Au nom du mythe
Si Audi a marqué durablement les années 80 avec l’Ur quattro en rallye, il en sera de même durant les années 2000, mais en endurance cette fois. Pour célébrer sa première victoire, fêtée en 1999, Audi France s’est fendu d’une série « Le Mans » sur la base du roadster TT quattro. Une rareté produite à seulement… 20 exemplaires !
En bref
Série limitée « Le Mans »
Base : TT roadster quattro « gris Avus nacré »
Moteur : 1.8 turbo 20v 225 ch
Nombre d’exemplaires produits : 20 sur l’année 2001
Au début des années 2000, tout roule pour Audi ! La gamme ne cesse de s’étendre avec succès, la récente A3 permettant au constructeur de conquérir une nouvelle clientèle. Quant au TT, il s’est solidement installé sur la niche des voitures de sport, et est en passe de devenir une icône du design, tant en coupé, qu’en roadster. Cette dernière variante, apparue en 1999, connaît un franc succès en mariant modernité et pureté au niveau de la ligne, mais aussi classicisme avec sa capote électrique en toile. A l’instar du coupé, la gamme du roadster commence gentiment, avec le 1.8 turbo de 150 ch, en simple traction avant. Et en ce temps-là, la version de pointe est incarnée par la variante « quattro », doté, bien sûr, de la fameuse transmission intégrale (système Haldex), mais aussi de la déclinaison la plus méchante du 1.8 turbo, poussée à 225 ch. Une puissance qui force déjà le respect sur une petite voiture au début des années 2000, même si Audi a déjà prouvé qu’il pouvait aller bien au-delà.
Sur les modèles de route bien sûr, avec ses fabuleuses RS4 (380 ch) et RS6 (450 ch) de l’époque, mais aussi en compétition, Ferdinand Piëch ayant orienté Audi en endurance. Avec le triomphe que l’on connaît à la clé, les premières R8C et R8R s’imposant dès l’année 1999 en LMP1, en particulier au Mans. Plus qu’une simple course, l’aura des 24 H du Mans résonne bien au-delà des frontières de la Sarthe. C’est l’épreuve d’endurance ultime, à tel point qu’il est préférable de remporter cette course de légende, plutôt que le championnat du WEC. Les hommes du marketing, jamais à court d’idées pour vendre toujours plus de voitures neuves, ont ainsi la bonne idée de surfer sur ce succès, en déclinant une série spéciale basée sur le TT roadster quattro. Une série spéciale très exclusive, qui restera dans les mémoires…
Chic et choc
Rouler en TT roadster, c’est forcément chic, et les « marketeux » d’Audi France se sont efforcés de le rendre un peu plus choc. Car le TT « Le Mans » fut une exclusivité réservée au seul marché français, limitée à seulement 20 exemplaires durant l’année 2001. Pourquoi diable 20 unités et pas 24 (ce qui aurait été plus logique), nul ne le sait (du moins au sein de la rédaction !). Toujours est-il que ce TT relooké fait toujours son petit effet.
Extérieurement, il se distingue d’un quattro « normal » en recevant de superbes jantes en alliage de 18 pouces à 9 branches, l’auto renforçant son aspect sportif grâce à une garde au sol abaissée de 20 mm (option châssis sport). Un hard top couleur carrosserie, c’est-à-dire « gris Avus nacré », seule teinte disponible, vient avantageusement compléter la dotation, en plus de la classique capote électrique. Mais c’est d’abord découverte que cette série spéciale s’apprécie le plus. Si l’adoption d’un autoradio « concert II », avec un système audio Bose semble anecdotique, le plus remarquable reste la présence de sublimes sièges Recaro habillé d’un cuir rouge vif de toute beauté. Un cuir que l’on retrouve d’ailleurs sur les contre-portes et même sur le soufflet du levier de vitesses. Enfin, la touche finale est apportée par une plaque en aluminium de numérotation siglée « Le Mans », apposée sur la boîte à gants.
