La dernière folie d’Audi est cette inattendue PB 18 e-tron, qui prend les traits d’un sublime break de chasse ultra-sportif. Reste à savoir si ce concept unique, dévoilé fraîchement aux USA cet été, connaîtra un avenir en série…
En bref
Concept-car 100% électrique
Puissance cumulée en « boost » : 570 kW (776 ch)
0 à 100 km/h en 2 secondes
En matière de concours d’élégance automobile, les « must » en la matière se comptent sur les doigts d’une main. Il y a celui de la Villa d’Este, sur les rives du majestueux lac de Côme, le Festival of Speed de Goodwood, qui rassemble de plus en plus de concepts en avant-première, le récent concours d’élégance de Chantilly (4 éditions seulement) et le fameux show californien de Pebble Beach, qui a pour cadre un green impeccable, dressé au-dessus du Pacifique. Cet événement à l’aura planétaire rassemble chaque été le « caviar automobile », avec d’illustres antiques autos d’exception réalisées au compte-goutte par des artisans-carrossiers, mais aussi quelques concepts-cars. Pour cette ultime édition, c’est bien Audi qui a créé la surprise le 23 août dernier, même si Bugatti a aussi brillé en dévoilant sa Divo, une Chiron sérieusement modifiée, transformée en « pistarde » moins rapide mais plus agile.
Du côté d’Ingolstadt, l’élégance du futur se conjugue désormais au passé, en exhumant un type de carrosserie disparu, pourtant très en vogue durant les années 60-70 : le shooting brake ! Le « break de chasse » en bon français, comprenez par-là un coupé 4 places à deux portes, doté d’un arrière mariant esthétique et aspects pratiques, grâce à la présence d’un hayon. Ce genre, très aristocratique, répondait à la demande de quelques gentlemen fortunés désireux d’avoir une GT de classe pouvant embarquer, ponctuellement, les clubs de golf ou les chiens et fusils de chasse. Une variante ultra-chic dont on se prend à rêver pour l’A5 Coupé. Et là encore, les breaks de chasse se comptent sur les doigts d’une main (allez, deux à tout casser !), les plus emblématiques étant ceux réalisés sur base Aston Martin. Autant dire que cette Audi PB 18 e-tron a du sang noble qui coule dans ses durites !
French Touch
Incontestablement, lorsque l’on découvre la PB 18 e-tron, elle suscite bien un « effet whaouuu » immédiat tant elle vous menace de persistance rétinienne avec ses volumes travaillés dans les moindres détails et ses proportions athlétiques qui sonnent juste. La PB paraît longue (4m53), très large (2m) et surtout incroyablement basse (1m15 !), ce qui ne l’empêche pas d’offrir un vrai coffre de 470 litres. Il paraît clair qu’Audi phosphore depuis un moment autour de ce thème du coupé ultra-sportif, comme l’atteste la très récente e-tron Vision GranTurismo qui sert de démonstrateur à l’ouverture de chaque Grand Prix de Formule E (voir Avus n°47). On retrouve les mêmes lignes de force, avec des phares fins et perçants, une calandre singleframeévidée large et basse, et des « naseaux » frondeurs en guise de prises d’air, parfaitement intégrés dans le bouclier avant. Si Marc Lichte, actuel directeur du design, a suivi pas à pas la genèse de ce projet fou, on doit cette sublime réalisation à un français, Gaël Buzyn, actuel responsable du centre de design Audi américain, situé à Los Angeles.
Il faudrait juste qu’Audi songe à lui donner un nom plus vendeur que ce patronyme qui semble appartenir à un photocopieur ! Le « PB » fait ici référence à « Pebble Beach », tandis que le « 18 » est un clin d’œil adressé aux sport-prototypes victorieux aux 24 H du Mans, même si on cherche encore une caractéristique commune. Quant au « e-tron », cela indique la présence d’une motorisation électrique. Histoire de maintenir les sens auditifs en éveil, et de nous faire frissonner de plaisir, on aurait préféré une hybridation partielle, avec pour bloc principal un bon gros V8. Mais Audi profite de ce « one-shot » pour explorer tous les domaines du possible en électrification pure, puisque ce concept est 100% électrique. Et techniquement réaliste…
Audi met les watts !
Audi n’en fait pas mystère, il y aura bien, à court terme, une gamme « électrique », et la concurrence, à commencer par Mercedes, va faire de même avec une famille spécifique baptisée EQ. Chez Audi, la première pierre de cet édifice est le Q6 e-tron quattro, un SUV que nous espérons essayer avant la fin de l’année (ou en janvier 2019 dans le pire des cas). Puis viendra, fin 2019, une e-tron GT, et c’est peut-être là que ce concept va nous éclairer sur l’orientation voulue par Audi. Ou pas… Car même si les concepts présentés par Audi annoncent toujours quelques innovations imminentes en grande série, que retenir de celui-ci ? Son design sans concession ? On adorerait voir un tel break de sport entrer en production, mais « en l’état », ceci semble peu probable, la PB 18 e-tron étant limitée à seulement 2 places.
