TT coupé quattro Mk1 vs TT coupé quattro Mk3
« TT Time »
Si pour nos amis anglais le « tea time » est un rituel immuable, à Avus, nous avons, nous aussi, nos petites manies, comme confronter les dernières Audi à leurs ancêtres. L’exercice est encore plus savoureux que d’habitude lorsqu’il s’agit d’opposer le premier TT Coupé quattro à l’ultime mouture. L’heure du « TT Time » a sonné !
2018 sera-t-elle l’année TT ? Ce qui est sûr, c’est qu’Audi est devenue une marque synonyme de design grâce à cet « ORNI » (Objet Roulant Non Identifié). Car cette voiture possède un style fort, unique et intemporel. D’ailleurs, comme vous tous, j’en suis sûr, je me souviens parfaitement de la première fois où je l’ai vu. Cela a été un choc ! J’étais encore étudiant, et je suis tombé en arrêt devant cette voiture qui était garée dans une rue des beaux quartiers de Paris. Une gageure dans la mesure où ce TT « Mk1 », à la ligne incroyable, repose pourtant sur une banale plate-forme d’A3, elle-même « chipée » à la Volkswagen Golf !
Difficile à croire tant la carrosserie passe-partout de la banale Golf est ici avantageusement remplacée par un design fort « qui parle », composé d’arches et de lignes courbes, tout en rondeur. De profil, la voiture a tout d’une « ponceuse à bitume », reposant sur 2 niveaux. La carrosserie du coupé est parfaitement marquée jusqu’à l’épaulement, situé au niveau de la ceinture de caisse, d’où part le cockpit en forme d’arche, donnant l’impression d’être « posé » dessus. Les proportions sont idéales, avec deux tiers de carrosserie, pour un tiers de surfaces vitrées. Les claustrophobes ne vont pas apprécier ces « meurtrières » latérales, mais cela contribue à « asseoir » visuellement la voiture, et à renforcer un sentiment de solidité.
« Audi est devenue une marque design grâce au TT »
C’est vrai que tout y contribue, à l’instar de ces passages de roue proéminents très marqués, qui surplombent de généreuses roues en alliage léger de 17 pouces. Le métal brut, en l’occurrence l’aluminium, ose même s’afficher ostensiblement à bon escient. Sur la superbe trappe à carburant de type « compétition » bien sûr, mais aussi un peu partout dans l’habitacle. Ce style caractéristique, immuable, aura été parfaitement préservé par Walter De Silva, successeur à partir de 2002 de Peter Schreyer, lorsque le TT de seconde génération a été commercialisé (en 2006). Depuis 2014, charge à ce troisième opus de TT, de reprendre le flambeau. Que l’on se rassure : la relève est assurée !
Matière grise et perle noire
C’est avec un égal bonheur que je retrouve ce coupé TT de la première heure, dans sa version de pointe, puisque doté du quattro, mais aussi du 4 cylindres 1.8 turbo de 225 ch. Cela peut sembler aujourd’hui presque « léger », mais cela fait tout de même plus de 100 ch au litre, et n’oublions pas que le TT « 1 » ne pèse que 1395 kg, soit à peine plus que le poids d’une A1 Sportback ! Et pour mettre tout le monde d’accord, souvenez-vous que c’est ce même moteur qui fit parler la poudre sur la première S3, qui n’avait pas pour habitude de lambiner sur la route. C’est aussi le cas de cet ancien TT, et cela se voit !
Le TT est une voiture de sport qui va de l’avant, avec ses porte-à-faux courts et son arche de toit qui puise toute sa force en s’achevant en pente douce juste au-dessus des roues arrière, donnant l’impression que, même à l’arrêt, l’auto va bondir ! Et cet arrière justement, est particulièrement évocateur de performances, en exhibant deux grosses sorties d’échappement circulaires. Quant au petit aileron fixe, les non-initiés y verront là encore un « signe extérieur de vitesse ». Mais il n’en est rien. Sur les tout premiers millésimes, la forme de poupe était d’une pureté absolue, aucunement entravée par cet appendice un peu disgracieux. Mais l’instabilité chronique du train arrière dans les courbes abordées à vive allure a incité Audi à réagir, en greffant par principe de précaution un ESP de série… et cet aileron, censé générer un peu d’appui.
