La tête et les épaules
Avoir une tête bien faite, c’est bien, mais avoir le corps qui suit, c’est encore mieux ! Cette difficile alchimie, l’athlétique Q8 tente de la proposer. Nous avons vécu plus de 48H à son contact, durant lesquelles nous ne lui avons rien épargné…
Par Joseph Bonabaud, photos Thomas Riaud
En bref
Nouveau grand SUV-coupé d’Audi
Version 50 TDI (V6 3.0 de 286 ch)
Prix (à partir de) : 78 000 €, hors malus de 8000 €
« Ce grand SUV hérite du chiffre « 8 », symbole d’excellence et de très haut de gamme chez Audi »
« Mieux vaut tard que jamais » dit l’adage… Mais même s’il arrive bon dernier, avouons que cela valait la peine d’attendre. Car il ne fait aucun doute que l’Audi Q8 va causer « quelques ennuis » à ses principaux rivaux… Entièrement nouveau sur la forme, enrobé d’une jolie plastique dynamique, le Q8 risque fort de se frayer un chemin naturel dans une catégorie, certes, très haut de gamme, mais aujourd’hui particulièrement technologique et concurrentielle dans l’univers exclusif des SUV dit « grands SUV coupé »
Dans ce domaine, les allemands, sont passés « maître » grâce à la présence du BMW X6, le précurseur, mais aussi du Mercedes GLE Coupé, l’outsider, mais également, du Range Rover Velar, qui se pose en très chic alternative. Pour les contrer, le Q8 ne manque heureusement pas d’arguments, à commencer par la base de sa conception : Une plate-forme technique commune à un certain Lamborghini Urus, Bentley Bentayga, Porsche Cayenne ou… Audi Q7. Voilà qui pose notre SUV clairement dans la cour des grands. Une évidence, étant donné qu’il hérite du chiffre « 8 », symbole d’excellence et de très haut de gamme chez Audi !
Malgré cette filiation pour le moins élitiste, Audi pense vendre d’ici à 2020, plus de Q8 dans le monde que de Q7. Jusqu’à présent, le constructeur aux anneaux s’était contenté de surfer dans l’univers des grands SUV avec son Q7, dont la première génération avait été un énorme succès. La deuxième génération, plus convenue et « mastoc » dans ses formes, laissait la place à un nouveau modèle dont le style permettait davantage de liberté, plus dynamique et de caractère. Mais contrairement à BMW, qui s’est contenté de greffer un toit fast-back de coupé sur son X5 pour créer son X6, le Q8 n’est pas un Q7 coupé. Il est bien plus que cela. C’est un véhicule inédit dont le design, et notamment la face avant, va servir de manifeste de style aux futurs SUV de la marque.
Le Q8 est donc le cinquième SUV Audi qui coiffe une gamme plutôt cohérente, débutant avec le Q2. Long de 4m98, soit près de 7 centimètres de moins que son grand frère Q7, mais plus large de 2,7 cm, pour atteindre deux mètres d’envergure, ce nouveau Q8, avec une hauteur limitée à 1m70, offre des mensurations quasi parfaites. Ses épaulements bien proportionnés, ces lignes de caractères qui convergent du toit vers les optiques arrière, séparées par une bande noire, lui apportent ce qu’il faut de sportivité. Cette nouvelle calandre « Space Frame », chère à Audi, désormais très horizontale et octogonale, englobe de magnifiques optiques Matrix à 9 lames. Il faut avouer que les montants de porte élevés, et en conséquence, les faibles surfaces vitrées, sans encadrement comme sur un coupé, participent pleinement à sa carrure d’athlète. Et les historiens de la marque aux Anneaux, sauront j’en suis sûr déceler les multiples clins d’œil adressés au passé par ce Q8, et pas seulement les bossages sur les ailes !
Bien sûr, ce style fort du nouveau venu a forcément compliqué la tâche des ingénieurs d’Ingolstadt pour en faire une vraie voiture à vivre. Entre esthétique et aspects pratiques, il faut faire des choix… L’espace à vivre et la place accordée aux rangements sont plus exigus que dans un Q7, et à cause de la faible garde au toit à l’arrière, il n’y aura pas de version 7 places pour le Q8.Cela étant, les 3 places arrière sont néanmoins préservées, grâce à sa largeur plus importante, même si la place du milieu n’est pas forcément aussi confortable que les deux de côté. Pour les grands gabarits, en revanche, aucun problème de confort aussi bien pour le haut, la tête, que pour le bas au niveau de l’espace aux jambes.
Quant au coffre, de 605 litres à 1755 litres (banquettes arrière rabattues), il reste très pratique à charger avec un seuil de chargement plus bas et une disposition rectangulaire. Mais il perd évidemment un peu en capacité par rapport à son grand frère (890 à 2075 dm3). Heureusement que, comme sur les Q3 et Q5, la banquette arrière coulisse de 10 cm pour offrir d’un côté plus de place à l’arrière ou, de l’autre, plus d’espace dans le coffre. Le choix entre les deux modèles Q7et Q8 devra donc se faire sur un intérêt d’usage, le Q7 s’orientant davantage aujourd’hui vers une philosophie familiale, chose que ne dément pas la version tout juste restylée (voir notre premier contact dans ce numéro).
