Eclectique… et électrique !
Pour cette 89ème édition du salon de Genève, Audi s’est distingué en électrifiant la quasi-intégralité de ses modèles. Fer de lance de cette stratégie, l’inédit Q4 e-tron, un concept très proche du modèle de série…
Bien décidé à tourner la page du dieselgate, Audi se lance à fond dans l’électrification de sa gamme. Cela peut être « light », en misant sur une électrification partielle, en introduisant, a minima, un réseau de bord 48V (comme sur le SQ7), pour alimenter notamment un compresseur électrique, gage d’une réactivité foudroyante dès le démarrage. Un cran au-dessus cette assistance, il y a les hybrides rechargeables de type « plug in », comme les A3 et Q7 e-tron qui ont été supprimées du catalogue lors du passage à la nouvelle norme WLTP. Espérons que BMW et Mercedes, mieux préparés, en ont bien profité, car Audi siffle la fin de la récréation en revenant pas avec un, ni deux nouveaux modèles, mais juste… quatre ! Promises pour cette année (probablement en septembre), ces Audi hybrides héritent du patronyme « TFSIe », et pour l’heure, cette technologie est implantée dans les A6, A7, A8 et le Q5 (voir nos « news »). A n’en pas douter, ces hybrides rechargeables, qui offrent une quarantaine de kilomètres d’autonomie en mode 100% électrique, sont amenées à se généraliser, et il est probable que les prochaines à en bénéficier soient les A3 et A4.
Reste le top du top en matière d’électrification : le véhicule… 100% électrique ! Chez Audi, il prend désormais les traits du e-tron quattro, un élégant crossover enfin disponible à la commande qui devrait, prochainement, connaître une déclinaison plus sportive, signée Audi sport. La famille « e-tron » est d’ailleurs amenée à fortement s’élargir à moyen terme. La prochaine étape sera actée par l’introduction d’une déclinaison « sportback », caractérisée par la greffe d’un toit en pente douce sur la caisse de l’e-tron. Une manière de rendre coup pour coup aux Mercedes GLE Coupé et autres BMW X6. En attendant, Audi joue avec nos nerfs et les objectifs des caméras et appareils photos, l’engin étant présenté… mais en tenue de camouflage « orange fluo ». Ce n’est pas très discret, mais assez marqué pour tromper le regard et la perception des volumes en « cassant » les lignes de force.
A propos de lignes fortes, qui marquent définitivement votre rétine au fer rouge (aie !), il y avait sur le stand la sculpturale e-tron GT, un coupé-berline posé au ras du sol qui ferait presque passer l’A7 Sportback pour un tracteur tant cette carrosserie est basse et fuselée. L’e-tron GT faisait donc ses premiers pas sur le vieux continent, et elle deviendra, elle aussi, prochainement réalité grâce à une synergie mise en place avec le cousin Porsche, qui commercialisera un modèle équivalent, sous le nom de Taycon.
Emissions de carbone
Mais la star du stand Audi, c’était sans conteste l’inattendu Q4 e-tron, un concept de SUV compact très proche du modèle de série, annoncé pour la fin 2020 (voir notre rubrique « design »). Avec ses 2 moteurs électriques, offrant une puissance cumulée de 225 kW (environ 300 ch), il promet jusqu’à 450 km d’autonomie. Au-delà de ces modèles plus ou moins « propres », le constructeur présentait, mais de façon beaucoup plus discrète, sa R8 « Decennium » dans un lounge Audi exclusive vitré, tenu à l’écart du public. Limitée à seulement 222 exemplaires pour le monde (dont 7 réservés à la France), cette R8 à la livrée pour le moins spéciale, célèbre à sa manière les 10 ans du fantastique V10 qui l’anime. Pour notre part, nous aurions aimé qu’Audi lui offre une petite louche de chevaux supplémentaire, histoire de marquer le coup… et se remettre à niveau face à la concurrence directe, la toute nouvelle Ferrari F8 Tributo affichant crânement… 720 ch.
