Nouvelle Audi RS5 2020

Bagage culturel

Piëch a été habile d’introduire l’innovant système quattro sur un coupé sportif de prestige. Une telle montée en gamme, c’est autant bon pour l’image que pour le portefeuille, notamment pour justifier auprès des intéressés un prix de vente plutôt rondelet. Aujourd’hui, charge à la confidentielle RS5, tout juste renouvelée, de perpétuer ce bel héritage…

Par Joseph Bonabaud, photos DR

En bref
Nouvelle RS5
Moteur V6 2.9 biturbo 450 ch
Performances : 0 à 100 km/h en 3,9 sec – 250 km/h
Prix : 97 570 € (à partir de, hors options et malus de 20 000 €)

C’est par le haut qu’Audi a présenté son inédit système quattro, en dévoilant au salon de Genève 1980 une noble GT. L’Ur quattro n’a pas qu’une gueule : c’est un grand coupé Grand Tourisme à 4 places, doté d’un fantastique 5 cylindres turbo de 200 ch. Et bien sûr, équipé en plus de la fameuse transmission intégrale magique, ce qui en faisait une voiture vraiment unique à l’époque ! En 40 ans, le monde a assisté à de nombreux bouleversements technologiques et géopolitiques qui ont changé nos vies. Pensez donc ! Internet, les téléphones portables, les compagnies aéronautiques low-cost, les CD et DVD, les appareils photos numériques, les ordinateurs personnels, le tunnel sous la Manche, la chute du mur de Berlin (et de l’URSS), le 11 septembre 2001, les printemps arabes, la mondialisation, le réchauffement climatique, les drones, le Brexit ou les GPS. Avouez que cette liste, non exhaustive, a de quoi donner le vertige !

Jamais le monde ne nous a paru aussi instable et improbable, et force est de constater que tout va bien plus vite qu’avant, en bien, comme en mal. Dans cet océan de craintes et d’incertitudes, il est rassurant de voir que chez Audi, il existe toujours 40 ans plus tard un coupé de prestige hautes performances équipé du quattro. Il s’agit de l’A5, qui se trouve sublimé lorsqu’il adopte sa livrée spécifique « RS », gage d’une sportivité débridée et de sensations fortes.

« Dans ce monde incertain il est rassurant de voir que chez Audi il existe toujours, 40 ans plus tard,
un coupé de prestige hautes performances équipé du quattro »

Plus d’A5 et de RS

Si, pour atténuer l’effet désastreux de l’explosion des malus écologiques en France, les derniers modèles « S » se convertissent avec bonheur au « super-diesel », les Audi griffées RS restent, elles, fidèles à l’essence. Evidemment, quand on est puriste et amoureux des belles mécaniques, il y a de quoi se réjouir. Mais sans vouloir briser quelques rêves, sachez désormais que la fiscalité française punit cette « déviance » à hauteur de… 20 000 € sur les sportives pour le seul malus, à rajouter bien sûr à la carte grise et à une TVA maintenue à 20% !

A l’instar des nouvelles RS6 et RS7, la RS5 restylée voit son bouclier modifié
et intégrer un diffuseur en forme de vague.

Quelle sera la prochaine étape dans ce délire autophobe qui semble sans limite ? Un malus porté à 30, 40 ou 50 000 € ? De la prison ferme peut-être, voire un petit châtiment corporel comme au bon vieux temps de l’inquisition sur la place publique ? Pourtant, si rouler en Ur quattro il y a 4 décennies était gratifiant, ce plaisir reste inchangé au volant d’une RS5, du moins chez les personnes saines de corps et d’esprit. Chez Audi, la RS5 est bien sûr la variante la plus radicale du coupé A5, le chef d’œuvre de Walter De Silva, ex-responsable du design, qu’il a signé en 2007 juste avant de quitter la marque. Un joli cadeau de départ décliné en cabriolet et même en une inédite carrosserie Sportback à 5 portes. Toute cette petite famille se caractérise par une ligne à la fois sobre et originale, avec une singulière « vague » qui courre tout le long du profil. Et la variante RS rajoute une bonne dose de bestialité, en adoptant notamment des ailes bombées, comme sur l’ancêtre Ur quattro.

