Entre « fins de mois difficiles » et « fin du monde », de nombreux français ont fait leur choix en fustigeant l’augmentation brutale des taxes sur les énergies fossiles, dont le carburant. Une situation qui est à l’origine de la colère des gilets jaunes, qui a provoqué le gel de la taxe carbone, et encouragé la mise en place d’une « prime à la conversion » plus souple, pour aider les français à mettre au rebus leur vieille voiture, contre une plus moderne (donc moins polluante), neuve ou d’occasion, y compris en diesel. Mais ce dispositif d’aide au remplacement est victime de son succès (300 000 primes attribuées en 2018 contre 500 000 estimées sur le quinquennat !), si bien qu’à peine nommée, Elisabeth Borne, la nouvelle ministre de la Transition écologique et solidaire, décide de changer les règles du jeu, à compter de ce… 1er août !
Comme trop souvent en France, cela se fait une fois de plus dans la précipitation, et sans concertation avec les professionnels du secteur automobile (qui représente « juste » 12% de la population active !), un secteur déjà lourdement impacté par les nombreux freins franco-français, à commencer par le malus. Le marché automobile français a dévissé ces derniers mois de 8,5%, et ce type de durcissement des conditions ne va pas du tout dans le bon sens, surtout à un moment où on voit fleurir ici et là de nombreuses mises en place de « circulation différenciée » impactant et mettant sur la touche les automobilistes les moins aisés. Ce revirement est avant tout dogmatique, puisque motivé par l’exclusion des diesels immatriculés avant septembre 2019.
Mais pas que… Car désormais, la prime à la conversion fixée à 2500 € (et 5000 € pour les plus modestes selon conditions) donnera la priorité aux véhicules hybrides ou 100% électrique, neufs, et donc plus coûteux que les voitures d’occasion jusqu’à présent intégrés au dispositif. Et si cette prime reste ouverte pour les voitures essence éligibles à la vignette Crit’Air 1, elles ne devront pas émettre plus de 117g/km de CO2 (contre 122 auparavant). Autant dire que nous avons principalement affaire à de petites cylindrées, sans intérêt pour les familles nombreuses et les gros rouleurs… A noter que les voitures coûtant plus de 45 000 € (comme la nouvelle e-tron quattro 100% électrique) sont désormais exclues du dispositif, et que le montant de la prime à la casse sera désormais défini en fonction du revenu fiscal de référence par part. Bref, voilà une magnifique usine à gaz encore plus opaque que la fumée des diesels des années 80, qui correspond juste, ni plus, ni moins, à une simple « mise à la casse » de ce dispositif…