Audi Q7 60 TFSIe 2020
Eco… logique !
Installer la technologie hybride sur un gros SUV a du sens, l’engin gagnant encore en polyvalence, en étant une citadine exemplaire la semaine, et une familiale accomplie le week-end. C’est (éco) logique !
Par Jack Seller, photos Joseph Bonabaud
En bref
Seconde génération de Q7 hybride plug-in
Moteur V6 3.0 TFSI + bloc électrique 94 kW
Puissance cumulée : 455 ch
En cours d’homologation
La première mouture de la seconde génération de Q7 avait eu droit, elle aussi, à sa variante hybride rechargeable (plug-in en bon anglais !), en se posant à l’époque comme une pionnière dans la gamme Audi, aux côtés de l’ancienne A3. Baptisée « e-tron », cette déclinaison lancée en 2016 nous était apparue comme plus que convaincante, en embarquant en plus de son moteur électrique de 94 kW un bon vieux V6 3.0 diesel de 258 ch. Celui-ci faisait office de générateur et de moteur principal, et se posait comme une belle singularité dans cet univers où, habituellement, cette tâche est dévolue à un bloc essence. Ce choix était pourtant pertinent.
Car malgré une masse portée à 2420 kg à cause des 450 kg supplémentaires à embarquer (poids des batteries et du moteur électrique !), ce Q7 parvenait à aligner pas moins de 373 ch en puissance cumulée et jusqu’à… 1400 km d’autonomie, dont 56 km en mode 100% électrique !Le tout en offrant un bel agrément de conduite (0 à 100 km/h en 6 sec – 225 km/h), si l’on fait abstraction d’une perte sensible d’agilité perceptible dans les virages, la surcharge pondérale étant passée par là. Voilà un rappel utile pour mettre en perspective ce qu’Audi va nous proposer désormais en voiture hybride, son Q7 e-tron profitant du restylage pour enfin nous revenir. Sauf, qu’entre-temps, il s’est passé pas mal de choses…
Afin d’ôter toute éventuelle confusion, Audi cherche à clarifier son offre à travers ses appellations, le terme « e-tron » étant désormais réservé aux seuls véhicules 100% électriques, appelés à se multiplier. Du coup, cette variante partiellement électrifiée prend le nom de « TFSIe » (comme sur les prochaines A6, A7, A8 et Q5 plug-in), ce qui nous renvoie au fait que le bloc thermique présent sous le capot n’est plus un TDI, probable dommage collatéral du « dieselgate ». Nous nous trouvons donc en présence d’un plus classique moteur essence turbo à injection directe, probablement un peu plus léger et compact que son homologue diesel, quoique ceci n’est pas garanti sur facture. Car le moteur essence retenu est un noble V6 3.0 essence, couplé à un compact moteur électrique de 94 kW logé dans la boîte de vitesses automatique à 8 rapports, ce dernier étant alimenté par une solide batterie de 17,3 kWh logée dans le plancher du coffre. A l’instar de l’ancien Q7 e-tron, cette disposition ôte malheureusement toute possibilité d’embarquer les 2 sièges d’appoint, permettant d’offrir traditionnellement jusqu’à 7 places, mais en contrepartie, ce Q7 60TFSIepromet 50 km d’autonomie en électrique.
C’est satisfaisant au quotidien, et en tout cas du niveau de ce que propose la concurrence, mais cela reste un peu moins bien que son prédécesseur. De même, l’ancienne mouture ne rejetait que 46 g de CO2 au kilomètre, une valeur bien modeste qui risque probablement d’exploser sur cette variante remise au goût du jour. Pourquoi ? Parce qu’elle utilise cette fois un bloc essence, qui devrait consommer naturellement plus que le diesel, mais cette option technique est pleinement assumée par Audi qui songe à exporter ce Q7 aux USA et en Asie, des régions du globe friandes de gros SUV et fortement allergiques au diesel. Mais pour ce qui est de l’Europe, le choix de l’essence risque d’être un frein par rapport au diesel, car nous sommes depuis passés au cycle d’homologation WLTP, beaucoup moins permissif au niveau du calcul des rejets. A vrai dire, il nous faudra patienter pour vérifier ce point précis, car à l’heure où nous écrivons ces lignes ce Q7 « propre » essayé en avant-première n’a pas encore été homologué, et donc, de nombreuses zones d’ombres persistent. Mais à l’issue de ce premier contact effectué en Bavière, certains doutes sont aussi levés…
Mets les watts !
Je débarque donc à Munich, en pleine « oktoberfest », l’incontournable fête de la bière. Ma mission du jour : consommer moins que ce Q7 TFSIe… et que les autochtones ! Sur la forme, rien ou presque ne différencie cette variante « propre » d’un Q7 « sale », excepté le sigle spécifique apposé sur le coffre, et la présence, sur chaque aile arrière, d’une trappe à carburant. Côté passager, c’est pour remplir le réservoir d’essence, et côté conducteur, recharger les batteries d’une capacité de 17,3 kWh, assez importantes pour faire tourner le seul moteur électrique de 94 kW sur près de 50 km. Evidemment, vous vous doutez bien qu’avec tout cet attirail d’intégré dans le plancher du coffre, ce mastodonte de 5m05 de long n’a rien d’une ballerine, et vous aurez raison, puisqu’il accuse quelques 2470 kg sur la balance. Mais avec l’apport du moteur thermique, ce Q7 développe, en puissance cumulée, quelques 455 ch, soit un peu plus encore que le déjà très sportif SQ7 (V8 4.0 TDI de 435 ch).
