Audi Q3 35 TDI : Bon petit soldat

Pour Audi, il est clair qu’il fallait sauver le « soldat Q3 ». Après avoir mené brillamment ses premières missions voilà 8 ans déjà, en partant presque seul à la conquête du segment des SUV compacts premium, force était de constater son essoufflement face à des troupes plus jeunes. Mais le Q3 s’est refait une beauté, et nous revient gonflé à bloc comme jamais !

Ce Q3 est tout nouveau, et cela se voit au premier coup d’œil ! Calandre gourmande façon Q8, regard de braise et ailes galbées à « la mode quattro » donnent tout le sel à ce Q3.

En bref
Seconde génération de Q3
Modèle essayé : 35 TDI 150 ch quattro
Prix (à partir de) : 33 670 € (35 TFSI)

Chez Audi, le « cycle de vie » d’une voiture est de l’ordre de 8 ans, soit une durée plus longue que la moyenne. Bien sûr, pour entretenir la flamme, chaque modèle passe en cours de carrière par la case « restylage », et le premier Q3 a bien sûr eu droit à ce toilettage obligatoire. Mais s’il apparaissait comme un surdoué, et même un précurseur en débarquant sur un marché presque vierge en 2011, il a depuis perdu de sa superbe face aux plus récentes Mini Countryman, Infiniti QX30, BMW X1, Range Evoque, Volvo XC40 et autres Mercedes GLA. Et oui : c’est qu’il y a désormais du monde sur ce marché en pleine expansion ! Et encore, on n’a même pas évoqué l’arrivée en interne, entre-temps, d’un plus moderne Q2, qui commençait lui aussi à lui faire de l’ombre en adoptant des technologies de pointe qui lui étaient interdites, comme le cockpit virtuel. Pour le nouveau Q3, le salut est donc d’abord venu de la croissance des dimensions qui gagnent, à 4,49 m, 10 cm en longueur (dont 8 sur l’empattement), soit 5 cm de mieux qu’un X1 et 30 cm sur un Q2. Et 16 cm de moins que le Q5 qui devra désormais supporter la comparaison. Car si la hauteur ne change pas, il est élargi de 25 mm et prend une tout autre stature. Et cela d’autant plus facilement que ses jantes de 710 mm sont parmi les plus grandes du segment, le Q3 acceptant jusqu’à des roues de 20 pouces. Une inflation notable qui profite bien sûr au design… mais pas que !

Plus gros… et plus beau !

Si le style semble figé entre l’ancienne et la dernière A4, ici, il n’en est rien. Dès le premier coup d’œil, on remarque que le Q3 a bien fait peau neuve. La calandre tout d’abord, dans le style du Q8, premier à l’avoir adoptée, fait saillie et présente huit facettes. Deux entrées d’air béantes l’encadrent, lui procurant un côté sportif. L’arrière est plus sobre sous la casquette, recevant des feux défilants très high-tech et dissimulant dans le soubassement stylisé les échappements. Et oui : il ne fait plus bon montrer de nos jours qu’une voiture peut polluer. C’est d’autant plus sensible que l’accent est mis sur les blocs essence, fournissant 150, 190 et même 230 ch, cette dernière variante musclée ayant déjà été essayée par nos soins (voir Avus n°48). En diesel, l’offre, plus restreinte, se cantonne à un modeste 1.5 TDI décliné, au choix, en 150 ou 190 ch.

Le comportement du nouveau Q3 est à la fois sûr et plaisant, mais dans ce domaine, le BMW X2 se montre plus dynamique !

Le pouvoir d’achat étant plus que jamais au centre des préoccupations des français ces derniers temps, il nous est apparu opportun d’essayer cette version d’entrée de gamme, promise à de gros volumes sur notre marché. Bien que disponible en ticket d’entrée avec une simple traction avant, nous avons tout de même opté pour un modèle équipé de la transmission intégrale quattro, plus en phase avec l’esprit baroudeur du Q3… et l’image Audi. Toujours pour réduire la facture, notre Q3 30 TDI était équipé de la simple boîte mécanique à 6 rapports, l’excellente transmission S-tronic à 7 vitesses étant bien sûr disponible, en option. De quoi déjà faire exploser la facture à… 38 400 € avec une telle configuration.

