniques Audi A1 Citycarver 25 TFSI
- Moteur : 3 cyl. turbo et injection directe d’essence (TFSI), 999 cm3
- Puissance : (ch à tr/mn) 95 à 5000
- Couple : (Nm à tr/mn) 175 à 2000
- Transmission : aux roues avant
- Boîte : bvm 6 ou S tronic 7
- L x l x h (en m) : 4,04 x 1,76 x 1,46
- Pneumatiques : 195/55 R 16 (AV et AR)
- Poids à vide (kg) : 1090
- Volume du coffre (dm3) : 335
- 0 à 100 km/h (sec) : 10,8
- Vitesse maxi (km/h) : 191
On aime
- Style de petit SUV réussi
- Qualités dynamiques préservées
- Habitabilité satisfaisante
- Agrément moteur – boite
On aime moins
- Trop de plastiques rigides
- Visibilité de ¾ AR
- Lacunes d’équipements
- Transmission quattro indisponible