En se hissant sur le large siège conducteur à multiples réglages électriques, les habitués familiers des dernières productions des Anneaux ne se sentiront pas dépaysés. A bord, la finition force toujours autant le respect, et malgré une présentation calquée sur le Q8, ce qui se traduit par une profusion d’écrans tactiles à très haute résolution, tout est intuitif et la lisibilité parfaite. Excepté un affichage digital spécifique baptisé « power mètre », permettant de visualiser au niveau des compteurs l’autonomie restante en électrique et en thermique, rien ou presque ne permet de voir que nous sommes dans un SUV utilisant une technologie « plug-in ». Une fois chargées à bloc, les batteries offrent, selon le protocole WLTP, jusqu’à 50 km d’autonomie en mode tout électrique « EV ». C’est probablement le cas, et donc suffisant dans la plupart du temps au quotidien, du moins si on roule le pied léger et que l’on n’abuse pas des belles accélérations offertes.
Car ce Q7 « écolo » peut curieusement, en soudant l’accélérateur au plancher, se transformer presque en engin sportif. Lorsque les 700 Nm de couple déboulent sur les 4 roues ce Q7 fait montre d’un punch étonnant malgré sa masse, en étant capable d’effacer le 0 à 100 km/h en seulement 5,3 secondes. Un exercice que nous avons maintes et maintes fois répété, et même davantage encore en filant sur l’Autobahn toute proche, dépourvue de toute limitation de vitesse imbécile. Au-delà des 135 km/h, le bloc thermique prend le relais, le moteur électrique devenant alors secondaire. Il n’empêche, ce Q7 pousse vraiment fort, en émettant de surcroît une sonorité très sympathique au niveau des échappements, l’immense coffre faisant alors office de « caisse de résonance ».
En roulant pied léger, en entrant en ville, on se retrouve au volant d’une autre voiture. Le fauve qui régnait sans partage sur la file de gauche de l’Autobahnest devenu un monstre de douceur. Dans ce contexte, on est forcément séduit par l’onctuosité des commandes et la quasi-absence de bruit, le moteur électrique venant alors se substituer au V6 essence. Et en faisant le jeu de l’écoconduite, pour récupérer un maximum d’énergie (jusqu’à 80 kW en freinage), on appréciera sa sobriété record, puisque tant qu’on évolue en mode électrique, on ne consomme pas une goutte de carburant. Pour y parvenir, encore faut-il s’astreindre à une recharge systématique à chaque arrêt, ce qui implique une parfaite gestion de ses déplacements, un grief forcément synonyme de contraintes à l’usage.
Et mieux vaut ne pas être trop pressé, car une recharge (limitée à 7,4 kW) prend au mieux 2h30 sur une borne rapide. Ceux qui seraient tentés de s’en affranchir risquent en revanche de rapidement déchanter, car privé de son assistance électrique, ce Q7 plombé par le poids de ses batteries se révèle alors naturellement plus gourmand qu’un modèle conventionnel, au point d’engloutir alors plus de 10 l/100 km. En clair, ce Q7 60 TFSIe ne reste pertinent que si on l’utilise à bon escient : dans le cas contraire, on n’a pas fait plus économique que la version animée par le V6 3.0… TDI !
L’avis d’Avus
Séduisant sur le papier, ce Q7 l’est aussi vraiment à l’usage en tenant toutes ses promesses, et ce, tant sur route, qu’en ville. Mais pour l’utiliser à bon escient, et rentabiliser son achat (proche des 85 000 € environ), mieux vaut justement l’utiliser sur de petits trajets péri-urbains, ce qui peut sembler incongru pour un grand SUV à vocation familiale. Car ce Q7 se révèle en effet très sobre, et donc « écologique », si vous exploitez au maximum de ses possibilités les batteries. Cela suppose une gestion sans faille de ses déplacements, avec à chaque fois la possibilité de recharger. Autant de contraintes qui risquent de décourager beaucoup d’acheteurs potentiels…
Fiche Technique
Audi Q7 60 TFSIe
- Moteur : V6 3.0 TFSI + un moteur électrique de 94 kW
- Puissance (cumulée) : 455 ch
- Couple (Nm à tr/mn) : 700
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : Tiptronic à 8 vitesses
- Freins : 4 disques ventilés
- Pneumatiques : 235/65 R 18 (AV et AR)
- L x l x h (en m) : 5,05 x 1,97 x 1,74
- Coffre(litres) : 890 à 2075
- Poids à vide (kg) : 2470
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,3
- Vitesse maxi (km/h) : ND
Les plus
- Ligne plus élégante
- Intérieur vaste et high-tech
- Comportement sûr et efficace
- Agrément de conduite
- Autonomie en électrique… si bien utilisé !
Les moins
- Poids et encombrement importants
- Consommation moyenne élevée si batteries vides
- Temps de recharge des batteries
- Option 7 places indisponible
- Prix probablement élevé (85 000 € – estimation)