Beauté intérieure

Tout neuf à l’extérieur, le Q3 est également entièrement repensé à l’intérieur. L’intérieur, c’est à coup sûr le point fort de ce SUV. Sacrifiant le stylé mais coûteux hayon autoclave du précédent modèle, le nouveau Q3 adopte un ouvrant beaucoup plus classique… et moins cher, dégageant du budget pour des sièges arrière coulissant sur 15 cm. L’adolescent au profil de basketteur va être content. D’autant que la banquette est fractionnée 40/20/40 et que les dossiers s’inclinent généreusement sur 7 positions ! Audi, plutôt timoré sur la flexibilité intérieure, assène ici une éclatante démonstration et surclasse la concurrence. Elle est d’autant plus réussie que le coffre, loin d’être ridicule, offre selon la position des assises de 530 à 675 l. L’habitabilité a progressé de façon spectaculaire, y compris en largeur aux coudes et en garde au toit, le Q3 réalisant un vrai bond sur ce plan, au point d’éclipser le Q2 et de faire de l’ombre au Q5.

Ce Q3 corrige de façon spectaculaire les défauts de la première mouture, à commencer par l’habitabilité. Il gagne de précieux centimètres qu’il met à profit de l’espace aux passagers, sans oublier le coffre.

Le conducteur n’est pas défavorisé avec une position de conduite impeccable, légèrement plus basse que sur les autres SUV. Tant mieux pour les sensations de conduite. Toujours spectaculaire, le tableau de bord ne déçoit pas avec un style tranchant et une présentation impeccable, la finition n’ayant pas été sacrifiée comme sur la nouvelle A1 (voir notre essai dans Avus n°49). Le Q3 se met à la page et reçoit la console à instruments numérique Virtual Cockpit de 12,3 pouces (10 pouces à la base) où il sera permis par exemple d’afficher entre les compteurs, ou en écran large, le GPS évolué « Google Earth ». La qualité d’affichage est tout aussi impressionnante que celle de l’écran tactile central de 10 pouces, intuitif et réactif. A propos de réactivité, dommage en revanche que ce bloc 35 TDI ne le soit pas plus…

L’intérieur a lui aussi fait sa mue, en adoptant notamment le cockpit virtuel. La présentation et l’ergonomie sont parfaites.

Style musclé pour conduite paisible

Dès le démarrage, ce n’est pas l’euphorie qui risque de vous guetter, la sonorité de ce diesel étant très quelconque. Mais en fermant la vitre, il sait se faire oublier, l’insonorisation du Q3 étant soignée. Notre essai se déroulant sur les routes exigeantes des Alpes italiennes, alternant cols, virages, montées raides et pentes abruptes, le Q3 doit donner le meilleur de lui-même.

Sur route, ce 35 TDI fait le job honorablement, mais sans aucun brio particulier. Quant à la consommation moyenne, proche des 7 l/100 km, elle est décevante.

Malheureusement pour lui, si cet essai s’était déroulé en ville, ou sur nos départementales nationales bridées à 80 km/h, ce 35 TDI aurait pu faire illusion. Mais ce moteur doit composer avec des rapports de crise, c’est-à-dire plutôt longs, qui obligent à relancer très fréquemment la mécanique. Heureusement, le guidage de la boîte ne souffre d’aucune critique. La rondeur mécanique de ce TDI (250 Nm de 1500 à 3500 tr/mn) bute par ailleurs sur le fait que son aisance diminue avec les montées en régime, forcément limitées sur un diesel. C’est d’autant plus dommage que les 150 canassons disponibles ne répondent tous présents qu’à partir de… 5000 tr/mn, ce qui est bien haut sur un diesel !

