Audi A6 2.0 TDI 204 ch
Le compte est bon
S’il est toujours tentant de viser la lune pour repartir au volant d’une noble version V6, certaines réalités plus matérielles peuvent vous faire retourner sur terre, obligeant à vous rabattre, à contre-cœur, sur une version d’entrée de gamme. Ce 2.0 TDI de 204 ch endosse ce rôle ingrat et nous avons voulu voir s’il était fréquentable. Ou pas…
En bref
8ème génération d’Audi A6
Version 40 TDI, 4 cyl. 2.0 204 ch
Prix (à partir de) : 51 160 € en berline
Qu’on se le dise : le diesel n’est pas mort ! S’il est définitivement écarté du segment des citadines, ce qui n’est pas un mal en soi, ce type de moteur reste en revanche parfaitement calibré pour mouvoir une grosse auto et ce, sans polluer plus qu’avec une version essence, en dépit des sottises que l’on peut vous dire. Avec une longueur portée à 4m94, et ce en berline comme en break Avant, la nouvelle A6 lancée à la fin de l’année dernière semble correspondre parfaitement à ce profil. Un profil de grande routière au statut premium, qui séduit dès le premier coup d’œil. Si le style s’inscrit dans la veine de sa devancière, il a tout de même gagné nettement en dynamisme, grâce à l’adoption d’une calandre plus basse et plus large, tandis que les ailes se voient coiffées de subtils bombages, qui évoquent clairement l’ancêtre Ur quattro. Quant à l’arrière, il reçoit une baguette inédite qui s’étale sur toute la largeur de l’auto, en finition chromée pour les férus de classicisme, ou comme ici en noir, ce qui fait plus « sport ». La couleur « rouge tango » de notre exemplaire d’essai y est aussi pour beaucoup (option à 1250 €), et honnêtement, ça change des incontournables noirs, gris et blancs qui « égayent » nos show-rooms ! Cela ne va pas la faire avancer plus vite pour autant, surtout que notre A6 est dotée du plus petit mazout disponible : le 40 TDI.
« Disponible en berline comme en break, cette A6 fait un sans-faute sur toute la ligne, au point d’être, selon nous, la version la plus recommandable »
Un terme abscons qui ne veut rien dire, sorti de l’esprit fertile de « marketeux » cherchant à justifier leur salaire, qui cache en fait la présence d’un simple 4 cylindres 2.0 TDI. En clair, c’est le diesel d’entrée de gamme, celui qui sera plébiscité par les chefs d’entreprises et les flottes, mais aussi par vous et moi, à condition de pouvoir tout de même allonger près de 50 000 € (et même 52 600 € pour le break Avant). C’est beaucoup, et Audi a d’ores et déjà prévu une plus modeste variante 35 TDI (2.0 de 163 ch), pour abaisser la facture à 47 700 € en berline. Mais en attendant sa venue prochaine, cette « petite » A6 40 TDI n’a rien d’un ticket d’entrée indigent, et ce, même si cela part mal sur le papier, puisqu’elle n’est proposée qu’en simple traction avant, la transmission intégrale quattro demeurant réservée aux nobles versions V6. Rassurez-vous, chez Audi, il existe de nombreuses façons de dépenser bien au-delà du prix de base, ce qui est le cas de notre version d’essai, présentée en livrée sportive S line, affichée plus de… 70 000 €. Pour justifier ce surcoût, elle avance sa présentation chic et choc, mise en valeur par des sièges sport habillés de cuir et d’alcantara, ses inserts en aluminium, sans oublier ses très belles jantes de 19 pouces.
Le mieux, l’ennemi du bien
La pingrerie des constructeurs allemands n’est pas une légende, et Audi contribue largement à savamment l’entretenir, car même en payant le prix fort, la liste des options reste longue comme le casier judiciaire d’un « jeune » désœuvré de la cité ! Mais cela n’a pas que des inconvénients, la plupart des insupportables aides à la conduite étant proposées en sus. Tant mieux, car à l’usage, la plupart de ces dispositifs installés sournoisement « pour notre bien », sont trop souvent intrusifs, castrateurs et… énervants à la longue ! C’est notamment le cas de l’avertisseur de franchissement de ligne, ou du radar anticollision qui freine bêtement à votre place, mais hélas aussi de l’affichage tête haute (1 650 €) ou encore de la vision nocturne (2 250 €), qui sont en revanche, eux, plus appréciables. On peut également déplorer, à ce niveau de gamme, que l’A6 soit livrée d’office avec une instrumentation classique à aiguilles, puisque le virtual cockpit (compteurs digitaux à affichage variable) et le MMI Navigation Plus sont facturés 2 150 €.