Toujours est-il que le Q8 profite des avancées technologiques des berlines haut de gamme A6, A7 et A8, chose évidente lorsque l’on contemple le tableau de bord. En effet, dans cet intérieur ultra moderne et numérique, le Q8 dispose d’un poste de pilotage high-tech avec pas moins de 2 écrans tactiles superposés (8,6 pouces et 10 pouces) utiles aux fonctionnalités de confort et d’infos divertissements. Sans oublier l’incontournable virtual cockpit (écran numérique) dont l’agrément facilite la conduite. Bref on se sent bien dans cet univers dont la qualité perçue, la finition et l’agrément restent des références pour la catégorie.
Comme ses sœurs A8 et R8, le Q8 commence haut sa carrière, en version 50 TDI. Un matricule qui ne veut pas dire grand-chose, puisqu’on trouve dans la salle des machines du V6 3.0 TDI de 286 ch. Ce qui est sûr, c’est que ce gros diesel a du souffle, et ce, dès les plus bas régimes (600 Nm dès 2250 tr/mn). Une fois lancé, il distille des relances suffisantes, pour ce Q8 dont le poids à vide atteint tout de même 2145 kg. Ainsi, comptez 6,3secondes pour atteindre les 100 km/h, la vitesse maximale plafonnant à 232 km/h maxi.
Pour autant, il me semble que ce noble V6 n’est pas toujours bien épaulé par la boite automatique Tiptronic à 8 rapports, un peu lente à s’exécuter, tant au démarrage qu’au rétrogradage.
Un défaut perceptible dû, paraît-il, au calibrage de la gestion de la boîte, voulu ainsi pour passer les nouvelles procédures d’homologation. Pourtant, le Q8 ne ménage pas ses efforts pour rouler « plus blanc que blanc ». Car à l’instar d’une Audi A7 par exemple, le Q8 dispose d’une hybridation légère avec un réseau de bord 48 volts et un alterno-démarreur qui permet d’économiser quelques grammes de CO2 et 0,7 l/100km de carburant lorsqu’on ne sollicite, comme sur autoroute par exemple, pas trop l’accélérateur (vitesse stabilisée entre 55 et 160 km/h). Avec un tel usage, le système coupe le moteur et peut même le faire si besoin de 22 km/h à zéro, lors de l’arrêt d’un feu tricolore par exemple. Très fort !
A l’épreuve de la route, le Q8 dispose d’un arsenal technologique à la pointe et très performant pour rendre la conduite plus agréable, confortable et sécurisante, sans omettre, si besoin, une bonne dose de dynamisme. Outre la suspension pilotée, offrant plusieurs lois d’amortissement, mais aussi des roues arrière directrices, le Q8 se dote d’une nouvelle suspension pneumatique « sport » disponible en option, que nous vous recommandons chaudement, surtout si votre Q8 a, comme notre modèle d’essai, d’énormes roues de 22 pouces. Elle offre jusqu’à 9 cm de débattement et permettant ainsi plus de polyvalence d’utilisation.
La garde au sol s’élève jusqu’à 25,4 cm, permettant d’arpenter sans crainte quelques terrains hors des sentiers battus, chose dont nous ne nous sommes pas privés. A vrai dire, le Q8 nous a étonnés en franchissement même si, sur ce terrain, un Range Velar fera toujours mieux. Il n’empêche, la transmission quattro mécanique (de type Torsen), dont la répartition normale est de 60% à l’arrière et 40% à l’avant, peut varier jusqu’à 85% du couple sur les roues arrière et 70% sur les roues avant. Elle garantie une certaine mobilité du train arrière, tout en assurant une parfaite motricité, même lorsque les roues évoluent sur une surface à faible adhérence. Comme pour gagner son chalet de Courchevel par exemple, en pleine tempête de neige !
L’avis d’Avus
Non content d’être le plus beau du segment – excepté peut-être face au Range Velar et au très récent Cayenne Coupé, le Q8 sait, comme par magie, paraître bien plus agile et maniable que son gabarit le laisse supposer. Et il sait aussi séduire son monde de l’intérieur, en mixant belle habitabilité, modularité et modernité. Convaincant en hors-piste, et impérial sur voies rapides, le Q8 50 TDI n’a finalement que pour seul défaut une boîte un peu trop paresseuse dans sa gestion au démarrage, et des prix en rapport avec son matricule « 8 », symbole d’excellence chez Audi. Comptez minimum 78 000 € pour vous l’offrir… sans compter un malus de 8000€.
Fiche technique
On aime | On aime moins |
Style fort et personnel | Prix et malus décourageants |
Dynamisme de conduite | Gestion de la boîte trop lente au démarrage |
Moteur performant | Carrosserie exposée |
Intérieur high-tech et bien pensé |
- Moteur : V6 turbo diesel avec rampe commune et micro-hybridation 48V, 2967 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 286 de 3500 à 4000
- Couple (Nm à tr/mn) : 600 de 2250 à 3250
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : Tiptronic à 7 vitesses
- Freins : 4 disques ventilés
- Pneumatiques : 285/40 R 22 (AV et AR)
- L x l x h (en m) : 4,99 x 1,71 x 2,00
- Poids à vide (kg) : 2145
- 0 à 100 km/h (sec) : 6,3
- Vitesse maxi (km/h) : 232
- Rejets de CO2 (g/km) : de 172 à 179 selon taille des roues