Cette souplesse tranche également avec une relative fermeté des suspensions rendue nécessaire pour contrôler le roulis, même si elles filtrent moins bien les chaussées dégradées. Un grief qui s’envole pour ceux qui cocheront l’option « suspension pilotée ».

Mais à défaut d’offrir un comportement sportif, le coup de volant se traduit par une réactivité du châssis très satisfaisante pour un SUV. Toujours digne dans les virages serrés, le Q3 ne se couche pas devant la première courbe venue, et la transmission intégrale quattro apporte incontestablement un vrai plus en « grip » et en sécurité, même en roulant fort. Quant au freinage, puissant en endurant face à l’échauffement, il nous a paru parfaitement bien calibré dans cet exercice de « montages russes ».

L’avis d’Avus

Clairement, cette version diesel de 150 ch d’entrée de gamme remplace très avantageusement le petit TDI de 120 ch proposé par l’ancienne mouture. Ce Q3 plus stylé et bonifié dans tous les domaines s’en sort avec les honneurs, grâce à un couple honorable disponible dès les plus bas-régimes, même s’il faut recourir souvent à la boîte de vitesses pour en tirer le meilleur parti. Certes, avec ce modeste 35 TDI, le Q3 n’affolera pas les chronos, ni les sens, mais il fait convenablement le job au prix d’une consommation toutefois importante, de l’ordre de 7,5 l/100 km dans ces condition extrêmes. Les gros rouleurs lui préfèreront la variante de 190 ch, assurément plus volontaire et pas plus gourmande. Mais également bien plus chère…

Caractéristiques techniques : Audi Q3 35 TDI

  • Moteur 4 cyl. turbodiesel et common rail, 1498 cm3
  • Puissance (ch à tr/mn) 150 de 5000 à 6000
  • Couple (Nm à tr/mn) 250 de 1500 à 3000
  • Transmission aux roues avant ou sur les 4 roues (quattro)
  • Boîte bvm6 ou S tronic à 7 vitesses (option)
  • Freins 4 disques ventilés
  • Pneumatiques 215/65 R 17 (AV et AR)
  • L x l x h (en m) 4,48 x 1,85 x 1,61
  • Poids à vide (kg) 1535
  • 0 à 100 km/h (sec) 9,6
  • Vitesse maxi (km/h) 211

On aime

  • Style plus moderne et musclé
  • Habitacle vaste et modulable
  • Présentation flatteuse
  • Comportement sûr et agréable

On aime moins

  • Prix élitiste
  • Rapports de boîte trop longs
  • Performances justes et conso élevée
  • Options chères et nombreuses

Les alternatives

BMW X2

Outre le X1, que l’on peut considérer comme un rival direct du Q3, il y a aussi ce X2, qui en dérive étroitement techniquement. Sauf que le style apparaît comme bien plus jeune et dynamique. Pas que le style d’ailleurs, puisque le X2 offre une conduite enjouée, qui surclasse celle de la concurrence, Q3 compris. Seuls bémols : des prix salés et un intérieur trop classique, de surcroît assez étriqué aux places arrière et au niveau du coffre… Prix : de 32 450 à 54 150 € selon version.

Jaguar E-Pace

Lancé en 2018, le sculptural E-Pace est également très doué en hors-piste. Mais passé cet « effet whaouhh », force est de reconnaître que le soufflet retombe bien vite. Outre un intérieur à la finition perfectible, l’E-Pace déçoit surtout par son poids, proche des 1700 kg. La faute à la plate-forme tout acier retenue, qui est celle du vieux Range Evoque, qui provient elle-même d’une ancienne Focus. Un handicap « de poids », qui plombe forcément les consommations et l’agrément de conduite… Prix : de 35 700 à 61 550 € selon version.

Avus:
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