Ne faites pas l’économie de ces affichages high-tech, car ils confèrent véritablement à l’A6 son statut de routière moderne et haut de gamme, et ainsi nantie, elle peut se permettre de toiser ses rivales directes, les Mercedes Classe E et BMW Série 5, demeurées plus traditionnelles. Au-delà de ces aspects, vous apprécierez l’agencement de cette planche de bord épurée, la plupart de ces systèmes se laissant facilement apprivoiser du bout des doigts malgré la richesse de leur contenu. Seule exception notable, le GPS, difficile à lancer, ce qui est regrettable sur une auto de cette catégorie ! Bien sûr, contrairement à une réelle baisse de qualité perçue palpable sur les derniers petits modèles, cette A6, qui reste le modèle le plus diffusé par Audi au niveau mondial, reste heureusement fidèle à ses fondamentaux. Matériaux valorisants et ajustages millimétrés donnent à l’A6 une dimension de voiture haut de gamme, qui n’a (presque) rien à envier à la luxueuse A8. Rien, excepté quelques gadgets, mais aussi quelques centimètres en largeur et longueur, même s’il en reste bien assez pour faire de cette A6 une grande routière, très agréable à vivre. Mais aussi à conduire, y compris avec ce petit moteur…
La bonne mesure
Enfin, « petit » est vite dit, car si tel est le cas pour un allemand dans cette catégorie, vu de France, où tout est fait pour vous maintenir la tête sous l’eau, on est déjà dans l’opulence avec une cavalerie dépassant les 200 ch ! Et de vous à moi, ce n’est pas trop pour une auto de ce gabarit, approchant les 1800 kg avec les pleins. Heureusement, les motoristes ont bien travaillé, en obtenant pas moins de 400 Nm dès 1750 tr/mn, autant dire une disponibilité maximale presque au démarrage ! Même si l’intégralité de la puissance est transmise aux roues avant, il n’y a quasiment pas de remontées de couple désagréables dans le volant. Quant aux accélérations, à défaut d’être fulgurantes, elles sont tout à fait dignes et suffisantes dans 90% des cas, ne donnant jamais la sensation de trop peu (0 à 100 km/h en 8,3 sec). Il est vrai que la boîte optionnelle S tronic à 7 rapports est parfaitement calibrée pour ce moteur, avec un échelonnement bien étudié. Pour ne rien gâcher, cette greffe ne se fait pas au détriment de la consommation moyenne, oscillant de 6,5 à 7,5 litres/100 km selon la conduite adoptée.
Au-delà de ces chiffres flatteurs, cette A6 berline très homogène à l’usage répond parfaitement à l’idée légitime que l’on peut se faire d’une grande routière facturée plus de 50 000 €. Silencieuse et confortable, même en évoluant sur revêtement dégradé, l’A6 sait même faire preuve d’un dynamisme étonnant dans les virages serrés abordés à vive allure, la direction précise, directe et informative permettant de placer avec justesse le train avant, l’arrière se contentant de suivre. Cette grosse auto se montre d’ailleurs tellement agile, qu’elle paraît plus compacte qu’elle n’est en réalité ! Une agilité qui peut être décuplée grâce aux réglages de l’Audi drive select, un dispositif cette fois bien utile, heureusement livré de série.
L’avis d’Avus
A la fois vive, agile, confortable, efficace et très agréable à vivre, cette A6 disponible en berline comme en break fait un sans-faute sur toute la ligne, au point d’être, selon nous, la version la plus recommandable de toute la gamme. Certes, une variante équipée d’un V6 en offre plus et relève un peu le niveau, mais ces gros moteurs ont quelque peu perdu en agrément, tandis que le dernier 4 cylindres 2.0 TDI a, au contraire, fortement progressé. Résultat, les variantes V6, de surcroît frappées par un plus gros malus, peinent de plus en plus à justifier un écart de prix non négligeable. En pleine crise du pouvoir d’achat, il est rassurant de voir que le ticket d’entrée dans la gamme A6 est plus que fréquentable : ne cherchez pas, c’est l’A6 qu’il vous faut !
Caractéristiques techniques : Audi A6 2.0 TDI 204 ch
- Moteur : 4 cylindres en ligne turbo diesel, 1968 cm3
- Puissance maxi (ch à tr/mn) : 204 à 3500
- Couple maxi (Nm à tr/mn) : 400 à 1750
- Transmission : aux roues avant, boîte S-tronic à 7 rapports
- Freins : Disques ventilés, étriers à 4 pistons (AV et AR)
- Dimensions L x l x h (m) : 4,94/1,89/1,47
- Poids (kg) : 1835
- Volume du coffre (litres) : 530
- Pneus AV/AR : 245/45 R 19
- Vitesse maxi (km/h) : 241
- 0 à 100 km/h (sec) : 8,3
- Émissions CO2 (g/km) : 124
On aime
- Style agréable
- Qualité de construction
- Version plaisante et très homogène
On aime moins
- Quelques lacunes d’équipements
- Aides à la conduite trop intrusives
- Quattro non disponible sur 2.0 TD1