Ces fondamentaux ont bien sûr été préservés sur la seconde mouture de coupé RS5, lancée en 2017. En fait, Audi a rajouté plus d’A5 et de RS ! Si les lignes de force et les proportions sont identiques, Audi a musclé le jeu avec des phares plus menaçants et un capot bombé, surmonté d’un « power dôme ». Et sur le plan mécanique, tant pour contenir le poids que pour luter contre les rejets de CO2, Audi a remplacé le sacro-saint V8 au profit d’un plus compact et léger V6 2.9 biturbo. La puissance reste néanmoins inchangée, avec une écurie de 450 ch et pas moins de 600 Nm de couple.

Pour contrer les bestiales Mercedes AMG et BMW « M Performance », toujours plus méchantes, on aurait apprécié une augmentation de la puissance, mais vu les performances offertes, plus que flatteuses, on ne portera pas plainte. En effet, cela reste suffisant pour entraîner sans temps mort les 4 roues motrices en plus de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, le 0 à 100 km/h étant expédié en 3,9 secondes, la voiture restant de série autolimitée à 250 km/h. Un véritable concentré d’énergie, que l’on retrouve avec bonheur sur cette version restylée !

Rrrr… S5

Identique sur le fond, cette RS5 « phase 2 » l’est assurément, chose logique dans la mesure où le reste de la gamme A5 s’est déjà vu rafraichir au mois de septembre, avec de timides évolutions esthétiques et l’arrivée des motorisations micro-hybrides. Ainsi, on retrouve donc sans surprise un intérieur presque inchangé. A l’instar des modifications opérées dernièrement sur l’A4, tout juste note-t-on au niveau des commandes l’abandon de la molette rotative, pourtant bien pratique.

Sur la forme, la RS5 gagne encore en agressivité et montre les muscles.
Pourtant, son écurie stagne à 450 ch. Dommage…

Cette suppression est compensée par l’arrivée d’une dalle tactile plus largement dimensionnée (10,1 pouces), ainsi que la présence de nouveaux boutons sur le volant, permettant notamment de piloter le nouveau système d’info-divertissement MMI. On aurait aimé qu’Audi profite de cette occasion pour tenter de gratter quelques précieux centimètres au niveau de l’habitabilité aux places arrière, mais c’est le statuquo, si bien que la RS5, un peu étriquée, demeure plus proche d’une GT 2+2 que d’un grand coupé à 4 places. Pour ceux qui voudront absolument plus d’espace, Audi a néanmoins pensé à eux en déclinant pour la première fois la RS5 en coupé-berline Sportback, mais là, on s’éloigne de l’esprit du Ur quattro originel. En fait, Audi a surtout porté l’essentiel de ses modifications sur l’esthétique de son coupé star.

Pour un non initié, les changements opérés n’apparaissent pas flagrants au premier abord. Pourtant, la nouvelle RS5 se montre encore plus agressive qu’auparavant, grâce notamment à sa calandre élargie et abaissée, désormais surmontée de trois fentes horizontales la séparant du capot, comme sur la nouvelle petite A1… ou la mythique Sport quattro. Le dessin des prises d’air en bas du bouclier avant est également sensiblement modifié. Bien plus agressif dans son apparence, celui-ci se montre d’une certaine manière également plus discret en abandonnant les touches de chromes, prédominantes sur les versions d’avant restylage, au profit du carbone, plus sobre et sportif d’aspect.

« Sans surprise, la RS5 restylée adopte la nouvelle interface tout juste installée sur l’A4. Pour le reste, on a bien affaire à un RS, comme en témoigne les placages en carbone ou le volant à méplat habillé d’alcantara »

L’arrière, bien que toujours garni de généreuses sorties d’échappement, n’est pas en reste, avec l’adoption d’un diffuseur d’air redessiné, inspiré de celui en place sur la dernière RS6, tandis que les jupes latérales bénéficient également d’une forme plus aérodynamique. Enfin, la signature lumineuse des optiques évolue, notamment avec les phares Matrix LED optionnels à l’agencement très expressif.

Commercialisée dès ce mois de février au tarif inchangé de 97 570 €, la nouvelle Audi RS5 a tous les attributs pour reprendre le flambeau de l’Ur quattro et se poser comme son héritière la plus légitime. Mais la France de 2020 n’est plus celle de 1980 et si les causes ont changé, les maux restent les mêmes ! Si la vignette « pour les vieux » a disparue, elle est remplacée par un malus « écologique » rehaussé ici à 20 000 €. Finalement, voilà peut-être bien la seule constante immuable en 40 ans : en France, tous les prétextes sont bons pour taxer à mort l’automobiliste !

Avus:
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