Voilà qui est bien joli, mais le plus regrettable est sans doute l’absence de toute préparation moteur. Certes, en recevant le 1.8 turbo 20 soupapes dérivé de la turbulente S3 du moment, ce TT ne manque, a priori, de rien. Mais cette puissance confortable de 225 ch est strictement identique à celle offerte par un TT quattro de grande série. Pour un modèle exclusif qui revendique l’appellation « Le Mans », on aurait légitimement pu espérer une légère reprogrammation électronique du boîtier d’injection, pour approcher, à peu de frais et raisonnablement, les 250 ch. Ce qui est plus « choc » est en revanche le prix demandé à l’époque pour s’offrir ce petit bijou. Aux 49 900 Francs réclamés pour acquérir un TT roadster quattro, il fallait débourser 10 860 Francs de plus. Un tarif pour le moins rédhibitoire, qui explique peut-être en partie pourquoi Audi France s’est limité, par prudence, à n’en proposer que 20 exemplaires. Qui seront, malgré tout, tous vendus…
Esprit d’ouverture
Croiser en 2001, ou de nos jours, un TT « Le Mans », reste un moment rare. Objectivement, un tel exemplaire est encore bien plus rare qu’une R8 GT. Côté style, il n’y a rien à jeter. Vingt ans après sa sortie, le TT de première génération reste toujours aussi beau à regarder, sous n’importe quel angle. Si j’ai, pour ma part, une préférence pour le coupé, irrésistible avec son pavillon en forme d’arche (et plus pratique à l’usage avec son coffre accessible par un hayon et ses places arrière d’appoint !), je dois avouer que le roadster n’est pas mal du tout. Il joue davantage de profil sur la symétrie avec sa proue et sa poupe rondouillardes que seul l’implantation du pare-brise vient perturber au niveau de la ceinture de caisse. Pour être complet, notons aussi la présence des arceaux de sécurité, des éléments indispensables pour la sécurité en cas de retournement, qui sont ici sublimés, car en métal brut.
Les larges portes s’ouvrent sur un univers autant « design » que sportif. Chaque élément du mobilier semble être une œuvre d’art, des poignées de portes au levier de vitesses, en passant par le cache en aluminium qui bascule pour masquer l’autoradio. Et pour la touche « sport », les sublimes sièges baquets Recaro, particulièrement enveloppants, ne laissent planer aucun doute sur le caractère belliqueux de cette voiture, en arborant un rouge vif profond. Pourtant, au démarrage, rien ne laisse présager que ce joli cabriolet puisse se muer en une machine décoiffante. Le 4 cylindres émet une sonorité agréable mais tout à fait policée, qui n’a pas de quoi faire hérisser le poil. Mais il surprend agréablement par sa souplesse à bas-régime (28,6 mkg dès 2200 tr/mn), dispensant le conducteur de trop souvent jouer de la boîte mécanique à 6 rapports, au demeurant plutôt agréable à manier.
Aux allures légales, ce roadster est plus que fréquentable malgré son âge déjà respectable. La direction est précise, les freins pleins de mordant et le coupe-vent préserve bien les passagers des turbulences dans l’habitacle. Et lorsque la route se dégage, le gentil cabriolet « tendance » fait montre d’autres aptitudes, comme affoler rapidement le chrono. Les 225 ch revendiqués sont délivrés à 5900 tr/mn, et cela se traduit par de franches relances (0 à 100 km/h en 6,7 sec), permettant au TT de rester toujours dans le coup, face à bien des sportives plus modernes. Là où il a pris un coup de vieux, c’est lorsque l’on commence à le brusquer sur une route au revêtement dégradé, c’est-à-dire souvent vu l’état actuel de notre réseau secondaire ! Côté adhérence, rien à dire, le quattro verrouillant la voiture au sol. Mais ce TT mal suspendu, avec des suspensions trop lâches en détente et, au contraire, rapidement fermes en compression, ce qui pénalise tant le comportement routier que le confort. Un défaut rédhibitoire sur une sportive dernier cri, mais ce TT « youngtimer » a désormais le privilège de l’âge, ce qui doit inciter à une certaine indulgence.
L’avis d’Avus
Un TT roadster quattro de ces années reste une machine toujours aussi désirable, et plus encore à travers cette série très limitée, qui a déjà tout d’un collector. Si acquérir un TT Le Mans se paye désormais au prix fort, la demande étant supérieure à l’offre, ce n’est pas encore le cas pour un quattro « de base », qui offre déjà l’essentiel. Plus qu’une Audi, voilà une auto charismatique à acheter dès aujourd’hui… et à conserver précieusement !
Caractéristiques techniques TT roadster Le Mans
- Moteur : 4 cylindres turbo 20V de 1781 cm3
- Puissance (ch à tr/mn) : 225 à 5900
- Couple maxi (Nm à tr/mn) : 286 à 2200
- Transmission : aux 4 roues (quattro)
- Boîte : mécanique 6 rapports
- Freinage AV / AR : disques ventilés, ABS
- Pneus : 235/40 ZR 18
- Dimensions (L x l x h) en m : 4,04 x 1,76 x 1,34
- Poids à vide (kg) : 1452
- Coffre (litres) : 220
- Réservoir (litres) : 62
- Vitesse maxi (km/h) : 243
- 0 à 100 km/h (sec) : 6,7
On aime
- Exclusivité totale !
- Style vraiment sportif
- Rapport performances/efficacité
- Collector en puissance
On aime moins
- Que 20 exemplaires en France…
- Conduite peu ludique
- Amortissement perfectible
- Mécanique inchangée