L’écurie de cette R8 stagne donc à « seulement » 620 ch, ce qui lui permet néanmoins d’effacer le 0 à 100 km/h en 3,1 sec et d’atteindre 331 km/h. Pour se différencier d’une R8 V10 Plus dont elle dérive étroitement, elle mise donc tout sur le look en adoptant, en carrosserie coupé exclusivement, une inquiétante livrée en gris Daytona mat. Les bas de caisse et le diffuseur sont peints en noir brillant, tout comme les anneaux, tandis que les coques des rétroviseurs sont en fibre de carbone. Effet « darkVador » garanti ! Mais ce qui se remarque le plus, c’est évidemment l’aspect bronze des jantes de 20 pouces, un coloris original qui recouvre aussi les culasses du moteur. À bord, un logo « Decennium »orne la console centrale, les seuils des portes (posés sur de la fibre de carbone)… Il est même projeté au sol à l’ouverture des portières, avec le numéro de l’exemplaire concerné. L’ambiance est sombre, avec des sièges en cuir matelassé noir, mais résolument chic, les surpiqûres étant de couleur cuivre. Cette R8 « collector » était presque sobre, comparé à certaines réalisations plus outrancières, comme les dernières nouveautés concoctées par le spécialiste Abt.
Mesure… et démesure
A peine commercialisé, et voilà que le SUV sportif Q8 est déjà upgradé par Abt. Présenté dans une livrée d’un blanc immaculé, le tout rehaussé par un kit carrosserie noir, ce Q8 bien posé sur de grosses roues de 22’’ avait de quoi impressionner. Un look suggestif, pleinement justifié par la préparation mécanique effectuée. Côté moteur, le V6 3.0 TDI délivrant 286 chevaux en série, voit son écurie grimper à 330 canassons, tandis que le couple fait lui aussi un bond en avant, passant de 600 à 650 Nm. C’est assez pour gratter 2 dixièmes sur le 0 à 100 km/h et pour signer un honorable 6,1 sec sur l’exercice.
Même « punition » pour la dernière A6 Avant 50 TDI, qui voit la puissance de son V6 atteindre également les 330 ch. L’auto étant moins lourde et mieux profilée que le Q8, le 0 à 100 km/h tombe à 5,5 sec ! De quoi légitimer un kit carrosserie plus agressif, souligné par des éléments noirs brillants. Mais dans la catégorie « break qui va bien », notre coup de cœur va à une RS4+ de toute beauté. Presque sobre en apparence, avec son kit carrosserie subtilement rehaussé d’éléments en carbone, cette RS4 était pourtant présentée dans une livrée « verte pomme » proche du nuancier Porsche, avec de belles jantes bronze. Sous le capot de cette « voiture verte » comme on aime, le V8 passe de 450 à 530 ch (pour 690 Nm de couple), lui permettant de détaler en 3,8 sec sur le 0 à 100 km/h, l’engin étant toujours « bridé » à… 280 km/h. Voilà le genre de « principe de précaution » que l’on partage volontiers avec les hommes d’Abt !
Mais même en roulant en Audi RS préparée par Abt, on reste toujours le « petit de quelqu’un », surtout lorsqu’au salon de Genève, le stand voisin est celui de… Bugatti. Honnêtement, même si chez Bugatti les caractéristiques techniques laissent sans voix, tout comme la perfection affichée dans chaque composant, on ne peut pas dire que ces autos figurant parmi les plus chères au monde soient des modèles d’élégance et de bon goût, façon Aston Martin. Et à l’occasion de ses 110 ans, la marque de prestige du groupe Volkswagen s’est laissée aller au grotesque, en éditant un « one-off » (un modèle unique) dérivé de la Chiron. Si le moteur reste identique, avec un kolossal W16 4 turbos 60 soupapes de 1500 ch, la carrosserie composée majoritairement de carbone est totalement exclusive. Cette hypercar ultra-exclusive, déjà pré-vendue 16,7 millions d’Euros (à un certain Ferdinand Piëch), se nomme « La Voiture Noire ». Un nom ridicule, à l’image des 6 sorties d’échappement exhibées à l’arrière. A quand une version avec 12 sorties et 4 ailerons superposés vendue 50 millions, histoire de dire à son voisin milliardaire « c’est moi qui ai la plus grosse » ?