Caractéristiques techniques Audi TT quattro « Mk1 » (2000)
- Moteur : 4 cylindres turbo 20V de 1781 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 225 à 5900
- Couple maxi (Nm à tr/mn) : 280 de 2200 à 5500
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : mécanique 6 rapports
- Freinage AV / AR : disques ventilés, ABS
- Pneus : 225/45 R 17
- Dimensions (L x l x h) en m : 4,04 x 1,76 x 1,35
- Poids à vide (kg) : 1395
- Coffre (litres) : 270-540 (coupé)
- Réservoir (litres) : 55
- Vitesse maxi (km/h) : 243
- 0 à 100 km/h (sec) : 6,4
- Cote en 2015 : 9 000 euros environ
On aime
- Style fort et intemporel
- Ambiance intérieure
- Performances toujours flatteuses
- Rapport prix/prestations
On aime moins
- Amortissement mal calibré
- Comportement peu ludique
- Détails de finition
- Places arrière symboliques
En 20 ans d’existence, le TT a pris l’habitude de composer avec cet élément aérodynamique, mais il s’est bonifié. Depuis la seconde génération, l’encombrant aileron en question est amovible électriquement, et donc, parfaitement intégré dans la carrosserie lorsque la voiture est à l’arrêt (ou sous les 100 km/h). Il convient de saluer le travail remarquable effectué par Dany Garand et son équipe, responsable du troisième opus. Il a su trouver un parfait équilibre entre tradition et modernité, en effectuant un salutaire « come-back » stylistique en s’inspirant ouvertement du style du premier TT.
Cela se voit notamment au niveau du profil et de la poupe, comme l’attestent la disposition identique des 2 sorties d’échappement circulaires, ou les feux affleurant le galbe des ailes arrière. La proue, en revanche, est métamorphosée. Autant le premier TT se distingue par un avant rondouillard à souhait, qui englobe ses phares bulbeux et la calandre, autant l’actuel TT a clairement musclé son jeu, avec des phares à leds perçants, façon R18 des 24 H du Mans, et une calandre singleframe aux contours très marqués, presque agressive. Ceci est d’ailleurs encore plus marqué depuis le restylage, mais ce TT « phase 2 » n’étant pas encore disponible, nous avons dû composer avec la première mouture. Mais en phase 1 ou 2, la vraie révolution du TT Mk3 est sourde, puisqu’elle provient de l’intérieur…
Décalage horaire
Prendre place dans l’ancien TT, c’est un peu comme entrer à la maison. On s’y sent bien, pourvu de s’installer aux places avant, tant les deux minuscules « strapontins » situés derrière sont symboliques. En coupé, le TT est un simple 2+2, les places arrière étant juste à réserver à de petits enfants…ou à des gens que vous n’aimez vraiment pas ! La finition intérieure force toujours le respect, avec des ajustages soignés, mettant en valeur des matériaux de qualité.
C’est le cas des sièges en cuir, mais aussi du mobilier, composé essentiellement de plastiques abondamment moussés, de nombreuses touches d’aluminium véritable venant apporter une caution sportive… tout en augmentant la qualité perçue. Cela concerne les buses d’aération circulaires, mais aussi la trappe amovible siglée « TT » qui vient masquer l’autoradio. Le moindre élément, même le plus infime, bénéficie d’un design soigné, à l’image des aiguilles des compteurs, au dessin travaillé et très personnel. Seuls quelques commodos, en plastique rigide, commencent un peu à dater.
Cela saute aux yeux en sautant à bord du dernier TT. Quel choc visuel ! Bien sûr, plus encore que la finition frôlant la perfection, l’élément le plus novateur reste ce cockpit virtuel, une innovation majeure en automobile qui est depuis devenue réalité. La trouvaille est tellement géniale qu’elle devient peu à peu la norme sur toutes les Audi à venir… mais également sur les voitures de la concurrence. Rassurez-vous, on s’y fait très bien, tant cet affichage clair, net et précis se montre lisible et intuitif à regarder… et à modifier. Là encore, les designers sont parvenus à préserver, en partie, quelques éléments de style propres au premier TT, comme les aérateurs circulaires.
Sauf que la modernité est entre-temps passée par là, puisqu’ils intègrent en leur centre le débit du flux et le réglage de la température, ce qui permet d’épurer la planche de bord, en forme d’aile d’avion. Autre constante entre ces deux coupés : un large hayon qui permet d’accéder à un coffre à la capacité honnête… et toujours deux petites places ridicules situées à l’arrière. Mais là où il y a un vrai « décalage horaire », c’est sur la route !