Voire même une seule place, car à la manière d’une Formule 1, le siège conducteur peut, grâce à un astucieux système de glissières, venir se placer au centre de l’habitacle, le tableau de bord étant solidaire de l’ensemble. Un miracle rendu possible par la technologie « by wire », déjà très présente en aéronautique, qui laisse présager que la conduite restera encore un plaisir égoïste dans le futur ! C’est d’ailleurs la raison d’être de ce concept tourné à 100% vers le plaisir, surnommé en interne « Level Zéro », en opposition avec les voitures autonomes de niveau 4 ou 5 qui peuvent, au contraire, rouler toute seule. Son cockpit futuriste 100% numérique alors ? Avec les dernières A6, A7 et A8, on y est déjà ! Sa technologie embarquée peut-être ? Cette option paraît plus réaliste, même si ce concept teste encore, en grandeur nature, une nouvelle génération de batteries lithium-ion plus efficientes (95 kWh) à électrolyte solide. Celles-ci sont logées dans le plancher, pour optimiser tant l’équilibre de masses et abaisser le centre de gravité, et Audi promet une autonomie satisfaisante de 500 km en cycle WLTP, beaucoup plus réaliste que le NEDC précédent.
A condition,on l’imagine,de ne pas trop abuser de la pédale de droite, semblable ici à un gros pétard à mèche courte ! Car avec ses 3 moteurs électriques, un intégré sur l’essieu avant (de 150 kW), et les deux autres logés sur l’essieu arrière (2 x 225 kW), la PB délivre en puissance cumulée pas moins de 500 kW, soit l’équivalent de 680 ch. Et même plus si affinités, puisqu’en mode « boost », on peut obtenir temporairement un pic équivalent à… 776 ch vapeurs (et 680 Nm). Et, magie de l’électricité oblige, le tout déboule, sans la moindre inertie ! Grâce à une structure en aluminium, et une carrosserie majoritairement composée de carbone et de plastique en fibres renforcées, le poids reste relativement contenu (1550 kg à vide), permettant à Audi d’annonce un terrifiant 2 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. C’est mieux qu’une bestiale Chiron de 1500 ch, mais aussi probablement assez proche d’un catapultage en Rafale depuis un porte-avion, et c’est sûrement suffisant pour allumer les énormes pneus de 22 pouces comme des allumettes et enfoncer les yeux au fond des orbites ! Il faudra pourtant veiller à les maintenir en place, car même si la vitesse maxi reste inconnue, on imagine que celle-ci est du genre élevée.
D’ailleurs, l’aéro est si finement travaillée, que la PB dispose, en plus d’un énorme diffuseur d’air, d’ailerons de toit mobiles, pour optimiser l’appui et la stabilité en ligne droite. Dans les virages, cela ne doit pas être mal non plus, la gestion de chaque moteur étant indépendante. En clair, cette quattro pourra distribuer, en finesse, la puissance à chaque roue de façon indépendante, ce qui permet de gagner en agilité et dynamisme. Et en cas d’optimisme, le pilote peut compter sur la présence de 4 énormes disques en carbone-céramique de 19 pouces de diamètre, mais aussi sur un système de récupération d’énergie se faisant par le biais des moteurs ! Mais la plus belle performance de ce concept concerne le temps de recharge des batteries, de l’ordre de 15 minutes seulement sur une borne de recharge ultra-rapide de 800 volts (comme la prochaine Porsche Taycan), une recharge par induction, plus lente, étant aussi prévue.
L’avis d’Avus
Avec cette PB, Audi met les doigts dans la prise ! Pourtant, la sublime PB 18 e-tron soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Des réponses que seul le « board » d’Audi connaît, car on peut y voir une esquisse stylistique et technique de la future e-tron GT, promise dans une grosse année, mais aussi une simple silhouette qui pourrait remplacer, pourquoi pas, l’actuelle R8. Ce qui est sûr, c’est qu’Audi reste maître de son calendrier, et que ce concept, qui n’a rien de gratuit, livrera progressivement tous ses secrets dans les mois qui viennent. Le futur s’annonce passionnant !
Caractéristiques techniques : Audi PB 18 e-tron
- Moteur : 3 moteurs électriques (1 sur l’essieu avant, 2 sur l’essieu arrière)
- Puissance (ch) : 680 (776 ch en mode « boost ») – 570 kW maxi
- Couple (Nm) : 680
- Transmission : quattro à répartition variable
- Boîte : nc
- Freins : 4 disques ventilés en carbone – céramique de 19’’
- Pneumatiques : 275/35 R 22 AV – 315/30 R 22 AR
- L x l x h (m) : 4,53 x 2,00 x 1,15
- Poids à vide (kg) : à partir de 1550
- 0 à 100 km/h (sec) : 2,0
- Vitesse maxi (km/h) :nc
- Autonomie : 500 km en cycle WLTP
On aime
- Ligne sublime !
- Accélérations d’avion de chasse
- Zéro émission
- Efficacité de l’ensemble
- Autonomie et temps de recharge des batteries
On aime moins
- Concept unique…