Caractéristiques techniques Audi TT Coupé « Mk3 » phase 1, 2.0 TFSI 230 ch
quattro S-tronic (2018)
- Moteur : 4 cyl. en ligne TFSI, 16 v, 1984 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 230 de 4500 à 6200
- Couple (Nm à tr/mn) : 370 de 1600 à 4300
- Transmission : aux 4 roues (quattro avec Haldex)
- Boîte : S-tronic à 6 rapports
- Freins : 4 disques ventilés
- Pneumatiques : (AV-AR) 225/50 R 17
- L x l x h (en m) : 4,17 x 1,83 x 1,35
- Coffre en litres (mini-maxi) : 305 – 712
- Réservoir (en litres) : 55
- Poids à vide (kg) : 1335
- Conso mixte (l/100 km) : 6,4
- Rejet de CO2 (g/km) : 149
- 0 à 100 km/h (sec) : 5,3
- Vitesse maxi (km/h) : 250 (autolimitée)
- Prix : 45 200 € (à partir de)
On aime
- Design préservé
- Intérieur révolutionnaire
- Plaisir de conduite
On aime moins
- Prix élevé
- Places arrière étriquées
Ponceuses à bitume
En performances pures, l’ancien TT reste dans le coup, en prodiguant des accélérations franches et constantes (0 à 100 km/h en 6,4 sec), bien assez pour se faire plaisir et « rouler fort » (243 km/h). Mais c’est justement en roulant à vive allure que les choses se gâtent. Si je n’ai rien à dire à propos de la direction, bien calibrée, du freinage, assez performant, ou du guidage et verrouillage de la boîte mécanique à 6 rapports, toujours convaincant, il n’en va pas de même de l’amortissement. A cette époque pas si lointaine, Audi avait beaucoup à apprendre en matière de liaisons au sol. Pour avoir une auto confortable, on avait des suspensions de type « pompes à vélo » tenant mal la caisse ou, au contraire, de véritables « noyaux de pêche » sur les modèles à vocation sportive, comme sur ce TT quattro. Cela pénalise le confort, et génère en plus de désagréables « coups de raquettes » du train arrière sur les raccords de chaussée, en ligne droite bien sûr, mais c’est encore plus marqué en appui dans les virages…
Heureusement que la transmission intégrale quattro (de type Haldex) fait son job, en verrouillant l’auto au sol. Presque trop d’ailleurs, au point de ôter une partie du plaisir de conduite.
Un désagrément à ranger au rayon des mauvais souvenirs sur l’actuel TT, parfaitement amorti… et enfin plus joueur ! Si, on vous l’assure, il possède désormais un popotin « remuant », lui conférant une belle agilité dans les virages serrés, tout en garantissant un haut niveau de « grip » grâce au système quattro. On a tendance à en user et abuser, tant son 4 cylindres 2.0 TFSI enchante par sa disponibilité (370 Nm dès 1600 tr/mn), que par sa prédisposition à prendre les tours (régime maxi à 6500 tr/mn), sans parler de sa sonorité, vraiment communicative.
Et la construction allégée étant, en plus, depuis passée par là, il s’avère encore moins lourd que son ancêtre (1335 kg), même en embarquant une dotation pléthorique, à la pointe de ce qui se fait de mieux. Résultat, les 230 ch de cette version Phase 1 n’ont aucun mal à emmener avec conviction l’équipage, au point d’expédier le 0 à 100 km/h en seulement 5,3 sec avec l’excellente boîte optionnelle S-tronic à 6 rapports, qui dégaine chaque vitesse en douceur et plus vite que son ombre. A propos de vitesse, on joue clairement dans la cour des grands, avec une bride électronique fixée à 250 km/h, ce qui laisse une belle marge pour se faire plaisir !
Mais le temps qui passe est parfois cruel pour nos chères Audi, et cette confrontation amicale en est la parfaite illustration. Le « Ur TT » (originel) n’a cependant pas à rougir de ses prestations. Déjà, d’un point de vue purement stylistique, il garde la main, car c’est lui le pionnier, sans qui rien n’aurait été possible. A ce titre cette icône du design, semblable à une vénérable Porsche 911 sera, n’en doutons pas, très recherchée prochainement en collection par bon nombre d’amateurs de voitures typées, qui proviendront, pour une majorité d’entre eux, de bien au-delà du « cercle Audi ». Et ce TT « Mk1 » encore très performant, a désormais pour lui l’énorme avantage d’offrir ses services pour une bouchée de pain en occasion. Un atout décisif auquel ne peut encore prétendre son légitime descendant, certes surdoué dans tous les domaines, mais moins pur sur le plan du style, et pas vraiment donné…